Chapitre 2Les ruines de la prophétie

Fubuki, ne voyant aucune trace de son ami, ne put se retenir. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues pâles. La culpabilité lui nouait la gorge et elle sentit qu'elle allait éclater en sanglots. Alors qu'elle allait s'abandonner à la tristesse qui taraudait son cœur, une voix essoufflée en contrebas la fit sursauter.

— Un petit coup de main, ça serait pas de refus... grommela-t-elle sur un ton se voulant tout de même ironique.

L'adolescente se rua vers la corniche et hoqueta de surprise en apercevant une main qui dépassait de plusieurs racines. Elle la saisit et tira de toutes ses forces, réussissant petit à petit à remonter son ami d'enfance. Exténués, les deux enfants se laissèrent tomber sur le dos, reprenant leur souffle. Au bout de plusieurs minutes de silence rompu par quelques soupirs, Fubuki se redressa.

— J'ai cru que tu étais... commença-t-elle avant que sa voix ne meure dans sa gorge, entortillant machinalement une de ses mèches autour de son doigt.

— Tu te débarrasseras pas de moi aussi simplement, répondit-il, moqueur, toujours au sol.

Ses yeux regardaient défiler les nuages tandis qu'il s'efforçait de reprendre le contrôle des battements irréguliers de son cœur.

— Mais comment as-tu fait ?

Raiyo s'assit à son tour tout en visualisant ce qu'il avait fait pour se sortir de cette mauvaise passe.

La gravité l'avait soudainement attiré vers le bas. Sous lui, les vagues se déchaînaient à cause du souffle qu'avait soulevé l'hirougon. Sans réfléchir, Raiyo avait laissé libre cours à son pouvoir. Ce dernier s'était subitement déversé dans son corps. Le monde avait ralenti. Se retournant sur lui-même, il avait pris appui sur le débris du pont sous lui. Avisant les autres blocs de glace, il avait bondi. Chaque mouvement le rapprochait de sa cible : le rebord où il avait poussé Fubuki.

Plus qu'un !

Il avait tendu la main pour s'accrocher à un bout de rambarde encore fixé. Mais son énergie était arrivée à son terme. Le temps reprit son cours naturel et le corps du jeune homme retomba. Dans un réflexe inhumain, il réussit à planter son épée dans la falaise. Ce geste freina suffisamment sa chute pour qu'il s'agrippe à une plante solidement ancrée dans la roche.

— C'est vraiment pas de chance que ton pouvoir se soit coupé à la dernière seconde !

La remarque de Fubuki le fit rire. Il pivota la tête et nota les étoiles qui dansaient dans les yeux de son amie. Amusé, il voulut lui faire la remarque mais elle le coupa dans son élan.

— En tout cas, on a fini par arriver ici. Allez, dépêchons-nous de faire nos courses pour mon oncle et rentrons.

Devant le ton intransigeant de la jeune femme, Raiyo décida de garder ses réflexions pour lui. Il savait pertinemment que son amie employait ce ton pour dissimuler ses sentiments à son égard.

Grommelant intérieurement, le jeune homme se releva. Il commença à arpenter les ruines du temple d'Oraclos. Construite à même la montagne, la façade de l'édifice dénotait du reste du décor à cause de la pâleur de la pierre dans laquelle elle avait été construite. Utilisant sa mémoire, l'adolescent se rendit compte qu'il n'avait jamais vu ce genre de matériau au village ni dans ses alentours.

Tout à sa contemplation du bâtiment, Raiyo finit par trouver un amas de scarabées bleus possédant trois cornes qui se battaient entre eux. En les observant en détail, il aperçut que certains d'entre eux étaient recouverts d'une étrange peau. L'adolescent s'en saisit. Il sourit.

Voilà les mues de tenmados !

Il entreprit de retirer la mue des tenmados tout en cherchant des yeux son amie. Cette dernière, curieuse, observait avec attention les murs encore érigés de l'ancienne bâtisse. Lorsqu'il eut fini sa besogne, Raiyo remplit un baluchon des peaux mortes et, après l'avoir mis sur son épaule, il rejoignit Fubuki.

— Alors ? demanda-t-il. Contente des informations que tu as dégotées ?

— Ces gravures n'expliquent pas grand-chose d'intéressant. Je comprends vaguement que certains fidèles étaient consignés à la traduction des textes divins mais rien de plus. Viens !

