CHAPITRE IX: Sombre blancheur.

Komee affrontait Haru.

On entendait les bruits métalliques de leurs lames qui s'entrechoquaient.

Ces deux personnes, symbolisées pourtant par la même couleur immaculée, livraient une lutte sauvage et sans pitié.

Le blanc contre le blanc.
Surprenant ?

Pas tellement.

Dans la plupart des cas, le blanc symbolise la Lumière. Mais le blanc est également une couleur allégorique de la Mort.

Aujourd'hui, lequel de ces sens allait-il triompher ?
Qui de la Mort ou de la Lumière aurait le dessus ?

Meeko, elle, éreintée, était toujours allongée contre le sol. Elle faisait tous les efforts du mondes pour parvenir à se relever, ses fins sourcils roux froncés de détermination.
Cependant, son combat récent avec Kimae et l'usage de son don lui avaient déjà prélevé beaucoup de ses forces...

Malgré sa volonté, elle ne parvenait pas à se redresser.

La seule chose qu'elle pouvait faire était d'observer le combat de sa soeur, impuissante...

Dans le duel, on voyait clairement que Haru avait le dessus sur Komee.
Cette dernière peinait à résister.

Mais le pire était que, alors que Komee mettait toute son énergie à se défendre, Haru n'utilisait que la moitié, si ce n'était le quart, de sa véritable puissance.

De fait, il n'était ni essouflé, ni fatigué, ni même décoiffé.

Il semblait se contenter de dévier les coups de sabre de son adversaire, tout en la fixant intensément de son regard abyssale.
Comme s'il évaluait la force de son opposante, avant de porter le coup fatal.

Mais, il finit par se lasser.

"Fini de jouer, veux-tu ?", dit-il à l'intention de Komee.

La question était purement rhétorique.

En effet, suite à ses paroles, il envoya alors son talon droit avec force en plein dans l'estomac de Komee.

Cette dernière, projetée violemment contre un mur, eut la respiration coupée en s'écroulant.

Légèrement étourdie par le choc, elle ne réussit point à se relever.

Haru, en deux enjambées particulièrement félines, se retrouva de nouveau face à elle.

Il leva son Katana de ses deux mains vers le ciel, au dessus du crâne de Komee.

La jeune Alpha regardait de droite à gauche, paniquée, laissant tomber son masque de sérénité qui la caractérisait si bien.

Elle ne savait pas comment se sortir de cette impasse.

Haru lui adressa un sourire condescendant.

Tout semblait fini pour la jeune femme.

Mais quand l'ennemi voulu abattre sa lame, il s'aperçut que cette dernière n'était plus dans ses mains.
Seuls ses bras avait exécuté le mouvement escompté.

Haru leva alors la tête pour découvrir son arme, restée dans les airs et enlacée par un filament d'Obscurité.

Avant qu'il n'ait pu comprendre cet étrange phénomène, il chuta face contre terre.

À l'instar du manche de son Katana, des fils de Ténèbres s'étaient enroulés autours de ses chevilles.
Profitant du fait qu'il regardait en direction du ciel, les liens s'étaient vivement rétractés vers l'arrière, le faisant ainsi tomber.

Ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer, Komee remonta de ses yeux le chemin tracés par les filaments, pour en trouver l'origine.

Son regard améthyste s'arrêta alors la main droite de Meeko.

Meeko.
Bien sûr.
Ça ne pouvait être qu'elle.

Elle venait d'user son restant de force pour sauver la vie de sa jumelle.

Mais, elle-même commençait à s'épuiser : c'était visible par le fait que les fils noirs devenaient de plus en plus clairs.

D'un noir intense ils passèrent à gris fade.

Ils étaient presque transparents à présent.

Cependant, Meeko, les traits de son délicat visage déformés par l'effort, essayait de puiser dans ses dernières réserves pour maintenir les sombres cordages.

Komee comprit qu'il y avait urgence.

Avant que Haru n'ai put réussir à se libérer de l'entrave de sa soeur, Komee se releva et se mît à courir à une vitesse surhumaine, disparaissant ainsi dans un reflet de vitesse.

