Chap.4 - Le Grondement d'une Tempête
Plusieurs jours s'étaient maintenant écoulés depuis le retour du pharaon. Les choses n'avaient pas changés et le quotidien suivait son chemin... ou presque. Depuis un certain temps, Anzu avait remarqué l'attitude étrange de ses deux compagnons. Elle trouvait qu'ils s'entendaient toujours aussi bien mais elle ne savait pas comment décrire ce qu'elle ressentait... en tout cas, elle sentait que quelque chose n'était plus exactement comme avant. Ce n'était plus la même chose depuis que le pharaon possédait son propre corps. Des gestes plus qu'amicale, des regards insistants ou au contraire, fuyants... et tout ceci sans que les concernés ne s'en rendent compte eux-même. A la fois inquiète et mal à l'aise vis à vis de cette situation, elle décida d'en parler aux autres membres du groupe quand Yugi et Atem ne fût pas avec eux. Bien sûr, eux, ils ne s'en était pas aperçus du tout! Ainsi, quand la jeune fille leur fit part de son impression, ils lui répondirent tout simplement qu'elle se faisait des idées... mais elle, elle savait très bien que non. Elle voulait avoir le fin mot de cette histoire et elle ferait tout pour. Etrangement, son subconscient lui indiquer que plus elle creuserait et plus elle tomberait de haut... mais elle ne l'écouta pas et commença à observer régulièrement les deux sosies. Rien de plus, rien de moins. Elle ne comprenait pas... ou peut-être ne le voulait-elle pas surtout? Finalement, un jour, faisant fi de cette situation, elle prit son courage à deux mains et s'en alla rattraper Atem à la sortie de l'école. Elle comptait se déclarer... lui déclarer ses sentiments. La tempête grondait déjà au loin.
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Atem et Yugi rentraient chez eux quand Anzu les rattrapa.
An - Excuse-moi Yugi mais, tu peux nous laisser seul un instant?
Yugi hocha de la tête en guise d'affirmation avant de s'en aller.
Y - Tarde pas trop à rentrer tout de même... ils ont annoncés une tempête dans la soirée.
Sur ce, il commença à disparaître au loin en s'efforçant de ne pas se retourner... en fait, il angoissait. Il avait très bien compris les intentions d'Anzu, même trop bien. Et si finalement il s'était trompé et qu'Atem était amoureux d'Anzu?... Il ne voulait même pas y penser une seconde de plus! Il savait très bien que dans ce cas-là, il devrait alors feindre l'ignorance de par ses sentiments et son coeur ne le supporterait pas, de même que son esprit.
Atem fût un peu surpris lorsqu'Anzu vint les aborder mais se dit finalement que ce n'était pas plus mal dans un sens. Au moins, il pourrait enfin être clair envers elle et évitait de la blesser... mais ce qu'il ne savait pas, c'était qu'elle finirait pas être blessé et même plus blessé encore que tout ce qu'il aurait pu imaginer!... Néanmoins, ce n'était pas ce qu'il allait lui dire maintenant qui allait vraiment lui porter le coup de grâce. La tempête ne faisait que se former pour l'instant.
La jeune fille était extrêmement tendue. Elle respira profondément puis, remarqua qu'elle était à présent seule avec le pharaon. Le rouge lui monta aux joues mais, elle ne perdit pas contenance. Elle s'encouragea mentalement pour briser finalement le silence:
An - Atem... je... depuis longtemps maintenant.. je t'aime!
Sur ce, elle attendit une réponse, espérant profondément qu'elle serait positive... elle n'osait pas regarder son interlocuteur dans les yeux, elle y perdrait tout ses moyens si elle le faisait. La réponse ne tarda pas à arriver. A son tour, Atem prit une profonde inspiration et lui dit alors d'un air très sérieux:
At - Je suis vraiment désolé Anzu mais, je ne peux pas répondre à tes sentiments.
Et voilà, donc c'était négatif. Elle voulut fondre en larmes mais, elle se dit que ce n'était pas la meilleure solution pour ne pas faire culpabiliser le jeune homme en face d'elle. Ainsi, elle releva la tête avec un fin sourire et lui dit alors, comme si son rejet ne l'avait pas tant affecté que ça:
An - Tu ne m'aimes pas?
Le pharaon lui affirma qu'il l'aimait bien mais, en tant qu'amie seulement. Pas plus. C'est alors qu'elle lui posa une question... Une question qui aurait mieux fait de rester sans réponse, surtout pour la demoiselle.
An - Tu aimes déjà quelqu'un?
A cet instant, Anzu vit pour la première fois Atem perdre contenance et ses joues prendre une couleur très vive. Le tricolore n'eut pas besoin de lui répondre... son expression voulait tout dire.