Les deux amis s'enfoncèrent dans les ruines, s'éclairant à l'aide d'une torche qu'ils avaient déniché en fouillant un peu. Leurs pas soulevèrent des volutes de poussière. Ils durent se couvrir la bouche et le nez avec le haut de leur tunique pour ne pas tousser. Et encore, cela n'enlevait pas l'odeur de renfermé.

Ils progressèrent de plus en plus profondément dans les corridors étroits. La roche, parfois recouverte de mousse glissante, freinait leur exploration. A d'autres moments, c'était des toiles d'araignées immenses qui venaient les gêner. Raiyo s'en débarrassait alors à l'aide de son arme. Ce fut donc fourbus qu'ils débouchèrent dans une grande salle plongée dans les ténèbres. Seul leur flambeau diffusait un léger éclat.

Fubuki voulut passer la première, mais son pied refusa de bouger. Surprise, elle observa le sol. Ses yeux se posèrent sur des os englués par de la soie insectoïde. L'adolescente déglutit. Elle voulut prévenir Raiyo mais huit points rouges apparurent devant elle, la tétanisant. Aussitôt, une nouvelle lumière irradia, éclairant toute la pièce. Les deux amis protégèrent leurs yeux comme ils le purent. Lorsque la lueur diminua, ils abaissèrent leur main.

Un frisson parcourut leur corps. Devant eux, ils avaient la source de l'éclat. Une immense araignée les dominait de sa taille gargantuesque. Ses chélicères s'affairaient au niveau de ses mandibules.

L'adolescente de la glace voulut reculer. Elle ne fit que s'entraver, ses pieds encore bloqués dans la toile. Elle chuta, s'empêtrant encore plus dans les filaments. De son côté, Raiyo tenait son arme, menaçant. Mais la créature qui leur faisait face n'en avait cure. Elle étira soudainement sa toile entre ses pattes. Les enfants écarquillèrent les yeux lorsqu'ils virent une phrase tissée.

" Bienvenue voyageurs. Je me nomme Supaïda. Je suis la gardienne de la première épreuve. En tant que serviteur du dieu Oraclos, je dois proposer mon énigme à ceux qui viennent en ces lieux. Si vous échouez, je vous renverrai sans soucis à l'entrée mais je garderai vos souvenirs. "

Le garçon observa son amie qui répondit à son interrogation muette par un hochement de tête.

Elle a raison. On n'a pas le choix !

— Nous sommes prêts. Pose ton énigme, Supaïda ! dit Fubuki d'un ton impérial.

Immédiatement, le spectre recommença à tisser et broder sa toile jusqu'à l'étirer de nouveau devant les adolescents qui lurent ce qui y était écrit.

" Mon premier porte les voiles d'un bateau.

Mon deuxième est compris entre un et cinq.

Mon troisième est nécessaire à la survie d'un nourrisson.

Mon quatrième est la lettre qu'il faut enlever à lent pour trouver mon troisième.

Mon tout est ce que m'offrait mon maître de mon vivant pour me féliciter. "

— Quoi ? Mais c'est quoi cette énigme ? s'époumona Raiyo.

— C'est une charade, répondit Fubuki du tac au tac. Chaque partie de son énigme va nous donner des mots qui vont composer la solution. Maintenant, aide-moi.

— A quoi ?

— A résoudre la charade, andouille. Son premier est le mât du bateau. Le deuxième peut être deux, trois ou quatre. Mais j'ai du mal à trouver le troisième. Et sans lui, impossible d'avoir le quatrième.

— « Nécessaire à la survie d'un nourrisson » ... De l'air ? De l'eau ?

— Non ça ne doit pas...

Soudain, elle frappa son poing dans sa paume.

— Mais oui, c'est le lait ! Et donc, le quatrième est le N !

— On a donc Mât, quelque chose, Lait et N... C'est deux ! Et le tout forme...

— Madeleine ! répondirent les deux adolescents de concert.

Supaïda les observa quelques secondes avant de fermer ses huit yeux.

" Je vous félicite ! La prochaine épreuve vous attend. "

Tandis que le spectre de l'araignée disparaissait comme un mirage, les liens qui retenaient les enfants disparurent. Raiyo aida son amie à se relever. Après avoir échangé un sourire complice, ils avancèrent dans la pièce encore éclairée par la lueur fantomatique qui était restée.

