Chapitre 16 : Celui qui a tout vu

Raiyo ouvrit les yeux brusquement, brisant la concentration des deux jumelles. Elles furent repoussées, comme s'il les avait poussé lui-même. Heureusement pour elles, Zoldia et Asura les rattrapèrent de justesse avant qu'elles ne se blessent.

— On dirait que cela ne s'est pas bien passé, grommela le colosse en remarquant que Rubia était évanoui dans ses bras.

— Que s'est-il passé ? demanda la guerrière.

— Je... Je ne sais pas... J'étais... On aurait dit le monde intérieur dans lequel je peux parler avec Camolauss, mon arme divine. Cependant, je voyais des sortes de fantômes qui me montraient des techniques de sabre. Je les imitais mais, subitement, un animal les a remplacés et je me suis interrompu. Et puis je me suis réveillé.

— Se pourrait-il que ton éveil doit être entièrement réalisé pour que tu puisses l'acquérir ? se questionna Asura.

— Peut-être bien. En tout cas, une chose est sûre. Nous ne pouvons pas réitérer l'expérience pour le moment, tant que les jumelles ne se sont pas rétablies, commenta Zoldia.

— Elles vont bien ? Je ne leur ai rien fait ? s'inquiéta Raiyo.

— Non, ce n'est rien. Je me suis évanoui la première fois aussi. C'est simplement qu'elles ont puisé trop d'énergie pour t'aider à réaliser ton éveil, expliqua l'aveugle.

— Je vais aller les emmener se reposer, indiqua la guerrière en se saisissant délicatement de Rubia.

Tandis qu'elles s'éloignaient, l'enfant divin se tourna vers le Saint du feu.

— Maintenant que j'y pense, nous n'avons pas vraiment eu le temps de discuter depuis hier. Cela te dérange si nous apprenons à nous connaître ?

— Je n'y vois pas d'inconvénient.

Laissant Hono toujours en méditation, les deux adolescents allèrent s'asseoir plus loin, presque contre la figure de proue. Ils restèrent quelques secondes dans le silence, ne sachant pas comment commencer la conversation. Ce fut finalement Raiyo qui trouva la bonne question à poser.

— Les jumelles vivaient près du temple de la foudre. Comment se fait-il que tu n'y sois pas, toi ?

— D'après Kobura, ce n'est pas normal que je ne sois pas proche de mon temple. Cependant, il se pourrait que notre génération toute entière soit étrange.

— Que veux-tu dire ?

— Comme tu l'as certainement remarqué, je suis aveugle. Cependant, cela ne veut pas dire que je ne vois rien. Je suis capable, depuis aussi loin que je ne m'en souvienne, capable de voir l'énergie des gens. Hono et Kobura pensent que cela vient de mon pouvoir.

— Tu es capable d'influencer la colère des autres donc tu arrives à voir leurs... émotions ou quelque chose du genre ? récapitula Raiyo.

— En réalité, je peux influencer sur toutes les émotions, d'après Kobura. Cependant, je ne suis à l'aise qu'avec la colère. Je m'en sers pour me battre. Mais là n'est pas la question. Je ne le savais pas avant mais, maintenant que je vous ai côtoyé, je suis certain d'avoir croisé beaucoup de Saints durant le tournoi à Asterlia.

— Pardon ? s'étrangla à moitié l'enfant divin.

— Quand j'observe les gens, leurs énergies possèdent des couleurs. La plupart des gens sont en gris. Cependant, c'est différent pour les enfants divins et les Saints. Toi, ton énergie est d'un bleu-gris que je n'avais jamais vu auparavant. Les jumelles possèdent la même couleur mais elle est plus claire. Pour les autres enfants divins, c'est pareil. Hono est orange, Fubuki est blanche et Genkaï est marron. Pendant que nous partions d'Asterlia, j'ai aperçu une silhouette marron translucide et une autre bleu cyan tout aussi transparente. Je n'ai rien dit à l'époque parce que je pensais avoir rêvé mais en voyant Rubia, Saphira et Zoldia, je comprend désormais que c'était réel.

— Donc les Saints de la terre et de l'eau, je suppose, étaient à Asterlia ? Et dire qu'on les a ratés. Nous pourrons toujours y retourner après avoir récupéré l'arme de Hono. Merci de me l'avoir dit, Asura.

— C'est normal. J'ai compris que tu étais le chef ici donc c'est normal de t'en faire part.

— Je t'arrête tout de suite, il n'y a pas de chef dans notre groupe.

