Prologue - À nous, l'Universel

Damoiselle, damoiseau, madame, monsieur, fille, garçon, meuf, mec. Je ne suis pas là pour vous raconter l'histoire de personnages réels inscrits dans une fiction mais je suis là pour vous raconter l'histoire de personnages imaginaires, inscrits dans une réalité qui a existé. Je ne suis pas là pour écrire un livre neutre, blanc ou noir, avec une belle fin. Je suis là pour écrire un livre qui fera sûrement l'objet de débats politiques, qui sera gris et qui n'aura pas de fin. Je pourrais passer pour un écrivain au langage soutenu pour ensuite adopter le langage familier, sans vous prévenir. Parce qu'ici, je ne suis pas là pour vous raconter ce qui va se passer mais ce qui s'est passé. Mon but ne sera pas de me concentrer sur des événements historiques importants ou sur des personnalités inoubliables, légendaires comme Jeanne d'Arc, le Roi Arthur ou Anne Frank. Mon but est de raconter notre histoire et celle de ceux qui font ce que nous sommes aujourd'hui. Alors si vous préférez lire une histoire sur le génie d'Einstein, ce roman n'est pas fait pour vous puisqu'ici, le seul génie que vous rencontrerez sera peut être de votre famille. Ça pourra être Paul, un boulanger faisant face au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Annette, cette jeune fille du Gévaudan qui attend son premier enfant, un Chevalier à peine sorti de l'enfance, combattant lors de la Guerre de Cent Ans et mort parmi tant d'autres au point que son nom fut oublié ou même la petite Amelia qui aurait dû atteindre sa quatrième année.
Pour tout vous dire, les personnages dont je vais parler ne sont ni des héros, ni des méchants. Ils n'ont pas leurs noms inscrits sur Wikipedia ou dans vos manuels. Ils n'ont pas de statues érigées à leur honneur. Tout le monde les a oubliés.
Et pourtant sans leur histoire, l'Histoire et notre histoire n'existeraient pas. Sans eux, vous ne seriez même pas là pour lire ce que je vais vous raconter.

Alors allons-y et commençons dans ce village fictif mais symbole de tous ces autres villages oubliables. Commençons au village de Macelle. C'est là bas que des moines ont bâti leur monastère, au milieu des maisons des habitants sans histoire, sans avenir et avec un passé inutile. Et c'est là bas qu'Aulbert a galopé pour délivrer un message à ces hommes pieux. Aulbert, ça ne vous dit rien n'est ce pas ? Et pourtant, les Aulbert ont existé. Ces hommes qui ont vécu avec leur temps, qui ne se posaient aucune question sur leur avenir, leur passé et qui ont commis des choses affreuses tout comme des choses extraordinaires. Ces hommes qui sont sûrement nos ancêtres ou des ancêtres qui ont influencé vos ancêtres qui à leur tour, ont influencé d'autres ancêtres. Ces hommes parmi tant d'autres qui sans le savoir, ont modifié le cours de l'Histoire et de notre histoire.
Aulbert ne le savait pas qu'en arrivant sous la pluie, trempé et à moitié fébrile devant le monastère, qu'il allait contribuer au destin de toute une famille. Lui, il pensait juste à l'instant présent, à délivrer sa lettre et à repartir chez lui pour passer du temps avec sa famille. Et pourtant, en entendant les pleurs d'un bébé dans un coin, il prit l'initiative d'aller voir ce qui se passait. Mais s'il n'avait pas bougé, le destin du monde entier aurait été différent. Il suffit d'un geste, un seul et vous pourriez ne jamais être né.
Lui, il hésitait. Devait-il continuer ou pas ? Et si c'était un piège ? Peut être que les pleurs venaient d'une maison aux alentours, un bébé pleurait beaucoup plus fort qu'on ne l'imaginait après tout. Mais la conscience d'Aulbert lui demandait d'avancer et de retirer la couverture en lin qui recouvrait le corps frigorifié d'un petit enfant. Quel âge devait-il avoir ? C'était sûrement un nouveau né. Ses courts cheveux blonds étaient plaqués contre son crâne et ses yeux encore bleus fixaient le jeune homme, comme l'incitant à venir l'aider à accomplir son destin.

