21 - Evana
La vie reprenait son cours. Je faisais de longue marche tous les jours pour essayer de ne pas perdre trop de muscle. Je guérissais bien et une fois remise complètement, j'irais voir Simon qui gisait dans le sous-sol des patrouilleurs, un endroit perdu dans la forêt. Je voulais le faire souffrir comme il m'avait fait souffrir. Je lui rendrai la monnaie de sa pièce, quoi qu'il m'en coûte.
Je m'arrêtais et me concentrai sur l'énergie chaude de ma sœur. Elle était désormais liée à la meute, comme combattante. Un rôle qui lui allait bien et qui n'était pas encore reconnu dans les autres meutes. Elle était avec Loïc à l'entrainement. Etant un bêta, il pouvait parfaitement la former pour que Lou devienne forte.
Je refis un tour de la propriété puis retournai à la maison, à bout de souffle. Je trouvai Aaron dans la cuisine en train de feuilleter un magazine. On nous voyait à la sortie de l'hôpital. Génial ! Les paparazzis devaient nous trouver intéressants. Je m'assis sur les genoux de mon homme et lui jetai un regard de merlan frit.
- Oui Eva ?
Il ne soupira même s'il en mourrait d'envie. J'adorais l'embêter lorsqu'il était occupé et concentré.
- Dis ouiii, chantonnai-je comme une enfant.
Depuis mon petit séjour à l'hôpital, nous n'avions fait qu'une fois l'amour. Une seule et malheureuse fois. Depuis, il ne voulait plus parce qu'il m'avait fait un peu mal. J'avais beau essayer de le convaincre, de pleurnicher. Rien à faire. Il restait campé sur ses positions.
- Non. C'est pour toi que je fais ça.
Il continua de lire le magazine comme si de rien était. Je soupirai en blottissant mon visage dans le creux de son cou.
- Je peux au moins t'embrasser ?
Il ne répondit pas et j'embrassai sa nuque, avant de remonter vers son visage que je parsemai de baisers légers. Je crochetai sa bouche, impatiente. J'enroulai ma langue autour de la sienne et notre baiser devint fiévreux. Je l'enlaçai comme si ma vie en dépendait. Je possédai ses lèvres avec force, sans me détacher une seule seconde de lui. Je fourrageai dans ses cheveux alors que ses mains descendaient pour enserrer ma taille.
Le visage rouge, je me séparai pour reprendre ma respiration. Je contemplai ses yeux sombres, sa mâchoire puissante et son nez insolent. Il était diablement beau, cet homme. Et il était à moi pour toujours.
- S'il te plait, Aaron? le suppliai-je pour qu'il cède.
Il semblait plus enclin à accepter après que nous nous embrassions. Il souffla en continuant de me regarder dans les yeux. Il dut savoir à quel point j'en avais envie, car il se leva, m'emportant avec lui à l'étage.
Il me déposa sur le lit avec douceur et entreprit de me déshabiller avec lenteur, embrassant chaque parcelle de mon corps. Je gémis, alors que mes jambes se soulevaient pour me coller contre lui. Je voulais sentir chaque abdos. Il s'écarta pour retirer tous ses habits qu'il jeta dans la pièce. Il me rejoignit et entreprit de vérifier si j'étais mouillée. L'excitation que je ressentais atteignaient des sommets. J'étais nue et offerte à lui, sans complexe malgré mes horribles cicatrices qui marbraient ma peau blanche. Je ramenai son visage vers moi, caressant ses lèvres des miennes avec douceur. Les doigts d'Aaron s'activèrent sur mon clitoris, ne cessant de toucher mon bouton de plaisir. J'haletais contre lui, complètement excitée.
L'orgasme me coupa le souffle et m'emmena dans un autre univers. Je repris le contrôle de moi-même quand Aaron me pénétra doucement. On ne se quitta pas un seul instant des yeux, alors qu'il m'emplissait. Ses va et vient accélèrent et je m'accrochai à ses épaules, les pieds accrochés autour de ses fesses.
On jouit en même temps, grognant et gémissant. Je respirai des goulées d'air et Aaron se retira de moi pour se coucher à coté. Je me blottis contre lui et dessinai avec mes doigts sur son torse.
♦
- Alors, intervins-je toute contente. Fille ou garçon ?
Giana délaissa ses patients pour me rejoindre dans le couloir. Je me rendais quelques fois à l'hôpital pour consulter le psychologue. Une femme géniale qui me comprenait et qui m'aidait pour mes troubles de sommeil qui étaient de pires en pires.
