C'est ce soir. Enfin. Je retourne chez mon père. Chez moi. Pour y passer le week-end.

Pour une fois, j'ai le cœur moins lourd aujourd'hui. Et presque le sourire. Ce soir, ma mère passe me prendre au lycée avec ma valise dans le coffre pour me déposer à la gare. Je prends le train jusqu'à la ville la plus proche de chez moi, où mon père viendra me chercher. Je suis impatiente de le revoir.

En sortant de mon cours de maths à 18h, je me presse de ranger mes affaires, je passe devant tout le monde et suis la première hors de la salle. Je vole dans les couloirs, virevolte dans les escaliers pour arriver à l'entrée du lycée. Il pleut dehors, mais je n'y fais même pas attention en sortant. Je suis juste heureuse de quitter cette ville. Ne serait-ce que deux jours.

Alors que je patiente sous un préau proche de l'entrée que ma mère arrive, j'attends avec impatience de retrouver ma chambre en sous-pente, avec son vieux parquet et son armoire ancienne. Ce coté rustique me manque ici. Ma mère m'a fait une chambre moderne, sol en lino, peinture grise noire et blanche aux murs, quelques stickers, un bureau de chez ikéa, des étagères, et un dressing. Je ne me sens pas chez moi.  Dans ma chambre ici, je ne retrouve pas le cocon que j'ai dans ma chambre chez mon père.

Je m'imagine déjà à la gare, sauter dans les bras de mon père. Et parler avec lui de la vie de l'exploitation, de comment vont les gens du village, de tout ce qui faisait mon quotidien avant. De tout ce qui me manque.

La voiture de ma mère se gare. Je monte et la presse tout le trajet.

Je suis enfin dans le train. Direction ma Bretagne natale.