An - Je vois... Elle en a de la chance.
Avait-elle dit sur un ton un peu dépité puis, elle s'en alla sans autre forme de salut. Atem comprit qu'il devait lui laisser le temps de s'en remettre et alors qu'Anzu rentrait chez elle, Atem rentra quand à lui chez Yugi. Néanmoins, elle avait dit "elle"... et si elle apprenait qu'en vérité c'était "il" et que ce "il" représentait Yugi, comment réagirait-elle?
Les deux protagonistes arrivèrent chez eux. La tempête planait au dessus de leur tête.
Pas seulement celle prévue par la météo télévisée. Un tout autre genre de tempête... une tempête encore plus violente que celle du temps. Une tempête qui emporterait aussi Yugi sur son passage... une tempête de "jalousie", "d'incompréhension" et surtout de "rancoeur".
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Le lendemain arriva bien vite. Bizarrement, la tempête prévue la nuit dernière n'avait pas eu lieu. Anzu avait eu toutes les peines à s'endormir malgré l'absence de tempête... ses yeux étaient tellement humides et son coeur tellement sec qu'elle ne pensait même pas se rendre à l'école le jour qui allait suivre cette horrible nuit! Elle avait repensé, repassé encore je ne sais combien de fois l'expression, les paroles, la réaction d'Atem quand elle lui avait déclaré sa flamme. La nuit semblait avoir porté conseil... ou pas. La jeune fille s'était mise en tête de trouver de qui était amoureux "son" Atem et alors elle se disait qu'elle pourrait à ce moment-là tirait un trait sur lui en voyant qu'il aimait une fille qui le méritait. Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'en faisant ça, elle ne ferait que se blesser davantage.
De son côté, Atem n'avait rien dit à Yugi. Ils étaient allés se coucher peu après avoir mangés. Yugi était trop préoccupé par ce qu'il s'était passé entre Anzu et Atem pour dormir et passa une affreuse nuit blanche tandis que le pharaon dormit aussi bien qu'un bébé. Yugi bailla. Ils venaient d'arriver en classe quand il aperçut Anzu sur son bureau. Elle ne semblait pas en grande forme... Atem n'avait donc pas répondu positivement à sa déclaration? Il voulut sourire de toutes ses dents mais en voyant la mine déconfite de son amie d'enfance, il se retint et se dirigea vers elle pour lui remonter le moral. Heureusement pour lui, Jonouchi et Honda n'étaient pas encore arrivés car, délicat comme ils étaient, ils étaient sûr qu'ils auraient gaffés en allant réconforter la demoiselle!
Y - ça va Anzu?
Le demoiselle semblait être ailleurs et ce ne fût qu'à son 5ème essai de l'interpeller qu'Anzu remarqua que Yugi était à côté d'elle et surtout qu'il l'appelait.
An - Ah! Excuse moi... tu me voulais quelque chose?
Yugi se sentit tout à coup assez mal à l'aise mais lui répondit tout de même:
Y - Non, non. C'est juste que tu ne sembles pas très bien aujourd'hui... je voulais juste savoir si ça allait... enfin je suis bête... ça doit pas aller puisque que je l'ai remarqué... enfin..
Commença-t-il à bafouiller, tirant un joli rire à Anzu. Le jeune homme sembla fier d'avoir au moins réussi à remonter le moral de son ami par sa phrase à ni-queue ni-tête puis, Anzu décida enfin de lui donner une réponse concrète avec un frêle sourire:
An - Et bien je me suis prise un râteau, c'est tout simple tu vois! Mais ne t'en fais pas, ça ira mieux bientôt.
Le rassura-t-elle puis, Yugi lui demanda discrêtement:
Y - C'est Atem?
La mine de la demoiselle se fit plus sombre puis, elle hocha de la tête en signe d'approbation et murmura alors tristement:
An - Il aime déjà quelqu'un... mauvais timing, n'est-ce pas?
Sur ce, elle n'en dit pas plus. A peine avait-elle terminé sa phrase que la sonnerie retentit, annonçant le début des cours. Tout les retardataires se mirent à courir vers leurs classes respectives puis, tout s'assirent à leur place et les cours débutèrent. Il ne l'avouerait sûrement pas mais la dernière phrase d'Anzu l'avait rempli d'espoir mais, aussi à nouveau d'angoisse à l'idée qu'il ne soit pas l'élu d'Atem... après tout, il n'avait jamais demandé à celui-ci si il était "homo"!... Pourquoi lui aurait-il demandé à l'époque d'ailleurs? Et pour finir, un énorme malaise s'était installé en lui... il avait comme... un mauvais pressentiment.
