Chapitre 15
Je peine à ouvrir les yeux comme s'ils étaient collés. Je cligne et finalement, après des efforts surhumains, j'arrive à entrouvrir un œil malgré mes paupières lourdes. Je suis gênée par la couleur blanche des murs qui m'entourent. Mes yeux se referment automatiquement, mais je dois absolument les ouvrir. Je ne sais pas si je suis morte. Je sais que j'ai quitté le labyrinthe, mais après que s'est-il passé ? Suis-je disqualifiée ? Je ne sens plus aucun de mes membres. J'ai l'impression d'être un vrai légume. Je mets ma main devant mes yeux pour me protéger de la lumière intense de la loupiote juste au-dessus de moi. Je suis sur un lit d'hôpital aux draps immaculés et propres. Mes jambes sont recouvertes par un léger voile mouillé qui apaise mes blessures.
Quand je tourne la tête pour observer les lieux, je vois Luther à mon chevet ainsi que Yoko. Cette dernière me saute littéralement dessus.
— Elwing, ne nous refais plus jamais ça ! crie-t-elle.
— Je suis en vie, je réponds simplement.
Ça sonne comme une question quand j'ouvre la bouche. Pourtant, j'en suis persuadée. Je respire. J'ai réussi. J'ai survécu aux premiers Jeux.
Je parviens à me lever et à me reposer sur mes coudes, mais Luther me plaque contre le matelas.
— Du calme, nous n'avons pas fini de te guérir.
Mon oncle a l'air d'être inquiet. Moi, je suis plutôt rassurée. Il en faudra plus pour qu'ils me tuent.
Il m'apprend que je dois rester deux jours dans le complexe César après mon hospitalisation pour être pleinement rétablie. Un homme que je n'avais pas remarqué jusqu'alors, s'approche de moi. Je me recule de surprise. C'est la première fois que j'en vois un. Un torélien Il vient de la lune Torelle, celle qui gravite autour de Namus, la planète deau. Il y en a toujours un présent pendant les Jeux, au cas où ça dégénère. Ses pupilles et sa peau ont la même teinte, dun beige fade. Son regard est maussade comme si cela l'ennuyait d'être là. Sa barbe est blanche et taillée en d'étranges arabesques. Je suis intriguée par ses oreilles en pointe.
Ses doigts longs et fins, presque crochus, me palpent les jambes. Je grimace à la température froide de ses mains. Je suis une participante officielle des Jeux, j'ai donc droit à des soins si j'en ai besoin à la fin d'une épreuve. Mais certains estiment que les delliens ne sont pas assez forts et devraient être laissés pour morts s'ils ont survécu en étant blessés.
J'aurais aimé qu'un torélien empêche la mort des précédents joueurs de Dell, mais ils n'ont malheureusement pas le pouvoir de ressusciter les morts. Et les candidats de mon peuple ont presque tous succombé à leurs blessures.
L'homme commence par faire remonter ses mains de mes chevilles vers mes hanches. Je me mords la langue pour éviter de crier. Ses yeux deviennent blancs à mesure que la guérison commence. Le sang séché sur mes jambes commence à disparaître, les hématomes s'estompent lentement et une chaleur apaisante vient anesthésier mes douleurs. Je vais pouvoir me déplacer à nouveau. En revanche, je garderais des cicatrices.
Il s'approche de mon visage et caresse ma joue pour en effacer la coupure que les racines folles m'ont laissé, avant de rentrer sous terre. Tout mon corps me semble plus léger.
Yoko m'aide à me relever et je descends du lit. Ma combinaison est tâchée de sang et de terre. Luther et mon assistante me raccompagnent jusqu'au complexe par une petite entrée à l'arrière afin d'éviter la foule médiatique.
Le prochain jeu commencera la semaine prochaine. Mais entre-temps, il règne comme une ambiance de fête sur Totem. J'entends des cris de réjouissances, au loin, alors que nous regagnons ma chambre. J'ai passé plusieurs heures à l'hôpital, Titan est bas dans le ciel et il va bientôt faire nuit. Luther et Yoko me quittent en insistant sur le fait que je dois me reposer. Mais je n'arrive pas à dormir. Je ressens encore les bienfaits de ma guérison torelle.
