12 - Evana


Revoir mes sœurs me provoqua de vives émotions. Je m'écroulai en pleure dans leurs bras. Elles rirent contre mes oreilles et chacune de chaque coté de moi, me serraient fort. Ça me fit un bien fou.

On s'installa à table, et Aaron s'éclipsa pour nous laisser parler entre filles. Lou et Romane ne me lâchèrent pas d'une semelle, même quand je fis la vaisselle. Je séchai mes larmes en riant maintenant. 

- J'aime beaucoup tes cheveux comme ça, me dit Lou en les touchant. Ils sont un peu plus longs que d'habitude mais tu es bien. Je suis sure que leur longueur d'il y a trois semaines devaient vraiment te rendre folle. Tu as toujours détesté les avoir longs. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs. Tes cernes ont disparu. Tu as l'air vraiment bien, Eva.

Elle ne cessait de me toucher le bras, comme si ça la rassurait de me sentir. Romane, elle, déposait des baisers sur mes cheveux, mon front, mes joues. Installées dans le fauteuil, nous étions serrées.

- Vous m'avez manquées. J'ai vraiment été odieuse avec vous. Vous ne le méritiez pas.

- On ne t'en veut pas. On te comprend même. Mais on est là. On ne vient pas te chercher tout de suite. Aaron nous a téléphoné hier pour organiser ce dîner. Il a dit que tu allais beaucoup mieux et que tu serais contente de nous voir. Que tu étais enfin prête.

Je souris aux filles. Oui, j'étais prête mais pas à revenir dans mon ancienne meute. Elles savaient que je ne les suivrais pas. Même si j'étais prête à cent pour cent, mon cœur me dictait de rester là ou j'étais. Pour Aaron. Je ressentais tellement de choses à son égard, trop de sentiments. Je ne voulais pas partir une seconde fois.

- Vous avez tout dit à Gabriel et Haley ? leur demandai-je en pensant à mon ancienne dominante.

Elle était devenue ma meilleure amie. Ça me manquait nos discussions animées. Et elle avait déjà un enfant que je n'avais même pas encore rencontré. Une petite fille. Mes sœurs se regardèrent un court instant. Ce fut Lou qui prit la parole en premier.

- Seulement Haley. Elle sentait quelque chose d'anormal, alors on lui a tout dit. Elle a voulu directement venir te rejoindre mais on l'a empêché. Tu n'imagines même pas comment ça été une torture de tout cacher à Gabriel. Il sentait qu'il y avait une anguille sous roche, mais il n'a rien demandé. Il se demande ou tu es. Il a ordonné à Roxane une chasse pour te retrouver. Elle est partie et n'est plus revenue depuis deux mois. Elle est vivante, il n'y a pas de souci à se faire. Elle va cependant bientôt te retrouver.

- Merci de ne pas avoir tout dit. Ils vont de force me ramener chez eux et ce n'est pas ce que je veux.

Romane gloussa, ce qui n'était pas du tout son habitude.

- Tu serais retombée sous le charme de l'Alpha de l'Idaho ?

Une rougeur apparut aussitôt sur mes joues.

- On peut dire ça. 

Elles me forcèrent à tout leur raconter. Je fus très brève, en sachant qu'Aaron n'était pas loin et pouvait tout entendre.

- Pourquoi je dois me battre contre toi ? 

Je me plaignais depuis cinq minutes, debout devant Aaron torse nu. On était en tenue de sport dans le jardin. Il voulait absolument que je me remuscle. Je soupirai et croisai les bras sur ma poitrine, tapant du pied sur le sol.

- C'est comme ça, Eva.

Il se mit à marcher autour de moi, et je tournai pour ne pas le perdre des yeux. Le soleil me faisait déjà transpirer.

- Allez Aaron, je n'ai vraiment pas envie. Ça ne va pas me servir à grand chose. Je suis une simple louve qui n'avait pas de poste particulier dans la meute.

Ce que je disais était la pure vérité. J'étais une simple louve dans la meute de Shadow. Rien de plus. Je n'étais ni patrouilleuse, ni sorcière ou oméga. Le loup s'arrête devant moi et fronça des sourcils. Je remarquai ses muscles impressionnants, ses abdominaux qui se développaient sous sa peau. 

- Tu vas être une grande louve, Evana. 

