Chapitre 20 : Duel sur la lave

Dragenfer était aux anges. Ceux qui avaient osé le blesser goûtaient enfin au désespoir. Son rire résonna dans le cratère, lui attirant un regard haineux de la part de Hono. Mais, alors que le jeune homme allait laisser ses larmes couler, il entendit un bruit. Ce dernier semblait provenir de l'endroit où il avait déposé Fubuki. De plus, il lui semblait reconnaître ce son. Il tourna la tête, curieux, en direction du nuage de poussière soulevé par l'explosion et aperçut des reflets bleutés.

— Il me semble que je t'avais demandé de la protéger ! s'exclama alors une voix que les deux adolescents identifièrent instantanément.

Des éclairs dispersèrent la fumée et le rire du dragon de feu s'étrangla dans sa gorge. Là où il s'attendait à découvrir le corps réduit en charpies de la demoiselle qu'il avait ciblé, Raiyo se tenait, son sabre entre les mains. Un bruit de pas retentit et tous tournèrent la tête en direction du deuxième pont menant à la plateforme suspendue. Genkaï et Kobura apparurent à leur tour, légèrement essoufflés.

— Je vois que ton pressentiment qui t'as fait te hâter s'est avéré pertinent, Raiyo, commenta l'enfant divin de la terre.

— En même temps, vu les secousses qui ébranlent l'île depuis tout à l'heure, n'importe qui aurait pû s'en douter, grommela Kobura qui ne supportait pas qu'on le presse. En tout cas, je vois que j'ai bien fait de venir.

Et sur ces mots, il ferma les yeux et tendit les bras. Aussitôt, un véritable séisme ébranla l'île, projetant ceux qui étaient debout au sol. Néanmoins, le niveau de la lave cessa de monter. Au contraire, il semblait même diminuer progressivement.

N'en revenant pas, Dragenfer voulut reprendre le contrôle du liquide en fusion mais il se heurta à une puissance démesurée.

— Comment un misérable insecte peut-il me surpasser ? hurla-t-il.

— Aucune idée, mais tu ferais mieux de te concentrer sur ce qu'il se passe autour de toi.

Le dragon fit volte-face et fut complètement pris au dépourvu en apercevant Hono à hauteur de sa gueule. Il reçut une nouvelle talonnade sur le museau, qui s'ébrécha encore plus. Son rugissement de douleur résonna si fort que tous, à l'exception de Kobura qui semblait être entré en transe, se bouchèrent les oreilles avec leurs mains. Asura, profitant de ses bras surnuméraires, rattrapa son ami malgré sa surdité temporaire. De son côté, Raiyo avait profité de la confusion pour soulever Fubuki et l'emmener à côté de Genkaï.

Ce dernier, sans même échanger de mots, comprit ce qu'attendait de lui l'adolescent. Lorsqu'il put enfin cesser de protéger ses tympans, il souleva le corps évanoui de la jeune femme et fit demi-tour, emportant en sécurité l'enfant divin de la glace. Confiant, le garçon originaire de l'archipel du Léodaro rejoignit son homologue du feu et le Saint. D'un simple regard, ils convinrent de se battre ensemble. Au-dessus d'eux, Dragenfer ouvrit grand la gueule, donnant le signal aux adolescents pour reprendre la bataille.

Tandis qu'une explosion retentissait à l'endroit où ils s'étaient tenus quelques instants plus tôt, les trois humains avaient foncé, chacun de leur côté. Asura, n'ayant pas spécialement de capacité lui permettant d'atteindre directement leur ennemi, s'était précipité droit sur l'une des chaînes retenant l'arène pour l'escalader. Aidé de ses quatre bras, il avalait la distance sans difficulté. De son côté, Raiyo avait eut la même idée mais, aidé par son sabre, il courait à toute vitesse, ne laissant derrière lui qu'une suite d'images rémanentes. Lorsqu'il arriva à la jonction entre le métal et la paroi du cratère, il continua sa course à la verticale. Arrivé au même niveau que le dragon, il se catapulta droit sur son dos, incantant déjà.