— Je n'en serai pas si sûr, à ta place. Tu es le seul qui semble avoir la tête sur les épaules et tu possèdes un sens aigu de la coopération. A mon avis, sans toi, les enfants divins n'ont aucune chance d'accomplir leur mission.

— Tu sais quelque chose à ce propos ?

— Oui, mais Kobura m'a demandé de ne pas en parler, désolé.

— En parlant de lui, de quelle couleur vois-tu son énergie ?

Aussitôt, le colosse aux cheveux blancs se raidit. Il déglutit difficilement.

— Lui, c'est... C'est étrange. Son énergie n'a pas de couleur. Je ne te dis pas qu'elle est noire, c'est une absence complète de couleurs. De plus, quand il passe près des autres, on dirait qu'il absorbe leurs couleurs.

Sentant le Saint du feu complètement terrifié, Raiyo décida de changer de sujet. Il lui demanda d'où il venait, comment avait-il appris son statut et dans quelles circonstances avait-il rencontré Kobura et Hono.

— Je suis originaire d'un petit village à la bordure du désert d'Orkeun, au sud-ouest du continent que nous venons de quitter. Comme tu te doutes, je suis né dépourvu du sens de la vue. Néanmoins, mon don était présent depuis toujours. Cela n'a jamais étonnée ma mère car elle disait que j'étais "son petit dieu" et que, par conséquent, j'avais été béni par une divinité.

— Ta mère savait pour tes pouvoirs ? Et elle n'a pas trouvé cela bizarre ?

— Non jamais. Mais les autres habitants du village ont commencé à raconter des choses étranges sur nous. D'après eux, ma mère n'avait jamais fréquenté d'homme et, dès que quelqu'un, y compris moi, cherchait à en apprendre plus sur mon géniteur, elle restait évasive. Finalement, lorsque j'ai eu huit ans, d'autres enfants ont commencé à me traiter de monstres et à me caillasser. Et c'est là que la vérité sur mon statut de Saint s'est révélée. La colère est montée en moi et une forme de nuage s'est échappée de mon corps. Aussitôt, les autres ont été pris de convulsions pour certains tandis que ceux encore debout se sont jetés dessus pour les frapper. Cela m'a tellement choqué que mon pouvoir s'est immédiatement arrêté. Mais l'incident avait fait un mort. Les enfants ont rapporté ce qu'il s'était passé à leurs parents et, fous de rage, ceux du garçon décédé se sont jetés sur ma mère. Ils l'ont roué de coups, l'insultant et la traitant de sorcière. D'autres adultes m'avaient saisi et je ne pouvais que voir les silhouettes de ses fous la frapper jusqu'à ce qu'elle ne meurt à son tour.

Asura marqua un petit silence, reprenant sa respiration. Raiyo s'inquiéta pour lui mais il ne semblait que peu affecté par sa propre histoire. Ou du moins, il semblait étrangement calme.

— Tu te demandes comment je fais pour ne pas pleurer ou m'énerver en parlant de mon passé ? demanda le colosse.

— En effet. Tu utilises ton pouvoir sur toi ?

— Non, pas du tout. J'ai simplement fait mon deuil. Tu devrais en faire autant.

— Comment... commença l'enfant divin.

— Je ne suis pas dupe. Je peux ressentir au fond de ton cœur une multitude d'émotions comme la peur, la tristesse et surtout, le regret. Je suppose donc que tu as perdu des êtres chers.

— C'est en effet le cas. Je t'en parlerai après que tu aies fini ton histoire, si tu le veux bien.

Le Saint du feu hocha la tête et reprit son histoire.

— Alors que les villageois s'approchaient de moi, je suis rentré dans une sorte d'état second. Quand j'ai repris mes esprits, tout le monde était à terre à l'exception d'un homme avec une cape de voyage.

— Kobura, n'est-ce pas ?

— Exact. Il m'a dit qu'il m'avait sauvé et m'a demandé de me rendre à Asterlia pour le tournoi de cette année. Là-bas, j'y rencontrerai quelqu'un qui changerait ma vie. En plus, il m'a donné suffisamment d'or pour que je puisse me débrouiller pendant deux ans. Je n'avais donc aucune raison de ne pas accepter. J'ai donc commencé à voyager jusqu'à Asterlia et, il y a de cela trois ans, j'ai atteint ma destination. Il m'avait fallu neuf ans pour y arriver, notamment parce que je me suis perdu plusieurs fois et que j'ai été blessé à de nombreuses reprises. J'ai ensuite passé ces trois ans à m'entraîner et à me renforcer physiquement pour être prêt à rencontrer cette personne.

— C'était donc Hono, cette personne.

