Epilogue

Raiyo ouvrit les yeux en sursautant. Il voyait encore le sourire mauvais de Kobura dans son esprit, derrière son étrange orbe. Aussi, lorsqu'il se rendit compte qu'il était dans une pièce fermée, aux murs de bois, et qu'il sentait que le sol tanguait, il comprit immédiatement qu'il se trouvait dans le navire marchand qui les avait emmené lui et ses amis sur l'île d'Ambryn. Sur sa gauche, il remarqua que, sur un matelas de fortune, dormait Hono. A ses poignets, les deux bracelets divins semblèrent lui lancer un regard ennuyé. L'adolescent n'eut cependant pas le temps d'y réagir que son ami grogna dans son sommeil avant de se redresser, l'esprit embrumé.

— Bon sang, j'ai un mal de crâne pire qu'après une gueule de bois, grommela l'enfant divin du feu.

— Tu as déjà bu ? s'étonna son ami.

— Non jamais, mais je me souviens avoir vu des gens boire et ils se levaient en disant qu'ils avaient mal à la tête, répliqua le jeune homme en souriant.

Ils rigolèrent de concert et la porte s'ouvrit subitement, laissant entrer Fubuki et Genkaï.

— Vous êtes enfin réveillés, tous les deux ! s'exclama l'adolescente.

— Nous commencions à perdre espoir, enchaîna le colosse en s'assurant qu'ils allaient mieux.

— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Raiyo.

— Et Kobura ? Où est ce traître ? cracha Hono en voulant se relever.

Sa déclaration fit sursauter les deux autres enfants divins.

— Je pense que nous avons beaucoup de choses à se dire mais nous ferions mieux d'en parler en présence des autres. Je vais aller les chercher, expliqua la jeune femme en quittant la pièce.

Une dizaine de minutes plus tard, ils se retrouvèrent tous dans la pièce servant d'infirmerie pour les deux adolescents. Ces derniers furent soulagés de voir que Asura était sain et sauf, malgré un bras en écharpe et de multiples bandages sur le torse. Il les salua respectueusement mais préféra ne rien dire. Alexeï et Charlotte étaient là aussi. Le prêtre s'inclina à leur encontre tandis que la forgeronne leur lança un sourire étincelant. Le reste du groupe fut heureux de voir que leurs deux amis allaient enfin mieux. Les salutations prirent fin et tous s'installèrent confortablement pour discuter.

— Bien, il semblerait que vous devriez nous raconter ce qu'il s'est passé dans le volcan, finit par dire Zoldia. Nous vous expliquerons après ce qu'il s'est passé de notre côté.

Hono leur expliqua alors ce que lui avait dit Asura, puis il reporta les paroles de Falcus et enfin leur combat contre Dragenfer. Il montra son arme divine, sous sa forme de bijou comme sous sa forme de combat, et arriva au moment où il avait affronté Raiyo. Ce dernier prit alors la parole, expliquant ce qu'il avait compris de leur discussion avec Kobura, parfois corrigé par son ami. Lorsqu'il arriva au moment où ils s'étaient évanouis, ce fut Genkaï qui prit la parole.

— Je venais d'atteindre le faubourg avec Fubuki dans mes bras quand un loup de foudre m'a apporté le corps évanoui de Asura. Malheureusement, je manquais de force et j'allais me perdre dans les méandres de l'inconscience.

— Il a eu de la chance, je l'ai trouvé sur le point de s'évanouir, indiqua Kyoseï. J'ai appelé Zoldia à l'aide et c'est alors que nous avons tous senti une sorte d'énergie étrange qui drainait nos forces.

— Le loup nous a alors indiqué par des gestes qu'il fallait le suivre, expliqua Zoldia. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai pu pénétrer le temple. J'ai suivi le loup mais il a fini par disparaître, absorbé par le pouvoir de Kobura, d'après vos dires. Lorsque je suis arrivé dans le cratère du volcan, je vous ai trouvé évanouis par terre, la lave menaçant de vous emporter. Je vous ai donc ramenés et, lorsque nous sommes sortis du temple, le volcan a explosé.

— Heureusement pour nous, Alexeï nous avait demandé de réunir tous les habitants sur la place du village, indiqua Charlotte. Ainsi, nous avons tous embarqué sur le "Céleste" et nous avons fui l'île d'Ambryn avant qu'elle ne soit recouverte par la lave. Cela nous a sauvé la vie, ajouta-t-elle en envoyant une bourrade dans le dos de son camarade.

— Je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu la sensation que c'était la chose à faire, se contenta de dire le principal concerné en voyant le regard surpris du reste du groupe.

— En tout cas, ton intuition a sauvé les villageois, le félicita Zoldia. Cela fait maintenant deux jours que nous sommes en mer, en direction du port de Glar. Mais nous avons un nouveau problème.

— Lequel ? demanda Raiyo, surpris.

— Essayez tous les deux d'utiliser vos pouvoirs.

