Les Liens d'un Mariage

La tête en vrac et le corps dans le même état, il papillonne difficilement des yeux. Il lui faut quelques instants pour reconnaître l'une des chambres de l'hôtel, plongée dans une semi-pénombre dû aux beaux rideaux vert bouteille partiellement fermés. Encore fatigué, il baille, se passe une main dans les cheveux, les lissant vers l'arrière et se tourne sur le flanc, prêt à se rendormir afin de faire partir cette satanée migraine.

Mais il tombe sur le visage endormi d'un blond dont le corps, complètement nu, dépasse des draps. Il est allongé sur le ventre, les bras croisés sous son oreiller et cette position met en évidence la courbure de ses reins. Sur sa peau dorée, des petites taches rouges fleurissent çà et là, tels les pétales d'un cerisier.

Quelques bribes de souvenirs se frayent un chemin dans les brumes de sa mémoire, provoquant le rougissement de ses joues. Il s'est peut-être un peu trop...emballé. Mais, comment ne pas l'être quand on a un homme avec une plastique pareille devant les yeux ? Son regard glisse le long de ce corps tout en muscles, de ce dos sinueux, de ces épaules larges, de cet incroyable tatouage de tigre sur le flanc, de ce magnifique fessier rebondi avec lequel il avait adoré jouer hier soir...

- J'sais que j'suis beau, mais tu vas finir par m'user à force...

Il sursaute et son regard quitte les fesses de son amant pour le reporter sur le visage du blond qui le fixe de ses yeux rubis, un sourire en coin ornant ses lèvres. La chaleur de ses pommettes disparaît pour laisser place à une expression contrariée. A présent, face à cet air plus que satisfait, la soirée d'hier ressurgit vivement en flash et il se souvient très bien de ce qu'il avait dit.

« Je ne supporte pas les gars comme toi. Grande gueule. Alors, nous deux, ça n'arrivera pas. »

Alors pourquoi se retrouve-t-il ici, dans cette situation ? Il a clairement couché avec lui, en témoigne ses souvenirs, qui deviennent de plus en plus nets à mesure que les secondes défilent, et les suçons qui parsèment son corps.

- Je vois que la modestie ne t'étouffe toujours pas.

Le rire grave du blond emplit la pièce et il se redresse sur les coudes, penchant son visage vers le sien. Si près qu'il est presque obligé de loucher pour le regarder.

- Non, c'était aut'chose qui m'étoufait hier.

Le sous-entendu du blond lui fait plisser des yeux. En plus d'être grande gueule, il a un humour plus que douteux. Mais que lui avait-il pris bon sang ?

- Tu d'vrais voir ta tête double-face, continue-t-il de s'amuser. C'est bien drôle. Mais bon...

Cependant, son amant s'arrête net dans sa phrase, le regard rivé devant lui avant d'écarquiller les yeux. Étonné de cette brusque réaction, il tourne la tête et cherche ce qui a pu interpeller le blond. Et il comprend. Sur la table de nuit, trône un réveil digital qui affiche 14h39. Ils ont vraiment dormi aussi longtemps ? Ils sont dans la merde...La cérémonie est à 15h et, en tant que témoins respectifs des mariés, ni l'un ni l'autre ne peuvent, non, ne doivent arriver en retard.

Ils se jettent un regard paniqué avant de bondir hors du lit, essayant de ne pas s'emmêler les pieds dans les draps. Toujours entièrement nu, ils cherchent leurs affaires, disséminées aux quatre coins de la pièce.

- Tiens. J'crois qu'ça, c'est à toi.

Il lève la tête et réceptionne tant bien que mal le caleçon que le blond vient de lui jeter à la figure. Commençant à sentir la moutarde lui monter au nez, il le fusille du regard, ce qui l'amuse plus qu'autre chose, et l'enfile à la va-vite. Devant lui, son amant est déjà habillé des vêtements de la veille et s'avance vers la porte d'entrée.

- Bien qu'j'ai apprécié la nuit qu'on vient d'passer, j'ai pas l'habitude d'donner mon cul. Et surtout à un quasi inconnu. Donc, toi et moi, ça n's'reproduira plus. C'est clair, Todoroki ?