La louve me sourit. La veille, elle m'avait dit qu'elle avait une échographie aujourd'hui pour savoir le sexe du bébé. J'avais hâte de le connaitre pour acheter des vêtements pour l'enfant. La moindre des choses, était de lui faire des cadeaux. Giana m'avait tellement aidée, c'était une amie exemplaire. Je n'aurai pas pu mieux tomber.
- Petite fille, m'annonça-t-elle en souriant, folle de joie. Tu n'imagines même pas comme je suis heureuse. On m'a programmé mon accouchement pour décembre. Vers le nouvel-an donc je n'ai plus que quelques mois à tenir.
Je la serrai dans mes bras et on sautilla comme deux enfants. Je la laissai rejoindre ses patients et montai au bureau de la psychologue qui m'attendait. Elle était au courant de toute ma vie. Je m'assis sur le canapé confortable, enveloppée dans une couverture que j'apportais pour me sentir comme chez moi. Docteur Stevens avait son bloc-note sur les cuisses et me souriait. Elle était dans la quarantaine et agissait comme une mère envers ses patients.
- Comment allez-vous aujourd'hui, Evana ?
- Je ne dors pas très bien. Aaron a beau m'aider, ça ne semble pas m'aider comme avant.
- Et vous avez été voir Simon dans sa cellule ? Il pourrait être la clé.
Je secouai la tête.
- Je n'ai pas encore osé, pourtant je pensais que j'étais prête mais apparemment pas.
- Je vois. Prenez le temps qu'il vous faudra. Je suis sure que votre famille s'assure qu'il ne s'enfuit pas.
Elle était au courant de mon monde, et ne me jugeai même si elle était humaine. Je lui avais appris énormément de choses nous concernant. Les humains avaient quelques fois durs avec nous. Les livres racontaient que nous étions des loups affamés et sanguinaires.
- Oui, ils sont formidables. J'ai plus dur avec Pascaline. Elle ne me fait pas confiance. Alors j'ai laissé tombé.
Stevens fronça des sourcils et remit sa couette en place.
- Vous avez laissé tomber ?
Elle avait l'air surprise. Je voyais rarement une expression pareille sur son visage.
- Oui. Je n'aime pas forcer les gens. Elle a l'air aussi jalouse de ma sœur et de Loïc. Ils forment un couple assez fusionnel et ça n'a pas l'air de l'enchanter.
- Hummm...elle est jalouse car vous êtes arrivées toutes les deux en même temps dans la meute et que vous accaparez les loups les plus puissants. Ça se comprend. D'ici quelque temps, elle se sera calmée. Surtout que votre sœur semble être un ange.
Je lui avais assez décrite ma sœur pour qu'elle puisse s'en faire une idée.
- J'espère. En attendant, on attend plus de choses de moi et j'ai du mal à gérer. Tout le monde est à la maison maintenant. Je prépare des plats pour environ 20 personnes et on se réunit aussi très souvent dans le restaurant de la meute. On me demande pleins de conseils et je suis perdue. J'ai du mal avec mes sentiments et mon passé. On me demande des trucs auxquels je ne sais pas répondre. Je n'ai pas envie de les décevoir.
Je remontai un peu plus la couverture sur mes épaules, transie de froid. Des fois, je me demandais si je n'avais pas attraper un virus ou quelque chose comme ça. J'avais sans cesse froid et la nausée. Ça ne s'arrangeait pas ces derniers jours.
- Ayez confiance en vous. Moi je crois en vous et Aaron aussi. Quand vous venez ici, la moitié de la séance tourne autour de lui et de ce qu'il fait pour vous. Alors il vous aime à la folie, ça je le sais. Ça va aller, vous allez apprendre votre rôle à la perfection. Il est fait pour vous.
- L'autre jour, j'ai pris un rendez-vous chez la gynécologue pour prendre une pilule contraceptive. Vu que c'est très sérieux avec Aaron, je me suis dit que c'était le mieux.
- C'est votre choix, Eva. Lui avez-vous dit ?
- Non mais peut-être que je lui dirai. Je ne sais pas si c'est si important que ça. On fait l'amour sans protection aussi, avouai-je. Mais je ne crains pas d'avoir un enfant parce que j'ai le syndrome des ovaires polykystiques donc il me faut un petit temps pour tomber enceinte. Pour le premier, il m'a fallu un an.
- Et ça vous fait quoi d'avoir ce syndrome ?
- En réalité, ça me soulage. Je ne sais pas si un jour je serai prête à de nouveau avoir un bébé. J'ai perdu le premier et ça m'a bouleversé. Si je devais revivre ça, je ne sais pas si je serai assez forte pour remonter la pente. J'ai fait énormément de progrès ces derniers temps et je n'ai plus envie de me casser le visage par terre.
- Je vois. Vous avancez très bien pendant mes séances. Pour quand est le rendez-vous ?