Premier mouvement de l'école Eldrick revisité : Pluie d'éclairs !

Les trois lames de foudre apparurent, sectionnant la base des ailes de feu de l'élémentaire. Ne s'y attendant pas, ce dernier commença à amorcer sa chute au même moment où une silhouette le croisait dans l'autre sens. N'y prêtant pas attention, Dragenfer se prépara à se réceptionner sur ses pattes mais une nouvelle poussée dans son dos le prit au dépourvu. Le Saint du feu venait de le frapper avec tous ses poings en même temps, accélérant sa descente. Le choc fit trembler les chaînes retenant la plateforme mais elles tinrent bon. Se relevant avec difficulté, le monstre releva la tête pour tirer de nouvelles boules de feu mais ce qui l'attendait dans les airs le surprit tant qu'il n'eut pas le temps d'attaquer.

Hono se trouvait dans les airs, entourés par ses deux compagnons. Dans chacune de ses mains, il tenait une des ailes du monstre. L'adolescent les fit se rejoindre devant lui, formant une immense boule de feu générant un vent chaud si puissant qu'il permit aux trois garçons de léviter quelques instants.

— Imbécile, mes flammes ne peuvent rien me faire ! gronda Dragenfer.

— Alors voyons ce que tu peux faire avec ça ! hurlèrent de concert Raiyo et Asura.

Le colosse aveugle se replia sur lui-même et ses bras surnuméraires disparurent. Son corps se couvrit alors d'une énergie ressemblant à s'y méprendre à des flammes mais d'une couleur violette.

Ô rage qui nourrit mon esprit, consume-toi tel le brasier de l'enfant divin. Prends la forme destructrice qui te sied le mieux. Deviens feu. Flammes de colère !

L'énergie qu'il générait se fondit dans la boule de feu. La couleur des flammes changea et devint d'un pourpre sublime. Cependant, le trio n'en avait pas fini. Raiyo leva son sabre vers le ciel obstrué de nuages noirs.

Loup solitaire attendant son heure, voilà l'heure de la chasse. Ta proie se pense au-dessus de toi, rappelle lui qui est le prédateur. Hurlement orageux !

Un éclair fondit sur la sphère enflammée et de l'électricité la parcourut alors.

— Et maintenant, reçois ton jugement, Dragenfer ! s'époumona Hono.

Astre de vie, amorce ton voyage vers ce monde et anéantit toute forme de vie sur ton passage. Descente de l'astre solaire !

Il frappa de toutes ses forces le soleil miniature que lui et ses compagnons avaient créé. L'attaque se mit à chuter progressivement, suffisamment rapidement pour que le dragon ne puisse pas l'éviter. Néanmoins, la créature se redressa sur ses pattes arrières et, avec un étrange éclat dans les yeux, il écarta les bras, accueillant la sphère comme si elle avait été une vieille amie qu'il n'avait pas revu depuis longtemps.

— Cette chose, je la désire, gronda-t-il.

Cependant, à la différence de la vague de feu qu'il avait pu contrôler, l'astre miniature ne semblait pas vouloir lui obéir.

— Cette chose, je la désire, je la veux, répéta-t-il.

Aucune réaction de la part de l'attaque qui commençait doucement à l'effleurer.

— Elle m'appartient, elle le doit ! Je suis Dragenfer, le seigneur de l'Envie. Cette chose doit être mienne ! hurla-t-il tandis qu'il se faisait consummé par la boule de feu.

Une violente déflagration retentit, le souffle projetant les trois adolescents contre la paroi du volcan. Le choc fut si violent que Asura perdit connaissance et que les deux enfants divins eurent le souffle coupé, les empêchant d'utiliser leurs pouvoirs pour éviter de tomber dans le lac de lave. Heureusement pour eux, Kobura veillait. Une rampe de roche se forma sous eux et ils roulèrent jusqu'à la plateforme. Ce fut donc légèrement sonnés et surtout contusionnés que Hono et Raiyo se relevèrent.

