Une nuée de lanternes

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Dans des temps anciens, les dieux virent en les alphas un danger pour les omégas. Ces derniers regagnèrent les cieux pour vivre en sérénité. Ainsi l'existence des deux genres fut menacée. Les divinités voulurent préserver la pérennité des espèces en autorisant leurs protégés à descendre sur terre pour y trouver leurs âmes sœurs. S'ils y arrivaient, leur paire devrait envoyer dans l'atmosphère une nuée de lanternes en leur nom.

Chaque année, les omégas rejoignaient le monde des humains dans l'espoir de retrouver leur aimé. Hélas, beaucoup d'entre eux regagnèrent le royaume céleste bredouilles. Les alphas avaient oublié leur devoir envers eux et les avaient transformés en légende urbaine.

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Xie Lian posa les pieds sur l'herbe fraîche, des perles de rosée se déposèrent sur ses bottes. Il observa les alentours, émerveillé. Les feuilles vertes des arbres dansaient avec la brise printanière. Des fleurs de multiples couleurs tapissaient le sol, leurs odeurs chatouillèrent ses narines. C'était la première fois qu'il voyait de ses propres yeux la beauté de la nature. Il fit quelques pas lorsque des papillons volèrent tout autour de lui. L'un d'eux se posa sur son index. Il admira la somptuosité de l'animal juste avant qu'il ne reprenne son envol vers les cieux.

Un sentier se dessina au loin, Xie Lian l'emprunta. Il n'y avait pas une âme qui vive, sur le chemin. Quelques heures s'écoulèrent avant qu'il n'aperçoive enfin une cité. L'allée centrale était animée par des ruraux aux vêtements simples. Des vendeurs hurlaient devant leur échoppe. Une auberge attira son attention, les marches menaient à une porte sculptée de petits renards. Il gravit l'escalier et y entra. À l'intérieur, les clients s'imbibaient d'alcool de riz en discutant autour des tables. Une senteur puissante de bois de santal fit chavirer son cœur ; elle provenait de l'arrière d'un rideau pourpre. Le tenancier le regarda avec insistance. Il baissa la tête et s'installa au comptoir.

— Que veut boire l'étranger, demanda l'aubergiste.

— Je ne sais pas, balbutia Xie Lian, intimidé.

— Ici, on n'a pas de temps à perdre. Donne-lui ce que prennent les autres clients, ordonna le patron à un employé.

L'employé déposa un modeste verre à pied devant lui. Xie Lian y porta ses lèvres et avala le breuvage. Le liquide lui brûla la langue et la trachée lorsqu'il dévala jusqu'à son estomac. Peu habitué à l'eau-de-vie, il toussa, se massa les tempes et sentit le poids des regards sur lui.

— Hé, petit ! Quand on ne supporte pas l'alcool... le gaussa le tenancier, on ne vient pas dans une auberge.

Xie Lian ne répondit pas à cette boutade. Une sensation étrange se diffusa dans son être et des étourdissements s'emparèrent de sa tête. Sa vision se troubla peu à peu. Une chaleur incandescente parcourut ses veines. Il n'avait bu qu'une seule fois dans sa vie et ne connaissait donc pas cette réaction de son corps. Bouleversé, il essaya de se lever et perdit conscience. Toutes les personnes présentes sentirent une odeur alléchante émaner de lui ; certains s'avancèrent. Une voix tonna soudain :

— Que personne ne s'approche de lui !

Tous reculèrent par peur. Un homme à la carrure imposante franchit le rideau pourpre. Les papillons qui ornaient ses bottes tintèrent. Il était vêtu d'une tunique au rouge flamboyant et une ceinture sombre décorée d'argent soulignait sa finesse. Ses longs cheveux noirs bougeaient à chacun de ses pas. Les traits de son visage diamant était durs et un nez droit trônait entre ses grands yeux ambres ; une certaine douceur transparaissait toutefois de son regard. Ses lèvres effilées s'étirèrent, plus il se dirigea vers Xie Lian.

Il s'arrêta juste devant lui et resta souffle coupé face à sa grande beauté. Magnétisé, il le détailla du regard : la tenue qu'il portait, d'un blanc immaculé, sublimait sa peau laiteuse. Un ruban de soie était entouré autour de son cou et sa chevelure ébène recouvrait partiellement son visage. Il dégagea quelques mèches pour l'admirer un peu mieux. Son charme angélique était un régal pour les yeux. Sa bouche sensuelle invitait au péché originel et ses pommettes rosâtres apportaient une touche colorée à sa peau de porcelaine. La finesse de son nez parachevait le tableau parfait de sa beauté. Il glissa une main ferme sous le dos de Xie Lian, le souleva en enserrant sa taille mince et le porta dans ses bras.