— En effet. J'ai alors revu Kobura qui m'a tout expliqué et nous avons ensuite participé au tournoi pour vous tester discrètement. Puis nous sommes partis vers l'île d'Ambryn et nous nous sommes à nouveau rencontrés. Vous savez tout, désormais.

Raiyo hocha la tête et décida de raconter sa propre histoire. Comment il avait découvert ses pouvoirs en compagnie de Fubuki, comment ils avaient découvert des informations sur la prophétie dans les ruines près de chez eux. Alors qu'il abordait l'attaque de l'hirougon et notamment le passage où il avait reçu l'aide du dieu suprême, il nota que Asura se raidissait légèrement. Cependant, comme il ne réagit pas plus, l'enfant divin décida de ne pas lui faire remarquer son geste. Alors qu'il finissait de raconter ses mésaventures dans le temple de la foudre, les deux adolescents virent Hono se relever et s'étonner de les voir ensemble. Il les rejoignit et ils discutèrent paisiblement de tout et de rien.

Le soir venu, ils descendirent tous les trois dans la salle où ils mangèrent en compagnie des marins et du capitaine. Après le repas, ils se regroupèrent à la demande de Kobura dans la chambre commune des filles où ils ne risquaient pas de rencontrer des membres de l'équipage et, vu que Sonia passait son temps en compagnie du navigateur pour discuter de voyages, ils savaient qu'elle ne viendrait pas les déranger. Une fois sûrs qu'ils ne seraient pas dérangés, ils s'assirent pour écouter ce que l'homme avait à leur dire mais un coup à la porte les mirent sur leurs gardes. Kyoseï, le plus proche du panneau de bois, s'approcha et l'ouvrit.

— Genkaï, tu es enfin réveillé ! s'exclama-t-il en souriant. Tu vas mieux ?

— Oui, ça va. Un matelot m'a indiqué que vous étiez là. Que se passe-t-il ? les questionna l'enfant divin de la terre en prenant place.

— En effet, je serai bien curieuse de tes raisons. Pourquoi vouloir nous parler maintenant ? demanda d'un air bougon Fubuki.

— Je souhaitais répondre à vos différentes questions, Fubuki. Après tout, il me semble que tu sois la seule ici présente à ne pas savoir qui je suis réellement.

— Laisse-moi deviner. Tu es un gars que Raiyo a ramené parce que tu as une noble cause et qu'on ne pouvait pas te laisser dans le besoin, railla-t-elle d'un ton sarcastique.

— Non, je dirais plutôt que cette personne, c'est toi. Moi, je suis simplement votre ancêtre, répondit calmement l'homme.

Et sur ces mots, il fit apparaître entre ses doigts une boule de feu enrobée d'éclairs. A l'exception de Raiyo, Hono et Asura, tous sursautèrent en voyant les deux éléments coexister au creux de sa main. Mais comme cela ne semblait pas suffir pour l'enfant divin de la glace qui allait faire une nouvelle réflexion, de l'eau et de la glace apparurent autour de la foudre, tandis qu'un bol de terre se formait et qu'une brise se levait dans la cabine.

— Dois-je te montrer le reste pour que tu gardes tes stupides railleries ou cela te suffit pour comprendre que je ne suis pas n'importe qui ? s'enquit l'adulte avec un sourire amusé devant l'air effaré de la jeune femme.

Cette dernière allait ouvrir la bouche mais Kobura ne lui laissa pas le temps de parler. Son énergie se matérialisa et, comme un serpent, cette dernière sembla s'enrouler autour de l'adolescente, l'oppressant au point où elle commença à manquer d'air. Mais, aussitôt, un bruit retentit et tous tournèrent la tête en direction de l'homme aux étranges pouvoirs. Zoldia, derrière lui, venait de placer son arme rengainée au niveau de sa gorge.

— Je sais qu'elle est énervante, mais ce n'est pas une raison pour la blesser. Alors si tu ne veux pas que je me débarrasse de toi, je te prierai de cesser de la torturer.

— Bien que l'idée soit tentante de t'affronter, ma chère Zoldia, je dois reconnaître que personne ne survivrait à un combat nous opposant. Tu as raison, j'ai perdu mon sang-froid. Excuse-moi Fubuki, mais ton caractère de sale gosse commençait à m'agacer. Je ne me rappelle pas que tes prédécesseures soient aussi énervantes. Certes, elles étaient peu bavardes, mais je ne les ai jamais vues être aussi bornées que toi. J'espère que tu apprendras à te tenir, sinon tu ne feras pas long feu.

