Dimanche 30 Décembre


Cher personne,

C'est le premier matin des filles à la ferme, elles dorment encore. Je suis réveillée, car j'ai l'habitude de me lever tôt pour aller aider mon père à la traite, mais pour ce matin, je les laisse dormir. On s'est couchées tard hier soir et elles n'ont pas l'habitude. De toute façon elles ne se sont même réveillée au bruit du tracteur, je crois qu'elles ont toutes le sommeil bien lourd. Et j'en profite pour écrire. Parce que j'en ai besoin ce matin.

Hier soir, on a donc été chercher les filles à la gare. J'avais préparé ma chambre, mis un grand matelas sur des palettes pour que deux des filles puissent dormir dessus, et la troisième a dormi dans mon lit avec moi du coup. J'avais tout installé, tout était prêt, mais je ne pouvais pas m'empêcher de stresser. Parce qu'en regardant ma chambre, la vieille armoire en bois d'un autre âge, le parquet ancien dont je connais les grincements de la moindre latte, mes dessins qui semblent envahir les murs et le reste de déco dans un style encore un peu enfantin, je me rendais compte que ce mélange de choses très personnelles et d'autres choses rustiques, ce n'était pas leur univers du tout. J'espérais qu'elles s'y sentent bien quand-même pendant leur séjour. Mais je ressentait fortement cette tension d'avant un quelque chose d'imminent qui rend heureux et qu'on appréhende en même temps. Tu sais, ce genre de trac un peu bizarre ? J'avais envie que tout soit parfait, et je me mettais un peu la pression.

Quand on a été les chercher à la gare, le retour s'est fait dans la bonne humeur. Les retrouvailles étaient joyeuses, mais pas exubérantes. Elles m'ont chacune raconté leur Noël et leur début de vacances, elles m'ont demandé comment s'est passé mon propre Noël avec chacun de mes parents et avec mes amis, si les cadeaux que j'avais acheté avaient plu, et plein d'autres choses. Elles étaient toutes les trois sur la banquette arrière. Elles étaient bien maquillées, bien coiffées malgré le train. De vrais citadines pure souche. Mais tellement gentilles...

C'est là que je me suis rendue compte de mon propre style. Ce jour-là, pas maquillée, juste un élastique pour virer mes cheveux de mon visage, un vieux sweat confort, bref absolument aucun effort de style. Et même si elles n'ont pas réagi à ça, que je ne suis même pas sûre qu'elles l'aient remarqué, moi, je me suis rendue compte que je fais attention à mon apparence tous les jours quand je suis au Mans alors qu'ici, je ne me prends pas la tête les jours où je reste chez moi sans voir personne, et même si je dois voir du monde je ne fais pas forcément beaucoup d'efforts.

En arrivant chez moi, elles ont eu l'air dépaysées. Mais dans le bon sens du terme. Genre agréablement surprises. J'ai eu le sourire en les voyant. On aurait dit des gamines qui découvraient. Lyse tournait sur elle même pour tout voir en même temps, Angélique prenait son temps pour ne pas louper un seul détail et Alice courait vers une chose puis l'autre sans savoir où donner de la tête et en faisant ses commentaires. Elle regardait les canards sur la marre ("Trop drôle !"), le bâtiments avec les vaches ("Punaise, alors c'est ça un regard bovin ?"), les prés et les champs, toute cette grandeur qui me manque tant en ville ("Et tu nous dit que tu vas faire du vélo sur tous ces petits chemins entre les champs, c'est ça ?"), et quand mon père a ouvert la porte de la maison pour laisser les chiens sortir elle a poussé un petit cri avant de courir vers eux pour distribuer des caresses. D'ailleurs Lyse l'a immédiatement suivi, et Angélique les a regardées avec un regard qui disait "Vous vous verriez les filles..."

Elles ont été enchantées par la maison et son charme rustique, ses escaliers qui grincent, ses murs en pierre et la cheminé dans le salon. Ma chambre leur a tout de suite plu. Je cite Lyse : "C'est exactement toi. Ça me fait plaisir de rencontrer ton univers !" Elles s'y sont tout de suite senties bien.

Au final toutes mes craintes ont vite été balayées. Alors je profite de cette lettre pour évacuer tout ce que j'avais accumulé en attendant leur arrivé. Maintenant, je vais leur faire voir tout ce que j'aime ici. Je ne suis pas très loquace ni très spontanée, je ne me livre pas beaucoup et c'est difficile d'apprendre à me connaître si on se contente d'écouter ce que je dis. Alors j'ai envie de leur donner l'occasion de découvrir qui je suis en leur montrant. Je leur prévois déjà un programme du tonnerre pour les quelques jours à venir. Et maintenant que je les ai retrouvées je ne doute plus que ça va leur plaire...


Aller, je vais commencer par aller préparer un petit déjeuner sympa pour quand mon père aura fini sa traite, j'irais les réveiller après. Parce que j'ai l'intention de les faire bouger ce matin...

A la prochaine cher personne

Cassandre

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