Elle saisit alors sa jumelle par le col de sa veste et la tracta de force jusqu'à l'arbre menant au refuge.

Au bas du tronc, elle prononça le mot de passe et fut immédiatement téléportée au sommet.

Les deux sœurs débarquèrent alors en roulé-boulé en plein coeur du refuge.

Elles étaient toutes deux très mal en point et couvertes de boue.

Mais elles étaient sauvées.

Tandis que les Jumelles s'écroulaient contre le sol, tous les démons-renards accoururent vers elles, affolés.

Ils semblaient vraiment en panique, et malgré l'interdiction d'Elycia de quitter leurs tentes, ils se rassemblèrent autours de leurs supérieures.

Sabletta fut la première à crier :
" KOMEE !
- MEEKO !, lui fit écho Cascade.
- Que s'est-il passé ?, demanda Shiki en fixant Komee de se yeux verts, l'air inquiet.
- MON AMOUR !, hurla un Narleo affolé, ses yeux marrons rivés sur Meeko.
-Oh non", murmura Gaara.

Elycia essayait tant bien que mal de se frayer un chemin dans la foule de Kitsune qui entourait les jumelles.

Elle fut agacée de voir que les membres du clan n'avaient (une nouvelle fois) pas suivi ses ordres.

Agacée, mais guère surprise.

Essayant de rester calme, la Bêta dit en soupirant :
" Il me semble avoir dit de ne pas sortir de vos tentes...
- Moi, annonça aussitôt Floody, il me semble avoir entendu Haru dire que Gaara était le prochain sur la liste."

Gaara devint livide.

S'en fut trop pour les pauvres nerfs d'Elycia, qui vociféra :
"RETOURNEZ VOUS COUCHEZ !"

Si Elycia avait demandé à un arbre d'aller se couchez, elle aurait probablement obtenu le même résultat.

En effet, les Kitsune firent mine de pas avoir entendu, et continuèrent leurs bavardages.

Quoique non, un arbre était silencieux, lui.

Avec tout le sérieux du monde, Stik choisit ce moment pour déclarer :
"Voyons le bon côté des choses : si Meeko meurt, je ne risque plus rien.
- CAR TU APPELLES ÇA UN "BON CÔTÉ" ?, manqua de s'étouffer Kuro.
- Toujours être positive, lui assura Stik.
- VOUS M'ENERVEZ !, gronda Elycia.
- Euh... Désolée de vous interrompre, intervint Séraphiel en désignant d'un geste du menton Meeko et Komee toujours au sol, mais ça vous dirait que l'on s'occupe d'elles ?"

Voyant que ça commençait à sérieusement dégénérer, Elycia s'égosilla comme elle ne l'avait jamais fait auparavant :
" JE VOUS ORDONNE DE VOUS CALMEZ !"

Quelques hurlements plus tard, les membres furent enfin calmés.

Elycia se tourna vers les hommes du clan en laissant glisser son talon droit contre le sol.

Elle leur expliqua :
" Les quatre hommes, vous allez transporter Komee et Meeko jusqu'à l'infirmerie. Exécution.
- Pas de problème, acquiescèrent simultanément Narkeo et Shiki.
- Elycia, l'interpella Floody, visiblement agacé, ne sais-tu pas compter ?
- Pardon ?, demanda la sous-chef, décontenancée par la question.
- Tu as dis les "quatre hommes", continua Floody avec sérieux. Mais, en fait, nous ne sommes que trois."

Elycia fronça ses sourcils noirs.
Elle ne comprenait toujours pas où il voulait en venir.

Il marqua une pause théâtrale avant de reprendre :
"Narkeo, Shiki et moi.
- Hé ! , protesta aussitôt Gaara, mais il y a moi aus.."

Il fut interrompu par Floody qui prit un plaisir jouissif à lui couper volontairement la parole :
" TROIS. Pas quatre.
- IL Y A MOI !, hurla de nouveau Gaara.
- TU NE RENTRES PAS DANS LA CATÉGORIE "HOMME", rétorqua Floody en élevant lui aussi le ton.
- SI !, insiste le jeune blond.
- NON !
- SIIII !
- NOOON !
- SIIIIIIIIII !
- NOOOOOON"

...
Et cætera.