J'inspire profondément. J'essaye de ralentir ma respiration et de me calmer. Mais rien à faire, le sommeil ne vient pas. Je décide de me lever et d'aller marcher un peu.
Et si j'allais explorer ce complexe ? Je souris à cette idée et sors discrètement de ma chambre. Luther me tuerait s'il savait que je ne dors pas ! J'arpente les couloirs, vêtue d'une chemise blanche et d'un short. Le complexe est entièrement chauffé. Mon cœur s'emballe alors que j'aperçois une silhouette dans un renfoncement. Ce n'est peut-être pas une bonne idée de croiser d'autres candidats. Pourtant, j'ai envie de m'exposer, de leur montrer que je suis en vie et que je vais continuer. Ils doivent tous me croire morte et j'ai envie de leur prouver le contraire.
— Toujours vivante ?
Je sursaute à cette voix que je pourrais reconnaître entre mille, tellement elle est agaçante. Je lève les yeux au ciel et serre la mâchoire.
— Tu as de la chance que je n'aie pas mon arme sur moi, Ardalôn.
Il soupire de satisfaction. Son sourire narquois s'étire aux extrémités de sa bouche.
— Tu as de la chance que je t'aie épargnée, répond-il, un regard levé vers les étoiles au travers de la grande baie vitrée qui lui fait face.
— Tu m'as épargnée ?! dis-je, incrédule. Tu as essayé de me tuer ! Imbécile !
Ça l'amuse, on dirait.
— J'aurai peut-être dû, dit-il tandis qu'il se rapproche.
La lumière tamisée du couloir se reflète dans ses yeux noisette.
— J'aurais pu ordonner à mes racines de te transpercer le cœur, mais je ne l'ai pas fait. Tu devrais être contente.
Je respire bruyamment. Je dois me calmer. Entrer dans son jeu n'est pas la solution.
— Et je dois te remercier, c'est ça ?! je réponds, les bras croisés.
— Je ne sais pas, à toi de me le dire. Tu préfères continuer à jouer et souffrir ou tu préfères arrêter et rentrer chez toi, me répond-il, les paupières plissées comme pour me sonder.
— Je préfère survivre, je rétorque.
Nous sommes plus proches que ce que je pensais, mais je ne suis pas gênée. Je veux qu'il sente mon désir de vengeance.
— Tu as aimé mon petit mot ? demande-t-il alors qu'il baisse la tête pour être à ma hauteur.
Je repense à son message gravé dans le tronc du saule pleureur. Il m'a indiqué la mauvaise direction.
— Tu as voulu me tromper.
Je me redresse pour le toiser du regard. Il est hors de question que je le laisse partir satisfait. Je me mords la lèvre, je suis rentrée, malgré moi, dans son jeu. Mais il m'agace tellement que j'éprouve le besoin irrésistible de gagner.
— Je savais que tu ne m'écouterais pas. Alors je t'ai indiqué la mauvaise direction.
— Tu veux dire que tu l'as fait exprès pour m'aider ?
C'est tellement ridicule que j'ai envie d'éclater de rire.
— Je ne te crois pas, je réponds alors que je m'éloigne.
Il ne me retient pas. Heureusement pour lui, parce que je sais aussi me servir de mes poings. Je secoue la tête pour oublier cette altercation avec Ardalôn et continue mon exploration. J'ai l'impression de me retrouver à nouveau dans le labyrinthe. Les couloirs se ressemblent tous et je finis par me perdre. Il fait tellement sombre que je ne vois rien du tout. Je marche et me prends un mur en pleine face. Je gémis de douleur en me frottant la tête pour tenter de faire disparaître la future bosse qui ne manquera pas de sinstaller sur mon front.
J'aperçois une lueur orangée plus loin. Je me dirige vers elle pour essayer de retrouver mon chemin. Elle est plus éblouissante à mesure que je m'approche d'elle.
Il s'agit d'une flamme. Ça doit être le candidat kalis. Je me demande si c'est l'héritier lui-même qui participe aux Jeux. Je n'ai pas fait attention aux autres candidats pendant la parade. J'aurai peut-être dû. Ça m'aurait évité la surprise de voir Ardalôn dans le labyrinthe
Je suis en face de l'étincelle. Je me rends compte qu'il s'agit d'une petite flamme qui vole dans les airs. Son propriétaire ne doit pas être loin. Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de le rencontrer. C'est le prince de Kalisto, Daerôn, celui que tout le monde déteste ou envie. Son père est d'une cruauté immense, son fils ne doit pas faire exception.
