Samedi 2 Mars
Cher personne,
Ces deux derniers jours ont été assez riche, on va dire. Et j'ai l'impression que le problème de Louis me concerne. Ou plutôt que je suis son problème. C'est assez perturbant. Je vais te raconter tout ça, j'espère que ça va me permettre d'y voir plus clair...
Si je reprends, j'ai dû t'écrire ma dernière lettre en cours vendredi matin dans un état de fatigue très avancé. La matinée s'est déroulée normalement , si on met à part le fait que je l'ai traversée dans un espèce de brouillard cotonneux. Heureusement que mes amies étaient là pour m'éviter quelques petits couacs, du genre m'endormir en géographie ou me faire remarquer que je devais répondre à la prof de français quand elle m'a interrogée, et me souffler la réponse au passage d'ailleurs.
Bon, j'ai dormi pendant l'heure de trou de l'après-midi, allongée sur les fauteuils de la salle de détente et avec des manteaux pour couverture. Apparemment, on m'a dit c'était bruyant et Angélique s'est demandée comment j'ai pu réussir à fermer l'œil. Mais personnellement, je ne me suis même pas rendu compte que la salle était pleine de monde avant qu'Alice me secoue pour qu'on retourne en cours. A la sortie du lycée, Louis devait venir me chercher pour rejoindre le groupe, mais il n'était pas encore là. Lyse est donc rester avec moi à l'attendre tandis qu'Alice et Angélique sont rentrées chez elle.
Lyse a d'abord pris un moment pour réfléchir, avant de me parler. Elle était très sérieuse. Elle m'a dit qu'elle avait parlé avec son frère la veille, et qu'elle ne s'inquiétait plus pour lui. Mais quand je lui ai demandé si elle savait ce qui s'était passé, elle a changé de sujet et m'a demandé "Qu'as tu fait hier soir pour être aussi fatiguée aujourd'hui ?". Je lui ai dit que j'avais parlé trop longtemps par texto et que je m'étais couché beaucoup trop tard. Ce à quoi elle a répondu un truc du genre : "Avec qui ? Parce que bizarrement, Louis était dans le même état que toi ce matin." J'ai confirmé. Et là, je n'ai pas compris pourquoi, elle a complètement changé de sujet à nouveau et m'a demandé si j'avais déjà eu un petit copain. Enfin, avec le recul, je crois savoir pourquoi elle m'a posé cette question, mais sur le moment, j'étais un peu étonnée de la tournure de la conversation. Je lui ai répondu que non, je n'en avais jamais eu, et je lui ai demandé pourquoi cette question, mais elle s'est contenté de répondre "Comme ça, pour rien", et puis Louis est arrivé, alors ça s'est arrêté là. Et je n'ai pas eu le temps de réfléchir à ça.
En effet, Louis m'a à peine laissée dire au revoir à sa sœur avant de me prendre par la main pour m'encourager à le suivre. Sur le moment, qu'il me prenne la main m'a rassuré, je me suis dit que je m'étais fait des idées, que tout allait bien. Mais à peine étions nous hors de vue de Lyse qu'il m'a lâchée aussitôt, le rose aux joues. J'étais assez interloquée, je dois avouer. Il ne m'a pas fait la bise pour me dire bonjour, il m'a lâché la main, ne m'a pas adressé plus de trois mots avant que nous arrivions avec les autres. Et arrivé là, il s'est éclipsé pour aller bavarder avec d'autres personnes. J'ai pensé que si c'était juste pour ça, j'aurais pu rejoindre le groupe toute seule...
Surtout qu'il m'a fait le même coup en me raccompagnant chez moi. Mais quand je lui ai fait remarqué que je pouvais bien faire les trajets toute seule et qu'il n'était pas obligé de m'accompagner, il a insisté pour venir me chercher pour la séance en salle de ce matin. J'ai fini par céder, me doutant que quoi que je dise il passerait devant chez moi de toute façon. Mais j'étais vexée qu'il ne me dise pas un mot après la conversation qu'on avait eu la veille. Je m'étais beaucoup ouverte à lui, je lui avais parlé de beaucoup de choses, et sachant à quel point il n'est pas dans mon caractère de parler de moi, ça voulait dire énormément pour moi.
J'étais tellement vexée que quand il m'a demandé hier soir, vers 22h "Je me pose une question : as tu un petit ami qui t'attend en Bretagne ?", je l'ai envoyé balader en lui répondant qu'il n'avait qu'à me demander de vive voix dans l'après-midi plutôt que de m'ignorer. Bon, j'y aie été un peu fort, il ne m'avait pas vraiment ignorée. Mais je lui en voulais. Sa réponse s'est un peu faite attendre, et a été un peu trop simple. J'aurais aimé des excuses ou au moins des explications à son comportement, au lieu de quoi j'ai eu droit à "T'es dure avec moi, là...". J'ai laissé la conversation ici. Ça me faisait mal, après m'être livrée la veille, d'avoir l'impression qu'il ne se rendait pas compte de ce que ça représente pour moi.