De grandes larmes roulaient sur les joues de Gaara, tandis que Floody était hilare.

Elycia, qui semblait faire une overdose de leurs enfantillage, explosa en hurlements :
" ALORS MAINTENANT VOUS ALLEZ ARRÊTER VOS CHAMAILLERIES, ET VOUS ALLEZ TOUS FAIRE CE QUE J'AI DIS, SINON JE VOUS PROMETS QUE APRES CE QUE JE VOUS AURAIT INFLIGÉ, LES PUNITIONS DE MEEKO AURONT L'AIR DE GENTILLES TAPPES SUR LES DOIGTS À CÔTÉ ! "

Immédiatement, les Kitsune cessèrent de tergiverser.
Ils avaient compris que leur Bêta était parfaitement sérieuse.

Elle avait atteint ses limites.
Il ne fallait surtout pas la pousser plus.

Elycia, d'une voix douce mais toujours autoritaire, reprit :
"Narkeo, Floody, Shiki ET Gaara : emmenez tout de suite Meeko et Komee dans une tente. Sabletta ?
- Oui?, répondit la guérisseuse.
- Va avec eux. Les autres, retournez IMMEDIATEMENT dans vos emplacements. La nuit va bientôt tomber."

Alors que les Kitsune exécutaient les ordres annoncés par la sous-chef, Stik commença à ouvrir la bouche.

Mais rien n'en sortit, car elle fut aussitôt prise de vitesse par Elycia, qui beugla à son intention :
"ET EN SILENCE !"

Tandis que la majorité des canidés repartaient dans leurs emplacements ponctuels, Narkeo s'accroupit près de Meeko. Il passa son bras droit autours de sa taille et son bras gauche sous ses cuisses buste, pour ainsi la soulever en la portant comme une princesse.

Fier comme un coq , la tête haute et le muscle exagérément  bombé, il se dirigea vers un emplacement libre, suivi de prêt par Sabletta.

En voyant cela, Cascade leva les yeux au ciel tout en pouffant silencieusement de rire, ce que Narkeo ignora royalement.

Floody, qui était à proximité du corps de Komee, commença à fléchir ses genoux pour s'accroupir.

Mais, en voyant le regard déçu de Shiki, il renonça et se dirigea vers les tentes, sans dire un mot.

Au passage, il attrapa de sa main droite la peau du cou de Gaara pour l'emmener avec lui, malgré les vives protestations sonores de ce dernier.

Histoire que les autres ne l'aient pas dans les pattes.

Shiki s'empara donc de Komee de la même manière que Narkeo de Meeko et suivit ce dernier.

Elycia, elle, demeurait immobile, en se massant sa gorge à présent douloureuse.
Elle se demandait comment les jumelles arrivaient à gérer ce stress au quotidien.

Quand Shiki eut rejoint Narkeo, Sabletta leur ordonna :
" Posez les ici."

Elle avait désigné deux sacs de couchages d'un simple geste du menton.

Narkeo et Shiki obéirent, sans protester, en déposant délicatement les jeunes femmes sur le tissus moelleux des sacs.

Suite à cela, ils se tournèrent vers la guérisseuse, lui demandant silencieusement ce qu'ils pouvaient faire à présent.

Elle leur désigna la porte de son index droit.

Les deux hommes protestèrent.
Ils auraient souhaité rester près des deux jumelles.

Mais Sabletta s'y opposa fermement :
" Elles ont besoin de repos."

Comme Narkeo et Shiki ne semblaient toujours pas sur le point de bouger, la jeune femme les poussa de force hors de l'emplacement. Sabletta avait beau être mince, elle était robuste.

Une fois les garçons mis dehors, elle referma la barrière fermement, sans équivoque.

Déçus, inquiets et désormais impuissants, les deux Kitsune finirent par aller retrouver leurs emplacements respectifs.

Suite à cela, Sabletta vint à déshabiller les Jumelles, jusqu'à ce qu'elles soient en sous-vêtements, de manière à mieux examiner leurs blessures.

