Un cheval noir fend l'obscurité de la nuit de son pas silencieux. Sur son dos, la silhouette aux yeux de braise siffle pour le faire accélérer. La nuit est sombre, le ciel vide. Ni lune ni étoiles ne viennent perturber l'air lourd et dense.

Un rocher perce soudain l'obscurité de sa masse sombre, plus sombre que la nuit elle-même. La silhouette tire sur les rênes, le cheval s'arrête. Elle rabat sa capuche sur son visage avant de se laisser couler au sol, souplement, puis fait quelques pas en regardant à droite et à gauche, comme si elle se sentait épiée.

Agilement, presque trop pour que l'action semble possible, elle se retrouve sur le sommet de la pierre. Elle rejette la tête en arrière, pousse un cri silencieux vers le firmament désert.

Aussitôt, l'ombre autour d'elle se tord et se déforme, d'autres silhouettes – seize plus exactement – se détachent de l'obscurité pour venir se mettre en cercle autour du rocher. Elles sont floues, indistinctes, comme vues à travers une vitre embuée. Leurs geste à eux aussi sont presque trop rapides pour que l'œil les distingue, mais il ne se dégage pas la même aura de puissance obscure de leur corps que de celui de la première.

– Avez-vous accompli votre mission ? persifle cette dernière.

Les formes sombres ne répondent pas, se contentant de baisser la tête d'un air que l'on pourrait qualifier de piteux.

– Les Élues sont-elles mortes ? insiste la silhouette, d'une voix effrayante où se devine une pointe de rage.

Les formes ne répondent toujours pas. Certaines reculent même d'un pas devant la puissance terrifiante qui se dégage de son être.

Un cri de rage et de dépit glaçant s'échappe de la gorge de la silhouette. Les formes s'enfuient, toute obéissance oubliée. Le hurlement se prolonge quelques secondes encore avant de mourir et de laisser place au silence de la nuit.

La silhouette se laisse tomber au sol, un sourire se dessine sur ses lèvres.

Les Élues sont vivantes.

À sa merci.

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