— Bon sang, si j'avais su qu'avec vous, c'était si facile, je vous aurais attendu, ricana le rouquin en se massant la tête.

— Évidemment qu'il fallait nous attendre, grommela son comparse en grimaçant.

Les deux garçons se regardèrent, une lueur de défi dans le regard, puis éclatèrent de rire. Ils voulurent se relever mais le monde sembla bouger dès qu'ils esquissèrent le moindre mouvement.

— Doucement, tous les deux. L'explosion vous a projeté contre la paroi rocheuse si fort que je suis certain d'avoir entendu certains de vos os craqués, intervint Kobura en s'approchant d'eux.

L'homme maudit les effleura et ils sentirent une puissante énergie parcourir leurs corps. Ces derniers cicatrisèrent en quelques instants, si bien qu'ils furent remis sur pied en moins de temps qu'il ne fallait pour dire "Avana". Surpris, les adolescents se redressèrent avec prudence mais, voyant qu'ils allaient parfaitement bien, ils se détendirent. Enfin, surtout Raiyo car Hono n'avait pas oublié les avertissements d'Asura à l'égard de l'être millénaire. Alors qu'il allait ouvrir la bouche, une lueur dans son champ de vision périphérique attira son regard. Au-dessus de l'autel, une sphère de feu semblait voleter à l'aide d'une force surnaturelle. Comme attiré par elle, l'enfant divin s'en approcha, alertant ses deux camarades.

— Hono, fais attention, cela pourrait être dangereux, l'avertit Kobura en s'avançant pour essayer de le devancer.

Cependant, au moment où il fit un pas, l'adolescent se jeta sur la sphère, le prenant complètement au dépourvu. Ses doigts touchèrent l'orbe et une véritable fournaise s'en échappa, forçant Raiyo à reculer pour ne pas voir ses habits carbonisés. A ses côtés, un voile de colère passa sur le visage de l'homme maudit mais cela ne dura pas plus qu'un instant.

Au cœur de la déflagration de chaleur, l'enfant divin du feu ne ressentait pas de la souffrance. Il sentait bien la température anormale qui l'entourait. Néanmoins, cette dernière semblait plutôt l'envelopper comme une douce étreinte. Hypnotisé par la sensation, il continua de tendre le bras jusqu'à ce qu'il touche une surface dure. Elle semblait petite, pas plus grande qu'une prune, et le jeune homme comprit immédiatement qu'elle était la source du phénomène. Ses doigts l'entourèrent et elle fondit.

Lorsque l'énergie se dissipa enfin, Raiyo put voir que son ami n'avait rien. Seulement, à ses deux poignets, il put apercevoir qu'il portait deux nouveaux bijoux. Identiques, les bracelets représentaient un dragon aux ailes repliées se mordant la queue. L'alliage dont ils étaient faits était d'une couleur ambrée, à l'exception d'une pierre précieuse représentant l'œil du reptile qui, lui, était en réalité un rubis. En forçant sur ses yeux, l'enfant divin de la foudre crût apercevoir des flammes danser derrière la paroi de la gemme.

Kobura s'avança vers le jeune homme mais ce dernier le devança à nouveau et, l'ignorant, il s'approcha de Raiyo.

— Est-ce que tu te souviens de ma demande, lorsque nous nous sommes retrouvés au port de Glar ? demanda-t-il.

— Celle où tu voulais que nous nous combattions, une fois que tu aurais obtenu ton arme divine ? lui répondit le garçon originaire du Léodaro.

— Exactement. Tu m'avais répondu par l'affirmative. J'aimerais donc que nous fassions cela maintenant.