Tout en progressant, Fubuki détaillait les dessins qui constellaient les murs des corridors. Étonnement, plus ils avançaient, plus l'édifice paraissait épargné par le temps, si bien que la jeune femme arrivait désormais à voir l'entièreté des détails des peintures rupestres. Ces dernières représentaient la création du monde, des humains et des monstres par la triade divine. Elle reconnut Hiannaho, le dieu de l'équilibre, créant Avana. A ses côtés, sa sœur, Asalia, déesse de la vie, façonnait les hommes. Enfin, derrière eux, Amadeus apportait sa pierre à l'édifice en créant les monstres.

Fubuki se décala. Elle vit la scène où Hiannaho châtiait son frère Amadeus, dieu des morts. Puis, Asalia, la déesse de la vie, paraissait pleurer. L'adolescente s'émerveilla de voir les larmes représentées comme des étoiles chuter depuis les cieux et toucher les humains. Ce fut alors qu'elle s'arrêta.

L'un des dessins montrait huit humains et, à côté d'eux, des symboles.

— Raiyo ? appela-t-elle d'une voix chevrotante.

Le jeune homme, occupé à ramasser les pierres luisantes que cherchait l'oncle de Fubuki, se redressa.

— Oui ? Il y a un problème ?

— Ces peintures parlent de nous.

— Pardon ?! s'étrangla le garçon en s'approchant du mur.

Il vit les huit personnes et les huit symboles qui les accompagnaient. Ces derniers représentaient respectivement un éclair jaune, une flamme rouge, une pierre marron, un soleil blanc, une goutte bleue, un flocon beige, un nuage gris et une lune noire. Les yeux de l'adolescent s'écarquillèrent d'autant plus lorsqu'il nota l'étrange cicatrice sur le front de l'individu associé à la foudre.

— Tu crois que c'est nous ? demanda le garçon.

— J'en suis sûre. Ce dessin te représente, il y a même ta cicatrice. Tu sais ce que ça veut dire ?

Machinalement, il porta sa main à son front, ses doigts effleurant la marque indélébile qui ornait son visage. En effet, âgé de neuf ans, il s'était enfui en plein orage de chez lui. Il avait été frappé par la foudre. Miraculeusement, il s'en était sorti indemne, à l'exception d'une marque rappelant les ramures d'une branche. Depuis lors, elle faisait sa fierté dans le village. Certains de leurs voisins l'appelaient parfois « Paratonnerre », en référence à cet épisode. Le souvenir s'estompa aussi vite qu'il était revenu au garçon. Ce dernier recentra son attention sur les gravures.

— On n'est pas les seules personnes capables de manipuler les éléments ! Visiblement, il y en a un pour le feu, la terre, le vent et l'eau. En revanche, c'est quoi les deux autres dessins ?

— Je dirais la lumière et les ténèbres. Et regarde ce dessin !

Fubuki pointait celui où Asalia pleurait.

— Nos pouvoirs ! C'est la déesse qui nous les a donné !

— Pourquoi elle aurait fait ça ?

— Je ne sais pas. Il manque la suite... grommela Fubuki en désignant le pan de mur suivant.

En effet, la frise se terminait sur cette dernière peinture.

— Il faut impérativement qu'on le découvre ! ordonna la jeune femme.

Raiyo hocha la tête. Ils reprirent leur exploration, d'un pas plus pressé qu'avant leur découverte. Ils finirent par débouler dans une nouvelle pièce. En son centre, une ombre planait au-dessus du sol. Ils se mirent en garde, leurs armes dégainées en direction de la silhouette informe. Cette dernière était éclairée par un puits de lumière qui illuminait un piédestal, légèrement en retrait de la forme. Enfin, posé dessus, un livre ouvert.

Voyant que la chose ne bougeait pas, les deux amis commencèrent à la contourner. Alors qu'ils allaient s'approcher du grimoire, les ténèbres flottant se scindèrent subitement en deux. S'étirant subitement, ils frappèrent de plein fouet les deux adolescents.

Aussitôt, Raiyo se retrouva dans un lieu entièrement blanc. Il ne semblait pas y avoir de sol, mais l'adolescent se tenait malgré tout debout sans difficulté. Ne voyant nulle part son amie, il commença à paniquer et à courir dans une direction, espérant la retrouver. Malheureusement pour lui, seul un infini monotone l'entourait. Alors qu'il allait céder à la peur, une masse noire se forma devant lui. Pris au dépourvu, Raiyo bondit en arrière et dégaina son arme. Cependant, la silhouette qui commençait à grandir ne semblait pas l'attaquer. Après quelques instants, une ombre humaine se tenait face au jeune homme qui écarquilla les yeux.

