Haut perché sur le toit de l'immeuble, j'étais certain de voir le Soleil bailler, muni de sa couverture et d'un oreiller, pour laisser sa place à la Lune et ses amies les étoiles.

Le vent était léger ici, mais plus frais que dans les rues où toutes les lumières s'allumaient. Elles brillaient aussi fort que celles qui scintillaient dans mes yeux. On me le disait souvent d'ailleurs, que j'enfermai un Soleil au creux de mon cœur et des étoiles dans chacune de mes prunelles. J'aimais l'idée, même si au fond, je me battais contre les nuages et l'obscurité.

Je m'assis à même le sol, il était froid mais je ne bronchai pas, sortant plutôt de mon sac des crayons et des feuilles de papier froissées. Ma mine, noire, gratta la surface, immaculée, et les pensées se mirent à arriver par milliers. Celles d'un monde où, je me réveillai le sourire aux lèvres malgré la luminosité de mon écran qui agressait mes yeux encore collés de la nuit passée, parce que, son prénom y serait affiché.

Sunghoon, appelons le Sunghoon.

Morphée m'avait tout juste abandonné pour me pousser dans ses bras, un garçon au sourire étincelant et aux mèches rebelles dans lesquelles je ne pouvais m'empêcher de passer mes doigts.

Sunghoon, de bon matin, m'envoya un message.

Prépare-toi, trésor, j'arrive dans une heure.

Je sautai de mon lit, la mine encore groggy mais le cœur gonflé par l'idée de passer la journée avec lui. Une heure, c'était long une heure, mais pas assez pour trouver de quoi porter, comment me coiffer. Alors mon armoire en payait les frais, mes vêtements volant dans ma chambre, s'échouant sur mon lit pour les plus chanceux, ou sur le sol froid pour ceux que je n'aimais pas. J'optai finalement pour une tenue qu'il avait déjà vu, une qu'il adorait, celle qui le faisait me regarder comme si j'étais le seul homme que la Terre avait osé porter.

Puis je courais jusqu'à la salle de bain, me coiffant d'une main et répondant à Sunoo et Niki de l'autre.

— Après-midi café ? Ça te dis Jake ? Ça fait longtemps qu'on n'est pas sorti tous les trois.

Et je rougissais, mordant ma lèvre, un peu honteux mais surtout coupable d'être heureux de ne pas sortir avec eux.

— Je ne peux pas, Sunghoon m'a proposé de passer l'après-midi avec lui.

Mes meilleurs amis se moquaient au bout du fil, ronchonnant leur jalousie, bien qu'au fond ils étaient contents pour moi, et impatients de me voir rentrer pour que je puisse leur conter en détail chaque minute de ma journée.

J'avais fini par raccrocher, juste parce que mon cœur s'affolait en voyant la photo de Sunghoon prendre possession de mon écran. Il était là, il m'appelait juste pour ça.

Alors je me parfumai rapidement, attrapant ma veste, celle qu'il m'avait offerte sans raison particulière.

Juste parce qu'il m'aimait.

Puis je fermai ma porte à clé, le cœur tambourinant presque aussi fort que mes pas contre les escaliers. Mais dès l'instant où son regard me trouva, ne manquant aucun de mes pas qui me rapprochaient de son aura, je pris sur moi, ayant l'air confiant et sûr de moi.

Il me faisait le même effet que la toute première fois, quand, en entrant dans sa voiture, ses prunelles ambrées caressèrent chaque recoin de mon visage, s'attardant sur mes pupilles dilatées par son simple reflet, trébuchant sur mes lèvres rosées, pour finalement balayer du bout de son doigt une mèche rebelle qui se baladait sur mon front.

— T'es beau aujourd'hui et... j'adore ta veste.

Je roulai les yeux au ciel, juste pour qu'il ne perçoive pas l'éclat qui y avait pris possession, même si au fond il savait qu'à chaque fois qu'il me complimentait, un navire de papillons faisait naufrage dans le creux de mes reins.

— Oh merci, c'est gentil, c'est un cadeau... d'un ancien ami, je répondis avec ironie alors qu'il démarrait la voiture.

Il ne me regardait pas, trop concentré à vérifier s'il pouvait s'engager, néanmoins, je n'avais pas manqué le rictus qui redressait ses lèvres.

— Un ami ? Ah oui ? demanda-t-il en serrant le volant.

Je ne pouvais retenir mon rire de s'échapper d'entre mes lèvres face à la pointe de malice qui avait rythmé ses mots. Et la mélodie du sien résonna aussi, sa paume trouvant mon genou qu'il secoua tendrement. Les frissons s'échappèrent de la zone irradiée par son toucher, courant le long de mon dos qui se raidit contre le siège. Sunghoon l'avait senti, il en avait que plus souris. De mon côté, je déglutis quand mes prunelles capturèrent l'image des veines sur le dos de sa main, remontant jusqu'à son poignet où il portait fièrement la montre que je lui avais achetée.