A mon tour d'être surprise. Qu'est-ce qu'il me racontait ? Je ne pus pas poser plus de questions car l'homme fonça dans ma direction. Je finis au sol en moins d'une seconde. Le souffle coupé, je vis tout de même une main s'emparer de la mienne pour me redresser. J'atterris sur mes pieds et Aaron retenta de me mettre au sol. Cette fois-ci, je me dérobai. Je fis un grand pas sur le coté et son poing ne m'atteignit pas. Je ne faisais que me défendre, faisant suer Aaron. Il comprit bien vite ma technique.

- Allez louve, bats toi.

J'en avais vraiment pas envie. Je n'arrêtais pas de me ramasser le sol. A ce rythme là, ça devenait une vrai humiliation. Pire encore quand Loïc nous rejoignit et s'assit dans l'herbe derrière son Alpha. Il me fit des signes pour me dire quoi faire. Je l'écoutai, en essayant de ne pas le balancer à Aaron qui se demandait pourquoi je changeais tout d'un coup d'avis. Je fonçai sur l'Alpha qui surprit, me laissa faire et je rebondis contre lui. Il recula de quelques centimètres avant de me ceinturer la taille. Je me tournai et me retrouvai dos à son visage. Il continuait de me serrer fort, pas trop mais suffisamment pour que j'ai des bleus. Je tentai un coup en balançant ma jambe derrière et elle percuta le genou d'Aaron qui grogna. Il ne me lâcha toujours pas.

Je grognai, excédée. Contre toute attente, Aaron me libéra et je m'écartai.

- C'est tout pour aujourd'hui. Tu as été résistante. On s'entraînera plusieurs fois par semaine à partir d'aujourd'hui. Loïc s'occupera que tu fasses tes abdos quotidiennement.

Je n'avais même pas mon mot à dire. En sueur, Aaron rentra déjà dans la maison. Sans doute voulait-il prendre une douche ? Je m'assis à coté du bêta, me laissant presque tomber sur lui. Il me rattrapa aisément, m'empêchant de m'étaler encore plus.

- Tu t'en sors encore bien, me dit-il en haussant les épaules.

Je le regardai, un sourcil arqué.

- Tu plaisantes ? J'étais une catastrophe. Pourquoi me battre avec lui ? Il aurait pu me confier à toi pour ça.

Loïc rit et son épaule toucha la mienne, alors qu'il se balançait doucement. J'observai son profil. Il avait de charmants yeux verts qui pourraient faire tomber n'importe quelles femmes, un sourire ravageur et des muscles, mais moins qu'Aaron. Loïc était sexy malgré tout. De ce que j'en savais, il n'avait pas de compagne.

- C'est une occasion pour lui de te voir plus souvent. C'est un sacré veinard, mon Alpha.

Je tapai sur son bras, avant de faire semblant de bouder.

- Arrête de bouder, gamine. Il va pouvoir te mater toute transpirante et tu transpires beaucoup, par ailleurs. Je vois pas ce qu'il l'attire, avoua le bêta en se foutant de moi.

Je ris, ne pouvant m'en empêcher.

- Je préfère cent fois un bon resto plutôt que de me faire tabasser. J'ai déjà plein de bleus sur moi et ils ne partiront pas avant un bon moment.

Loïc en profita pour en toucher un en rigolant comme un gosse, appuyant fortement dessus. Je grognai, montrant les crocs.

- Il n'est pas très romantique, tu le sais. Mais tu pourrais lui proposer une sortie.

Je réfléchis mais...

- Je ne sais pas en fait si je suis prête. Je dois tourner la page et c'est lui que j'ai tous les jours devant les yeux. Je n'ai pas envie de l'utiliser pour ma guérison. C'est égoïste, non ?

Je parlais si simplement avec le jeune homme. Je me sentais à l'aise avec lui, il était marrant, pas sérieux du tout. Il me faisait rire même quand il ne faisait rien de particulier.

- Tu es loin d'être égoïste. Tu pourrais faire une très bonne dominante de meute, me dit-il et je le regardai avec de grands yeux. Je ne rigole pas. Tu as une puissance hors du commun. Tu n'es pas une bête louve.

- Pourquoi tu me dis tout ça ?

J'étais intriguée par ses réactions. Se sentait-il proche de moi comme moi je me sentais avec lui ? J'avais confiance alors que je l'avais à peine vu.

- Je t'aime bien Eva. Et j'avoue avoir eu un faible pour ta sœur.

Je fronçai des sourcils, complètement perdue. Laquelle ? Loïc vit mon interrogation et émit un rire un peu jaune.

- Lou pas Romane.

Oh. Ça, je ne l'avais pas vu venir. Il se releva et m'aida à me lever moi aussi. Mes jambes étaient en compote.

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