— Les enfants, sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, vous aurez tout le temps de faire mumuse une fois que nous aurons quitté le temple, intervint Kobura en sentant que la situation échappait à son contrôle.

— Tu avais accepté cela toi aussi, Kobura. Alors ne te mêle pas de ça. C'est entre lui et moi.

— N'est-ce pas de la triche pour toi de m'affronter là où ton pouvoir est le plus fort ? le questionna l'enfant divin de la foudre.

— Ce volcan me renforce, en effet. Mais regarde au-dessus de nous.

Les deux adolescents levèrent la tête et purent constater les nuages noirs d'orage qui les menaçaient.

— Il me semble qu'ainsi, nous sommes à égalité, continua Hono. Ici, nous pouvons nous donner à cent pour cent sans risquer de mettre la vie des autres en jeu. En plus, Kobura, peux-tu emmener Asura au village ?

— Je le peux. Mais pourquoi maintenant ? grommela l'homme maudit.

— Parce que je le veux, c'est tout. Je veux savoir si je suis capable de vaincre Raiyo.

Le regard qu'il lança à Kobura fit comprendre à ce dernier qu'il ne servirait à rien d'argumenter. D'un claquement de doigts, il généra une bourrasque de vent qui souleva le corps inconscient du Saint du feu et se dirigea rapidement par là où le groupe de Raiyo était arrivé.

— Genkaï vient de quitter le temple, indiqua l'être millénaire. Je reste ici pour ramasser le perdant.

— Merci, Kobura, lui répondirent en chœur les deux garçons.

Ils se placèrent face à face, à cinq mètres l'un de l'autre, et se saluèrent. Aussitôt, Hono, imitant ce que lui avait raconté Raiyo, ferma les yeux et plongea dans son esprit pour discuter avec l'esprit de son arme. Il avait beaucoup questionné son homologue de la foudre sur le moyen de s'entretenir avec son loup tutélaire contenu dans son sabre divin et s'était imaginé à de nombreuses reprises le faire.

Aussi, il ne fut pas surpris lorsque, en ouvrant les yeux, il se retrouva au centre d'un immense lac de lave, flottant sur un îlot rocheux.

— Dragenfer, je sais que tu es là. Montre-toi !

Un rire caverneux lui répondit et il vit le liquide en fusion devant lui se soulever, créant un véritable raz de marée. Sachant pertinemment qu'il n'avait rien à craindre, l'adolescent ne broncha pas et admira plutôt la forme que prenait le dragon gardien. La vague de lave avait tout emporté et il se trouvait désormais dans une salle rocheuse à ciel ouvert. Entièrement couvert d'écailles orangées cette fois-ci, l'immense reptile était couché sur un immense tas d'or, observant avec défi son nouveau maître. Ce dernier ne baissa pas le regard et ce fut donc Dragenfer qui baissa la tête le premier. Amusé, il poussa un rire rauque qui fit trembler son trésor.

— Heureux de voir que mon maître ne se laisse pas intimider. Bien, que veux-tu, petit homme ? finit-il par dire en posant sa gueule garnie de crocs devant le jeune homme.

Hono sourit et posa une main contre le museau du dragon. Il fut agréablement surpris de voir que les écailles n'étaient pas tranchantes comme il l'avait imaginé mais molles et chaudes.

— Tout d'abord, je voulais savoir comment je pouvais te révéler sous ta forme d'arme.

— Quelle forme souhaites-tu ?

La question désarçonna l'adolescent.

— Comment ça ? Je peux choisir ?

— Évidemment que tu peux choisir, petit homme. Les autres armes divines ont souvent une forme définie qui peut varier, comme cet idiot de Fre..., mais moi et ... sommes les plus modelables.

L'enfant divin sursauta. Alors que le dragon parlait, il avait commencé à entendre des noms mais le premier avait été coupé tandis que, pour l'autre, il n'avait rien entendu alors qu'il avait vu les lèvres de la bête bouger.