— Donne-nous de l'eau, exigea-t-il sur un ton acerbe.

— Oui, tout de suite, mon seigneur...

Le patron s'exécuta, remplit un jarre et la mit sur un plateau. L'homme traversa la tenture vermeille et installa son inconnu sur un sofa écarlate. Ce dernier gémit et prit une position fœtale. Quelques secondes s'écoulèrent avant que le tenancier n'arrive avec la commande. Le souverain le congédia d'un geste de la main et s'empara du mouchoir caché dans sa poche. Il l'imprégna d'eau et tamponna délicatement le front de Xie Lian, qui finit par ouvrir les paupières.

Apeuré, ce dernier se redressa dans un geste rapide. Le seigneur, surpris, s'éloigna et se contenta de l'observer. Les deux hommes se perdirent dans le regard l'un de l'autre. Le temps sembla s'arrêter, l'espace d'un instant.

— Je me nomme Hua Cheng. Je suis le souverain de cette cité. Puis-je avoir ton nom ?

— Je... je m'appelle Xie Lian.

Il détourna la tête et rentra le menton. Hua Cheng désirait déjà tout découvrir de cet ange tombé du ciel.

— D'où viens-tu ? Je ne t'ai jamais vu ici, fit-il, intrigué.

— Je viens de... s'interrompit Xie Lian.

Avant de partir, les dieux lui avaient conseillé de ne pas révéler ses origines. Hésitant, il fixa Hua Cheng. Ce dernier sourit et s'assit à ses côtés avec un air rassurant.

— Ne t'inquiète pas. Je ne te ferai aucun mal, je te le promets.

— Du royaume des cieux... murmura Xie Lian

Les yeux de Hua Cheng s'écarquillèrent. Il avait entendu des centaines de légendes toutes plus absurdes les unes que les autres, mais il ne se souvenait pas en avoir connue une seule sur la monarchie des Tout-Puissants. Xie Lian fixa anxieusement l'entrée.

— Peux-tu m'en dire plus tout en nous baladant ? J'aimerais te connaître.

Voyant dans cette demande une échappatoire possible Xie Lian acquiesça. Le seigneur lui tendit une main, qu'il saisit avec précaution, pour l'aider à se relever. Tous deux sortirent du salon particulier sous les regards curieux des sujets. Dans la rue, tout le monde salua leur dirigeant. Les vendeurs l'interpelaient pour lui proposer leurs vivres. Mais Hua Cheng n'avait d'yeux que pour Xie Lian et le guida jusqu'à un jardin, éloigné de l'agitation de l'allée centrale.

Ils franchirent ensemble une entrée de saules pleureurs pour arriver à l'éden privatif du souverain. Charmé par la magnificence du lieu, Xie Lian contempla chaque détail aux alentours : les arbres formaient un cercle et dissimulaient l'endroit des regards indiscrets. Un vaste étang devant lequel était disposé un banc se trouvait en face eux. Des fleurs de porcelaine dont le parfum enchantait les sens parsemaient le jardin. Hua Cheng l'invita à s'assoir sur le banc.

Xie Lian admira les carpes Koï qui nageaient paisiblement dans le bassin. Séduit par son innocence, Hua Cheng entama la conversation.

— Tu m'as dit que tu venais du royaume des cieux ? Que faisais-tu là-bas ?

— Oui, je suis un protégé des Dieux célestes, répondit Xie Lian.

— Un protégé ? Es-tu en danger sur terre ? s'inquiéta-t-il.

— Oui et non. Je suis un oméga... Je suis venu trouver mon âme sœur.

Le silence s'installa peu à peu. Hua Cheng se rappela de ce dont sa nourrice lui avait parlé, alors qu'il n'était qu'un enfant. Depuis des millénaires, personne n'avait plus rencontré d'omégas, les dominants pensaient depuis lors qu'il n'existaient pas. Leur attention se porta ainsi sur les bêtas, uniques partenaires possibles sur la terre. Pourtant, actuellement, il y en avait bel et bien un sous ses yeux. Un rayon lunaire illumina le visage de Xie Lian. Le seigneur était subjugué par sa délicatesse et sa pureté.

— Moi, je suis un alpha solitaire.

Stupéfait par ses mots, Xie Lian pencha la tête sur le côté . Comment un homme si charmant pouvait-il être seul ? Sa carrure athlétique et son charisme devaient plaire. Le vent fit voler quelques mèches de la chevelure de Hua Cheng et diffusa son essence envoûtante. Désorienté par ce parfum musqué, Xie Lian sentit les battements de son cœur s'emballer. Tout lui paraissait si irréel aux côtés d'un alpha. Il était descendu dans le but d'en chercher un, mais jamais il ne se serait imaginé que ce dernier serait venu de lui-même à sa rencontre. Il désirait en savoir plus sur cet être fascinant.

