Amis Inattendus
La cafétéria de l'université était un lieu de rencontre animé où les étudiants se rassemblaient pour manger, discuter et tisser des liens. Pour Maya, Alexandre, Lucas et Elena, c'était aussi un refuge temporaire dans ce vaste océan de visages inconnus. Ils avaient décidé de se retrouver pour déjeuner ensemble, cherchant un réconfort dans la familiarité de leur petit groupe.
La file d'attente pour la nourriture était longue, mais cela leur donnait l'occasion de discuter. Alexandre, qui avait toujours un intérêt particulier pour la nutrition, observait attentivement les options disponibles.
"Je me demande si la salade ici est aussi fraîche qu'elle en a l'air," dit-il en scrutant les étalages. "J'ai lu quelque part que les légumes verts sont les plus susceptibles de perdre leurs nutriments s'ils ne sont pas conservés correctement."
Lucas, attrapant une assiette de pâtes, haussa les épaules. "Je pense que tant qu'on mange quelque chose de décent, ça va. C'est pas le Ritz, mais ça fait le job."
Elena, choisissant une soupe, sourit. "Je suis d'accord avec Lucas. Parfois, il vaut mieux ne pas trop se poser de questions et juste profiter du repas."
Maya, quant à elle, opta pour un simple sandwich. Elle restait silencieuse, mais écoutait attentivement ses amis, se sentant légèrement plus à l'aise en leur compagnie.
Une fois servis, ils trouvèrent une table près d'une fenêtre offrant une vue sur le campus. Le soleil de midi illuminait la pièce, ajoutant une touche de chaleur à l'atmosphère.
Ils commencèrent à manger en silence, chacun plongé dans ses pensées. Après quelques instants, Elena brisa la glace. "Alors, comment s'est passée votre matinée de cours ?"
Alexandre fut le premier à répondre. "Pas trop mal. J'ai eu un cours de maths assez intéressant. Le professeur semble vraiment passionné par son sujet, ce qui rend les choses plus engageantes."
Alexandre, avait passé un moment éprouvant en cours de maths. Il avait entendu des chuchotements derrière lui, des voix moqueuses parlant de sa maigreur.
"Regarde-le, on dirait un squelette. C'est pas normal pour un gars d'être aussi maigre."
"Il doit être anorexique. L'anorexie, c'est pour les filles, non ?"
Ces remarques avaient poignardé Alexandre en plein cœur. Il avait essayé de se concentrer sur les équations et les théorèmes, mais les mots cruels continuaient de tourner dans son esprit. Sa passion pour les maths, habituellement une échappatoire, était devenue un champ de bataille.
De retour à leur table, chacun faisait de son mieux pour masquer ses véritables émotions. Ils entamèrent leur repas, échangeant des banalités sur leurs journées.
"Oui, un bon professeur fait toute la différence," acquiesça Maya. "J'ai eu un cours d'introduction aux jeux vidéo. C'était fascinant de voir l'évolution des technologies et comment elles influencent notre société."
Lucas hocha la tête. "Ça doit être cool. Moi, j'ai eu un cours de science politique. On a parlé de l'importance de la perception publique et de la manipulation des médias. Assez pertinent, surtout de nos jours."
Lucas, de son côté, luttait pour contrôler sa colère. Lors de son cours de science politique, un groupe d'étudiants bruyants n'avait cessé de parler, perturbant la leçon. Le professeur n'avait rien dit, ignorant leur comportement perturbateur. Lucas avait serré les poings sous la table, ses muscles tendus comme des cordes prêtes à se rompre.
"Si seulement ils pouvaient se taire," pensa Lucas. "Pourquoi le professeur ne fait-il rien ?"
La colère bouillonnait en lui, chaque éclat de rire des perturbateurs intensifiant son malaise. Il avait ressenti une montée de rage, un besoin presque incontrôlable de faire taire ces étudiants par tous les moyens nécessaires. Mais il savait que céder à cette impulsion ne ferait que confirmer ses pires craintes sur lui-même.
Elena sourit. "Ça a l'air super intéressant. Moi, j'ai eu un cours de psychologie. On a discuté des différentes théories de la personnalité. C'est incroyable de voir à quel point notre comportement peut être influencé par tant de facteurs différents."
Elena essayait de se concentrer sur sa soupe, mais les mots de ses camarades de classe lui résonnaient encore dans la tête. Pendant son cours de psychologie, plusieurs étudiants avaient passé la majeure partie de la séance à regarder des photos de célébrités sur leurs téléphones, s'extasiant sur leurs corps parfaits et leur apparence impeccable.
"Tu as vu les dernières photos de Selena Gomez ? Elle est vraiment sublime !"
"Oui, et Kylie Jenner... Ses courbes sont à tomber par terre. Comment elles font pour être si parfaites ?"
