Chapitre 18 : Kisi

Il ne restait que quelques caisses de nourriture à charger sur le bateau lorsque j'ai appelé le lieutenant Ji ainsi que mes deux compères Paran et Fuo pour m'aider dans la tâche que je ne pouvais effectuer seul.

Arrivé devant la grande porte de métal je leur aie expliqué la situation : "J'ai découvert dans les rapports de la plateforme qu'une prisonnière est enfermée ici, et si la porte n'était pas ouverte à mon réveil, ça veut dire qu'elle y est toujours. J'ai besoin de vous pour l'ouvrir et la sortir de là."

Le lieutenant me questionna : "Oui, je comprends. On ne peut pas l'abandonner à son sort, qu'elle soit prisonnière n'y change rien, ce serait cruel de notre part de rester passif en connaissance de cause. Mais une fois qu'elle sera libre, as-tu pensé à ce que nous allons faire d'elle ? Il s'agit sans doute d'une criminelle dangereuse, ce serait risqué de l'amener sur notre navire. Et même sans cela, nous ne pouvons pas la conduire à bord sans l'accord du prince."

Ses questionnements étaient légitimes et j'ai eu le temps d'y réfléchir : "Eh bien, j'ai pensé à l'intégrer dans l'équipage à un rôle de soutien puisque nous manquons de personnel, si elle s'adapte bien et qu'elle ne présente pas de danger particulier. Dans le cas contraire, nous la déposerons dans un autre pénitencier pour qu'elle finisse de purger sa peine. La priorité maintenant, c'est qu'elle ne trouve pas la mort ici par notre faute."

Fuo approuva calmement par un signe de tête.

Paran se montra plus expressif : "T'es plutôt optimiste, c'est quand même une criminelle avec une cellule spéciale, c'est possible qu'elle nous saute à la gorge dès qu'on ouvrira la porte."

Je lui répondis avec le sourire : "Dans un monde en guerre, je préfère me montrer optimiste plutôt que pessimiste."

Le lieutenant pris le commandement : "Voyons ce qu'il en est, nous aviserons après notre première rencontre. Dans le pire des cas, nous sommes un contre quatre, et nos hommes pourront nous prêter main forte, la situation n'a aucune chance de nous échapper."

Sur ses mots, nous avons pris chacun une prise de l'engrenage de métal qui servait à débloquer le mécanisme. Mes estimations étaient juste, il ne fallait pas moins de quatre hommes vigoureux pour venir à bout de cette masse de métal. Les gonds s'étant rouillé au contact de l'eau de mer, la porte offrait une grande résistance, elle s'ouvrait dans un affreux grincement. Nos fronts perlaient tous de sueur après avoir fourni l'effort nécessaire pour créer une ouverture nous permettant de pénétrer dans la pièce.

Nous étions plongés dans un noir d'encre. Monsieur Ji fit grandir une flamme dans la paume de sa main pour y voir plus clair. Il éclairât l'entrée avant d'examiner la cellule plus en profondeur. Paran fit de même de son côté, seul Fuo resta en arrière pour pousser la porte afin de faire rentrer plus de lumière. La pièce était grande et vide, les premiers instants, nous doutions même que la prisonnière soit encore à l'intérieur. Mais nous avons fini par voir une forme humaine, dans le coin gauche, à l'opposé de toutes les sources de clarté que nous avions amené.

Je fus profondément choqué de voir que ce n'était qu'une enfant. À vue d'œil, elle ne devait pas avoir plus de dix ans. Sa posture faisait peine à voir, ses poignets et ses mains étaient enchainés à la structure. Elle se tenait les jambes avec ses bras en position assise lui donnant un aspect de faiblesse et de vulnérabilité extrême. Elle n'a pas dû voir la lumière du soleil depuis trois jours au moins. On voyait dans son regard que ses yeux s'habituaient encore mal à l'éclat de l'astre du jour, mais elle nous regardait. Ses pupilles exprimaient la crainte et la haine par alternance.

Mes camarades furent stoppés aussi devant ce spectacle. Elle ne prononça pas un mot et rien ne bougeait chez elle à part ses yeux. Je fus le premier à l'approcher. Je me mis à genoux pour que nos regards se croisent naturellement et j'essayais d'être le plus accueillant possible envers elle. Le lieutenant m'éclairait de sa flamme et Paran vint le soutenir.

