Chapitre 9: 0%

-Si seulement tu nous voyais. On vient de partir ensemble en vacances. Ça fera un an jours pour jours la semaine prochaine que nous sommes ensembles.

La jeune femme sourit doucement.

-Tu sais, reprit-elle, je suis vraiment heureuse que nos familles l'aient bien pris. Nous voir ensemble leurs rappelle que vous n'êtes plus là avec nous et je pensais que ça les ferait sûrement souffrir. Mais ils semblent tous avoir compris que nous ne sommes pas comme vous.

Sa voix se fit brisée.

-Nous ne les abandonnerons pas, je te le promets, grande sœur. Je ne les laisserai pas tomber. Je sais que l'on ne décide pas lorsque l'on dit nos adieux, mais je ferai tout pour les repousser jusqu'au derniers moments. Je t'en fais la promesse. À toi, et à lui. J'honorais votre mémoire. Tu verras, tu seras fière de moi de là où tu es.

Une larme coula le long de sa joue, avant tomber sur la pierre dure de la stèle. Elle déposa le bouquet de roses qu'elle tenait dans les bras devant la tombe gravé du nom de sa sœur et du fiancé de celle-ci. Elle se releva doucement et sentis de bras passer autour de sa taille pour l'étreindre.

-Des Chrysanthèmes et des fleurs de Cyprès ? la questionna une voix au creux de son oreille.

-Elle préférait les Asphodèles.

-Et lui les détestait.

-Je sais, c'est pourquoi j'ai décidé d'arrêter d'en apporter.

-Est-ce vraiment l'unique raison pour laquelle tu as changé de fleurs ?

-Non. Je crois bien qu'il y ait une autre raison.

Le compagnon de la jeune fille lui embrassa doucement la tempe et elle laissa échapper un petit rire. Elle se sentait bien au creux de ses bras. Elle comprenait pourquoi sa sœur avait était si heureuse de son vivant.

-Ma sœur me manque.

-Mon frère aussi.

-Cela fait déjà cinq ans qu'ils nous ont quitté.

-Cela fait cinq ans qu'ils nous manquent chaque jour.

Ils se laissèrent quelques minutes plongées dans leurs contemplations de la tombe.

-Pourquoi es-tu venu ? demanda la jeune fille. Tu es déjà passé ce matin.

-J'avais envie de retourner les voire, mais je devais aussi te prévenir que nos familles nous cherchent. Le repas devrait bientôt commencer et je suis venu jusqu'ici pour te prévenir et te raccompagner.

-Ce n'était pas la peine, tu sais ? lui répondit-elle doucement.

-Je sais à quel point ces difficiles de les quitter. Je pense que c'est la moindre des choses que de t'accompagner dans cette petite épreuve.

-Merci d'être là pour moi.

-Merci de rendre ma vie plus heureuse.

Elle sourit au creux de ses bras. Puis elle regarda une dernière fois un regarda sur la pierre et sur l'épitaphe qui l'ornait, et partit vers l'entrée du cimetière, la main liée à celle du garçon.

__(🌕)__

-"Pour mon fils chéri", s'il vous plaît.

-Et voilà madame, dit le garçon en tendant le livre.

Le vielle homme récupéra l'ouvrage entre ses mains et salua le garçon.

-Encore merci pour votre tant jeune homme, dit l'octogénaire. Votre plume est vraiment remarquable et votre travail de mémoire est unique. Est-il vrai que vous avez vraiment vécu les attentats ?

-En effet monsieur.

-Vous êtes un homme très courageux.

Le jeune homme ria à la remarque du sénior.

-Croyez-moi, je n'en tire ni ne mérite ni preuve de courage. Je vous souhaite une excellente journée monsieur.

-Vous de même mon garçon.

Il regarda le vielle homme quitter la librairie d'un pas lent avec un tendre sourire sur le visage. Puis, doucement, il commença à ranger ses affaires. Il aimait profondément rencontrer ses lecteurs et il ressentait toujours cette petite peine au fond de lui lorsque venait l'heure de la dernière dédicace. Il se disait que ce serait peut-être la dernière de sa vie et ça le rendait triste de s'imaginer perdre ces rencontres avec des personnes si différentes les unes des autres.

Mais il se disait que toute bonne chose avait une fin. Alors il se faisait à l'idée de plier bagage et de partir découvrir de nouvelles choses.

-Est-il encore possible de demander une dédicace à cet auteur de génie ?

Il garçon releva la tête et se mis à rire franchement. Devant lui se tenait son grand frère, un stylo noir dans la main gauche et son livre dans la main gauche.

-Tu l'as vraiment acheté ? demanda le cadet en riant.

-Le premier livre de mon petit frère ? Évidemment. Alors, c'est toujours possible de me le faire signer ?

-Si c'est pour toi, c'est possible à toute heure.

-Même à 3h du matin ?

-Le sommeil est sacré, répondit le plus jeune en saisissant le livre et le stylo. Que veux-tu que je marque ?

-"Livre unique pour un grand frère qui a su tenir sa promesse".

-Quel promesse ? demanda l'écrivain.

-Celle de raconter un jour ce qui t'étais arrivé.

