Saison des pluies, jour trente-quatre

Si tu avais vu comme Gwenhywfar a achevé sa dernière lettre. Elle paraissait furieuse...

Pourtant, je pense lui avoir signalé de la façon la plus diplomatique, où était sa place… Peut-être que je m'y suis mal pris… Je lui parle comme on le fait à une enfant. Une enfant que j’envoie à la guerre… Mais du haut de ses trois-cent seize ans j’oublie qu’elle grandit et gagne en maturité. Lorsque je l’observe, je vois toujours la fillette avec qui je me suis enfui ce soir-là. Cette gamine que je ne connaissais pas, qui au lieu de se figer sur place ou de pleurer comme la pluparts des pauvres gamins a attrapé la main de la première personne qui se trouvait sur son chemin en lui disant de ne pas rester ici et de courir. J’étais plus grand qu’elle et pourtant à cette époque je ne possédais pas la moitié de son courage… Après cet événement, j’ai repris mon rôle d’ainé. Comme si de rien n’était, je la traitais en petite fille, abusant de mon âge. Mais en agissant ainsi ne voulais-je pas me rassurer ? M’ancrer dans la tête que des deux j’étais le plus fort ? Que je nous protégeais ? C'est ce qu'elle a toujours cru. Elle me faisait entièrement confiance… En retour que lui ai-je vraiment apporté ?

La guerre apporte les doutes, sème la confusion dans l'esprit des gens, les embrouille. Je ne devrais pas t’écrire aussi tard, je ne raconte que des idioties. Après tout je ne n'ai pas atteint le rang de premier mage par hasard, n'est ce pas ?

Mon Amour, j'ai hâte de te revoir. Vivement que cette guerre se termine, mes nuits alors te seront entièrement dédiées.

En attendant, prends soin de toi.

Ton bien aimé,

Arlan.

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