En étant certain d'avoir son attention, je me suis exprimé : "Bonjour, tu t'appelles Kisi ? C'est ça ? Moi, c'est Voccan. On ne te veut pas de mal, et nous allons te sortir de là."

Comme elle ne me répondait pas, je tendis ma main vers elle. Elle eut un frisson parcourant tout son corps, comme les chats huant lorsqu'ils arquent leurs dos en feulant, prêt à attaquer.

Paran me retint par l'épaule et avança sa flamme vers elle. La jeune fille était déjà acculée, mais essayait encore de reculer devant la menace de la flamme. J'ai forcé mon ami à faire marche arrière en utilisant mon bras. Je ne voulais pas l'effrayer davantage. Grâce aux efforts de Fuo, presque toute la pièce était éclairée.

J'ai demandé une faveur à mes trois complices : "Laissez-moi seul avec elle, je vous prie. Notre présence à tous doit la troubler."

Paran s'écria : "Et puis quoi encore, elle a failli te sauter dessus ! Je suis à deux doigts de la laisser là."

"Les choses ne doivent pas être aussi simple. Tu te verrais vivre là-dedans sans nourriture, sans eau et sans lumière pendant deux jours, sans personne à qui parler ?"

Mon ami prenait le temps de se remettre de ses émotions alors que je réitérais ma demande : "Lieutenant ?"

Après un échange de regard, il me répondit : "Fait ce que tu as à faire, et si jamais tu as un problème, appelle-nous."

Ils se retirèrent, me laissant en tête à tête avec la prisonnière. Pour essayer de la mettre plus à l'aise, je m'assis en tailleurs devant elle pour l'inciter à se relâcher. Mais elle resta telle quel. Devant son mutisme, je repris : "Donc, je disais, je m'appelle Voccan. Et toi, c'est bien Kisi ?"

Notre échange progressa puisqu'elle me fit oui de la tête. Encouragé par ce premier pas, j'enchainais : "Est-ce que tu as une idée de ce qu'il s'est passé ici ces derniers jours ?"

Elle parla pour la première fois. C'était la voix d'une enfant, mais dont on aurait enlevé la joie et l'énergie. En l'examinant plus en détail, elle était affreusement maigre, les poignets meurtris par le poids des chaines, le regard glacé et le visage émacié. Je ne donnais pas beaucoup de limites à la cruauté du gardien. Mais infligé ça à une enfant ? Je refusais de croire que cette fille avait commis la moitié des crimes que son traitement laissait supposer. De même, je maudissais cent fois Goro pour la gestion inhumaine de sa prison. Les monstres se cachent parfois sous des dorures et pas des barreaux.

"J'ai entendu beaucoup de bruits, des cris. Des chocs ont cogné dans toute la pièce et puis plus rien. Je n'ai rien entendu. J'ai attendu qu'on m'ouvre et personne n'est venu avant vous."

Je me suis mis en tête de lui révéler tout ce qu'il s'est passé : "Il y a eu une révolte. Les prisonniers se sont échappés et les geôliers sont partis à leur poursuite. Mon équipage vient d'arriver, et tu es la dernière détenue de ce camp. Nous allons te faire quitter cette plateforme et tu embarqueras sur notre navire."

Je n'ai pas eu le temps d'ajouter quelque chose qu'elle s'exclama d'une voix éraillée : "Je refuse !"

Je l'interrogeais du regard pour la pousser à continuer : "Je refuse. Je refuse de me faire sauver par des incendiaires. Vous m'avez tout pris, et vous ne répandez que les cendres sur votre passage."

Être traité d'incendiaire est une chose qui me fait me sentir coupable. Et ce depuis mon plus jeune âge. Entendre cette insulte de la bouche d'une fillette ayant souffert plus qu'aucun enfant au monde ne le devrait, à cause de mon peuple, cela m'a glacé le cœur.