Shoto serre les poings. Mais pour qui se prend-il celui-là ? Et surtout, pour qui le prend-il, lui ? Comme s'il avait envie de recoucher avec ce type. Même si physiquement, il ne peut nier sa beauté et qu'il avait passé une nuit incroyable, sa personnalité et son caractère craignent carrément, ce qui occulte tout le reste.

- J'irai pas jusqu'à dire que j'ai apprécié, ment-il éhontément, mais je suis amplement d'accord. Nous deux, ça n'arrivera plus jamais, Bakugo.

Un rire moqueur vibre dans la gorge de Katsuki et Shoto sait alors que son mensonge n'a pas fonctionné. A dire vrai, malgré la gueule de bois qui lui tiraille le cerveau, c'était la meilleure nuit de sexe de toute sa vie.

- Bien sûr.

Et il sort de la pièce, le laissant seul dans la chambre qui s'avère être la sienne depuis le début. Encore une chose qu'il ne fait jamais, inviter un partenaire dans son espace. C'est toujours lui qui se fait inviter en temps normal.

Dépassé par ses propres réactions, il secoue la tête pour chasser ses souvenirs qui s'amusent à lui voiler la vue. Toutes ses images plus qu'obscènes de leur nuit ensemble qui réveillent de nouveau son corps.

14h41.

La vue de l'heure lui met une claque mentale et il se précipite dans la salle de bain pour la douche froide la plus rapide de sa vie.

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Devant les portes de l'ascenseur, il retouche ses boutons de manchettes d'un geste fébrile en attendant que l'appareil descende à son étage. Piaffant presque sur place d'impatience, il laisse son regard arpenter le couloir silencieux où seul le chariot d'une femme de ménage, garé près du mur, encombre le passage.

Sa douche fut expéditive, alors qu'il aurait bien aimé s'y prélasser un peu, histoire de détendre ses muscles perclus de sa nuit agitée. A son poignet, sa montre affiche 14h58, ce qui ne lui laisse que très peu de temps pour se rendre dans les jardins de l'hôtel où se déroule la cérémonie. Heureusement, ce n'est pas loin.

Le ding familier retentit dans le couloir, le chiffre au-dessus se stoppe sur le numéro 3, et les portes de l'ascenseur s'ouvrent afin. D'un bond, il s'engouffre à l'intérieur et appuie sur le bouton du rez-de-chaussée. Alors que les portes se referment, il se tourne vers le miroir de plein pied, laissant ses yeux scruter son corps à la recherche de la moindre imperfection. Il ne manquerait plus que, en plus d'arriver tout juste à l'heure, il se présente tout débraillé.

Son costume bleu foncé, parfaitement ajusté, fait ressortir ses yeux vairons, notamment son œil gauche qui arbore une belle couleur turquoise. Une cravate de la même teinte agrémente le tout, nouée autour du col de sa chemise blanche. Et de belles chaussures cirées noires complètent l'ensemble. Il faut au moins ça quand son meilleur ami se marie !

Le ding retentit de nouveau et les portes s'ouvrent, laissant entrevoir la dernière personne qu'il souhaitait voir. A travers le miroir, il aperçoit Katsuki pénétrer dans l'ascenseur, les yeux rivés sur l'un de ses poignets, remettant lui aussi ses boutons de manchettes, avant de relever la tête et de se figer sur place. Dans un silence pesant, les portes se referment et l'appareil reprend sa descente, alors qu'aucun des deux n'a osé bouger. Par reflets interposés, ils s'observent minutieusement. Leurs regards glissent sur le corps de l'autre sans chercher à le cacher et la tension se fait d'un seul coup bien plus palpable.

Cela lui arrache la bouche de le dire, enfin, plutôt de le penser, mais il doit bien avouer que Katsuki, ainsi habillé, est la classe incontestée. Son costume grenat, à l'instar de ses yeux, lui va à merveille, laissant deviner sa carrure développée et sa musculature travaillée. Une chemise blanche accompagnée de son nœud papillon rouge rehausse ce côté chic et des chaussures rouges finissent d'embellir l'ensemble. Ses cheveux cendrés ont l'aspect d'un "coiffé/décoiffé" qui lui donne un charme fou.

Pendant les quelques secondes que dure la descente, qui lui paraissent des heures, Shoto ne peut détacher ses yeux de Katsuki. Et c'est réciproque apparemment, vu comment il se fait reluquer par le blond. Pourtant, il sait qu'il devrait détourner le regard. Après tout, ils ont chacun été clair tout à l'heure, ça ne se reproduira plus. Cette attirance purement physique, il doit la mettre de côté, pour son salut et sa propre santé mentale.

