J’aimerais te croire Arlan. Croire en tes belles paroles, pleines de rêve et d'espoir… Qui de nous deux est l’enfant mon ami ?

Un autre homme est mort. J’ai veillé sur lui cette nuit, il hurlait durant son sommeil. Le matin, plus de bruit. Le silence, plus de couleurs sur son visage où se lisait encore sa douleur, la bouche entrouverte d’où se dégageait une odeur pestilentielle, il ne bougeait plus. Deux soldats l’ont sorti de l’infirmerie. Ils l’ont éloigné du campement et ont commencé à creuser son trou. Ils l’y auraient balancé si je n'étais pas intervenu.  Pourquoi ? Le défunt, Vaïan était un homme des sables, ces guerriers dit “fauves” au corps détenant certaines caractéristiques des félins. Comme tu le sais, leur tradition demandent à ce que le soldat soit incinéré dans le respect d’un rituel spécifique afin que l'esprit du mort rejoigne ses ancêtres sur la lande des âmes bienveillantes. Les deux hommes auraient pu protester. Ils ne l’ont pas fait. L’un d’eux m’a juste jeté un coup d'œil peu aimable avant de déposer le corps et de lâcher un “À votre guise Madame”. Ne rigole pas. Ce n'est pas la première  qu’un des combattants m'appelle “Madame”. Je ne te cache à quel point cela est étrange pour moi… Et dire que même en vivant au château plusieurs années certains domestiques me rabrouent encore comme l’on fâche une fillette. Parfois, je regrette de ne pas être aussi grande que toi, cela me donnerait sûrement plus d’autorité.

Enfin qu’importe. Je t’ennuie avec mes bavardages inutiles…  Le commandant craint une grosse averse, nous poursuivons notre avancée mais si la pluie venait à nous surprendre j’ai peur que nous prenions du retard… Jusqu’ici le temps nous souriait, mais en cette saison cela ne s'éternisera pas.

Es-tu sûr de la décision du conseil ? Ne peuvent-ils pas se séparer de leur premier mage quelques jours seulement ?

S’il te plaît Arlan. Tente de les convaincre, je t'en supplie.

Gwenhwyfar