Elena avait tenté de se concentrer sur la leçon, mais les comparaisons incessantes et les compliments exagérés des autres étudiants avaient ravivé ses insécurités. Chaque commentaire semblait être une flèche empoisonnée, la rappelant à ses propres luttes avec la dysmorphie corporelle. Elle s'était sentie comme une imposture, chaque seconde passée dans cette classe amplifiant son anxiété.
Ils continuèrent à échanger sur leurs cours et leurs professeurs, trouvant un terrain commun malgré la diversité de leurs intérêts. La conversation dériva naturellement vers des sujets plus personnels, bien que chacun restât prudent sur ses luttes internes.
"Alors, Lucas," demanda Elena, "qu'est-ce qui t'a poussé à choisir la science politique ?"
Lucas prit une bouchée de son plat, réfléchissant à sa réponse. "Disons que j'ai toujours été fasciné par le pouvoir et la manière dont il est exercé. Je pense que comprendre les dynamiques politiques peut nous aider à créer un monde plus juste."
"Ça fait sens," répondit Maya. "Et toi, Alexandre, pourquoi les maths ?"
Alexandre sourit légèrement. "J'ai toujours aimé les chiffres et les problèmes à résoudre. Les maths, c'est comme un puzzle géant. Ça me permet de me concentrer, de structurer mes pensées."
"Et toi, Maya ?" demanda Lucas. "Pourquoi l'étude des jeux vidéo ?"
Maya hésita un instant. "Je suppose que les jeux ont toujours été une échappatoire pour moi. Ils me permettent de vivre des aventures, de rencontrer des gens, même si c'est de manière virtuelle. Et j'aime comprendre comment ils sont conçus, comment ils captivent autant de personnes."
Maya, quant à elle, avait trouvé le cours sur les jeux vidéo plus difficile que prévu. Contrairement à ce qu'elle avait espéré, ils avaient été divisés en groupes pour travailler sur un projet. L'idée de devoir interagir étroitement avec des inconnus l'avait terrifiée. Elle avait senti ses mains trembler lorsqu'elle s'était présentée à son groupe.
"Salut, je m'appelle Maya. Enchantée de travailler avec vous."
Elle avait essayé de sourire, mais son anxiété était palpable. Pendant toute la durée du cours, elle s'était battue contre l'envie de se réfugier dans ses jeux vidéo, là où elle se sentait en sécurité. Les interactions sociales lui semblaient insurmontables, chaque mot qu'elle prononçait lui coûtant un effort immense.
Elena acquiesça, trouvant les motivations de ses amis intrigantes. "C'est intéressant de voir comment chacun trouve sa passion. Moi, la psychologie m'a toujours fascinée. Comprendre les gens, leurs comportements, ça me semble essentiel pour aider à résoudre certains des problèmes les plus complexes de notre société."
Leur discussion était fluide, chacun partageant des bribes de sa vie sans entrer dans les détails douloureux. Ils riaient, échangeaient des anecdotes légères, et pour un moment, les fardeaux qu'ils portaient semblaient moins lourds.
À un moment donné, Alexandre posa une question qui changea légèrement l'atmosphère. "Vous avez des hobbies en dehors de vos études ?"
Maya répondit la première. "Je passe beaucoup de temps à jouer à des jeux vidéo, évidemment. Mais j'aime aussi lire, surtout des romans de science-fiction."
"Moi, je fais de la boxe," dit Lucas, son visage s'éclairant légèrement. "C'est un bon moyen de rester en forme et de se défouler."
Elena hocha la tête. "La boxe, ça doit être intense. Moi, j'aime bien la danse. Ça m'aide à me libérer et à exprimer ce que je ressens."
Alexandre sourit. "Je fais un peu de course à pied. Ça m'aide à vider ma tête et à rester en forme."
Leur conversation se poursuivit, chaque mot renforçant les liens entre eux. Ils parlaient de leurs rêves, de leurs aspirations, mais aussi de leurs craintes et de leurs défis, toujours de manière subtile et voilée.
"Vous savez," dit Elena en finissant sa soupe, "je suis vraiment contente qu'on ait décidé de manger ensemble. Ça fait du bien de parler avec des gens avec qui on peu avoir une conversation profonde et légère à la fois."
"Oui," acquiesça Maya. "Je suis d'accord. On peut se s'entraider les uns les autres pour les cours."
Lucas leva son verre en signe de toast. "À notre amitié."
"À notre amitié," répétèrent-ils tous en chœur, levant leurs verres et souriant.
Mais derrière ces réponses polies et superficielles, chacun sentait le poids des mensonges. Ils avaient tous menti, cherchant à éviter de révéler leurs luttes intérieures.
Le repas continua dans une ambiance légèrement tendue, chacun essayant de maintenir les apparences. Mais il était clair que les mots échangés n'étaient qu'une façade.
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