XVIII. Un voleur de plus
Denwall porta la main à sa ceinture. Au moment où il saisit la dague, il eut l'impression que le temps fut ralenti. Tout se déroulait plus lentement, les guerriers approchaient moins vite, criaient moins fort. Mais lui, ne bougeait pas plus lentement. Il bougeait aussi rapidement qu'avant, si ne n'est plus.
Alors, il campa ses deux pieds dans le sol, et se prépara à recevoir les coups.
Mais les guerriers arrivèrent sur lui, et il ne reçut aucun coup. Chaque fois, la lenteur de leurs mouvements lui donnait le temps de parer leurs attaques, et de riposter dix fois plus vite. Il avait le temps de calculer où il allait frapper, et dans la mesure du possible essayait de ne pas porter de coups graves à ces guerriers des montagnes. Car Denwall n'aimait pas tuer.
Ses ripostes portaient surtout à la tête de ses adversaires, et ceux-ci tombaient de leur cheval, assommés.
Après un temps qui lui parut infini, le jeune homme se retrouva face à dix guerriers, étendus sur le sol et inconscients. Il lâcha Dance, et le temps reprit son cours normal.
Alors, il se souvint du cris qu'il avait entendu, juste avant que ces guerriers ne l'attaquent. Garwvyr n'était pas loin. Et si Garwvyr n'était pas loin, il y avait fort à parier que le Grand Tout non plus. Mais Denwall se souvint de la dernière fois qu'il avait pourchassé la créature; il lui avait fallu plusieurs semaines pour la retrouver, car elle était trop rapide. Aussi, il ne pensait pas qu'une simple dague, qu'elle ai des pouvoirs ou non, ne serait suffisante.
Alors, il prit le sabre d'un des guerriers inconscients, et également son cheval. Il avait battu ses guerriers, il pouvait bien commettre ce crime...
Il s'élança au galop vers l'Est. Mais... dès que le champ de bataille ne fut plus visible, le paysage autour de lui devint blanc. Blanc, non comme de la neige, mais blanc comme lorsqu'il avait rencontré la Déesse Olwen. Blanc comme lorsque la Déesse Keridwenn lui avait présenté les Arkassan.
Cette fois-ci, dans cette blancheur pure personne ne lui apparut, et il ne savait que faire. D'un coup, il sentit un grand vide en lui. C'était comme une faim terrible, un manque épouvantable. C'était comme voir la personne que vous aimiez souffrir et mourir, et que vous souveniez des instant avec elle de folie et de rire.
Et Denwall la vit. Une petite sphère rougeoyante, qui s'éloignait de lui et disparaissait dans le lointain. Son âme lui avait été confisquée.
Le paysage réapparu.
Et Denwall plongea dans un profond désespoir. Voler un cheval et une arme à un guerrier qu'il avait battu faisait-il de lui un véritable voleur? Qui en décidait?
Pendant de longs jours, le jeune homme erra tel un misérable dans les vallées fleuries et splendides, incapable d'éprouver le moindre émerveillement. Tout lui semblait fade, sans goût. Pendant de longs jours, il erra sans rien manger, sans jamais dormir. Le cheval qu'il avait pris s'était enfui, il ne se souvenait où était le sabre du guerrier. Sans doute jeté au fond d'une rivière...
Même son Don s'était terni, et il ne parvenait plus qu'à percevoir de très faibles émotions provenant des plantes.
Mais, à l'aurore d'un jour qui serait probablement comme les précédent, le jeune homme, faible, se souvint des pierres et de Dance, qui lui avait fait gagné cette bataille maudite.
Il prit l'une des Larmes de cristal dans sa main, referma ses doigt autour. Il s'apprêtait à la jeter au loin, lorsqu'une décharge lui parcourut le bras. Il suspendit son geste.
Il sorti alors Dance de son fourreau, et changea la pierre qui était fixée à sa pointe. Une intuition le poussait à le faire... Il prit la dague par le manche, et fit quelques gestes avec.
Des images lui traversèrent l'esprit. Des images floues, de joies, d'amour, de bonheur. Qu'est-ce que cela signifiait? Il changea à nouveau de pierre, et réitéra ses gestes. De nouvelles images apparurent, toujours indistinctes mais laissant une impression de calme, de... de mort.
Il essaya chaque cristal, et chacun lui partagea des impressions différentes.
Il en était convaincu: l'une d'elle permettait de prendre l'âme de quelqu'un. Peut-être, cela lui permettrait de récupérer la sienne?
Après de longues heures de réflexion, à poser le pour et le contre, une nouvelle determination l'envahit: il allait achever sa quête.
Car ce voyage, l'avait-il entreprit pour lui seul? Sa motivation était de retrouver Aëla. Il ne le faisait pas que pour lui, il le faisait aussi pour elle. Alors, il était incapable de l'aimer, certes, mais il la sauverait coûte que coûte.
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