Un troisième ding se fait entendre et, cette fois, ils atteignent enfin le rez-de-chaussée. Katsuki se retourne le premier et sort de l'appareil, chose que Shoto s'empresse de faire également. L'un derrière l'autre et sans s'adresser la parole, ils traversent le hall de l'hôtel d'un pas pressé en direction de l'entrée sud qui mène aux jardins.

Courant presque, ils débouchent enfin sur les doubles portes en verre avant de se stopper net devant une Mina en robe de mariée, les bras croisés sur sa poitrine et tapant du pied. Visiblement, elle a l'air contrariée.

- Vous étiez où bordel ?!

Non, plutôt en colère.

- Vous savez l'heure qu'il est ? C'est censé commencer à 15h, il est 15h01 ! 15h01 les gars ! On est déjà en retard ! Vous êtes les témoins, vous deviez être là en avance, putain de merde !

En colère et passablement stressée. Il faut croire que lorsque la pression se fait sentir, la grossièreté de son ami d'enfance déteint sur elle. Penaud, les deux hommes baissent la tête, laissant la jeune femme les engueuler.

- Et pourquoi vous arrivez en même temps ?

Le ton n'est plus énervé, mais suspicieux. Relevant la tête, ils se jettent une œillade, qu'ils pensent discrète, mais c'est mal connaître Mina. Avant qu'ils puissent dire quoi que ce soit, elle s'approche de Katsuki et baisse son col de chemise, dévoilant une des marques rougeâtres. A cette vue, Shoto pâlit. Et devient carrément plus livide quand la jeune femme pose son regard sur lui.

- Sérieusement ? Vous vous êtes bourrés la gueule hier soir et vous avez couché ensemble ?

Même si elle les avait bien vus la veille faire connaissance autour d'un verre ou deux ou plus, elle ne s'attendait visiblement pas à ce qu'ils passent la nuit ensemble. Faut dire qu'eux non plus ne l'avaient pas prévu. Shoto voit le blond s'apprêter à rétorquer quelque chose, mais il se fait arrêter par son amie. L'index levé, elle lui fait comprendre d'un regard qu'il ne doit, en aucun cas, ouvrir la bouche. Et étonnement, cela fonctionne.

- Je ne veux rien savoir. Dehors, maintenant ! Et vous avez intérêt à jouer votre rôle à la perfection sinon je vous tue !

Son doigt dévie vers l'extérieur et, honteux, les deux compères abandonnent la future mariée, passant devant son père qui les regardent d'un air amusé. Juste avant de passer les doubles portes de l'établissement, le blond se penche vers lui. Sa bouche s'approche de son oreille et son souffle chaud et mentholé vient effleurer sa peau, lui déclenchant la chair de poule. Malgré son corps qui réagit, son visage reste impassible quand il lui déclare :

- J'vais t'buter double-face.

- Bien sûr.

C'est la seule réponse qui lui soit venu à l'esprit. La même que celle du blond quand il a quitté sa chambre tout a l'heure. Et ça, Katsuki a dû s'en rendre compte, car il le fusille du regard avant de passer le seuil de l'entrée. Soufflant un bon coup, Shoto fait de même et se retrouve sous le soleil de midi, bien haut dans le ciel. Aucun nuage à l'horizon et le beau temps est au rendez-vous. C'est une belle journée pour se marier.

Une arche de fleurs rouges et blanches l'accueille, point de départ d'un chemin de pierres sables jonché de pétales de roses qui mène à une deuxième arche de voiles blancs, bien plus grande que la première. Des rangées de chaises de bois blanc, agrémentées de fleurs, encadre le chemin et au bout, juste devant l'arche, se tient son meilleure ami, vêtu d'un magnifique costume blanc. A le voir là, attendre impatiemment sa dulcinée, le cœur de Shoto se gonfle de joie. Qui aurait pu croire à l'époque que ces deux là finiraient ensemble ? Mina, l'extravertie et Izuku, le timide.

