Mercredi 7 novembre


Cher personne,

Ce matin, quand je suis arrivée en cours, j'ai été à ma place habituelle. Mais j'ai eu la surprise de voir Lyse venir s'installer près de moi quand elle est arrivée à son tour. Enfin, je n'étais pas si étonnée que ça, mais j'en était plutôt contente. Comme au final je ne lui ai pas adressé un mot hier, je doutais qu'elle revienne vers moi. Mais elle l'a fait.

Cette fois-ci, je lui ai souris quand elle s'est approchée.

"Bonjour Cassandre !"

Elle avait un ton enjoué, très chaleureux. Je ne comprends toujours pas ce que la fait agir ainsi, mais je ne vais pas m'en plaindre qu'elle fasse une tentative pour m'aider à sortir de ma solitude.

"Bonjour Lyse.

- Tiens, j'ai le droit d'entendre ta voix aujourd'hui ?"

Je n'ai pas su quoi répondre. Pourtant, même si ça peut sembler sarcastique à l'écrit, c'était dit avec gentillesse et humour, sans vouloir me mettre mal à l'aise. Mais pour autant, je ne savais pas quoi dire. Lyse m'a sourit, et elle a enchaîné.

"Tu sais, je dis tout ce qui me passe par la tête, mais il ne faut pas mal le prendre. Je suis comme ça, c'est tout. Tu t'y habitueras. Bon, trêve de blabla. Je suis sûre que derrière ta timidité, il se cache plein de choses. Je veux que tu me racontes ta vie. Je veux faire ta connaissance. J'aime pas te voir toute seule depuis le début de l'année. Alors apprends-moi à te connaître."

Encore une fois, je n'avais pas de mots à ce moment là. Mais j'ai été sauvée par la prof qui a commencé à parler.

Pendant le cours, j'ai été assez distraite. J'ai regarder Lyse à la dérobée plusieurs fois. Cette fille me déstabilise. Elle me fait perdre mes mots, avec sa façon d'être si franche. Pas du genre à prendre des pincettes, à faire de l'enrobage. Mais en même temps, elle est solaire. Souriante, chaleureuse. Blonde comme les blés, bouclée, yeux bleus, un visage d'ange. J'ai beaucoup réfléchi à pourquoi. Pourquoi elle prenait la peine de se rapprocher de moi ? Personne ne l'avait fait ces deux derniers mois, j'étais assez étonnée qu'elle le fasse maintenant. Et sa façon de faire, me demander de but en blanc de lui raconter ma vie... Au bout d'un moment, sans m'en rendre compte, je gribouillais des petits dessins dans les marges de mes pages pendant que la prof faisait des corrections d'exercice. Un soleil, un ange, des fleurs, ce genre de petites figures mignonnes. C'est ce que la personnalité de cette fille m'inspirait. J'ai finit par plus me concentrer sur mes dessins que sur le cours, par beaucoup jouer avec mon crayon à papier sur les traits fins et sur de petites nuances de gris. Heureusement pour moi, la prof ne m'a pas interrogée.

A la fin du cours, Lyse m'a dit qu'elle trouvait les dessins très beaux. Je lui ai dit merci. J'avais le sourire. Dessiner, autant qu'écrire, ce sont des choses qui m'apaisent.

Nous sommes sorties toutes les deux pour la pause.

"Alors ? Tu me racontes ta vie ?"

Elle m'a prise de court, encore une fois. J'ai éclaté de rire face à sa franchise. Simple et efficace.

"Toi, tu n'es pas banale comme fille."

Elle m'a sourit, avant de me faire signe qu'elle attendait. Je me suis donc mise à parler.

Je lui ai dit que j'étais une bretonne pure souche, une expatriée. Je lui ai dit que mes parents avait divorcé et que c'est pour ça que j'avais atterrit ici. Je lui ai dit que mon ancien lycée me manquait, que j'aurais voulu rester avec mon père et près de mes amis. Que je me sens seule ici, loin des personnes auxquelles je tiens, et que les revoir de temps en temps pour les vacances, c'est dur pour moi.

Et là, en déballant tout ça, j'ai craqué. Complet. Les larmes sont montées, et je n'ai pas pu les retenir. J'ai pleuré. Beaucoup. C'était étrange, de déballer tout ça à une inconnue. Mais je me sentais en confiance avec elle. Enfin, je ne pensais pas me transformer en fontaine au passage...

Lyse ne s'est pas contentée de me tendre un mouchoir ou de me taper dans le dos. Non. Elle m'a prise dans ses bras sans hésiter. Elle m'a bercée, m'a encouragée à continuer, en me disant que ça irait mieux après avoir pleurer un bon coup, que ça faisait du bien d'extérioriser.

Et elle a eu raison. On a passé un moment comme ça. Un câlin, c'est le meilleur remède dans ces moments là. Je le sais depuis longtemps (je t'ai déjà parler de nos habitudes avec Marion et les autres), mais comme je n'ai personne à qui en faire ici, sa réaction m'a beaucoup touchée. Je n'avais pas ma meilleure amie sous la main comme j'aurais voulu, mais Lyse a su me réconforter. 

"Je connais pas encore toute ta vie, mais on va dire que pour le moment, ça me suffit. Je vais donc ta raconter la mienne, qu'on soit à égalité !" M'a-t-elle dit une fois que je me suis calmée. Elle voulait me changer les idées.

Alors elle m'a raconté qu'elle avait trois frères et qu'elle était la seule fille de la fratrie. Que ses parents aussi étaient divorcé, mais depuis un bon moment maintenant, elle avait six ans quand ça s'est passé, donc c'est à peine si elle se souvenait quand ils étaient ensemble, alors ça ne la dérangeait pas. Elle m'a raconté qu'elle aimait bouger, faire du sport, et faire la fête avec ses potes, et le shopping, et beaucoup d'autres choses. Elle a monologué toute seule pendant un moment comme ça, mais ça ne m'a pas dérangé. Au contraire, cette fille a une bonne humeur communicative, et c'est ce qu'il me fallait pour retrouver un semblant de sourire.

Ainsi, quand nous sommes retournés en cours, j'étais de meilleure humeur. Nous avions passer notre heure à bavarder. Elle s'est de nouveau assise à coté de moi. La fin de matinée s'est déroulée tranquillement.

Le midi, elle m'a dit de venir manger avec elle et ses potes. C'est la première fois que je mangeais avec quelqu'un depuis le début de l'année. J'ai paniqué que ses amis ne soient pas comme elle et ne veuillent pas de ma présence. Lyse ne m'a tout simplement pas laissé le choix. Et au final, j'ai découvert un trio de copines absolument adorable. Ses deux amies, Angélique et Alice, sont aussi adorable que Lyse. Avenantes, chaleureuses, loquaces et drôles. Le trio est très agréable. Et j'ai passé la fin de la journée en leur compagnie. Cela me semblait tellement étrange...

Voilà donc la suite de l'histoire d'hier. Et dire, cher personne, que si on m'avait dit hier matin que je passerais la journée en compagnie de personnes sympas aujourd'hui, je ne l'aurais jamais cru.

Cassandre

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