Étonnés, les deux garçons s'exécutèrent mais sursautèrent. Ils avaient beau appeler leurs pouvoirs, rien ne se produisait.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'exclama Hono en secouant sa main.

— C'est bien ce que je pensais, on dirait que Kobura vous a volé vos pouvoirs à vous aussi, commenta Fubuki. Moi et Genkaï, c'est pareil.

Les quatre enfants divins se tournèrent en direction des Saints mais Asura leur fit une démonstration de ses pouvoirs en faisant surgir deux bras dans son dos.

— Seuls vos pouvoirs ont disparu, commenta-t-il en faisant disparaître ses membres surnuméraires.

Raiyo hocha la tête, analysant la situation. Plongé dans ses pensées, il ne se rendit pas tout de suite compte qu'il était happé à l'intérieur de sa tête.

— As-tu besoin de me parler ?

La voix chaleureuse mais rauque fit sursauter l'adolescent de la foudre. Il se tourna et sourit au loup qui lui faisait face.

— Camo... Pardon, Freki. Tu tombes au bon moment. Nous avons un problème !

Un grognement amusé retentit, traduisant le rire de l'animal.

— Il est normal que je « tombe au bon moment » car je suis une part de toi désormais. Tu veux savoir comment toi et tes amis avaient perdu vos pouvoirs ?

— J'espérais plutôt que tu nous dises comment faire pour les retrouver mais je vais me contenter de ça pour le moment.

— Sois patient, je vais tout t'expliquer. Kobura a employé une technique regroupant les huit éléments qui lui a permis de vous séparer de vos pouvoirs, ou plutôt, de vos acquis.

— Nos acquis ? s'étonna l'adolescent.

— Comment faisais-tu pour utiliser ton pouvoir avant ?

Le garçon réfléchit et comprit aussitôt.

— Nous avons perdu nos automatismes !

— Exactement. En réalité, Kobura n'a pris que la partie émergée de vos pouvoirs. J'entends par là qu'il vous a volé vos automatismes. Cependant, vos pouvoirs latents sont toujours en vous. Il ne vous reste plus qu'à reprendre l'entraînement depuis le début et vous éveillerez une source de pouvoir bien plus grande encore que tout ce que vous avez déjà utilisé.

— C'est génial, s'émerveilla le jeune homme. Merci Freki.

— Par contre, je pense que sans arme, le travail sera bien plus complexe. Toi et Hono pouvez puiser dans nos pouvoirs à moi et Shandralon mais pour les autres, il leur faudra faire un énorme travail sur eux-même pour trouver comment éveiller la source de leur énergie.

Un silence s'abattit sur la plaine fleurie. L'adolescent prit son temps pour digérer la nouvelle.

— Je vois... Bon, je vais annoncer la nouvelle aux autres. Encore une fois, merci Freki.

Il se réveilla dans le monde réel et nota que Hono semblait lui aussi avoir discuté avec l'animal tutélaire de son arme. Ils se concertèrent du regard pour savoir lequel expliquerait aux autres ce qu'ils venaient d'apprendre de leurs armes et ce fut Raiyo qui s'en chargea, tandis que l'enfant divin du feu faisait une démonstration.

— Bien, donc ce que nous prenions pour un problème n'en était pas un, commenta Zoldia. Je vais réfléchir à une nouvelle forme d'entraînement afin de vous aider au mieux.

— Il y a quelque chose que j'aimerais comprendre cependant, intervint Kyoseï. D'après vous, Kobura était fou de rage durant votre combat. Pourquoi ne vous a-t-il pas achevé quand il en avait l'occasion ? Vu que Zoldia ne l'a pas vu dans le volcan, cela signifie qu'il s'est enfui.

— Peut-être a-t-il pensé que la lave se chargerait de nous ? proposa Hono en haussant les épaules.

— En tout cas, une chose est sûre, grommela Raiyo. Nous n'avons pas fini d'entendre parler de lui.

— Maintenant, que faisons-nous ? demanda Fubuki.

— Nous retournons à Asterlia, répondit l'enfant divin de la foudre. Asura pense que les Saints de la terre et de l'eau étaient là-bas. Avec un peu de chance, ils ne sont pas partis et nous pourrons les retrouver facilement.

Convaincus par sa proposition, tous acquiescèrent et laissèrent les deux blessés se reposer. Alors que Raiyo allait s'endormir, il se remémora les dernières paroles de Kobura.

Non, Kobura. Nous te prouverons que l'amitié et la camaraderie ne mènent pas au néant. Quant à Astrid, nous la vaincrons, sans ton aide !

Elle ouvrit ses yeux rouges. Le sceau venait de trembler à nouveau. Un de ces maudits gamins venaient d'obtenir son arme divine. Bientôt, ils viendraient l'affronter. Et elle pourrait enfin se défaire de ses liens une bonne fois pour toute.

— Attendez-moi, mon très cher oncle. Je vous tuerai de mes propres griffes et libérerai mon imbécile de père. D'ici que ma vengeance ne vous parvienne, profitez de votre vie d'être suprême, pensa-t-elle avant de fermer les yeux.

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