Mais j'ai tout de même essayé de la convaincre : "Mon bateau est le seul qui reste sur le pont, et nous partons dans la journée. Plus personne ne restera lorsque nous serons partis. Et il n'y aura plus de nourriture. Tu devras attendre qu'un autre bateau passe par ici si tu veux rejoindre le continent, et tu seras peut-être morte avant que cela n'arrive. Surtout que tu as plus de chances d'être repêchée par un de nos bâtiments qu'un de ceux du Royaume de la terre."

Elle plongea la tête dans ses bras, coupant le contact visuel avec moi. Elle ne voulait rien entendre de ce que je voulais lui dire.

Je me suis redressé et lui ait empoigné le bras dans l'espoir de susciter une réaction chez elle. Et ce fut efficace, elle redressa son buste et plaqua son regard dans le mien pour savoir si elle pouvait m'accorder une once de sa confiance.

Alors j'ai mis tout ce que j'avais d'honnête dans mes yeux et dans ma voix : "Je ne permettrais pas qu'une jeune fille périsse à cause de moi pour des crimes qu'elle n'a pas commis. Tu as de la famille, n'est-ce pas ? Ils doivent attendre ton retour. Que diraient-ils en voyant que tu les abandonnes ici ?"

Son visage se déforma sous les émotions avant de laisser couler de grosses larmes par ses yeux autrefois impénétrables. Elle n'a pas eu besoin de me répondre pour que je sache qu'elle acceptait mon offre, mais elle était émotionnellement incapable de répondre en cet instant.

Je fis mon possible pour ne pas être impacté par son triste état quand je me suis occupé de la libérer de ses chaines. Le gardien avait heureusement un double des clés des prisonniers, qu'il n'a pas perdu dans l'océan. C'est avec lui que j'ai défait ses entraves.

La source des larmes s'est tarie. Trop faible pour marcher, je l'ai aidée à se redresser avant de lui donner la main pour la sortir de ce sombre enfer qui l'a accueilli. Nous n'avons plus échangé un mot ni une œillade avant d'être à bord. Nous sommes passés sous le regard circonspect de mes collègues, certains attendris, d'autres méfiants. La main de la petite resta crispée à la mienne durant tout le trajet.

Quand elle fut sur le pont, je me suis senti plus proche de la princesse. M'a-t-elle vu de la même manière, quand j'étais prisonnier dans ma cale ? A-telle ressentie les mêmes émotions que moi en me libérant ? À quel point cette petite chose pouvait être semblable à moi ?

J'étais convaincu d'avoir fait une bonne chose. Et je me suis dès lors engagé à tout faire pour supporter cette âme en peine et lui redonner le sourire.

J'ai à peine eu le temps de me demander ce que j'allais faire d'elle que le lieutenant Ji est venu à ma rencontre. Il conservait toujours son stoïcisme habituel : "J'ai discuté de notre affaire avec le prince et son oncle. Le prince Zuko était d'abord réticent à votre initiative, mais le général Iroh l'a convaincu de ne pas l'abandonnée sur la plateforme. En revanche, ils restent indécis sur les conditions de ce séjour, ils m'ont chargé de son interrogatoire."

Mon visage n'a pas dû dissimuler mon soulagement, et je ne cherchais pas à le cacher d'ailleurs. Je n'ai pas eu à aller chercher l'approbation de mes supérieurs moi-même, monsieur Ji s'en est chargé. Il est difficile d'argumenter avec le prince, surtout lorsqu'il est de mauvaise humeur. L'affaire était entendue, la petite resterait sous notre protection. Et pour la séance d'interrogation, j'avais une confiance absolue en mon lieutenant, il sait rester professionnel, mais juste.

"Je vous remercie pour votre aide, je vais vous confier la petite. Vous pouvez l'appeler par son nom : Kisi. C'est une des rares choses qu'elle a bien voulues me confirmer jusqu'à présent."

Je lançais un regard rassurant vers elle, mais son visage restait obstinément rivé sur le sol.

Mon supérieur me donna une autre consigne : "Le prince t'as également donné une autre mission. Plus facile que la précédente."

Sa pointe d'humour, qu'il ne faisait pas paraitre souvent, provoqua un petit sourire chez moi. Il sortit de sa poche le collier que Zuko a trouvé sur le champ de bataille.

"Le prince veut obtenir le maximum d'informations sur cet objet. Comme tu es notre bouquiniste en chef, c'est à toi que revient cette tâche."