Après avoir identifié les zones à soigner, la jeune femme commença à s'activer.
Elle leur appliqua des cataplasmes, leur administra des herbes médicinales et des potions curatives, recouvrit leurs blessures de bandages, et j'en passe...

Quand elle eut terminé de tout désinfecter, ses deux oreilles de renarde se dressèrent en entendant un grincement de porte.

Quelqu'un était en train de pousser la barrière.

Persuadée qu'il s'agissait des garçons, elle s'empressa d'aller vers l'entrée, prête à les réprimander : les deux sœurs avaient besoin et de repos et d'intimité.

Cependant, il ne s'agissait que de la sous-chef, qui venait prendre des nouvelle.

"Comment vont-elles?, s'enquit aussitôt Elycia.
- Pour le moment, annonça Sabletta, toujours inconscientes. Fort heureusement, leur pronostic vital n'est pas engagé : elles vont s'en sortir. J'ai fais mon maximum et tout ce qu'il y avait à faire... Et je vais rester auprès d'elles toute la nuit, au cas où.
- D'accord, approuve Elycia. Je serais volontiers rester mais... Mais je ne peux pas..."

Tout en parlant, Elycia fixait au loin le soleil qui se couchait d'un air embêté.

Suivant son regard, Sabletta s'empressa de la rassurer en souriant :
"Ne t'inquiète pas : je comprends. Bonne nuit !
- À demain !"

Elycia rejoignit donc son emplacement "spécial".

La nuit fut calme, exceptés les hurlement de rage et grognement sauvage d'Elycia, toujours victime de sa malédiction.
Mais heureusement, cette fois-ci, elle demeura tout au long de la nuit sans sa prison.
De ce fait, l'ensemble du clan put dormir sur ses deux oreilles.

L'aube arriva, et tout le monde dormait encore, éreinté.

Tout le monde ?
Non.

Pas tout le monde.

Une personne, au fond de sa couchette était réveillée.

En effet, Stik fixait d'un air d'ennuie le ciel rose-orangé de ses grands yeux gris.
Elle se demandait combien de temps elle allait encore devoir attendre...

Puis, une idée germa dans son esprit.

D'une pulsion de jambe, elle se releva et se dirigea vers l'arbre qui menait au clan.

Bien entendu, elle fit cela sur la pointe des pieds : si Elycia s'en apercevait, elle risquait de passer un sale quart d'heure...

Mais la curiosité de Stik était trop forte pour renoncer : elle voulait à tout prix voir si l'ennemi était parti ou non.

Quitte à devoir subir les foudres de la Bêta en personne.
Et peut-être même celles des Alphas.
Quoique non quand même pas.

Après vérification, elle s'aperçut que, en effet, le clan était bien vide.

Heureusement pour elle d'ailleurs.
Si Haru s'était trouvé toujours sur place, cela serait devenu fort compliqué pour Stik, ce qu'elle n'avait pas envisagé une seule seconde bien entendu...

Et, oubliant toute prévention, notre petite Kitsune à la chevelure flamboyante regagna sa couchette en beuglant à tue-tête :
"HARU EST PARTI ! HARU EST PARTI ! LE CLAN EST DÉSERT ! LE CLAN EST DÉ.."

BAAAAAAAAAAAAAAAAAAANG

"AÏEUU'H !"

Comme vous l'aurez peut être deviner, le "bang" était du au choc du poing droit d'une Elycia énervée contre le crâne de Stik.

Ignorant les plaintes de Stik qui frottait  activement la partie douloureuse de sa tête avec sa paume gauche, Elycia vociféra à son tour :
"MAIS, MA PAROLE, TU ES COMPLÈTEMENT INCONSCIENTE ?
- Je voulais juste me rendre utile, pleurnicha Stik.
- COMMENT ? EN TE FAISANT TUER ?", cria Elycia, furieuse.

Comme Stik ne lui répondait pas, la jeune Bêta inspira une bouffée d'air.
Il fallait qu'elle se calme.
Surtout que sa gorge redevenait douloureuse.

Elycia se promit de ne plus hausser le ton.