— Excuse-moi mais je n'ai pas compris ce que tu as dit.

— Les noms, n'est-ce pas ? C'est normal. Leurs maîtres ne sont pas encore dignes de les entendre et il nous est interdit de le révéler aux autres. Aussi, tant que toi et tes camarades ne se seront pas montrés dignes de nous, vous ne connaîtrez pas nos noms.

— Tu ne t'appelles pas Dragenfer ? s'étonna de nouveau l'enfant.

— Et non, petit homme. Mais appelle-moi ainsi pour le moment. Donc, je repose ma question, quelle forme veux-tu que je prenne ?

— Je n'utilise pas d'armes à proprement parler. Je me bats avec mes poings et mes pieds, c'est tout.

— Alors j'envelopperai tes poings pour renforcer tes coups. Cela te convient ?

— Très bien. Et comment puis-je me montrer digne de toi ?

— Très simplement. Prosterne-toi devant moi !

La réponse avait été dite si naturellement qu'elle laissa de marbre Hono.

— Je vois, dit-il après quelques secondes. Alors laisse-moi te répondre. Même pas en rêve, lézard de mes deux ! s'exclama le garçon en créant une croix de feu au bout de ses doigts.

Sa réaction fut suivie d'un silence qui fut rapidement brisé par le rire tonitruant de Dragenfer.

— Tu me plais, petit homme. Tu es le premier à ne pas être tombé dans le panneau. Tu risques de te montrer digne plus vite que je ne le pensais. Allez, va ! Combat ce gamin de la foudre et montre-lui notre puissance !

Hono ouvrit de nouveau les yeux dans le monde réel et fut surpris de voir deux gantelets entourant ses mains closes. Ils avaient la forme d'une gueule de dragon fermée possédant une collerette repliée autour de ses avants-bras. Le jeune homme voulut ouvrir le poing et les crocs de l'arme s'écartèrent, se repliant vers son poignet. Lorsqu'il plia les doigts, la mâchoire s'avança et se referma, reprenant sa forme initiale.

Raiyo observait minutieusement son adversaire apprendre à utiliser son arme. Certes, il aurait pu l'attaquer dès le début, prenant ainsi un avantage certain. Cependant, il ne voulait pas d'une telle victoire. Lorsqu'il vit Hono se mettre en garde, il comprit que le combat commençait enfin.

Prenant une inspiration au même moment, les deux garçons se foncèrent l'un sur l'autre. L'enfant divin de la foudre, plus vif que son homologue du feu, asséna en premier une frappe horizontale allant de gauche à droite. Son opposant vit néanmoins le coup venir et para à l'aide de son gantelet. Profitant que sa main gauche était libre, il arma le bras et essaya de frapper son agresseur. Ce dernier, ayant anticipé, para l'assaut en utilisant le bout du manche de son sabre. De nouveau, son mouvement avait libéré un membre de Hono, qui en profita.

L'offensive de Raiyo se mua rapidement en une suite de parades et d'esquives. Ressentant la force de son adversaire, il avait immédiatement compris qu'il ne devait, en aucun cas, bloquer les assauts de face. Aussi, singeant certains mouvements de Zoldia, il décalait les coups de son ennemi en les laissant glisser sur sa lame. De son côté, le rouquin prenait un plaisir non dissimulé. Il sentait en lui l'énergie débordante de son arme et cela le démangeait. Aussi, après une vingtaine d'échanges où l'adolescent aux cheveux blancs réussit à repousser toutes ses attaques, il cessa de se retenir et activa son pouvoir. Il ne savait pas bien pourquoi il ne l'avait pas utilisé dès le début. Cependant, il avait apprécié cet enchaînement simple de coups, sans aucun élément.

D'une certaine manière, je dirais même que j'ai trouvé cela apaisant. Malheureusement, nous ne sommes pas là pour nous détendre.

