Prologue
Les jumeaux Winston.
C'est comme ça qu'on nous appelait. Pas Sarah Winston, pas Alec Winston. Les jumeaux Winston, comme si nous n'étions rien de plus, seulement deux êtres identiques et similaires, liés pour leur reste de leur vie. Jamais l'un sans l'autre.
Tout ce qui nous rapprochait, nous ne le devions qu'aux autres. Comme si le fait d'être nés le même jour, dans la fameuse famille Winston, nous élevait à un rang qu'aucun de nous d'eux n'avions souhaité avoir. On nous idéalisait. Nous mystifiait. Nous perfectionnait.
Mais nous n'étions pas ça. Nous n'étions pas complémentaires. Nous n'étions pas une même entité. Nous n'étions pas deux faces d'une même pièce. Nous étions un frère et une sœur, rien de plus. Mais ça, ils ne voulaient pas l'entendre.
J'aimais Alec Winston, oui, je l'aimais comme le frère qu'il était. Pas comme une autre version de moi. Pas comme les gens voulaient que je l'aime. Il n'était pas une extension de moi-même, il n'était pas mon âme-soeur, il n'était pas ma moitié.
Je ne compte plus tous les regards déçus ou furieux que nous avons occasionné en le révélant. Enfin, lui. Moi, je me taisais. Je ne disais rien, jamais. Je voulais tant entrer dans ce rôle, faire semblant, plaire. Mentir.
Asthall n'est pas un endroit normal, et ceux qui y vivent le sont encore moins. Je n'ai pas grandi comme la plupart des enfants, avec des amis, des voisins, des fêtes, une école. Je n'avais que ma famille, comme un cercle très fermé, élitiste et supérieur.
Les jumeaux Winston d'Asthall. Avant, quand je n'étais qu'une enfant ignorante, j'étais fière de ce titre de noblesse. A présent, il me dégoûte. Il a tout détruit. Il nous a fait grandir trop vite. Nous a donné des responsabilités trop lourdes.
Des enfants, voilà ce que nous étions.
Je l'admets : j'ai fui. Dès que j'en ai eu l'occasion. Sans me retourner. Des années durant, j'ai enfoui tout ce qui s'était passé sous un voile noir, que je me refusais à soulever. C'était trop dur. Trop tôt. Trop culpabilisant. Trop dangereux.
Trop réel, tout simplement.
Mais il n'est plus temps de fuir. Plus temps de fermer les yeux.
Faible.
Voilà ce que j'ai été en fuyant.
Égoïste.
Voilà ce que j'ai été quand j'ai fait semblant d'ignorer.
« Asthall est une maladie, Sarah, une maladie qui nous ronge... et qui nous détruira. »
Mais aujourd'hui, je me relève.
« La fin approche, Alec... la fin de la légende des jumeaux Winston. »
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