Elle reprit, plus calmement :
" Si Haru avait toujours été là... Comment aurais-tu fais ?
- Euh..., réfléchit Stik. C'est une bonne question... "

Devant l'hésitation de Stik, Elycia se répétait mentalement de rester calme.

"Euh..."

Rester calme.

"Bah euh..."

Quoique Stik dise, rester calme.

"A vrai dire, je n'y avais pas franchement pensé...", annonça Stik en se grattant la tête.

Surtout, rester calme.

Stik ajouta :
"Bah, j'aurais crier jusqu'à ce que tu viennes me sauver".

La jeune fille avait dit cela joyeusement, un grand sourire aux lèvres, visiblement fière de son idée.

Rester calme, rester calme, rester cal..

" STIK JE TE PROMETS, UN JOUR JE VAIS T'ETRIPER DE MES MAINS !", s'époumona Elycia.

Au diable les bonnes résolutions.

Leurs cris avaient réveillé la plupart des Kitsune.
D'où le fait que Cascade, Kuro et Séraphiel les rejoignirent quelques secondes plus tard.

Kuro, s'étirant et baillant, leur demanda d'une voix ensommeillée :
" Que se passe-t'il encore de bon matin ?
- C'est vrai, ajouta Séraphiel, des cernes sous ses yeux nacrés. Pourquoi criez-vous de si bonne heure ?
- Punaise, rouspéta Cascade d'une voix pâteuse, je dormais si bien... Stik tu n'aurais pas pu te retenir de faire une histoire pour une fois ? Alalah, mon pauvre sommeil..."

Les garçons arrivèrent à leur tour.

Shiki fit mine de réfléchir, puis lança sur un ton amusé :
"Laissez moi deviner... C'est ma chère petite sœur qui est à l'origine de tout ce vacarme...
- Bingo, soupira Kuro qui n'était visiblement pas encore totalement réveillée.
- Et oui c'est moi, confirma Stik en souriant de toute ses dents.
- Tu n'es pas sensé en être fière", la réprimanda Elycia, énervée.

Le visage de la Bêta commençait à virer au rouge.

Floody ne put s'empêcher de maugréer à son tour :
"Déjà que j'ai passé une mauvaise nuit... Puis-je savoir quel est l'abruti qui a eu le sens de l'humour de me mettre dans la même tente que Gaara ?
- C'est vrai ça, approuva l'interpellé. Il a voulu me tuer !
- C'est tout à fait justifié, rétorqua Cascade.
- J'aurais probablement agi de même", ajouta Narkeo en hochant la tête d'un air grave.

Gaara sembla ouvrir la bouche pour répliquer, mais il fut devancé par Elycia  qui annonça :
"Trêve de bavardage ! Puisque le danger est apparemment disparu, vous allez rejoindre le clan. Et cela, d'une manière CALME, merci. Moi je vais aller avec Sabletta, pour voir l'état de santé de Meeko et Komee. Je vous rejoins dans une demi-heure : gare à vous si j'entends le moindre éclat de voix."

Tout se déroula par la suite comme Elycia avait indiqué : elle partit voir Sabletta et les jumelles tandis que les autres canidés regagnèrent le clan, plus ou moins silencieusement.

Ils s'étaient assis dans l'herbe, accroupis, en cercle, pour bavarder tranquillement :
" Meeko et Komee, expliqua Cascade, ont de nouveau risqué leurs vies pour nous...
- Il faut reconnaître que malgré leur cruauté et leur mauvais caractère, avoua Stik, ce sont de bonnes Alphas...
- Des Alphas excellentes, même !", surenchérit Gaara.

Heureusement pour le calme du clan, il ne sembla pas entendre le "regardez moi l'autre lèche-botte" de Floody.

Séraphiel reprit :
" Il est vrai que mes cousines sont très courageuses...
- J'aimerais bien, expliqua Kuro avec admiration, posséder ne serait-ce qu'un cinquième de leur cran.
- On devrait les remercier !, s'exclama alors Shiki avec enthousiasme.
- Mais comment ?
- Par un repas préparé par nos soins !", ajouta Shiki.