D'un simple regard, il indiqua à Raiyo qu'il souhaitait passer à la vitesse supérieure. Ce dernier comprit et acquiesça. Les deux garçons se remirent en position mais, cette fois-ci, la vitesse de leur charge fut démultipliée.

Kobura, les observant sagement sur le bord de l'arène, arrivait à les discerner en utilisant ses propres pouvoirs. Comme Raiyo le faisait, il laissait la foudre envahir son corps, le moindre de ses nerfs, lui permettant ainsi de discerner avec précision les gestes des deux enfants divins.

Aussi, il vit que, comme la première fois, l'adolescent aux cheveux blancs était plus rapide que son adversaire. Profitant de sa célérité, il entama une succession de feintes, cherchant à déséquilibrer le rouquin. Malheureusement pour lui, ce dernier possédait une souplesse à toute épreuve, lui permettant d'échapper à la lame sans trop de difficultés. Et, même lorsqu'il fut privé d'appui après avoir sauté dans les airs, il usa de ses flammes pour créer de petites explosions, le décalant tout juste à temps pour esquiver.

Voyant qu'il n'arrivait pas à trouver d'ouvertures dans l'assaut effréné de son adversaire, Hono grommela.

Comment je fais pour placer un coup si ce type va aussi vite ?

— Le savais-tu ? tonna la voix caverneuse de Dragenfer dans son esprit. Peu importe sa vitesse, il n'existe aucune créature capable de faire immédiatement marche arrière.

Ne s'attendant pas un conseil de la part de l'esprit tutélaire de son arme, il ne sut réagir à la nouvelle feinte de son adversaire. Le sabre entailla son épaule, libérant une gerbe de sang. La douleur fusa dans son corps et une image apparut dans son esprit. Complètement pris au dépourvu, il se désengagea du corps à corps en libérant une explosion plus conséquente que celles qu'il utilisait depuis le début.

Raiyo était lui aussi surpris. Il ne s'était pas attendu à ce que son assaut passe la défense impénétrable de son adversaire. Aussi, lorsqu'il vit que son rival portait la main à sa tête et non à son épaule, il haussa un sourcil.

Tandis que des flammes venaient guérir sa blessure, Hono essayait de comprendre ce qu'il venait de se passer. Dans son esprit, il analysait encore et encore la vue qui venait d'apparaître. L'image, figée dans le temps, lui montrait des personnes qu'il ne connaissait pas lui adresser un sourire. Ils semblaient autour d'un feu de camp, mangeant en rigolant. Ce fut alors que le jeune homme repéra, dans sa vision périphérique, une silhouette étonnement familière. Il ressentait une certaine proximité avec chacun des individus présents mais celle-ci, il savait qu'il avait vu récemment.

— Ne serait-ce pas Falcus ? lui demanda Dragenfer d'un ton se voulant inquiet.

— Tu as peut-être raison. Dommage que je ne puisse pas lui demander, vu que tu l'as détruit, grommela l'adolescent tout en se remettant en garde.

— Je sens que tu vas m'en vouloir longtemps pour cela. Cependant, ce n'est pas moi qui ait agi. C'était la malédiction de la renégate. J'appréciais énormément Falcus. Après ta disparition, il y a de cela deux cents ans, il est venu me prier tous les jours de l'aider à te ramener. Il a même affronté l'ancien gardien de mon arme juste pour me parler. J'ai respecté sa force jusqu'à ce que l'Envie me dévore au point où je ne pouvais plus rien faire. Mais sache que je regrette sa disparition.

La sincérité que ressentait Hono dans la voix du dragon le déstabilisa. Il n'avait pas imaginé un seul instant que l'esprit du reptile volant puisse éprouver une telle émotion. La voix de Raiyo parvint alors aux oreilles du jeune homme.

— Excuse-moi, que disais-tu ? s'enquit l'enfant divin des flammes.

— Tu veux continuer ce combat ? répéta son ami, visiblement inquiet.