— Solitaire ?

— Oui, je n'ai pas encore trouvé une personne qui me convienne. Enfin, pas avant ce soir... déclara Hua Cheng, un brin charmeur.

— Vraiment ? Qui est cette personne ?

— Disons que j'attends de voir si je lui conviens aussi... ricana-t-il en le fixant droit dans les yeux.

Troublé par sa dernière phrase, Xie Lian détourna le regard et observa les étoiles dans le ciel, songeant au temps qui lui restait avant de retourner vers les siens.

— Qui est cette personne...

— C'est toi, avoua Hua Cheng.

Xie Lian demeura muet. Avait-il bien entendu ? Les yeux rivés vers les cieux, il se garda de répondre. Seule la brise murmurait à leurs oreilles lorsqu'un nuage de lucioles les survola. Fasciné par le spectacle, Xie Lian se leva et agita sensuellement les bras pour les toucher. Sous le charme, Hua Cheng le rejoignit. Les insectes tournoyèrent autour d'eux dans une constellation de lueurs orangées, offrant une scène féérique.

Hua Cheng saisit sa taille et l'attira à lui. Xie Lian eut un mouvement de recul mais accepta cette proximité, inédite pour lui. Leurs deux visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Le souverain s'approcha encore et déposa ses lèvres contre les siennes. Xie Lian demeura immobile, c'était la première fois qu'on l'embrassait... Ignorant ce qu'il devait faire, il préféra laisser le contrôle à Hua Cheng. Ce dernier pinça son menton entre deux doigts pour entrouvrir sa bouche et partit à la conquête de sa langue. Le baiser passa de chaste à passionné. Leurs souffles étaient profonds et leurs yeux pétillaient, lorsque l'instant prit fin.

La bague au tour du cou de Xie Lian étincela, signe qu'il devait retourner chez lui. À regrets, il le repoussa et s'enfuit à toutes jambes.

Hua Cheng essaya de le rattraper, en vain. Il avait déjà disparu. Le cœur lourd, il regagna alors sa demeure.

À l'orée de la forêt, Xie Lian jeta un coup d'œil derrière lui; il était seul. Les bois étaient peu accueillants et le chemin escarpé. Il s'enfonça malgré tout dans les profondeurs des fourrés, déçu. Son anneau le guida jusqu'à une clairière ou un faisceau illuminait l'herbe et montait vers le ciel. Il se glissa à l'intérieur et profita de son ascension pour contempler la cité. Une larme dévala sa pommette.

Quelques jours s'étaient écoulés. Hua Cheng était assis sur son trône. Le coude appuyé sur le repose-bras et la joue dans la paume, il ne cessait de penser à cet instant magique, à ce baiser échangé avec cet être angélique. Cela faisait trois jours qu'il n'avait pas eu la force de quitter ses appartements. Accablé, il envoya des soldats à la recherche de Xie Lian. Malheureusement, les hommes revinrent sans le moindre indice. Il passa donc toutes les nuits à contempler le ciel, dans l'espoir, qu'un jour, il reçoive un signe de lui. Seul et désemparé, il se morfondait entre les murs froids de sa demeure.

Le capitaine de la garde accourut jusqu'à lui, essoufflé. Hua Cheng daigna à peine lui adresser un regard et se contenta de soupirer.

— Mon seigneur, j'ai trouvé un vieux livre qui parle d'une légende sur les omégas.

Hua Cheng releva la tête et fixa l'homme, intéressé.

— Il est dit que quand un alpha rencontre son oméga, il doit faire voler des lanternes jusqu'au royaume céleste avec le nom de son âme sœur dessus.

— Montre-moi ! ordonna-t-il.

Le capitaine s'exécuta et apporta le manuscrit à son souverain. Hua Cheng en lut chaque page avec la plus grande attention. Xie Lian hantait toutes ses pensées, depuis le premier jour. Il remercia son homme de main et marcha jusqu'à sa terrasse. Les rayons du soleil réchauffèrent sa peau alors qu'il admirait le ciel avec impatience. Si ce que son soldat venait de lui expliquer s'avérait vrai, il pourrait revoir son oméga... Cet être unique qui était le seul à faire battre son cœur. Il ne réfléchit pas une minute de plus et envoya tous les serviteurs acheter ce dont il avait besoin.