Au sourire que l'enfant produisait, malgré les pleurs qui recouvraient ses joues, le soleil apparut peu à peu. Aulbert se disait alors: Ah ! Cet enfant est sûrement un envoyé du Seigneur, un ange ou un élu. Il apportera sûrement richesse et bonheur à ce village.
Aulbert prit doucement l'enfant dans ses bras, la peau mâte du petit contrastait avec la peau très blanche, pure de l'homme. Trouver des orphelins, ce n'était pas rare. Mais trouver des orphelins encore vivants à cet âge...c'était autre chose.
Il n'y avait donc aucun doute, ce petit garçon était forcément protégé par Dieu. Mais qui pourrait élever ce jeune « prophète » pour qu'il ne tombe pas dans les péchés du Vilain ? Aulbert tourna la tête vers le monastère, ses habits séchants à la lumière du soleil qui s'était tourné vers le bâtiment, comme pour lui envoyer un signe. Le meilleur moyen d'éduquer un protégé de Dieu était de l'offrir aux plus proches disciples de ce dernier. Alors, pour Aulbert, la solution se trouvait devant ses yeux. Dieu et sa grande sagesse la lui avait donné, ce garçon allait être élevé dans ce monastère, au plus près de son créateur. Aulbert frappa à la porte de l'immense bâtiment, cœur de la dévotion et de la sainteté et attendit patiemment que l'enfant soit confié à ces bonnes mains.

Ce garçon eu un nom. Mais qui s'en souvient ? Pour tout le monde, il était le Loup. Celui qui, au lieu d'apporter les richesses promises par son Seigneur, avait laissé derrière lui les gueuseries du Vilain qui avait su tromper ce village oublié en les condamnant avec cet enfant.
Depuis son arrivée, morts et accidents n'avaient cessé de se produire. Ce n'était pas facile de persuader quelqu'un qu'un homme était bon. Mais c'était sans aucune difficulté qu'on pouvait lui faire croire qu'un homme était mauvais. C'était sûrement un démon, un sorcier, un être maléfique ou même une Bête. La peur que les habitants ressentaient en le voyant sortir du monastère, incapable de les protéger de cette malédiction, était semblable à celle des hommes se retrouvant à affronter des Meutes de Loups, au pelage sombre et aux griffes et crocs acérés. Ces Bêtes qui les empêchaient de faire entièrement confiance aux immenses forêts qui les entouraient, qui les emprisonnaient dans leur peur.
Alors c'est pour cela qu'il fut nommé ainsi, le Loup. Le Loup qui emprisonnait ce village dans la peur de ses croyances. Le Loup de Macelle ou Loup de Macelle. N'ayant pas de nom de famille, ils lui avait donné le nom du village qu'il n'avait cessé de maudire.
Il n'avait que 9 ans et ne comprenait pas toute cette haine à son égard. Lui, il pensait au futur. Il se détachait d'Aulbert et de sa vision du présent pour imaginer son propre avenir. Un jour, le Loup de Macelle trouverait sa propre meute. Une Meute qui l'aimerait et le respecterait.

Si Aulbert n'avait pas bougé, cet enfant serait mort sous la pluie et les Loups de Macelle ainsi que l'influence qu'ils auraient apportée à ce monde n'auraient jamais existé. Finalement, Loup de Macelle fonda une famille, une grande famille. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'une famille n'est pas une Meute.
Cette famille fut divisée, rassemblée mais jamais réellement unie. Cette famille apportait malheur, bonheur ou rien du tout. Elle a traversé des siècles et des siècles d'Histoire pour raconter son histoire. Elle a connu vos grands parents, arrières grands parents, arrières arrières grands parents et ainsi de suite. Et pourtant, ils n'ont jamais été une meute. Mais ils étaient des Loups eux aussi. Alors maintenant, laissez moi vous raconter ce que ces Loups ont accompli ou détruit.

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