Ce matin, comme je m'y attendais, il est venu me chercher. Il est même venu avec une demi-heure d'avance pour être sûr que je ne parte pas sans lui. Mais de là à le faire parler... Il n'a pas dit autre chose que des banalités sans intérêt durant le trajet. Et durant la séance, il n'y a pas eu d'exercice à faire à deux, alors il a fait ses trucs sans avoir l'air de se préoccuper de moi. Enfin, si on met de côté les regards perdus qu'il me lançait régulièrement.
En sortant, quand il m'a suivie pour me raccompagner chez moi, j'ai fini par m'énerver. La conversation a dû donner un truc dans ce genre :
— Tu te fous de moi ? Si tu n'as pas envie de me parler, je vais rentrer seule, merci bien !
— Mais non ! Laisse moi t'accompagner...
— Pourquoi ? Ça fait une semaine que tu n'es pas capable de te comporter normalement avec moi ! Si ça te soûle de jouer les baby-sitter, je ne t'oblige à rien tu sais.
— Mais...
— Mais quoi ? Qu'est-ce que tu as, à la fin ? L'autre soir on a parlé de plein de choses, et toi tu fais comme si ça n'était pas arrivé. Au contraire, depuis j'ai l'impression que tu t'éloignes encore plus de moi. Tu as une idée de ce que ça représente pour moi de t'avoir parlé de moi comme ça ? Tu as une idée de ce que ça me fait de voir que tu t'en fous ? Tu te rends compte que c'est blessant et vexant, ton comportement ?
A ce moment, il s'est approché de moi pour passer son pouce sur ma joue. Je pleurais. Je ne m'en étais pas rendu compte. Son geste était très doux et tendre.
— Je me rends compte, Cassandre. Mais disons que j'essaie de m'y retrouver moi-même ces derniers temps, et je suis désolé que tu en fasses les frais.
Et il m'a prise dans ses bras en me chuchotant des mots gentils et rassurants pour que j'arrête de pleurer. Il m'a dit que ça le touchait que je m'ouvre à lui, qu'il se rendait compte que ça n'est pas facile. Qu'il était désolé d'avoir été distant. Qu'il allait essayer de vite savoir ce qu'il voulait faire. J'ai passé un moment dans ses bras, un moment même après avoir fini de pleurer, juste parce que je m'y suis sentie bien. J'ai toujours été tactile avec mes amis, et les câlins m'ont toujours rassurée.
On a fini par rentrer chez moi. Le silence était différent cette fois. Ce n'était pas de la distance, c'était juste qu'il nous fallait du temps. En arrivant chez moi, j'ai voulu lui faire un câlin rapide avant de rentrer dans mon immeuble, mais il m'a retenue dans ses bras. Je n'ai pas compris pourquoi. Jusqu'à ce qu'il pose la question. La même que la veille au soir par message.
À savoir, si j'ai un copain. Je lui ai répondu que personne ne risquait d'être jaloux que je sois son amie, puisque non, personne ne m'attendait nulle part. Enfin, j'ai rit en rajoutant qu'il y avait bien Ronan qui risquait de râler un peu de ne pas pouvoir surveiller un peu pour me protéger, mais c'est tout. Là il m'a lâchée et m'a fait la bise pour me dire au revoir, coupant court à la conversation.
Je me suis retrouvée seule devant chez moi, abasourdie. L'instant d'avant j'étais dans ses bras, et là il s'était barré comme ça. Je suis rentrée chez moi sans comprendre. Puis j'ai entendu mon téléphone sonner pour m'annoncer l'arrivée d'un texto. Louis qui me disait qu'il était désolé d'être parti comme ça, mais qu'il ne voulait pas se rapprocher trop de moi si ça posait problème à un de mes amis pour qui j'étais peut-être un peu plus. Je n'ai pas répondu à son message. Pourtant je sais bien que pour Ronan, certes je suis plus qu'une amie, mais c'est parce que je suis presque une sœur. Et donc que Louis n'a pas à avoir peur de ça.
Conclusion de tout ça, le problème de Louis depuis quelques jours, c'est forcément moi. Mais je ne suis pas sûre de vouloir savoir à quel point je suis son problème...
Mais là, maintenant que j'ai écrit tout ça, je me dis qu'il faut que j'aille chez lui demain, et que je le vois. On va devoir mettre les choses au clair, je pense que je n'ai pas le choix. La situation actuelle est trop bizarre, on ne peut pas la laisser comme ça.
Bref, je suis contente d'avoir pu poser tout ça, merci cher personne de ta non écoute si attentive,
Cassandre
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