Je décide de suivre ma raison et je me retourne quand soudain quelqu'un m'agrippe par les épaules. Je ressens instantanément une chaleur au-dessous de ses mains, au travers de ma chemise. Je retiens mon souffle. Son visage apparaît souriant. Il me relâche doucement. Sa flamme vient se positionner sagement derrière son épaule droite.
— Excuse-moi, je ne voulais pas t'effrayer. Tu dois être Elwing ?
Ses yeux dorés m'observent avec curiosité. Je hoche silencieusement la tête en guise de réponse.
Comment dois-je me comporter avec le futur gagnant des Jeux ? Il est évident que ce sera lui. Son père est au pouvoir et son fils à la réputation d'être très fort et dangereux. Je me demande s'il a déjà tué des delliens, même si je connais déjà la réponse. Il me prend doucement le poignet pour me retenir de m'enfuir comme j'en avais l'intention.
— Tu n'as pas à avoir peur. Je ne te veux aucun mal. Nous ne sommes pas dans les Jeux.
Sa voix est grave et chaude. Il penche la tête tout en me parlant et des mèches brunes tombent sur son large front. Ça lui donne un côté enfantin. Mon cœur se calme. Il a raison, nous ne sommes pas dans une épreuve de la compétition. Et en dernier recours, j'ai toujours le couteau à beurre des Jeux, coincé dans ma botte. Je pourrais toujours men servir contre lui si besoin. Cette pensée me rassure.
— Je n'ai pas peur de toi, je réponds fermement, convaincue que mes paroles retranscrivent bien mes sentiments.
— J'en suis soulagé, déclare-t-il.
Il me lâche et la chaleur que je ressentais à son toucher s'évanouit instantanément et une sensation de froid menvahit presque aussitôt. Je m'apprête à partir alors qu'un silence gênant s'installe entre nous.
— Félicitations, dit-il soudainement. Pour tes premiers jeux, enchaîne-t-il.
— Merci.
C'est la première fois qu'on me félicite. Et de sa part, j'en suis très surprise. Je ne sais pas trop quoi répondre.
— J'imagine que ça doit être fatigant d'essayer de survivre tout le temps. Tu devrais te reposer.
Sur ces paroles bienveillantes, il s'éloigne. Sa petite flamme le suit de près comme une entité à part entière. Je me demande pourquoi il s'est montré gentil et prévenant envers moi. Je suis censée être une pauvre dellienne chanceuse, rien de plus à ses yeux.
Pourtant, le son de sa voix ne me laisse aucun doute, je suis sûre que c'est lui qui m'a indiqué la sortie du labyrinthe. Pourquoi ma-t-il aidé ?
Je m'endors avec cette seule et unique question en tête.
*
A peine levée, je prends un jean noir et un t-shirt blanc et m'habille en vitesse. Je descends les escaliers pour me rendre au restaurant du complexe. Mes cheveux lâchés sont légèrement ondulés et atteignent le milieu de mon dos. Je les attache en un chignon rapide avant d'entrer dans la grande salle à manger.
La pièce est déjà remplie de candidats et tous les regards se tournent vers moi à l'unisson. Je m'immobilise de surprise, mais je relève bien vite la tête. Je ne dois pas paraître faible à leurs yeux, je pourrais facilement devenir une proie par la suite.
Je prends un plateau et m'assois à une table, seule. Je commence à manger quand quelqu'un s'approche et pose son plateau en face de moi.
— Bonjour, charmante dellienne.
Je m'étouffe à moitié en regardant le candidat namusien : Nathaniel. Ses longs cheveux blonds presque blanc, retenus par un bandeau en cuir tombent sur ses larges épaules. Son nez droit équilibre bien son visage ovale. Ses yeux d'un bleu profond me fixent intensément.
Je l'observe sans dire un mot et reprends une fourchette de mon repas. Il a l'air d'être frustré par ma réaction.
— Félicitations pour ta première victoire. J'espère vraiment que tu resteras longtemps avec nous, s'exclame-t-il tandis qu'il prend une baie de mon plateau.
— Merci, je réponds poliment alors que je déteste qu'on me pique ma nourriture.