Les heures s'écoulèrent avec angoisse pour Hua Cheng, qui effectuait les cent pas dans la salle du trône. Plus il observait la lune monter dans le ciel, plus le doute l'envahissait.

Ses gens arrivèrent au pas de course avec quatre-mille lanternes rouge vif. Il inscrivit sur chacune d'elles le nom de son aimé et demanda à ses soldats de l'accompagner pour les transporter jusqu'à son jardin secret.

Ils traversèrent les saules pleureurs et les déposèrent devant l'étendue d'eau. Hua Cheng utilisa son flux d'énergie spirituel pour se maintenir sur l'étang, fit des allées et venues entre le milieu et le bord de celui-ci. Il laissa s'envoler les lampions en hurlant aux cieux le nom de Xie Lian. L'astre lunaire illumina les flots et les lanternes formèrent un immense nuage, telle l'échappée de milliers de lucioles. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il prononça le nom de son bien-aimé durant un temps interminable, déterminé plus que jamais à le revoir. Le nom de Xie Lian résonna dans toute la cité.

 Les bras croisés sur la rambarde, Xie Lian admira la nébulosité. Il ne cessait de penser à Hua Cheng, depuis qu'il était rentré au royaume. Les Dieux lui avaient expliqué que si le seigneur ne faisait rien, il resterait ici à jamais. Chagriné par l'idée, il avait pris l'habitude de passer une grande partie de ses soirées à observer le ciel. Tous les autres omégas étaient revenus sans le moindre espoir, mais lui avait eu la chance de rencontrer un alpha, créant de nombreux envieux. Ses congénères se moquaient souvent de lui en disant « qu'il ne le reverrait jamais, que les dominants avaient oublié leurs devoirs envers eux ». L'empereur l'interrompit dans ses pensées.

— Xie Lian, quelque chose te tracasse ?

— Oui... s'ils ont négligé notre existence, comment pourrai-je le retrouver ? s'attrista-t-il.

— Dans la vie, il y a toujours de l'espoir. Même si le chemin te paraît long et difficile, garde confiance.

Un seigneur céleste arriva, essoufflé et choqué.

— Mon empereur, il faut que vous veniez vite !

— Que se passe-t-il ?

— Une chose que nous n'avions pas vue depuis plus de huit-cents ans...

Le souverain, troublé par les mots du maître, se retourna avant de le suivre. Xie Lian le regarda, intrigué.

— Xie Lian, viens avec nous. S'il te plait, déclara le monarque.

Les trois hommes quittèrent le palais principal et se dirigèrent vers le pont. Ce dernier scintillait sous la lumière des étoiles. Une foule immense s'y était regroupée. La garde du royaume formait un rond ; autour d'eux se trouvaient les omégas. Tous fixèrent le ciel.

— Mon empereur, regardez cela, s'écria un soldat en tendant quelque chose à son souverain.

L'empereur détailla l'objet, ébahi. Certains sujets chuchotèrent : « ce n'est pas possible, quelqu'un se souvient ! ».

— Combien en comptez-vous ?

— Mille, mais d'autre arrivent encore, répondit le garde.

— Y a-t-il un nom dessus ?

— Oui, mais il est mal orthographié. On pense lire... « Xie Lian ».

Toute l'attention se tourna vers le concerné. Xie Lian écarquilla les yeux et s'avança pour observer l'une d'entre elles. Son nom y était bien écrit. Il leva la tête et vit le nuage de lampions. La foule s'insurgea « pourquoi lui ? ». L'empereur posa une main réconfortante sur son épaule.

— C'est un miracle, se réjouit-il en souriant à Xie Lian. Il t'est destiné, va le rejoindre...

Xie Lian acquiesça avec joie et courut jusqu'au portail. Une seule pensée martelait son esprit : le retrouver aux plus vite.

Ses pieds atterrirent sur l'herbe froide. Il était dans une prairie entouré d'une forêt. Il s'enfonça dans les bois, à la hâte. Les branches écorchèrent ses bras, mais il ne s'en soucia pas et avança droit devant lui. Enfin, il sortit de cet enfer. Des lumières familières se dessinèrent au loin, il se précipita vers elles. L'entrée de la cité franchie, il se dirigea d'instinct vers le jardin privé de Hua Cheng. Les sujets le regardèrent étrangement, puis certains lui pointèrent du doigt le chemin qu'il devait prendre.