Pendant qu'il parlait, il avait relâché son étreinte et Fubuki était tombée au sol, reprenant difficilement sa respiration.

— Que... Qu'est-ce que tu es ? finit-elle par dire, la voix enrouée.

— Je pensais qu'une jeune femme comme toi l'aurait compris facilement mais je vois que, comme je viens de te le dire, tu n'es pas au niveau de celles qui ont détenu ton pouvoir. Je suis un enfant divin, au même titre que vous. Seulement, plusieurs choses nous opposent. La première est mon âge. J'ai deux mille ans.

Un silence suivit sa déclaration, les adolescents incrédules à l'idée qu'il soit aussi âgé.

— Je me doute que vous ne me croyez pas. Mais, si vous tenez à obtenir une preuve, je peux vous en donner une. Vous devez posséder un des ouvrages d'Oraclos, l'un des exemplaires du grimoire des prophéties. Ouvrez-le et regardez la troisième page. Vous y verrez des dessins des premiers enfants divins.

S'exécutant, Fubuki ouvrit l'ouvrage et tous se penchèrent par-dessus son épaule. Ils virent des silhouettes, de dos, face à deux immenses yeux reptiliens.

— Le quatrième en partant de la gauche, regardez avec attention son épaule droite, indiqua Kobura en retirant son haut et en se tournant.

Les adolescents virent un tatouage sur le livre et, en relevant les yeux, ils purent confirmer que c'était le même dessin qui ornait l'omoplate de la représentation et de l'homme.

— Mais comment pouvez-vous être aussi vieux ? s'étonna Len.

— Je dois ce présent à notre très cher Astrid, la déesse de la vengeance et renégate. Mais laissez-moi vous conter mon histoire. Par contre, je vous préviens, ne me coupez pas ou je pourrais m'énerver.

Il lança un regard en direction de l'enfant divin de la glace qui se renfrogna légèrement mais n'ajouta rien.

— Je vais essayer de faire court car je ne peux pas vous raconter plus de deux millénaires en une soirée alors je ne vais parler que des choses importantes. A mon époque, les monstres étaient un véritable fléau mais nous ne pouvions rien faire pour les affronter. Aussi, lorsque mon père a découvert que je pouvais commander les éclairs lors des orages, il m'a appris à me battre et à survivre en utilisant mes pouvoirs. J'ai, après sa mort, parcouru le monde pour essayer de détruire les bêtes de Hiannaho mais ils semblaient revenir à l'infini. C'est alors que j'ai eu une vision. Quelque chose me demandait de me rendre sur une île que personne ne connaissait. Sur le chemin, j'ai rencontré d'autres personnes comme moi, des enfants divins. Ensemble, nous avons fait route jusqu'à cette île où nous avons affronté Astrid. En revanche, ma mémoire est confuse et je ne me souviens de rien, ni du combat, ni de la localisation de l'île. Quand je me suis réveillé, j'étais seul et mon visage possédait cet étrange stigmate.

Il marqua une petite pause afin de laisser son auditoire analyser ce qu'il venait de dire.

— Alors que j'errai à la recherche du lieu de résidence de la renégate, j'ai rencontré d'autres enfants divins, y compris un enfant possédant les mêmes pouvoirs que moi. Je les ai accompagnés, sachant qu'ils me mèneraient à Astrid. Et, quand nous y sommes arrivés, la déesse de la vengeance m'a révélé que, m'étant enfui durant mon premier combat contre elle, elle m'avait maudite, m'obligeant à vivre tant qu'elle-même vivrait. Et, devant moi, elle a massacré la deuxième génération d'enfants divins, me laissant impuissant. J'ai alors décidé de me renforcer, pour essayer de la vaincre. J'ai essayé, tous les cent ans, d'aller la confronter avec les autres enfants divins mais, à chaque fois, nous perdions. Elle les tuait, s'amusant de mon malheur.

Il reprit son souffle, grommelant légèrement quand il vit que Fubuki semblait sur le point de parler. Mais un simple regard envers Zoldia lui fit comprendre que l'adolescente ne parlerai pas tant qu'il n'aurait pas fini. Il reprit donc son monologue.

— Et c'est alors que les dieux ont décidé de revenir nous aider. Oraclos a écrit des ouvrages vous permettant de vous renseigner et, de surcroît, de vous protéger tant que vous n'étiez pas capables de vous battre par vous même. Vous aviez, en plus, l'irrésistible envie de vous approcher des ruines où les grimoires se trouvaient. De plus, voyant que cela ne suffisait pas, Anbiru, dieu des forgerons, a créé des armes pour vous octroyer plus de forces afin de vaincre la déesse renégate. Enfin, d'autres dieux ont accordé leurs forces à d'autres humains ainsi que des consignes qui permettaient aux enfants divins de s'améliorer à un niveau bien au-delà.