Pourquoi me félicitent-ils alors qu'ils savent qu'ils pourront me tuer à la prochaine occasion dans les Jeux ?
— Tu ne dois pas être effrayée par les prochaines épreuves. Je ne te ferai aucun mal, princesse.
J'ai un haut-le-cœur. J'entends un rire derrière moi. Une jeune fille rousse s'assoit à mes côtés.
— Laisse tomber Nath, tu ne lui fais aucun effet.
J'observe ma voisine en silence. Ses cheveux roux chatouillent ses épaules et son visage poupin est constellé de taches de rousseur. Ses yeux sont dun marron doux et son nez est retroussé.
— C'est bien ce qui m'inquiète, lui réponds Nathaniel. D'habitude, elles sont toutes dingues de moi.
Je le regarde avec un air de défi sur le visage. Je ne vois pas ce qu'elles lui trouvent. C'est vrai qu'il est attirant, mais j'ai d'autres choses à faire que de m'amouracher d'un potentiel assassin.
— Oh non ! J'ai oublié de prendre de l'eau, dis-je pour menfuir.
— Je peux remplir ton verre, si tu veux ! reprend Nathaniel.
Et sans me demander mon avis, il ouvre sa main et une eau claire et limpide en jaillit. Je suis hypnotisée par son geste. Une fois mon verre rempli, il me lance un grand sourire.
— Impressionnant, n'est-ce pas ?
Oui, ça l'est. C'est comme un tour de magie.
— Tu t'es lavé les mains avant ? se moque la jolie rousse
A sa question, j'éclate de rire. C'est un rire nerveux. La situation m'échappe. Ils sont vraiment plus doués que moi. Je ne me sens pas capable de combattre des pouvoirs surnaturels. Mon visage se ferme, je dois rester concentrée. Pourtant, j'entends la voix de Yasmine dans ma tête qui me répète : « Arrête de te renfermer sur toi-même ».
Je sais qu'il faut que je me montre sociable avec les autres, mais j'ignore comment les considérer.
Amis, ennemis, tueurs.
Sont-ils eux aussi des pions que le roi Aegnor samuse à déplacer sur son plateau de Jeux ?
Comme en réponse à mes interrogations, la rousse se tourne vers moi.
— Au fait, je ne me suis pas présentée ! Je m'appelle Lindorie, je viens de Glow.
Au moment où nous nous serons la main, je ressens un coup de jus. Glow : la planète électrique.
— Tiens ! C'est bon signe ! remarque-t-elle.
— Ah bon ?
— Quand j'émets un courant électrique à la première poignée de main, ça signifie que je vais être liée à l'autre personne, me répond-elle un grand sourire aux lèvres.
Je ne sais pas si je dois me réjouir ou paniquer. Je ne connais pas cette fille. Et les glowois ont un pouvoir dangereux et mortel. J'ai l'impression de devenir folle à me méfier de tout le monde. Après tout, certaines planètes sont sous une emprise beaucoup plus forte de la part des kalis. Alors je laisse ma bouche prendre le relais sans l'accord de mon cerveau.
— Super ! je m'exclame, joyeuse.
Lindorie à l'air ravie de ma réponse puisqu'elle n'arrête pas de gigoter sur son siège. Nathaniel, lui, a perdu son éternel sourire.
Tout à coup, le verre d'eau que je m'apprêtais à boire m'échappe des mains et verse son liquide sur ma tête. Je suis complètement surprise et choquée.
Je regarde autour de moi, et capte le regard de Bélèm, le fils de la présidente. Il me répond par un geste de la main, avec un air amusé collé au visage.
Je suis complètement trempée et j'ai un t-shirt blanc J'essaye de me calmer et de ravaler ma fierté. Nathaniel se retient d'éclater de rire et Lindorie me regarde avec de grands yeux effarés. Le reste des candidats s'esclaffe. J'ai beau avoir réussi la première épreuve, ils ne me respectent pas pour autant. Moi qui pensais que certains ne me regarderaient plus de haut, c'est raté. Je me lève aussi dignement que possible et prend congé. Au moment où je quitte la salle, au milieu des rires, j'imagine le sourire moqueur d'Ardalôn. Pourtant, quand mes yeux se posent sur lui, je vois un regard inquiet dans ses yeux, tout comme son voisin, Daerôn.