Les saules pleureurs s'annonçant devant lui, il hésita quelques secondes. La première chose qu'il vit fut Hua Cheng au milieu de l'étang. Ce dernier était de dos et ne pouvait le voir. Alors qu'il marchait timidement jusqu'à lui, le souverain se retourna dans un mouvement rapide. Face à face, ils restèrent à se contempler l'un l'autre, puis se rapprochèrent lentement. Les lanternes volaient tout autour, l'entendue d'eau reflétait leur lumière. Hua Cheng ouvrit les bras et Xie Lian se jeta à son cou. Le cœur battant la chamade, ils s'enlacèrent avec force puis s'embrassèrent.

— Je suis si heureux... s'extasia Hua Cheng.

Xie Lian, ému, le serra fort contre lui.

Après quelques minutes, ils partirent pour rejoindre la demeure de Hua Cheng. Tous les sujets les saluèrent en chemin. Les serviteurs et le capitaine accueillirent Xie Lian comme leur futur roi. Timide, ce dernier se cacha derrière son aimé. Hua Cheng le guida jusqu'à ses appartements afin de se remettre de leurs émotions et se reposer ensemble.

Hua Cheng souleva son aimé et le déposa sur le lit. Xie Lian frôla la soie noble. Lorsqu'ils se couchèrent sous les draps rouges, Hua Cheng sentit qu'il devait le rassurer.

— Je prendrai soin de toi, désormais. Tu n'auras plus à te soucier de quoique ce soit, lui sourit-il, confiant.

— Merci... merci de m'avoir fait venir à toi, murmura Xie Lian, touché par ses belles promesses.

Au petit matin, Xie Lian découvrit le petit-déjeuner qui l'attendait sur une table. Il sortit du grand lit. Sur les meubles de chevet, des bouquets de fleurs blanches odorantes éveillèrent ses sens. Un feu dans la cheminée réchauffait la pièce gigantesque. Il s'assit sur une chaise au coussin brodé de renards dorés et goûta les mets qui se trouvaient devant lui, les plus savoureux qu'il n'avait jamais mangés dans sa vie. Chaque bouchée était un émerveillement pour ses papilles. Une théière en fonte bordeaux, dotée de deux petites coupelles, était sur un plateau. Il se servit l'infusion chaude et regarda la baie vitrée. Le soleil brillait dans le ciel. Un beau sourire aux lèvres, il se leva pour admirer le splendide panorama. Deux mains se posèrent avec douceur sur sa taille et des bras l'enserrèrent. Hua Cheng l'embrassa dans le cou et susurra :

— Tout est prêt.

— Je vois que tu ne veux vraiment plus que je te quitte, taquina Xie Lian.

— Plus un instant.

— Pourtant, il va bien falloir si on veut se préparer pour notre mariage, renchérit-il un brin espiègle.

— Allons, allons... J'ai compris.

Hua Cheng repartit à contrecœur, la mine défaite, sous le regard amusé de Xie Lian. Ce dernier découvrit sa parure pour l'événement et toucha le tissu soyeux. Il s'apprêta, mit un peu de rouge sur ses lèvres et ses joues et enfila les tenues traditionnelles, d'un carmin resplendissant. Ses cheveux soigneusement coiffés, rehaussés d'épingles ornés de rubis, il revêtit le voile brodé de renards dorés afin de cacher son visage. Il se dirigea vers la salle du trône, épié par les serviteurs subjugués.

Hua Cheng l'attendait devant les marches de son siège royal. Un sourire radieux illuminait son visage plus Xie Lian avançait. Lui portait une longue tunique écarlate aux broderies d'argent, des bijoux scintillants ; une longue natte, tressée avec minutie, reposait sur son épaule. Xie Lian lui tendit une main dont il se saisit pour l'amener jusqu'à l'ecclésiastique.

Il s'inclinèrent pour les dieux, face au ciel, puis face à l'assemblée et enfin l'un envers l'autre. Les deux hommes se dévisagèrent, en émoi. Hua Cheng murmura :

— Je t'aime...

Xie Lian retint une larme et posa son front contre le sien.

— Moi aussi. Moi aussi, Hua Cheng...

Les rayons du soleil illuminèrent le couple avant que le prêtre ne hurle : « laissez passer les jeunes mariés ». Tous les invités exprimèrent leur joie en leur lançant du riz.

La salle du banquet était magnifique, tous les mets les plus délicieux de la région se trouvaient sur les tables. La soirée se déroula dans l'allégresse.

Unis pour l'éternité, Xie Lian et Hua Cheng devinrent célèbres dans le pays entier et leur amour se transforma en une histoire légendaire, partagée par-delà les frontières. Les alphas se souvinrent enfin. À leur tour, ils retrouvèrent la foi en l'âme sœur et crièrent leur amour aux cieux. Les omégas redescendirent alors sur Terre, anges d'espoir parmi les nuées fantastiques de lanternes.

FIN

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