Chapitre 4


Cela faisait plusieurs jours que la scène de la nuit était passée. Je cherchais à comprendre pourquoi on me recherchait. Enfin pourquoi, on semblait me porter un intérêt. À chaque fois qu'on me rendait visite, j'avais l'impression d'être quelqu'un d'important. Qu'est-ce que j'avais de si spécial ? Pourquoi j'étais un centre d'intérêt ? Pourquoi chaque personne qui me rendait visite, voulait que je rejoigne sa cause ? L'avais-je fait dans le passé ? Avais-je un don ? C'est pour ça qu'on me recherchait ? Toutes ces questions revenaient en boucle tous les jours dans mon cerveau. Cependant, je remarquai que mon cerveau en avait une préférée : Pourquoi cette personne voulait que je parte avec elle en pleine nuit ? Ce qui m'étonnait aussi c'était le fait que ma « perte de mémoire » comme ils aimaient l'appeler, semblait surnaturelle. Comme si, ça ne pouvait pas m'arriver. Comme si, c'était impensable. Comme si, une partie de leur monde venait de s'écrouler. Ce qui en soi était complètement illogique. Je trouvais que cela était de la folie. C'était déconcertant. Je ne savais pas où donner de la tête avec tout ce qui se passait ces derniers jours. Mais plus je me questionnais, plus ma chambre me semblait insupportable. Il y avait quelque chose qui me dérangeait dans cette pièce. Je ne savais pas quoi. Encore une réponse que je n'avais pas. C'était pénible. Ce serait bien que je puisse trouver au moins une réponse à mes questions même si la réponse était banale. Plus je me posais des questions, plus j'avais l'impression que la pièce se refermait sur moi, comme si elle était devenue un piège, une impasse. Comment une pièce pouvait tout un coup se réduire de cette façon ? C'était incroyable. Ça me fascinant mais ça m'effrayait en même temps. C'était contradictoire mais ça allait tellement bien ensemble. C'était merveilleux. Je fus vite rattrapé par la réalité. Je commençai à sentir une douleur au niveau du cou. Elle s'accentuait au fur et à mesure. C'était comme si quelqu'un appuyait sur ma gorge pour m'empêcher de respirer. Ça devenait de pire en pire. Je perdais le contrôle de moi-même. J'avais vraiment l'impression que quelqu'un d'autre était là et pressait ma gorge. C'était si soudain, si inattendu. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Je tentai de reprendre un peu d'air mais cela me semblait impossible. Plus j'essayais de reprendre de l'air, plus je suffoquais. C'était un cercle vicieux. Puis le noir voila mes yeux.

J'appris à mon réveil que les infirmières m'avaient trouvé allongée sur le sol. Je me souvenais juste qu'avant de sombrer dans l'oubli, j'étais en train de suffoquer et que j'essayais de trouver une réponse à mes questions, qui étaient toujours sans réponses. Quand je me réveillai, je me rendis compte que des tas de fils et de tubes étaient plantés dans mon corps. Je regardai avec dégoût ce qui était inséré dans mon corps. C'était répugnant. Et puis, à quoi tout cela correspondait ? Je n'avais pas besoin de ça. J'étais sûre que c'était parfaitement inutile. En observant la provenance des fils et des tubes, je vis que c'était relié à un écran géant qui indiquait pleins de chiffres, de lettres. Je ne comprenais pas ce qui était écrit dessus mais j'imaginais que c'était par rapport à moi. L'écran faisait aussi des bips sans arrêts. C'était énervant comme bruit, même invivable à force d'être entendu. Cela faisait peu de temps que je l'entendais mais je n'en pouvais déjà plus. J'imaginai que les infirmières et les médecins vivaient avec ces bips en permanence. Je n'avais aucune idée de comment ils faisaient pour supporter le bruit. Je supposai qu'à force de les entendre cela ne devait plus poser problèmes. Ça ne devait qu'être une question d'habitude. Peut-être qu'en essayant de ne pas me focaliser sur ces bruits, j'arriverai à mieux les supporter. De ce que qu'on m'avait expliqué, tant que les médecins n'auront pas trouvé pourquoi j'ai suffoqué, ces horreurs qui étaient en moi ne seront pas enlevées. Ils ont intérêt à trouver rapidement. Je n'ai pas envie de passer le restant de mon séjour ici, je me doutais que je ne resterai pas éternellement ici. Enfin, je l'espérais.

La nuit tomba et j'eus le malheur de découvrir que les bips ne s'arrêtaient pas durant la nuit. Ils ne pouvaient pas s'arrêter pour faire du repos à mes oreilles. Je sentais que la cohabitation avec les bips allait être compliquée, très compliquée. En plus de m'embêter durant la journée, il fallait que ces bruits me gâchent mes nuits. Invivable, jusqu'au bout. Je maudissais intérieurement la personne qui m'avait placé ça. Ça avait intérêt à obtenir un résultat positif ou un truc qui correspondait à leur charabia de médecin. Il n'allait pas en plus détruire mon moment préféré qui est la nuit. La nuit était un des moments de la journée que je préférais. Tout était calme. Le silence régnait. J'aimais entendre le silence. Le silence était selon moi, la paix, l'harmonie, un équilibre de la Nature. Comment pouvais-t-on vivre en parlant sans cesse. Une journée sans paroles serait tellement gratifiante et bénéfique pour nous aider à comprendre nos erreurs et à mieux s'écouter.

Je me demandais ce que ça ferait si je tapais sur cet écran. Je rêvais tellement de la faire. Ce serait tellement libérateur. Au fond, personne ne pourrait m'en vouloir. Je suis "L'Amnésique". C'était le surnom qu'on m'avait donné. Plusieurs fois, j'avais entendu des gens qui disait ce surnom juste avant de rentrer dans ma chambre. Une fois, un médecin que je n'appréciais pas parce qu'il me traitait comme une enfant, m'avait confié que j'étais un cas hors-norme et que c'était pour cela que je restais ici. Cela le faisait marrer. C'était sûre qu c'était très drôle de rester enfermée sans savoir pourquoi. J'aimerai bien le voir à ma place cet imbécile. Il savait qu'il me manquait une partie de moi-même, à cause de mon amnésie, c'était devenu évident, mais il pensait que cela me rendait idiote. Je ne me rappelais pas de beaucoup de choses seulement des mots pour pouvoir m'exprimer. Toutefois, j'étais sûre d'une chose, c'était que je n'étais pas idiote. J'avais compris qu'on me gardait ici pour me faire des tas d'analyses. Je ne comptais plus le nombre de fois qu'on m'avait prélevé du sang pour des examens.

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