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La sonnerie de fin des cours retentit enfin. Tous s'étaient déjà levés et discutaient entre eux. Anzu, quand à elle, n'avait suivi aucun cours... trop concentré à observer les moindres faits et gestes d'Atem. Un malaise s'était immiscé en elle depuis maintenant quelques heures. Elle avait remarqué qu'Atem observait souvent Yugi du coin de l'oeil... qu'il rougissait parfois... qu'il détournait le regard quand il croisait celui du tricolore... il ne regardait aucune autre fille... aucun autre garçon de cette manière... seulement Yugi. Est-ce que ce qu'elle avait trouvé étrange auparavant, répondait au final à ses questions? Et si Atem était...? Et si il aimait...? Non! ça ne se pouvait pas! Elle devait se faire des idées! En tout cas... elle l'espérait fortement. Elle ne supporterait pas de le perdre ainsi... elle savait pas comment elle réagirait si son hypothèse s'avérait juste. Du coin de l'oeil, elle vit justement les deux sosies s'en allaient ensemble chez eux, à la boutique de jouets. Comme mû par un sentiment qu'elle ne pouvait contrôler, elle partit à leur suite... les suivants discrètement au loin sans qu'ils ne remarquent sa présence.
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Yugi suivait en silence Atem. Atem voulait se déclarer mais trouvait pas comment et marchait donc devant Yugi en attendant de trouver une solution. Le silence était le roi et malgré tout, des grondements dans le ciel vinrent le troubler bientôt suivi d'éclairs violents. Cela faisait frissonner le plus jeune. Remarquant ce détail, Atem décida d'accélérer le pas pour rentrer au plus tôt. Néanmoins, Yugi ne semblait pas être de cet avis. Instinctivement, alors qu'Atem s'avançait pour ouvrir la porte d'entrée de la boutique de jouets, le tricolore attrapa la manche de celui-ci, faisant stopper son geste. Le jeune pharaon, surpris, se retourna alors vers Yugi. Le garçon avait la tête baissé... de gêne sûrement et murmura alors d'une voix peu sûr de lui:
Y - Anzu m'a parlé... elle m'a dit pour hier soir.
At - Ah... elle t'en a parlé.
Loin de l'affecter, le pharaon ne semblait pas comprendre où son ange voulait en venir. C'est alors que Yugi lâcha la bombe:
Y - Elle m'a aussi dit que tu aimais quelqu'un...
A cet instant, l'ainé ne dit plus un mot. Il cherchait un moyen d'avouer à Yugi son amour pour lui... mais il n'avait jamais pensé à ce que ce soit Yugi qui lui fasse cracher le morceau pour ainsi dire! Au coin de la rue, Anzu, le regard perçant observer toute la scène. Le pharaon avait enfin trouvé le courage pour se déclarer mais, Yugi le coupa dans son élan:
Y - Tu n'es pas obligé de me dire qui c'est, tu sais! J'espère que tu seras heureux avec elle.
Finit-il finalement par dire en pensant définitivement qu'il n'était pas l'élu du coeur du pharaon. Ses paroles eurent plus d'impact sur lui qu'il n'aurait pensé car, à peine avait-il prononcé ces mots que des larmes apparurent aux coins de ses paupières. Remarquant rapidement ses larmes, Yugi les essuya d'un coup de manche brusque puis, il s'exclama en tentant toujours de garder le sourire:
Y - Dé... Désolé! Je ne sais pas pourquoi je pleure... je suis tellement bête..
Des nouvelles larmes se mirent à envahir ses joues sans qu'ils puissent les repousser tellement elles étaient nombreuses... elles furent rapidement rejointes par une pluie diluvienne. Honteux, Yugi se retourna pour s'en aller déverser sa peine ailleurs quand une main saisit son bras. Tout se passa alors tellement rapidement que Yugi n'avait pas tout saisi sur le moment! Atem l'avait retourné puis, amené vers lui d'un coup sec avant de déposer ses lèvres sur celle du cadet. Par la suite, le pharaon s'était décalé du tricolore pour planter son regard améthystes dans les siens, avant que les mots que Yugi avait toujours rêvé d'entendre de sa bouche ne sortent de ses mêmes lèvres qui l'avaient embrassés il y a un instant... trois petits mots... et pourtant si significatifs:
A - Je t'aime.
La tempête se faisait violente... Anzu était figée... choquée... outrée... au milieu de l'allée. Une toute autre sorte de tempête se préparait à émerger de l'intérieur de la jeune fille. Une tempête bien plus dangereuse que celle du temps... une tempête blessant l'âme.
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