J'acceptais avec enthousiasme : "Mes documents sur les tribus de l'eau n'ont pas eu le temps de se perdre depuis la dernière fois que je les aient sortis. Si c'est tout ce qu'il me demande, je m'y replongerais volontiers."

Après avoir mis le collier en sureté au sein de mon habit, je me tournais vers Kisi. Elle n'avait toujours pas levée la tête.

Je lui intimais de suivre mon collègue : "Allez petite, tu connais le monsieur, il était là tout à l'heure. Il est gentil et il ne te ferra pas de mal."

Le soldat arqua un sourcil en me voyant employé ce ton enfantin. Et Kisi ne bougea pas, elle restait cramponnée à mon bras comme une moule à un rocher. J'ai délié ses doigts de mon poignet, non sans résistance de sa part, avant de la poussée doucement dans le dos pour l'amener dans la direction de mon camarade.

J'aurais voulu rester plus longtemps avec elle, et c'était sans doute réciproque. Mais j'avais des ordres émanant du prince, et je la savais entre de bonnes mains. Elle se résigna à suivre le lieutenant avec une démarche de galérien.

...

Le bateau prit la mer pour regagner le continent. J'ai communiqué la direction qu'avait pris la flotte des prisonniers en partant, de sorte que nous ne naviguions pas tout à fait à l'aveugle. Je m'affairais depuis près d'une heure et demie à trier mes documents pour faire ressortir tous ceux susceptibles de me renseigner sur la demande du prince, quand on toqua à ma porte.

C'était Fuo. Un peu surpris de son arrivée, je fus pris de court par un balancement du bateau ayant fait tomber une pile de livres qui vint s'écraser sur sa tête. Penaud, il m'aida à la replacer avant d'en venir au sujet de sa visite : "Voccan, la prisonnière que tu as ramenée, son interrogatoire ne donne pas grand-chose. Elle refuse de répondre à nos questions, se braque, reste presque muette, et elle ne nous a rien appris de plus que ce que nous savons déjà. Nous lui avons même proposé de la nourriture pour qu'elle reprenne des forces, mais elle n'y a pas touché."

"C'est ce que je craignais. Sa détention a dû la traumatiser, et elle ne fera pas confiance facilement au premier venu, en particulier aux membres de notre nation. Je pense qu'on devrait lui laisser du temps."

En s'arrêtant de ranger la pile, il posa son regard sur moi : "En fait, c'est pour te chercher que je suis venu. Depuis le début de l'interrogatoire, elle te réclame. Elle dit qu'elle ne parlera qu'au garçon avec de longs cheveux qui l'a menée ici."

Perplexe, j'ai réfléchi sur ce que cela signifiait, avant de lui donner ma réponse : "Je ne m'attendais pas à ça. C'est vrai qu'elle s'est vite accrochée à moi, mais je ne pensais pas à ce point."

"Il faut croire que tu lui as fait une forte impression."

"Très bien, je vais lui parler."

Je me suis dirigé d'un pas décidé vers la pièce que m'a indiqué Fuo, où avait lieu l'interrogatoire. J'ouvris la porte et découvrit le lieutenant dans un affrontement de regard avec la petite fille. Entre eux, un bol de soupe fumant les séparait et la petite ne semblait pas prête d'y toucher.

Ils se sont interrompus à mon arrivée. Kisi voulu dire quelque chose, mais se retenue. Ji quant à lui m'adressa un sourire : "Merci d'être venu, elle ne me facilite pas la tâche, autant parler à une tombe. Je voulais savoir si tu aurais plus de chances que moi."

"Je ferais mon possible, lieutenant. Pourriez-vous nous laisser seul ?"

Il ne parut pas surpris de ma demande et sortis calmement de la pièce : "Bien sûr, j'imagine que tu sais ce que tu fais. N'hésite pas à appeler si tu as besoin d'aide."

Après un dernier signe de tête, je me suis retourné vers notre nouvelle arrivante. Elle ne paraissait pas plus bavarde qu'avant. Alors pour briser la glace, j'ai évoqué un sujet qui ne pouvait pas la laisser indifférente : "Alors, Kisi, on a déjà fait un peu connaissance tous les deux. J'imagine que maintenant que nous sommes seuls, tu peux me le dire. Tu viens de l'Île de Kyoshi, n'est-ce pas ?"