Malgré l'instabilité de sa forme, elle semblait être de la même taille que Raiyo et porter des cheveux hérissés en piques, bien plus courts que les siens.

— Enchanté, Raiyo Askénar de l'archipel du Léodaro. Mon nom est Akumu. Je suis le gardien du livre d'Oraclos. Je te le céderai, à toi et ton amie, si vous réussissez à battre une personne de votre futur. Es-tu prêt à relever mon défi ?

— Attends ! Dis-moi où est Fubuki !

— Ton amie se trouve elle aussi confrontée à une épreuve. Vous vous reverrez lorsque vous aurez passé mon épreuve, que ce soit en gagnant ou en perdant.

— Alors je n'ai aucun souci à me faire, répondit calmement le garçon. Peu importe ton épreuve, Fubuki est une battante.

Et sur ces mots, Raiyo se mit en garde.

De son côté, Fubuki était en bien mauvaise posture. La silhouette noire qu'elle affrontait était celle d'une frêle jeune femme. Malheureusement, les attaques qu'elle effectuait avec son trident étaient d'une puissance incommensurable. Cela faisait désormais plusieurs minutes que l'adolescente de la glace encaissait les estocs de son adversaire. Elle avait beau les parer avec sa lance, son adversaire ne montrait pas de signes de fatigue. En revanche, sa lance, elle, semblait sur le point de se briser. Maugréant contre l'être sombre, Fubuki se décida à se battre vraiment.

— Par ma voix, je te convoque. Toi qui ravage les cultures au printemps, je te somme d'apparaître. Pluie de giboulées !

Aussitôt, au-dessus des deux combattantes, apparurent des sphères de glace allant de la taille d'un simple caillou à celle d'un melon. Elles restèrent un instant en suspension. Soudain, elles plongèrent sur l'ombre. Cette dernière leva alors la main. Un dôme d'eau se forma autour d'elle. Surprise, Fubuki observa son attaque se faire dévier par la défense de son ennemie.

— Tu es comme nous ? demanda-t-elle à la forme qui baissa son trident.

— Non. Mon nom est Akumu. Je suis le gardien du livre d'Oraclos. Cette silhouette est celle d'une personne de ton futur. Je ne fais qu'emprunter son apparence et ses pouvoirs pour te mettre à l'épreuve. Maintenant, cesse de parler ! Attaque, enfant divin de la glace !

Interpellée par le nom que lui donnait Akumu, Fubuki eut tout juste le temps de se jeter au sol. Le coup horizontal de trident passa au-dessus d'elle.

Enfant divine ? Donc nous sommes bien des personnes élues par la déesse Asalia, comme je l'avais supposé en voyant la frise. Ça veut dire que cette silhouette est celle de l'enfant divine de l'eau.

Esquivant une nouvelle estocade, l'adolescente remarqua que son adversaire tendait la main devant elle.

— Concentre-toi sur ton épreuve, Larme d'Asalia ! rugit l'ombre.

Aussitôt, une vague se forma entre les deux combattantes. Elle emporta Fubuki qui ne s'y était pas préparée. Trempée et crachotant l'eau qu'elle avait avalée de travers, elle se redressa. En face d'elle, son adversaire armait son bras, prête à projeter son trident. Ce dernier était auréolé d'eau. Elle le jeta en une puissante cascade horizontale. Fubuki réagit à temps. Elle psalmodia.

— Par ma voix, je te convoque. Toi qui peux figer ce monde dans un paysage froid, je te prie de créer un rempart. Structure de glace !

Le mur qu'elle érigea devant elle explosa au contact de la trombe d'eau. L'onde de choc la projeta en arrière. Essoufflée après avoir autant mobilisé ses pouvoirs, l'adolescente eut du mal à se remettre sur ses pieds. Sa conscience vacillait. Ses yeux se fermaient d'eux-même. Elle vit son adversaire lui foncer dessus. Son trident s'approchait de son cœur.

C'est la fin... J'ai échoué... J'ai...

Une nouvelle énergie apparut. D'abord au creux de sa poitrine. Puis se propageant dans son corps. Elle emplit son être en un instant. Enivrée par ce nouveau pouvoir, l'adolescente se releva.