Ils se sont rencontrés à l'université, en deuxième année de médecine, et ce fut le coup de foudre pour Mina. Shoto se souvient que la jeune femme était venue le voir, lui son meilleur ami depuis le collège, pour des conseils. Car à chaque fois qu'elle amorçait un pas vers lui, il reculait de deux tout en rougissant. Mais elle ne désespéra pas et s'arma de patience, pour enfin, quelques mois plus tard, annoncer à tout le monde qu'ils étaient en couple. Et les voici, des années après, prêts à sceller leur amour par les liens du mariage.

Rapidement, Shoto remonte l'allée et se place sur la première rangée de chaises, du côté droit, avec la famille d'Izuku. Juste avant lui, Katsuki a fait pareil de l'autre côté et il se rend compte qu'ils étaient les seuls en retard. Il se retrouve alors assis à côté d'Inko, la maman du marié, qui lui sourit affectueusement avant de lui faire la bise. Il voit Izuku jeter un coup d'œil à Katsuki avant de reporter son regard sur lui et d'afficher un air interrogateur. D'un geste de la main, Shoto lui fait comprendre qu'il n'y a rien et que tout va bien. Ce qui, à priori, ne fonctionne pas puisque son meilleur ami plisse des yeux, suspicieux.

Cependant, il ne peut lui demander plus, car une musique douce retentit. Tout le monde se lève puis se tourne vers les doubles-portes afin d'accueillir la mariée. Mina passe alors sous la première arche et tout le monde retient son souffle. La jeune femme est vêtue d'une longue robe de mariée blanc écru toute simple, mais moderne et élégante. Le voilage fin de sa jupe fendue volète sous la brise légère laissant apparaître ses longues jambes bronzées dont les pieds sont chaussés d'escarpins scintillants. Ses cheveux roses bonbon sont relevés en un chignon déstructuré d'où quelques mèches s'échappent, bouclées pour l'occasion.

Son père à son bras et un bouquet de fleurs dans l'autre main, ils remontent lentement l'allée, un grand sourire aux lèvres. Près de la seconde arche, Izuku la regarde amoureusement, des étoiles plein les yeux. Son émotion se lit clairement sur son visage constellé de taches de rousseur et, de sa place, Shoto partage son sentiment. Il est si fier de son meilleur ami.

La mariée et son père arrivent enfin devant l'arche où le maître de cérémonie vient de prendre place. Mr Ashido dépose un baiser sur le front de sa fille avant d'aller s'asseoir sur sa chaise, juste à côté de Katsuki. Le regard hétérochrome de Shoto s'attarde quelques secondes sur lui avant de se reporter sur le couple devant lui, mais il sent très bien les yeux perçant du blond se déposer sur sa personne, et ça le déstabilise bien plus qu'il ne le voudrait.

Mina et Izuku se font face, les mains liées, et les larmes aux yeux, déjà submergés par l'émotion du moment. Le maître de cérémonie s'avance vers eux et le plus beau jour de leurs vies peut enfin commencer.

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Attablé à sa place, Shoto fulmine depuis quelques minutes déjà, une flûte de champagne vide entre les mains.

La cérémonie fut magnifique, l'échange des alliances émouvant puis, après le vin d'honneur, tout le monde à migré dans la salle adjacente aux jardins afin de s'installer pour le repas. De grandes baies vitrées ouvertes sur toute la longueur de la pièce permettent aux invités d'aller et venir à leur guise entre l'intérieur et les jardins, la température extérieure le permettant. Le tout est joliment décoré et des guirlandes de lumières douces viennent de s'allumer à l'extérieur, donnant une atmosphère chaleureuse sur la piste de danse bondée.

Mais Shoto n'est pas trop dans l'ambiance. Du moins, il ne l'est plus trop. Installé à la table des mariés avec leurs parents respectifs et Katsuki, le repas fut délicieux et il fit la conversation à tout le monde facilement. Enfin, presque tout le monde. Assis l'un en face de l'autre, le blond et lui ne s'étaient adressé que peu la parole, mais n'avaient pas arrêté de se défier du regard. Sur le moment, Shoto n'avait pas relevé, préférant parler avec Inko de tout et de rien. Il était même allé danser avec elle, puis avec la mariée et était resté sur la piste quelque temps avec Izuku, danser avec leurs amis.