Son enthousiasme fut contagieux et toucha peu à peu chaque membre du clan.
Tous approuvèrent : c'était une excellente idée !

Narkeo intervint :
" Comme de nous tous, c'est moi le Kitsune le plus ancien, c'est moi qui serait à la tête des opérations ! Floody et moi-même, nous irons chasser du gibier... Cela te convient Floody ?
- Oui.
- Shiki !, continua Narkeo. Toi, tu te chargeras de pêcher des poissons.
- Bien, approuva l'interpellé.
- Kuro tu iras récolter des légumes !, poursuivit Narkeo. Et toi Gaara, cueillir des fruits !
- D'accord !, répondirent en coeur les deux jeunes Kitsune.
- Quant à Cascade, Stik et Séraphiel, vous vous chargerez de commencez à cuisiner ce que l'on vous rapporte. Et à chaque fois que quelqu'un aura achever sa tâche, il s'ajoutera à votre groupe !
- Compris !",dirent les trois filles à l'unisson.

Narkeo claqua dans ses paumes de mains deux fois en annonçant :
"Allez ! C'est parti !"

À partir de là, tout le monde commença à s'activer et à exécuter la tâche qui leurs avait été confiée.

En effet, Narkeo et Floody chassèrent tout le gibier qu'ils purent trouver.
De même, Shiki pécha n'importe quel poisson qui se trouvait à sa porté.
Quant à Gaara et Kuro, ils cueillirent respectivement tous les fruits et légumes qu'ils aperçurent.
Enfin, le reste des Kitsune s'activait aux fourneaux, cuisinant tout ce qu'on leurs rapportait.

Mais rapidement, un problème évident vint à apparaître : ils avaient ramené beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de provisions...

Effectivement, dans la cuisine Kitsune, la pile d'ingrédients s'agrandissait à vu d'œil !

Et pourtant, les Kitsune ne s'arrêtèrent point...
Pour le moment, ils continuaient à emmener tout ce qu'il y avait de "mangeable".

Bon le clan Kitsune reste le clan Kitsune.

Et donc, comme à leurs habitudes, les canidés ne parvinrent pas à réaliser quelque chose en groupe sans se disputer...
C'était tout bonnement impossible.

Floody, sous la forme d'un renard blanc à sept queues, arrivait en portant entre ses crocs un cochon.

Il reprit forme humaine avant de lancer à haute voix :
"Tiens, ce soir on mange Gaara."

Gaara, qui se trouvait à quelques mètres de lui, avait évidemment tout entendu.

Il saisit de sa main droite une prune bien mûre dans son panier, pour la lancer d'un mouvement souple contre la tête de Floody.

Ce dernier se prit donc le fruit de plein fouet sur sa joue gauche.
Son visage était à présent enduit de pulpe de fruit.

Floody porta alors son avant bras en direction de son visage, pour essuyer les débris de prune contre sa manche.

Puis, il déclara d'une voix menaçante :
"Alors ça, tu vas le regretter."

D'un pas décidé, il alla rejoindre Shiki. Ce dernier était en train de vider l'intérieur de ses poissons à l'aide de son couteau, sans se soucier de ce qui se passait autours.

Floody, pointant les entrailles des poissons gisant à terre de son index droit, lui demanda :
" Vas-tu avoir besoin de cela ?
- Euh... Non pourquoi?"

Floody, ignorant la question de Shiki, plongea sa main droite dans les résidus d'organe, dont il en tira une pleine poignée.

Puis, il élança son bras droit en avant, pour projeter les viscères de poissons en direction de Gaara.

Le problème fut que Cascade, qui avait entendu du bruit, était allée s'interposer devant Gaara, dans le but de couper court à leur dispute.

Mais, elle ne s'attendait absolument pas à recevoir des entrailles en pleine figure.

Rouge de colère et remplie de viscères de poissons, elle décocha un regard hargneux vers Floody.
Un grondement qui n'avait rien de féminin s'éleva de sa gorge.

Floody, ayant remarqué la colère de la jeune femme, balbutia :
"Euh... Ce n'était pas toi que je visais à la base."

Le visage de Cascade devenait de plus en plus rouge.