Sa réaction ne se fit pas attendre, son regard implacable laissa place à des yeux tremblants. Son corps autrefois empreint de maitrise échappait à son contrôle au travers de spasmes de frayeur. Sa faiblesse apparaissait d'une manière encore plus évidente. Sa peau décharnée laissait supposer la faim qu'elle a endurée dans sa cellule. Des couches de saleté la faisaient paraitre deux fois plus foncée que ce qu'elle était en réalité. Je n'osais pas imaginer depuis combien de temps on l'avait privée de douche. Ses cheveux mal peignés descendaient jusqu'à mi-cuisse, les geôliers n'ont pas eu la délicatesse de les couper depuis très longtemps.

Elle gémit d'une voix saccadée : "Co ... comment ... comment ?"

Pour la rassurer, je lui aie tout expliqué en détail : "J'ai simplement consulté les registres du vieux gardien. Je suis le seul de l'équipage à en avoir pris connaissance. Alors c'est un petit secret entre toi et moi. Il vaudrait mieux que tu n'en parles pas autour de toi, les hommes se méfieraient plus qu'autre chose en l'apprenant."

Elle regagna un peu de calme avec mes mots : "Personne ne doit savoir."

"Personne ne le saura."

"Je ... je ne veux plus être enfermée."

Si elle causait des problèmes sur le navire, nous serions obligés de la mettre en détention pour la sécurité de l'équipage, jusqu'à notre première escale, je le savais. Mais je lui aie pourtant assuré : "Tu ne le seras plus jamais. Je te le promets. Et je ferais tout pour que tu puisses rentrer chez-toi."

Elle se méfia à nouveau, ses tremblements cette fois s'apparentaient plus à des grelottements de froid : "Pour ... Pourquoi est-ce que vous êtes aussi gentil avec moi. Les gens de votre nation sont des monstres. Ils volent les enfants la nuit pour les faire rôtir et les manger. Vous avez fait du mal à mes sœurs."

Je n'ai pas pu réprimer un rire jaune face à ses craintes, qu'elle en vienne à penser des choses aussi effroyables à notre propos était triste à faire peur. Je pris la cuillère dans le bol de soupe et en goûta une lichette. Elle était chaude, un peu épicée et totalement absente de poison. Le liquide descendu dans ma gorge, je tendis la cuillère à mon invitée qui l'attrapa d'une main fébrile : "Les hommes qui t'ont enfermé et traité comme une bête en cage étaient en effet des monstres. Mais sur ce vaisseau, personne n'en est un. Est-ce que tu t'imagines que je vais te faire cuire à la broche ?"

Cette blague eu le mérite d'arracher un rire à l'enfant, une petite victoire en soi.

Alors qu'elle se sentait plus en confiance, j'en profitais pour apporter les termes de ma négociation : "Je veux que tu m'écoutes. Notre navire est en charge d'une mission spéciale, dont il ne peut pas dériver pour le moment. Mais lorsqu'elle sera accomplie, je te fais le serment de te ramener chez toi, saine et sauve. En échange, je te demanderais d'aider à la vie du bateau, moi ou d'autres pourront t'apprendre à entretenir le matériel, aider en cuisine. Et je pense même que le vieux Iroh sera ravi d'avoir une nouvelle apprentie pour préparer et servir le thé. Pendant toute la durée de ton séjour ici, tu ne manqueras de rien. D'ailleurs, tu devrais goûter cette soupe, sinon elle va refroidir. Elle est délicieuse."

Elle me tendit son index, en le crochetant un peu : "Tu dois me le jurer."

Comprenant très bien où elle voulait en venir, avec mon petit doigt, je lui rendis sa poignée. Ce moment me rappelait le genre de promesse que je faisais avec ma petite sœur.

Dans la seconde qui suivit elle se jeta sur le bol de soupe comme si elle n'avait jamais manger de sa vie. Sa faim devait la ronger de l'intérieur depuis trop longtemps, seul sa méfiance criait plus fort. Elle s'en mit un peu partout, mais ça en valait la peine pour la voir retrouver le goût de la nourriture. 

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