9 - Evana
Le soleil caressa mon visage et grognai en me cachant de la lumière. Je roulai sur mon matelas et percutai un corps qui se referma sur moi.
- Evana ? Demanda une voix ensommeillée.
- Mmmh.
Je me lovai plus fort contre la chaleur et soupirai, soufflant sur mes cheveux dans mon visage. Un rire souleva le torse ou j'étais, et j'ouvris finalement les yeux pour tomber dans le regard de l'Alpha. Il avait l'air de se réveiller lui aussi et ses mains reposaient sur mes hanches.
- Il faudrait que tu arrêtes de venir dans mon lit, lui fis-je remarquer l'esprit un peu plus clair. On va finir par s'y habituer.
- Tu dors mieux quand je suis là.
Comme d'habitude, il avait raison. Sa présence empêchait les cauchemars de venir. Je me redressai et me mis sur le ventre.
- Oui mais tu n'es pas obligé.
- Eva, regarde-moi.
Je relevai aussitôt les yeux vers les siens. Ce que j'y lis, me donna la chair de poule.
- Je ne suis pas obligé mais je le fais parce que j'en ai envie, me dit-il en prenant mon menton entre ses doigts.
Nous n'étions à peine qu'à quelques centimètres de distance et je sentis son souffle s'échouer sur mes lèvres.
- Tu me laisseras partir ?
Je voulais savoir sa réponse, parce qu'à cet instant précis, je ne me sentais plus capable de freiner mes envies. S'il m'embrassait, je ne le repousserais pas. J'en avais envie tout simplement. Tout mon corps criait de désir. Mon ventre se tordit.
Sa main chassa une mèche de mon visage et son pouce effleura ma bouche. Je ne me rendis pas compte que je m'approchai autant de lui, jusqu'à ce que je sente ma poitrine toucher son torse nu. Mes tétons durcirent contre lui, surement à cause de l'air frais entrant par la fenêtre ouverte.
- Je ne crois pas, Evana. Je l'ai fait une fois et je l'ai regretté.
Sa main continuait son voyage, descendant vers mon dos, ma taille. Elle resta sur mes hanches et traça des petits cercles. Son autre main se plaqua derrière ma nuque pour m'empêcher de me dérober. Aaron approcha son visage du mien et je fermai les yeux, sentant son souffle sur mon visage. Il finit par poser ses lèvres sur les miennes, dans un profond baiser qui m'enleva toute maîtrise de moi. Je me plaquai plus fort contre son corps, ne voulant plus être séparée de lui.
J'entrouvris la bouche et une langue rencontra la mienne. Ce fut magique. J'avais toujours ressenti des étincelles avec Aaron. On s'embrassa sans s'affoler, en douceur et mon cœur se mit à battre plus fort dans ma poitrine. Je me retrouvai complètement allongée sur Aaron, les mains dans ses cheveux. Je l'embrassai ensuite comme une affamée, menant presque la danse. Nos langues se mélangeaient, nos souffles erratiques aussi. Mon sang bouillonnait et je grimpai complètement sur le corps du loup qui enfonçait ses doigts dans mes hanches, me faisant surement des marques qui resteraient quelques semaines.
J'avais terriblement chaud. A bout de souffle, je décollai mes lèvres d'Aaron, pour respirer. Seules nos respirations rompaient le silence de la chambre. Je rouvris les yeux et le fixai, les yeux écarquillés. On s'était embrassés. C'était comme dans mes souvenirs. Il fixait mon visage, l'air satisfait.
- Ce serait mieux qu'on oublie, n'est-ce pas ?
J'avais peine à croire que je pouvais cette question. Ça faisait mal rien que de la dire à haute voix. Je ne voulais pas oublier, je ne l'avais jamais voulu. Je me souvenais de tout avec lui, s'en souvenait-il ou avait-il aussi passé à autre chose ? Était-il tombé amoureux d'une autre louve quand j'étais avec Simon.
- Ce serait peut-être mieux, dit-il en regardant ma bouche. Mais je n'ai pas très envie. Je t'ai beaucoup évité ces temps-ci, je voulais que tu sois libre de faire ce que tu veux sans que je ne sois là. Et tu as su essayer de nouvelles choses, je suis fier de toi.
- J'essaie peut-être mais ce n'est pas une réussite.
Je baissai la tête en repensant à ma cheville. Plus aucune douleur mais je me faisais toujours mal en un rien de temps. Aaron releva mon menton pour que je le regarde. Il n'aimait pas que je ne le regarde pas dans les yeux. Sa voix se fit plus rauque, plus sauvage. Ses yeux scintillaient, son loup. Je touchai sa joue rugueuse par une petite barbe. Je l'aimais bien avec sa barbe, ça le rendait plus homme. Elle chatouilla ma main et j'effleurai son nez un peu de travers à cause du nombre de fois ou il a été cassé. Ça lui ajoutait un mystère de plus. Ses cheveux bouclés descendaient un peu sur son front. J'avais envie de les couper pour raccourcir. Cela se voyait qu'Aaron n'avait plus été au coiffeur depuis que j'étais arrivée dans sa meute.