A présent, la soirée est bien entamée et assis sur sa chaise afin de récupérer son souffle et d'étancher sa soif, il triture la flûte de champagne entre ses doigts, le regard rivé sur celui qui accapare son esprit depuis son réveil. Le blond est assis plus loin, à une autre table, et discute avec une jeune femme. Légèrement penché vers elle, il ne faut pas être stupide pour comprendre qu'il l'a drague ouvertement, un sourire enjôleur collé aux lèvres, et que celle-ci est plutôt réceptive à ses charmes, au vu des rougeurs sur ses joues et de ses yeux qui papillonnent excessivement.

Mais si seulement il n'y avait que ça. Non...le blond s'amuse à le narguer lui. Quand il se penche à l'oreille de la jolie blonde, ce n'est pas elle qu'il regarde. La jeune femme ne voit rien, mais lui oui. Son regard rubis le transperce lui et c'est ce qui met Shoto en rogne. A quoi il joue bon sang ? Pourquoi le tenter comme cela alors qu'il était le premier à ne pas vouloir remettre le couvert ? Non seulement il ne comprend pas la réaction de Katsuki, mais il ne comprend pas non plus la sienne. Pourquoi réagit-il ? Ça ne devrait lui faire ni chaud ni froid.

Subitement, le "couple" se lève, la main du blond passe dans le bas du dos de la jeune femme et la coupe de champagne de Shoto éclate dans sa paume. Complètement ailleurs, il fixe sa main, ahuris, où des petits bouts de verre sont plantés dans sa peau et dont des gouttes de sang commencent à s'échapper des plaies. C'est le "Oh mon Dieu Shoto !" d'Inko qui le sort de son espèce de transe et il lève le regard. Il croise alors celui de Katsuki en face de lui qui s'est arrêté, presque comme tout le monde dans la salle après l'exclamation de la mère du marié. Mais il détourne tout de suite les yeux pour les poser sur Inko.

- Tout va bien, Inko. Elle devait être un peu fragile, c'est que j'ai de la poigne on dirait bien ! essaye-t-il de rire. Je vais aller aux toilettes nettoyer tout ça.

- Tu es sûr que ça va ?

- Oui oui, ne vous en faites pas. Ça n'a pas l'air très profond.

Se tenant le poignet, il se lève et sort de la salle, avant de remonter le couloir et d'entrer dans les toilettes des hommes. Devant le lavabo, il inspecte sa main et fronce des sourcils. Que s'est-il passé ? S'il se refait la scène, la coupe s'est cassée pile au moment où il a compris que les deux se levaient pour s'éclipser de la salle. Et vu leurs gestuelles durant leur "conversation", ce n'est pas pour aller se balader dehors. Alors...il est...jaloux ? C'est ça ? Il a ressenti de la jalousie et il a explosé la première chose entre ses mains ?

- Merde...

Mais il l'a cherché aussi l'autre con en lui lançant ses regards en coin !

- Ça va ?

Il sursaute et redresse la tête, apercevant, à travers le miroir, Katsuki adossé contre le mur près de la porte, les mains dans les poches de son pantalon de costume. Il ne porte plus sa veste et son nœud papillon est légèrement détendu. Il fronce des sourcils, il ne l'a pas entendu entrer.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ?

- Rien.

Malgré cette réponse, il s'avance tout de même vers lui, se calant contre l'un des lavabos.

- Fais voir.

- Va te faire.

- T'es si méchant avec moi, déclare-t-il faussement blessé, une main sur le cœur.

Puis, sa fausse peine disparaît soudainement et il tend sa main vers lui.

- Fais voir.

Le sang gouttant dans la vasque, Shoto se laisse quelques secondes de réflexion. Que fait Katsuki ici, à lui proposer son aide, au lieu d'être en train de s'envoyer en l'air avec la blonde ?

- Bon, tu t'magnes !

Face à l'air déterminé du blond, Shoto cède et lui tend sa main meurtrie. Celui-ci inspecte sa paume sous toutes les coutures avant de commencer à lui retirer les petits morceaux de verre. Concentré, il effectue sa tâche en silence sous le regard étonné de Shoto. Comme prévu, plus de peur que de mal, car les morceaux n'étaient pas profondément enfoncés dans sa peau, les plaies étaient juste superficielles. Une fois tout retiré, il passe sa main sous l'eau, la "désinfecte" au savon et la sèche avec l'essuie-tout. Il en déchire quelques bouts qu'il plaque dessus afin de comprimer au maximum et d'arrêter les saignements.

- Merci.

- Hum...