Le garçon baissa la tête. Une vague de souvenir refaisait surface dans sa tête. Il n'arrivait pas à oublier ce genre fatidique où il avait aperçu certains des pires travers de l'homme. Alors il avait fait le choix de coucher les mots sur papier. Ça l'avait aidé. Et il le voyait à présent. Il n'aurait jamais imaginé être publier, acheter, lu et même apprécié pour certain. Pourtant c'était ça réalité. Et il ne parvenait toujours pas se faire à l'idée.

-Je t'offre un vers, lui dit son frère pour le sortir de ses pensées. C'est ma tournée.

-Comment refuser, répondit le plus jeune tac au tac.

Alors il finit en quelques gestes de rassembler ses affaires et il poussa la porte de la boutique. Elle se ferma doucement eux, comme si elle refermait plus qu'une simple libraire, mais aussi une page du passé.

__(🌕)__

La jeune fille était assise sur les marches de la place du Trocadéro. Devant elle s'étendaient les fontaines et la place. Les regarder la piste, la Tour Eiffel qui surplombait le tout de l'autre côté du pont. Elle observait les différents passants. Leurs expressions. Leurs sourire magnifique qui ornent leurs visages. Le stress qui prend certain de haut. La peine de ceux qui se sont échoué ici.

Voilà cinq ans que ce sont déroulés les tragiques épisodes qui lui ont enlevé son père et sa grand-mère. Et cela fait maintenant plusieurs années qu'elle revient ici. Qu'elle vient peindre à l'aquarelle l'expression de ces hommes, femmes et enfants tellement insouciants.

Pendant longtemps, elle ne ressentait que de la peine en venant ici. Elle en voulait à tous ces gens qui n'affichait que des sourire et de la joie. Pourquoi ni avait-elle plus le droit ? Mais maintenant, elle avait appris à vivre avec tout ça. Elle avait appris à vivre sans une partie de sa famille. Sans pour autant jalouser et nourrir de la haine pour tous ceux qui étaient encore entouré des siens. Alors elle venait à présent sur cette place pour se détendre, et peut-être aussi pour se rappeler de cette journée. Elle ne voulait pas oublier.

Elle ne voulait pas que son cerveau efface de nouveau les événements. Juste après cette journée-là, elle était tombée dans le déni. Elle refusait d'accepter la réalité. Et son corps la forçait à croire que rien de tout ça n'avait un jour existé. Alors elle pensait son père et sa grand-mère toujours vivants. Mais à chaque fois que ça mère tentait de lui faire rouvrir les yeux, c'était une vague de peine et de profonde tristesse qui se déferlait sur son petit corps et qui la torturait.

Alors un jour, un jour des plus ordinaire, elle cessa de se murer dans son monde d'illusion et elle se fit la promesse de ne plus jamais y retourner de toute son existence.

Depuis, elle préférait peindre les autres de mille couleurs plutôt que de peindre son chagrin.

Ces inconnus qu'elle croisait ici lui transmettait leur bonheur par transmission. Comme un virus qui se transmettrait de corps en corps pour rendre le sourire à tous ceux qui n'y parviennent plus d'eux même.

Une fois qu'elle eut finit sa peinture, la jeune adolescente pris le sac à ses côtés et se dirigea vers le bord du balcon surplombant le reste de la place. Elle s'avança document, ouvrit son sac et vida son contenu dans le vide.

Des centaines de pétales de roses rouges volèrent au-dessus de la place, porté par la brise qui soufflait depuis le matin sur la capitale. Tous les passants c'étaient arrêté et regardaient cette pluie de fleurs. Des roses aux couleurs du sang qui avait coulait ce soir-là. Des roses aux couleurs de la passion qui nourrissait le cœur de tous ces être chère qui étaient partis.

C'était sa façon à elle d'honorer ses morts. De montrer à tous qu'ils étaient encore présents dans le cœur de beaucoup d'hommes. Mais aussi sa façon d'aller de l'avant, et de remercier.

Elle n'avait jamais revu ce garçon qui lui avait sauvé la vie. Elle aurait voulu le revoir et lui dire combien elle se rendait compte à présent du cadeau qui lui avait fait part. Elle voulait qu'il sache qu'elle n'avait pas oublié son visage, et qu'elle espérait un jour, le revoir. Que ce soit dans la rue, une rencontre du hasard entre deux passants liés par le passé. Ou bien dans le métro parmi toutes ces personnes qui ne cherche qu'à partir pour leur prochaine destination. Elle voulait simplement le voir de ses yeux et lui exprimer toute sa gratitude. Chacun de ses traits restaient gravé dans sa mémoire malgré son jeune âge à l'époque.

Elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse se trouver là, parmi toutes ces personnes réunis par le hasard, à regarder ses pétales tomber sur le sol et ses cheveux. Il se tenait pourtant quelques mètres plus loin, au côté de son frère. Et lui aussi aurait voulu la revoir pour lui dire merci. Merci de lui avoir fait garder son humanité. Car cette rencontre avec cette enfant l'avait profondément marqué, et c'était aussi pour elle qu'il avait écrit son livre.

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