Comme il semblait que l'homme avait terminé, l'enfant divin de la glace leva la main, attendant, pour une fois, sagement qu'on lui donne la parole.

— C'est bon, je ne vais pas non plus te tuer si tu respectes ce que je te dis, grommela Kobura à son encontre.

— C'est bien beau de nous raconter tout ça, mais tu ne nous expliques pas tout. Pourquoi possèdes-tu tous nos pouvoirs ? Normalement, tu ne devrais être capable que de manier l'électricité, comme Raiyo.

— Excellente question. Tu remontes dans mon estime, gamine. Et bien saches que je n'en sais strictement rien. Quand je me suis réveillé après mon premier affrontement, j'en étais tout simplement capable.

— Sieur Kobura, puis-je vous questionner sur un point de détail qui me taraude ?

— Bien sûr, Genkaï. Je dois reconnaître que c'est amusant, tu ne parles pas du tout comme les autres membres de ta lignée d'enfants divins. Je m'attendais à ce que tu sois comme Greg, mon vieil ami. Une sorte de barbare qui ne savait pas vraiment parler. Son truc à lui, c'était plutôt les grognements. Mais je m'égare. Ta question était...

— Comment réussissez-vous à fuir le combat contre Astrid à chaque fois ?

— Il semblerait que, lorsque les enfants divins d'une génération soient tous morts, Astrid récupère une partie de sa puissance scellée. Cela lui a permis de me repousser à chaque fois.

— Mais pourquoi ne pas t'achever ? s'étonna Hono.

— Je te l'ai déjà dit, Hono. Il semblerait qu'elle s'amuse de me voir essayer encore et encore de la vaincre. Je me demande si elle n'est pas sadique, tout simplement. D'autres questions ?

— Quand est-ce que les armes et les Saints sont apparus ? demanda Kyoseï, qui semblait avoir remarqué que quelque chose n'allait pas.

— Les armes divines sont apparues il y a de cela mille ans. Et les Saints, je dirais à peu près cinq cents ans. Pourquoi ?

— Il me semble que Rubia et Saphira m'aient dit que les Saintes de la foudre avaient toujours combattu aux côtés des enfants divins de la foudre. Je ne me trompe pas, les filles ?

— Non, c'est bien ce que l'on nous a appris, s'exclama l'une des jumelles.

— Qui vous l'a dit ? répliqua l'homme millénaire.

— Nos maîtresses. Elles le savaient de leurs maîtresses et ainsi de suite, répondit la deuxième fille.

— Faisons simple. Savez-vous comment s'appellait leur premier compagnon de route ?

— Il me semble qu'il s'agissait d'un certain Ferdil.

— Donc cela me confirme ce que je pensais. Ferdil était mon successeur. Or, il est impossible que vos ancêtres ne les connaissent puisqu'elles sont apparues il y a cinq cents ans. Je pense que les dieux ont modifié les mémoires des humains pour cacher leurs erreurs. Après tout, cela ne m'étonne pas de ceux qui envoient des humains innocents à la mort pour faire leur sale boulot.

Les mots avaient été crachés comme du venin, le ton de l'homme indiquant qu'il était vraiment en colère.

— D'autres questions ? finit-il par dire en se reprenant.

Aucun des adolescents ne se manifesta.

— Bien, nous pourrons en reparler une autre fois mais, excusez-moi, je vais avoir besoin de me reposer. C'est la deuxième fois que je montre mes pouvoirs aujourd'hui, et, comme vous, cela m'épuise grandement. Je vous souhaite une bonne nuit.

Il quitta la pièce et le groupe se dispersa rapidement.

Les jours suivants, les adolescents et les enfants continuèrent leurs entraînements respectifs. Raiyo avait beau essayé encore et encore de réaliser les enchaînements que les jumelles lui montraient, il ne cessait de bloquer sur le moment où l'animal apparaissait. Cela l'énervait mais Hono lui remontait le moral, lui montrant que lui ne faisait qu'accumuler de l'énergie en méditant plusieurs heures par jour.

Les soirs, ils demandaient à Kobura de leur raconter des histoires de l'ancien temps, essayant d'en apprendre plus sur le passé et sur les différents compagnons de voyage de l'homme millénaire.

Et, enfin, au bout d'une semaine de voyage, ils finirent par avoir leur destination en visuel.

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