Il se retourne et n'a pas le temps de réagir qu'il se fait coincer contre l'un des lavabos, le corps de Katsuki compressé contre le sien. Son visage s'approche du sien et son regard grenat parcourt son propre visage, un sourire narquois aux lèvres.

- Alors...t'étais jaloux ?

Shoto déglutit.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Mais bien sûr. La coupe s'est pétée d'elle-même, c'est ça ?

Le blond se presse un peu plus contre lui et sa jambe passe entre ses jambes, où son genou vient effleurer son entre-jambe.

- Oui, elle était déjà un peu ébréchée.

- T'as toujours réponse à tout ?

- T'es toujours aussi chiant ?

Le sourire narquois disparaît pour laisser place à un sourire satisfait. Mais Shoto ne l'entend pas de cette oreille, il est bien décidé à comprendre les intentions du blond. Car, même si elles sont plus qu'évidentes sur l'instant, elles sont à l'exacte opposé de ce qu'il voulait ce matin.

- A quoi tu joues Katsuki ? C'est pas toi qui ne voulait plus avoir affaire à moi ?

- Ouais, bah je...

- Katsuki ? Tu es là ?

Il se stoppe dans sa phrase quand la voix d'une jeune femme retentit derrière la porte des toilettes. Et d'un coup, Shoto se fait tirer par le bras avant d'être jeté dans une cabine, le blond refermant la porte derrière eux. Au même moment, celle des toilettes s'ouvre et ils entendent des talons résonner sur le carrelage de la pièce.

- Katsuki ?

Le regard que lui lance le blond dissuade Shoto de dire quoique ce soit. Mais il n'arrive pas à comprendre. C'est pas lui qui l'a dragué il n'y pas deux minutes ? Les talons s'éloignent et la porte se referme, les laissant de nouveau seuls.

- Tu m'expliques ? Tu lui faisais ton numéro de charme et maintenant, tu l'as laisses te chercher désespérément.

Il se retourne et le reluque de bas en haut, tout en se passant la langue sur les lèvres.

- T'es bien plus intéressant.

Le souffle de Shoto se coupe avant de repartir vivement.

- Je comprends pas tes inten...

Mais il ne peut terminer sa phrase, car la bouche de Katsuki vient de s'écraser durement contre la sienne. Même s'il ne devrait pas y répondre, Shoto se laisse embarquer dans le baiser, et sa langue rejoint celle du blond pour une danse enflammée. Ses mains se posent sur les hanches de Katsuki alors que les doigts de celui-ci s'agrippent à son col de chemise, le tirant toujours plus à lui. A bout de souffle, ils finissent par rompre le baiser et le regard que lui lance Katsuki lui déclenche la chair de poule. Rien qu'avec ça, son corps à déjà réagit.

- Putain, c'est toi qu'j'veux ! J'ai pas arrêté d'penser à notre nuit ensemble, ça m'a rendu dingue toute l'aprèm ! J'sais c'que j'ai dis et oublie le ! On a une putain d'compatibilité au lit, faut renouveler l'expérience !

- Je suis une expérience ?

- T'as très bien compris c'que j'veux dire double-face.

Dans l'étroitesse de la cabine, ils s'affrontent du regard, augmentant la tension qui règne entre eux. Le rouge rubis chauffé à blanc contre l'hétérochromie froide, mais tout aussi brûlante. Oh qu'il a envie de céder à cette demande. Lui aussi, il y a pensé toute l'aprèm. Et avoir le fruit de son obsession devant les yeux, les joues rouges et le regard vrillé d'un désir intense, le retourne complètement.

- Ok, t'as intérêt à en assumer les conséquences.

- Tu parles beaucoup trop, j'trouve !

Et la seconde d'après, leurs bouches se retrouvent de nouveau pour un baiser bien plus ardent. Shoto vient plaquer Katsuki contre la porte de la cabine et ses mains passent sous sa chemise, effleurant la peau hâlée du bout des doigts, tandis que Katsuki passe ses mains dans ses cheveux bicolores. Mais très vite, l'empressement se fait sentir. Leurs gestes deviennent plus brusques, plus marqués. Les doigts de Shoto s'enfoncent dans la peau tendre du ventre devant lui alors que ceux de Katsuki dévalent son corps jusqu'à sa ceinture qu'il déboucle d'un geste précis. Le bouton de son pantalon suit le même chemin quelques secondes plus tard et son souffle se coupe quand la main du blond englobe son sexe tendu à travers son boxer.