- Si, c'est une réussite. Dès que tu seras mieux, ta louve reviendra et tu seras moins fragile.
J'hochai la tête et rougis en constatant que j'étais toujours sur lui. La preuve flagrante de son désir pour moi, pointait sous mes fesses. Je me relevai et descendis du lit, presque en sautillant, gênée. Aaron rit de ma gêne et arrangea son coussin pour se relever. Il mit un bras derrière sa tête, ce qui fit bander tous ses muscles. J'essayai de ne pas les fixer et trouvai donc une excuse.
- Je vais prendre une douche.
Je pris des vêtements au hasard et filai dans la salle de bain. En me regardant dans le miroir, je vis mes yeux brillants et mes joues rouges. Mon cœur s'emballait toujours autant pour cet Alpha. Je me lavai, ainsi que mes cheveux et me séchai. J'enfilai mes habits, ce n'était toujours pas les miens. Salma en choisissait pour moi, Giana me l'avait raconté. Pourtant, je ne voyais pas beaucoup la protectrice. Elle protégeait des enfants dans un orphelinat pas loin d'ici. Ça me rappela à quel point j'étais orpheline moi aussi. Mes parents étaient morts quand j'étais petite. Je ne me souvenais presque pas d'eux. Mais il m'avait laissé tellement de choses qui arrivaient des fois à combler ce vide dans ma poitrine.
Certaines personnes arrivaient parfaitement à vivre sans figure parentale mais pour mes sœurs et moi, ça avait été un cauchemar. Je n'avais heureusement jamais vécu dans un orphelinat et on ne m'avait pas séparée de mes jumelles. On ne le pouvait, nous avions un lien incassable. Nous avions été transférées dans la meute de Gabriel alors que nous ne connaissions pas tellement les loups-garous. Nos parents nous avaient tenu éloignées des meutes depuis notre naissance.
Je touchai le bracelet à mon poignet. Il était simple et en or, avec écrit mon prénom entremêlés de roses. Il me rassurait et puis je jetai un œil à mon annulaire gauche. Désormais vide. Romane avait pris ma bague de fiançailles. Je ne sentais plus son poids s'imprégner dans tous les os de mon corps. Ça m'avait libéré de quelque chose qui me rattachait avec cet homme horrible. J'enlevai tous les autres bracelets qui servaient à me protéger.
Les cicatrices n'étaient pas belles. Elles faisaient bien neuf centimètres de longueur. Elles me montraient à quel point j'avais eu besoin de disparaître. Longtemps, je les observai, passant mon doigt dessus. Puis ne les supportant plus, je remis tous les bracelets pour cacher la preuve de ma faiblesse.
J'enlevai la buée du miroir. J'étais moins inconnue. Je fouillai dans l'armoire, à la recherche de quelque chose de coupant. Je mis la main sur les ciseaux et les tins dans ma main, longtemps. La porte derrière moi s'ouvrit et je vis Aaron dans le reflet de la glace. Il se figea en voyant ce que je tenais dans ma main. Pensait-il que je voulais encore me suicider ?
- J'aimerais juste me couper les cheveux, lui dis-je en pointant du doigt ma tignasse mouillée.
Mes cheveux bruns atteignaient presque mes reins. Ils étaient tout fins et je n'aimais pas ça. Ils avaient toujours été plus beaux courts. Aaron parut soulager et osa entrer dans la pièce qui tout d'un coup, parut minuscule. Il n'était toujours pas habillé.
Je lui tendis la paire de ciseaux, ayant confiance en lui. Je ne savais pas s'il savait couper les cheveux, je m'en fichais. Du moment qu'il enlevait une bonne masse. Il les prit avec de la surprise sur le visage.
- Tu me fais assez confiance pour ça ? Me demanda-t-il étonné.
- Oui. Tiens, brosse les et puis coupe au niveau des épaules.
Il fit ce que je lui demandais sans protester. Avec douceur, il brossa ma chevelure en faisant attention à ne pas me faire mal. Il était bien plus grand que moi mais ça ne sembla pas le déranger dans sa mission. Ses mains déposèrent la brosse puis il toucha ma nuque, me faisant frissonner. Signe d'appartenance.
- Aaron, soufflai-je. Je ne t'appartiens pas.
Il rit et son visage s'approcha de mon oreille.
- Tu es désormais une de mes louves, Eva.
Une de ses louves. Sa louve. Ça me plaisait au plus profond de moi. J'avais toujours souhaité être sa compagne, sa femme. Même si j'étais bien plus jeune. Aaron, sans que je ne remarque quoi que ce soit, coupa net mes cheveux au niveau des épaules. Je poussai un cri de ravissement.
- Enfin ! M'écriai-je en tournant la tête vers le loup qui tenait une poignée de cheveux dans sa main.
Il me sourit avec tendresse et sans que je m'y attende, déposa un baiser sur ma bouche.
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