- Juste après vous. C'est la première fois de ma vie que je vais chez une gynécologue et je n'avais pas envie que ce soit Giana qui s'occupe pour cette partie.
- Et pourquoi ?
Le docteur aimait creuser, pour tout déterrer. Sa technique innocente marchait plutôt bien.
- Si je devais avoir un problème, je ne voudrais pas que ce soit la première à le savoir. C'est devenu ma meilleure amie et ça me rend aussi un peu mal à l'aise, surtout qu'elle me suit encore médicalement.
- Et quel genre de problème, par exemple ?
- Un bébé, un cancer...Je préfère être avec une inconnue que je verrai une fois par an.
- Très bien. Je vous comprends. Je ne suis pas du tout comme vous, je n'ai pas vécu votre traumatisme. Mais j'ai vu beaucoup de personnes comme vous. Vous ne vous laissez jamais abattre par quiconque. Je vous félicite pour ça. On se revoit la semaine prochaine.
J'hochai la tête et quittai son bureau. Je montai au cinquième étages en gynécologie et attendis sur une chaise dans le couloir, qu'on annonce mon nom. Ça ne tarda pas à arriver.
- Mademoiselle Evana Steel ? dit une voix féminine.
Je me levai et suivis une petite dame jusque dans son cabinet. Elle avait l'air sympathique t m'inspirait confiance. Je me détendis avec elle, alors qu'elle me posait de multiples questions pour me faire un dossier.
- Avez-vous un enfant ?
- Aucun.
- Vous venez pour une pilule contraceptive, c'est cela ?
- Exactement. J'hésitais avec l'implant.
- Je vois. L'implant est très bien et dure quelques années avant de le changer. La pilule peut causer des thromboses mais certaines ont de faibles risques. Je vais d'abord pour ausculter et faire un test urinaire pour m'assurer que tout va bien.
Elle me fit asseoir sur un siège allongé et m'ausculta. Elle avait les sourcils froncés alors qu'elle touchait mon ventre. Elle ne pouvait pas rater l'horrible cicatrice au milieu.
- Voici le petit pot. Les toilettes sont juste derrières.
Une fois l'urine dans le pot, je revins m'asseoir sur le fauteuil et attendis le verdict alors qu'elle plongeait une tigette dedans qui se colora. Je tripotais mon t-shirt, impatiente. La dame revint avec une expression grave sur le visage. Je craignis le pire et imaginai tout de suite le cancer incurable.
- Evana, ne stressez pas. Ce n'est pas le cancer mais la tigette montre que vous êtes enceinte. Et votre ventre un peu enflé me confirme mes doutes.
Mon monde s'écroula et pourtant, je restai impassible, essayant de ne pas pleurer.
- De combien ?
- Je ne sais pas. Je vais faire une échographie tout de suite. Vous êtes sure que tout va bien ?
Je pinçai des lèvres en hochant simplement la tête. Un bébé. Impossible. Je m'allongeai en lui obéissant et elle étala le gel froid sur mon abdomen et passa la sonde dessus en fixant l'écran sur ma gauche. Je ne voulais pas regarder. Certainement pas. Tout s'emmêlait dans ma tête, je n'arrivais plus à penser correctement.
- Voici l'embryon. Votre grossesse date d'il y a plusieurs semaines. Je dirais, environ quatre ou cinq. Evana, tout va bien ?
- Pas vraiment, je répondis pour être sincère.
- Je sais que ça fait beaucoup d'un coup mais vous n'êtes pas obligée de le garder si vous ne le voulez pas. Vous avez des droits et c'est votre corps et votre décision. Je respecte chaque choix de mes patientes.
- Je ne peux pas avorter, chuchotai-je tout bas mais elle m'entendait très bien. Je ne peux pas faire ça. Je dois en parler avec mon copain.
- Oui, je comprends. La prochaine fois que vous venez, prenez le avec. En attendant, je vous imprime une petite photo pour lui montrer. Il a l'air d'être en très bonne santé et il a une bonne taille. Tout va bien.
- Merci.
- Vous ne vous attendiez pas à être enceinte, je remarque.
- Non, vraiment pas. J'ai le syndrome des ovaires polykystiques. Il m'a fallu un an pour concevoir mon premier bébé.
- Oh, fit-elle en réfléchissant. Pour votre syndrome, tomber enceinte du premier coup dirons-nous, est exceptionnel. C'est rare quand c'est sans traitement hormonaux. Allez vite rejoindre votre copain pour en discuter.
Je partis et sur le chemin du retour, j'arrêtais pas d'y penser. Un bébé. J'attendais un bébé que je ne voulais pas. C'était trop tôt. Bien trop tôt.
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