Sous les caresses expertes de Katsuki, Shoto déboutonne lui aussi le pantalon de son amant puis le laisse tomber jusqu'à ses pieds. Heureusement, sa main ne lui fait plus mal et ses gestes peuvent être précis. Les lèvres du blond quittent les siennes et dévalent son cou où il y sème de petits baisers, provoquant quelques gémissements de la part du bicolore. La respiration de Katsuki se saccade également quand Shoto vient faufiler sa main dans son caleçon et attraper sa verge gorgée de désir.

- Hum putain...

Son souffle percute sa peau sensible dans son cou. Galvanisé par ce gémissement licencieux, Shoto entame alors un mouvement, descendant puis remontant le long de cette hampe irriguée, tout en mordillant l'épaule de son amant. Contre lui, il sent la respiration du blond se saccader puis s'accélérer, réponse plus que positive à son touché. Soudainement, Katsuki le relâche et plante son regard dans le sien. Ses pupilles sont complètement dilatées, ses joues sont légèrement rosies, sa chemise débraillée et son pantalon descendu jusqu'aux chevilles, le rendant particulièrement érotique à cet instant.

- Putain, prends-moi !

Il lui faut quelques secondes pour analyser cette phrase.

- Attends...tu n'avais pas dit que...

- J't'ai dit d'oublier ! Donc...- il lui attrape la cravate et le tire vers lui, leurs lèvres se frôlant - ta gueule et baise-moi. Démonte-moi même !

A cet instant, Shoto ne sait plus trop ce qu'il ressent. Tout se mélange en lui. Il a envie de le frapper pour sa façon de lui répondre, mais en même temps, ça l'excite au possible.

- Tu es toujours aussi vulgaire ?

- Tu poses toujours autant d'questions ?

La main du blond se presse contre son sexe, le faisant grogner.

- Mais ça à l'air de t'plaire, s'amuse-t-il.

Si ça lui plait ? Carrément. C'est même un euphémisme. Et c'est ce qui est étonnant. Il ne s'attendait pas à autant apprécier ce type de paroles. Tous ses anciens partenaires et ex étaient "sages" au lit, que ça soit lui en top ou non...Katsuki le fait complètement sortir de ses sentiers battus.

- Tu as une capote ?

Katsuki stoppe son mouvement sur son sexe et fronce des sourcils avant de soupirer.

- Putain...merde...

- Ouais, moi non plus j'en ai pas.

Quelques secondes défilent dans le silence avant que Katsuki ne reprenne.

- Ok, c'est pas grave, t'es clean non ? Moi aussi donc...

Shoto le coupe par un baiser et sa main se resserre autour du membre du blond.

- Je ne suis pas sûr que tu vas apprécier de te balader avec du sperme plein les fesses. J'ai une meilleure idée. Tourne-toi et prend appuie sur la paroi.

Intrigué et étonnement docile, Katsuki se retourne, plaquant ses mains à plat contre la porte de la cabine. Shoto saisit alors ses hanches, appuyant doucement dessus afin de le faire se cambrer et, quand il juge que le blond est dans la bonne position, son sexe vient se presser contre les cuisses musclées de son amant. Il se glisse entre elles avant de les resserrer étroitement d'une main, provoquant un jappement plaintif de la part de son partenaire quand leurs membres entrent en contact.

Le premier mouvement de bassin les fait frissonner de concert, le second les fait soupirer d'aise et la suite les envoie aux portes du plaisir. Les va-et-vient du bicolore se font progressivement plus rapides, plus brutaux, le parfait reflet de leur empressement, tout en restant amples et maîtrisés. Les doigts de Shoto sont enfoncés dans la peau de Katsuki qui ne retient pas ses gémissements, toujours appuyé contre la paroi.

Cela n'a rien à voir avec un "vrai" rapport avec pénétration, mais la sensation est tout aussi grisante ! Les sens en ébullitions, Shoto à une perception accrue de son sexe emprisonné entre les cuisses fermes de Katsuki qui y glisse si facilement, pour aller caresser le périnée puis la hampe du blond. Les petits couinements érotiques que gémit Katsuki résonnent à son oreille comme une mélodie tentatrice. Bordel que c'est bon !