— Je refuse de perdre ! hurla-t-elle en reprenant sa position de combat.

Elle puisa dans ses émotions et hurla.

— Par ma voix, je te convoque. Toi qui résides au plus profond de mon être, je t'ordonne de jaillir. Blizzard !

Aussitôt, un vent glacial s'échappa de son corps. Il vint freiner la course de la silhouette de l'enfant divine de l'eau. Cette dernière essaya de lutter. Seulement, ses pieds commencèrent à se figer dans la glace. L'élément se mit alors à ramper sur son corps. Il progressait au fur et à mesure que le froid qui émanait de Fubuki devenait plus intense. En quelques secondes à peine, là où s'était tenue l'ombre, trônait désormais une sublime statue. À bout de souffle, l'adolescente se laissa tomber à genoux. Vidait de toute son énergie, elle sentit sa conscience s'abîmer dans les ténèbres. Elle entendit distinctement la voix d'Akumu résonner dans son esprit.

— Épreuve réussie.

Elle voulut sourire. Son corps refusa. Elle s'évanouit.

Sans se douter une seconde de ce qu'endurait sa meilleure amie, Raiyo chargea son adversaire. Ce dernier fit alors apparaître deux épées enflammées. Il para la frappe de l'adolescent. Surpris, il rompit le contact d'un bond.

Qu'est-ce...

Il n'eut pas le temps de se poser de questions. La silhouette représentant un garçon de son âge lui fonçait déjà dessus. Vifs, les deux ennemis échangèrent des coups sans réussir à prendre l'ascendant sur l'autre. Après plusieurs minutes d'essais infructueux, l'enfant divin de la foudre recula en même temps que son adversaire. Reprenant son souffle, Raiyo grimaça. L'ombre était une excellente combattante. Il allait rapidement se retrouver à court d'énergie.

Pas le choix, il va falloir recommencer.

— Par ma voix, je te convoque. Toi qui es en moi, jaillit comme une lance fulgurante. Éclair !

La foudre s'échappa de son corps. Elle alla percuter le projectile enflammé qu'avait créé la silhouette. N'essayant pas d'analyser plus les pensées de son adversaire, l'adolescent rompit la distance qui les séparait. Il essaya de placer plusieurs coups à la suite. Mais de nouveau, son adversaire para la totalité de ses assauts. Il ne montrait aucun signe de faiblesse. Raiyo eut alors une idée. Il sourit.

— Par ma voix, je te convoque. Toi qui es en moi, je t'invite à emplir pleinement mon corps. Vitesse foudroyante !

Il n'était pas complètement sûr de son coup. En effet, il avait déjà utilisé son pouvoir de nombreuses fois aujourd'hui. Il devait avoir atteint ses limites. Heureusement pour lui, l'énergie sembla répondre à ses attentes. Il sentit son pouvoir affluer, alimenté d'une nouvelle force.

Aussitôt, les mouvements de son opposant se firent alors plus lents. Il savait que cela ne durerait pas. L'enfant divin de la foudre enchaîna les taillades. Akumu eut l'air d'essayer de résister. Malheureusement, il avait en face de lui un véritable déluge de coups. Les assauts étaient si vifs qu'ils paraissaient ne laisser qu'une traînée de lumière. Au bout d'une dizaine de secondes, la silhouette sombre s'écroula, laissant Raiyo seul. Ce dernier coupa son pouvoir. Il tomba à genoux en se mordant les lèvres. Il sentait son corps se raidir. Ses membres se paralysaient.

J'aurais peut-être pas dû forcer autant...

Pendant qu'il commençait à sentir la douleur refluait, il entendit la voix d'Akumu résonner.

— Épreuve réussie.

Alors que la silhouette sombre disparaissait, deux immenses yeux reptiliens apparurent au-dessus de la tête de l'enfant divin de la foudre. Aussitôt, le ciel se teinta de rouge. Raiyo eut la sensation de voir les pupilles géantes sourire lorsqu'elles se posèrent sur lui. La même forme noire qui se trouvait dans la salle du grimoire se manifesta. Elle se plaça entre l'adolescent et le regard monstrueux.

Le jeune homme se sentit alors sombrer dans l'inconscience. Il eut cependant le temps d'entendre un échange de voix masculines.

— Mon frère, pardonne-moi...

— Je comprends parfaitement. Je ne t'en veux pas.

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