— Tu l'as encore ? en tapotant le cadran du bijou.

— Pourquoi je l'enlèverai ?

Et je haussai les épaules, mes doigts courant sur sa peau alors qu'il riait de nouveau, attendri par tout ce que je disais, tout ce que je faisais et cela tout au long de la journée.

Il m'avait amené dans un café cosy, le genre d'endroit où il fallait siroter sa boisson en tapotant sur son clavier ou en admirant les cadres qui ornaient la tapisserie. Mais lui, me regardait comme si j'étais la seule œuvre d'art entre ses murs, il m'écoutait parler, ou peut-être qu'il faisait semblant pour ne pas me vexer, mimant d'être pendu à mes lèvres alors que ses pensées s'évadaient. Pourtant, il me posait des tonnes de questions, me demandait d'ajouter des détails, souriait quand je le faisais et m'arrachait un rire quand le mien se raréfiait.

J'avais volé un morceau de son cheesecake au caramel. Il avait de meilleurs goûts que moi quand il s'agissait de faire des choix sur un menu, alors, n'ayant pas manqué la manière dont mes yeux avaient pétillés, c'était volontiers qu'il poussa son assiette plus près de moi, s'enfonçant dans son siège sans jamais me quitter des yeux.

Parce que malgré le monde qui hurlait autour de nous, j'étais le seul qu'il entendait.

Et la journée avait continué, on s'était promené dans un parc où des cerfs-volants se battaient dans le ciel et où les vélos faisaient trembler le gravier sur le chemin. Et tout du long, Sunghoon n'avait pas lâché ma main. Pas même le vent n'avait desserré nos doigts, plongés dans la poche de sa veste qui nous protégeait du froid.

Il m'arrivait parfois de laisser mes yeux se perdre sur sa silhouette qui me dépassait de plus d'une tête, sur ses épaules où ma joue reposait à chaque sortie cinéma ou tard le soir quand on restait dans sa voiture à regarder les étoiles, profiter du silence, profiter de nos présences. Il comblait le trou béant de mon cœur grâce à ses beaux yeux, ces mêmes prunelles qui me regardaient comme personne ne l'avait jamais fait, celles qui me faisaient me sentir beau et aimé. Celles pour qui j'aurais tout donné parce qu'il me promettait des monts qu'il aurait escaladé volontiers et des merveilles qu'il m'aurait offert sans broncher.

Sunghoon était tout ce que je voulais, celui dont j'avais besoin pour voir plus loin.

— Pourquoi t'infliges-tu tout ça ?

Je le questionnai en silence, les sourcils froncés.

— Jake... me répondit-il, je n'existe même pas.

Mince, la mine de mon crayon s'est cassée, et mon rêve... celui d'être aimé, s'est arrêté.

Sunghoon n'existait pas, cette vie n'existait pas. On ne m'aimait pas.

Alors j'imaginais tout ça, je rêvais de tout ça. Parce qu'au fond j'étais persuadé que je n'y avais pas le droit.

Au moins dans mes pensées j'avais quelqu'un à câliner, quelqu'un qui aimait chaque partie de moi, du fond de mon cœur jusqu'au bout de mes doigts. La réalité, elle, était mauvaise, elle me murmurait à l'oreille que j'étais le problème, me rappelant sans cesse que je n'étais pas fait pour recevoir des baisers, que mon coeur ne méritait pas de rougir sous les mots doux que mes oreilles mendiaient d'enregistrer.

J'avais seulement droit à ma confiance en moi qui s'effritait comme la bulle que j'avais créée, celle qui me protégeait de tout ce que je me détestais d'envier désormais. Mais j'y collais des pansements en début de journée, sur cette carapace que les sentiments avaient fissurés, pour que personne ne voit que le Soleil a du mal à briller, qu'il doute de ses capacités et qu'il ne sait plus vraiment comment rayonner.

Les doigts tremblants, je roulais en boule les dessins que j'avais raté, et les jetais plus loin sur le toit. Certains se faisaient emporter par le vent qui soufflait, dommage qu'il ne prenait pas avec lui mon chagrin.

Je me mordis la lèvre, retenant une cascade de dévaler mes joues. Et cette fois, pas même un Sunghoon ne parvint à me sortir de là, puisque ce qu'il me manquait était plus profond que tout l'amour que je n'aurais jamais. Un trou aussi immense que l'océan, aux profondeurs inexplorées qui gardaient bien des secrets.

Mince, mon cœur s'est cassé, les larmes se mettent à couler, mais j'ai le droit, personne ne me voit.






***

Je pouvais pas finir l'année sans mon ship de cœur alors j'ai succombé...

Alors voici un nouveau morceau de moi, qui, je
l'espère vous a plu  <3

Merci pour votre lecture 😚

(cover par @AceHeeWon<3)

Passez de bonnes vacances et de bonnes fêtes 🩷

• Adiaaa •

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top