"Cascade tu ne m'en veux pas, n'est-ce-pas?", insista l'homme aux cheveux jaune.

Pas de réponse.

Cascade vint alors à saisir de sa main droite une poignée de débris de poisson qui dégoulinait sur sa poitrine.
Elle se dirigea, sans rien dire, vers son "agresseur".

Elle envoya alors la paume de sa main droite, garnie d'entrailles, vers la joue droite de Floody, dans un mouvement circulaire.

Tout en le giflant donc, elle venait à écraser avec force les organes de poissons contre sa joue.

Le son de la claque fut étouffé par le bruit visqueux des entrailles.

Floody, suite à cela, bien évidement, décida de riposter.

Des viscères de poissons morts volaient à travers tout le clan, s'écrasant contre les arbres, le four, les toits des cabanes...

Le clan prenant peu à peu une jolie couleur rose.
Rose entrailles.

Dans sa précipitation, Gaara, en voulant s'enfuir, vient à se prendre les pieds dans des pots en terre cuite, sur lesquels il s'écrasa.

Ces derniers volèrent en éclat.

Simultanément, comme Cascade n'était plus là pour l'assister, Stik décida d'allumer le four toute seule.

Après tout, c'est elle qui maîtrisait l'élément du feu : elle était donc la personne la mieux qualifiée dans ce domaine.

Quelques instants plus tard, notre chère petite Stik découvrit que un four ne s'allumait pas vraiment de la même façon que l'on carbonisait un ennemi...

En effet, le four était en feu.

Grâce à la cascade située juste à côté, les Kitsune s'empressèrent d'éteindre le brasier.

Mais le four avait à présent une couleur de charbon.

Bref, pour résumer : le clan Kitsune était un véritable capharnaüm.

Comme d'habitude, me direz-vous.

Au même moment, dans le refuge, Elycia poussa la porte de l'emplacement des Jumelles en s'exclamant :
" Bonjour !
- Salut !, lui répondit immédiatement Sabletta, avec sa bonne humeur habituelle.
- Vont-elles mieux ?, s'enquit la Bêta.
- Oui ! Elles sont conscientes ! Viens les voir !"

Les deux jeunes femmes se dirigeaient donc vers la couchette des jumelles.

Voyant Elycia arriver, Meeko se redressa immédiatement en l'interpellant :
" Elycia !
- Contente de voir que vous vous êtes rétablies, déclara Elycia avec sincérité.
- C'est bien calme ici, remarqua Meeko.
- Trop calme, surenchérit Komee. Où sont les Kitsune ?
- Je les ai envoyés au clan, expliqua la Bêta.
- D'accord. Et avec qui pour les surveiller ?, questionna Meeko.
- Euh... Eux-même, avoua Elycia.
- Tu sais bien que c'est impossible, répondit la jeune femme aux cheveux blancs.
- J'ai pensé que pour une demi-heure, ils devraient réussir à rester calmes ..."

Comme pour contredire ces paroles, un bruit de brisement, semblant provenir du clan, s'éleva alors.

" ... Mais apparemment je me suis trompée, soupira Elycia.
- Effectivement, déclara Komee avec une certaine froideur.
- Dites, intervint Meeko en agitant son nez, suis-je la seule à sentir cette odeur de brûlé ?
- Non, non, répondit Sabletta, c'est bien ce que je me disais : il y a quelque chose qui brûle !
- Allons voir, décida Komee.
- Êtes-vous sûres qu'il est prudent de vous lever maintenant ?, leur demanda Elycia, soucieuse.
- Elycia, au lieu de t'inquiéter pour nous, dit Meeko, inquiète-toi de ce qui se passe en bas...
- Bon, nous ferions mieux de nous dépêcher, conclut Komee, car je ne suis pas sûre que le clan soit encore debout à l'heure où nous parlons..."

Bien qu'un fin sourire se dessinait sur ses lèvres pulpeuses, elle ne plaisantait qu'à moitié cependant.

"Allons-y !"

Les quatre personnages féminins se dirigèrent alors d'un pas vif vers le clan, se demandant avec horreur ce que les Kitsune avaient bien pu faire pendant leur absence...

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