Saison des pluies, jour trente-quatre
Il n'y a pas plus idiot qu’Arlan !
Excuse la vivacité de mes propos, mais il faut obligatoirement que je confie mes déboires à quelqu’un auquel cas je vais devenir folle ! Je plains ce pauvre commandant qui au dîner a souhaité parler de certaines stratégies de guerre. Je pense qu'il ne s'attendait pas à une telle réaction de ma part. Rassure-toi, il est en vie. Indemne. Physiquement…
Pour tout te dire, mon amie, j’en veux au monde entier. Je suis en colère devant la bêtise des gens. Lorsque le peuple parle du premier génocide, c'est avec horreur et tristesse. On honore les morts de ce massacre, les plaint, les pleure. Cela ne me déplaît pas, bien au contraire. Savoir que mon peuple ne tombe pas dans l’oubli me réchauffe le cœur. Cependant, explique-moi : ne nous apprêtons-nous pas à commettre la même erreur ? Tuer toute une population, femmes, enfants compris ne fera t-il pas de nous des monstres ? Après tout, quelle est la preuve que celui que l’on qualifie d’ennemi, de démons, d’abomination souhaite nous attaquer ? Devons nous nous baser sur les propos de quelques paysans crédules ?
Je doute ma chère… Je doute de plus en plus… Mes phrases te paraîtront insensées et désordonnées et tu risques de me croire aliénée, mais j'écris cette lettre, certes emplie d’une fureur rare, mais en toute possession de mes moyens. De toute façon, une fois la guerre finie, si je m’en sors vivante, tu sais bien qu’il te faudra supporter mes discours à longueur de journée.
Fais attention à toi,
Gwenhwyfar
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top