Une des mains de Shoto délaisse son encrage pour remonter sous la fine chemise de son amant, effleurant la peau sensible de son abdomen avant d'atterrir sur un de ses boutons de chair. Comme pour répondre à ce stimuli, Katsuki se cambre davantage. Tout en continuant ses coups de rein, le bicolore vient titiller le téton déjà bien dressé puis le fait tourner entre ses doigts avant de le pincer durement. Un gémissement bien plus fort que les autres sort d'entre les lèvres du blond, envoyant son self-control au tapis. Sa main sort de sa cachette et s'agrippe à son cou, l'incitant à se redresser et à tourner la tête vers lui pour l'embrasser à pleine bouche. Son autre main dévale la hanche du blond et s'enroule autour du membre dressé, intimant des mouvements de va-et-vient en synchronisation avec ses coups de rein.

Contre lui, Katsuki s'arc-boute vivement, ses bras partent vers l'arrière afin de s'accrocher à ses fesses, et il ne tarde pas à libérer son plaisir contre la porte dans un long râle exutoire. Le voir ainsi, soumis à sa volonté, met à mal sa raison et dans un dernier coup de rein puissant, il jouit allégrement entre les cuisses de son amant, son gémissement étouffé par le baiser ardent que lui délivre le blond.

La respiration erratique, ils mettent fin au baiser, mais ne s'éloignent pas pour autant, plantant leurs regards toujours aussi affamés dans celui d'en face. Leurs souffles se mélangent alors, leurs nez se frôlent, leurs lèvres s'effleurent avant de se reconnecter de nouveau pour un baiser bien plus...langoureux. La passion et la fébrilité de tout à l'heure est remplacée par quelque chose de plus intime, plus tendre, qui les retourne complètement.

Doucement, Shoto se retire et attrape du papier toilette afin de les essuyer. Katsuki se retourne alors et l'imite. En silence, ils effacent les traces de leurs ébats, jetant le tout dans les WC avant de se rhabiller rapidement. Puis, ils se regardent et se mettent à pouffer.

- Putain, faire ça dans les chiottes d'un hôtel, au mariage de nos meilleurs potes...

- J'avoue que c'est la première fois que j'expérimente ça, s'amuse Shoto.

Déverrouillant la porte, ils sortent de la cabine et s'approchent des lavabos pour se laver les mains. Étonnement, il n'y a aucun malaise entre eux. Ils avaient envie, ils l'ont fait, point final.

- C'était là ça, tout à l'heure ? demande Katsuki une fois sortie, en pointant un panneau sur la porte des toilettes.

La pancarte dit "Hors-service".

- Hum...non, je ne crois pas.

- C'est moi qui l'ai piqué à l'accueil pour l'installer. Vous étiez un peu bruyants.

Ils sursautent de concert et se retournent vers la voix qui vient de parler. Izuku se tient devant eux, les bras croisés sur son torse et les regarde d'un air qui se veut contrarié - à l'instar de sa femme il y a quelques heures - mais qui est clairement amusé.

- Sérieusement ? Vous pouviez pas aller dans une de vos chambres ? C'était si pressé que ça ?

- Ouais.

Izuku pouffe devant l'air sérieux de Katsuki.

- J'espère que c'était bien au moins ?

Les deux amants se lancent un regard entendu avant de sourire en coin au bouclé.

- Je vois, pouffe Izuku. Allez, venez, la soirée n'est pas terminée !

Et, tout en suivant leur ami jusqu'à la salle, leurs doigts se frôlent avant de s'entremêler timidement puis tendrement, leur déclenchant une douce chaleur au creux du ventre. Qui aurait pu croire à un tel rapprochement entre eux alors qu'hier, ils ne se connaissaient pas et ne pouvaient pas se voir ?

Alors que certains liens s'emmêlent et s'unissent pour la vie, d'autres se créent à la lumière d'un mariage.

La vie est parfois surprenante.

Fin.

Bonsoir 😊

Et voilà pour mon premier Todobaku qui fête mes 200 abonnés ! Encore merci à vous, je vous adore ❤️

J'espère qu'il vous aura plu ? 🤗
L'idée de base vient de CreajuOtaku merci à toi ! 🥰
J'espère que tu n'es pas déçue de ce que j'en ai fait 🤞

N'hésitez pas à me donner votre ressenti surtout ! 😋

Je vous fais plein de bisous 😘

Aly.

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