Je sens le contact du métal de la carrosserie sur ma peau. Mais je ne ressens pas autant de douleur que ce que j'aurai cru. Peut-être que la souffrance est tellement forte que mon corps veut m'éviter ça. Ouai, je pense que c'est une bonne idée. Franchement.

Je vais mourir. C'est assez étrange, parce que je ne vois pas ma vie défiler devant mes yeux, comme ce qu'on décrit dans les livres ou les films. Je ressens juste de la lassitude. Oui, une profonde lassitude. J'ai l'impression qu'un courant d'air chaud veut m'inviter à lui et j'aimerai bien m'y abandonner.

Ce n'est pas plus mal, en fait. J'ai toujours voulu savoir ce que ça fait de mourir. Est ce que ces histoires d'enfer et de paradis existent? Parce que personne n'en est revenu pour nous le confirmer. 

Je sens encore cette douce chaleur et cette fois je me laisse aller. Ma dernière pensée est pour ma famille et Sarah. Et je me rends compte qu'il n'y a pas tant de personnes qui comptent pour moi. Même si j'aimerai leur éviter cette tristesse, la quiétude de la mort est tellement tentante...

Une chaleur plus forte m'attire à elle et elle est radicalement différente de celle de toute à l'heure. Elle est plus déterminée, plus insistante. C'est comme un souffle de vie, une étincelle qui m'encourage à ne pas abandonner. 

Ma vie n'est peut-être pas la meilleure qui puisse exister mais, comme toutes les existences, elle mérite d'être vécue.

C'est donc avec un certain soulagement que je suis l'étincelle. 

Et que je reviens à la vie.