— Peut-être auras-tu d'autres visions de ce genre en continuant ? se hasarda Dragenfer dans son esprit.

— Tu as raison, lui répondit mentalement le jeune homme. Oui, ne t'inquiète pas, poursuivit-il à haute voix à l'intention de son rival.

Voyant que ce dernier se remettait en garde, Hono effaça les préoccupations qui le taraudaient et il fonça. Le conseil du dragon lui revint en tête et il sourit. Faisant exprès de montrer une ouverture, il obligea Raiyo à charger. Ce dernier, inconscient du piège, fonça. Il fut donc complètement sans défense lorsque, à la suite d'une série d'explosions, Hono vint se placer dans son dos. Comme l'avait dit Dragenfer, l'enfant divin de la foudre fut emporté par son élan et il reçut donc de plein fouet le coup de poing de son ennemi. L'onde de choc l'envoya valser à quelques mètres mais il n'eut pas le temps de réagir. Son homologue du feu était déjà là, enchaînant les coups bas pour lui infliger un maximum de dommages. Excédé, Raiyo invoqua un éclair qui le percuta de plein fouet. L'électricité faillit griller son adversaire qui eut le réflexe de reculer tout juste à temps. Se régénérant par la même occasion, l'adolescent aux cheveux blancs prit une profonde inspiration. Il ne savait pas pourquoi mais, à chaque coup de son opposant, il lui semblait entendre une voix caverneuse lui dire des mots. Déboussolé, il secoua la tête, chassant les questions qui lui venaient à l'esprit et se concentra sur son combat.

En retrait, Kobura observait attentivement les réactions des deux garçons.

On dirait que quelque chose les dérange tous les deux. Je ferai bien de me préparer à intervenir avant que Hono ne se souvienne de son passé. Il ne faudrait pas qu'il se remémore certains événements. Cependant, je dois éviter d'attirer leur attention. Peut être lorsqu'ils seront plus concentrés.

Hono et Raiyo se foncèrent à nouveau dessus et croisèrent le fer. Désormais, à chaque fois que leurs armes respectives se touchaient, les garçons voyaient des images ou entendaient des mots. Ils ne comprenaient pas le phénomène qui se déroulait dans leur esprit mais ils sentaient bien qu'ils devaient continuer cette bataille s'ils voulaient en comprendre tous les mystères.

Après un énième échange, les deux adolescents comprirent. Ce n'étaient pas le fait de croiser le fer qui leur montrait ces visions.

C'est au moment où nos pouvoirs s'entrechoquent !

Raiyo se mit en position et sourit. Face à lui, Hono venait de prendre une posture atypique lui aussi. D'un simple regard, ils se comprirent mutuellement et décidèrent de tout donner. Cet échange visuel n'échappa pas à Kobura qui se raidit.

Mince, si je ne les arrête pas tout de suite, ils vont comprendre. Foutues armes divines ! Elles sont en train de communiquer entre elles !

Tandis que les deux garçons se fonçaient dessus, il bondit pour essayer de les arrêter au dernier moment.

Premier mouvement de l'école Eldrick revisité : Pluie d'éclairs !

Morsure sans recul du dragon !

Les trois lames de foudre se heurtèrent à la tête de dragon enflammée que venait de former l'enfant divin du feu. Arrivant une seconde trop tard, Kobura décida de jouer le tout pour le tout.

Prehabioprebol !

Quelque chose se forma au creux de sa main et les pouvoirs des deux enfants divins furent aspirés par l'étrange sphère. Au moment où il sentit qu'il allait réussir à endiguer les deux énergies, un éclair chuta du ciel tandis qu'une colonne de flammes s'échappa du lac de lave. Les deux apparitions brisèrent la création de l'homme maudit et l'obligèrent à reculer. Lorsqu'il put relever la tête, il vit que Camolauss et Dragenfer se tenaient au-dessus de leurs maîtres respectifs, l'observant avec haine.

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