Je sors finalement de la salle, mais mes vêtements sont déjà secs. Je ne comprends pas. J'hésite à retourner manger, mais l'incident ma coupé l'appétit. Je décide de remonter dans ma chambre. J'ai la sensation désagréable que quelqu'un me suit. Je me précipite dans mes appartements. Au travers de ma porte, j'entends un chuchotement inconnu.
— Tu crois que je dois aller la voir ?
Je n'entends aucune réponse, mais je sais qu'on parle de moi.
— Je pense plutôt que ça risque de ruiner tous mes efforts, reprends la voix.
Il n'y a qu'une seule voix. Je suppose, donc, qu'elle doit être en communication indirecte avec une autre.
— Arrête Inti ! Tu vas finir par me rendre fou !
Je décide d'ouvrir la porte brusquement pour surprendre le mystérieux interlocuteur.
Ardalôn se trouve devant, prêt à frapper. Il sursaute au mouvement de la porte. Une petite branche se trouve sur son épaule et se précipite vers son poignet pour s'y accrocher. Je suis obnubilée par celle-ci. On dirait qu'elle est vivante.
— Est-ce que ça va ? demande Ardalôn après s'être éclairci la gorge.
— Depuis quand mon état t'intéresse ? Tu ne t'en préoccupais pas dans le labyrinthe, je lui fais remarquer alors que je m'appuie contre le battant de la porte.
Son changement d'attitude envers moi est pour le moins déconcertant.
— J'imagine que tu t'es remise alors je vais partir, dit-il dans un soupir.
Avant qu'il ne se retourne, je le vois grimacer de douleur. La petite branche enroulée autour de son poignet transperce sa chair, d'épines. Il lâche un grognement de colère. Je l'entends siffler entre ses mâchoires serrées.
— Saches que ton état m'importe beaucoup, ajoute-t-il, le regard fuyant.
J'observe la réaction de la branche plutôt que celle de son propriétaire. Elle range ses griffes et commence à fleurir en une jolie fleur rose. Je relève la tête pour voir la réaction du jeune homme.
— Qu'est-ce que c'est ? je demande, un doigt pointé vers lêtre vivant.
— Ce n'est rien. Ne fais pas attention, répond sèchement Ardalôn.
Soudain, la petite branche remonte le long de son bras pour s'accrocher de nouveau à son épaule et me salue dune révérence distinguée. Ardalôn soupire d'exaspération.
— Je te présente Inti. C'est un ami. Inti, je te présente Elwing.
La petite branche fleurit en petits bourgeons. Je ne sais pas vraiment ce que ça signifie. Je hausse un sourcil interrogateur.
— Il est content de te rencontrer. Mais maintenant, il va retourner sagement à sa place et se tenir tranquille, ordonne-t-il d'un ton ferme.
La branche à trois brins, hausse les « épaules » de ses deux petites extrémités et enroule à nouveau le bras de son propriétaire. Je suis fascinée par cette petite créature.
— Comment est-ce possible ? je demande, les yeux écarquillés.
Je veux savoir comment cette petite branche fonctionne. Est-ce que c'est lui qui lui donne vie ?
— Je répondrai à tes questions plus tard. Je dois y aller.
Ardalôn se détourne rapidement et je lentends réprimander sa petite branche en partant. Je m'allonge sur mon lit et inspire profondément. J'ai besoin de réfléchir à la suite. Je n'arrive pas encore à croire que jai réussi le premier jeu. Malheureusement, je sais que ce n'est que le début. Je dois rester forte et ne pas crouler sous les émotions qui m'assaillent.
Des voix dans le couloir interrompent ma réflexion. Je m'approche pour essayer d'écouter.
— Je sais très bien ce qui s'est passé sur Dell, déclare une voix profonde.
— C'est la seule survivante. Tu ne trouves pas ça bizarre ? répond une autre.
Je reconnais la voix grave de Daerôn, mais l'autre m'est inconnue. Ils sont au courant pour les meurtres de Dell ! Je m'approche furtivement près de ma porte pour entendre plus clairement leurs paroles.
— Tu penses que c'est elle qui les a tous tués ? Pour être sûre de participer ? reprend la deuxième voix.
— Je ne sais pas, Saeros, mais si c'est le cas, cela fait d'elle une concurrente dangereuse, répond lhéritier.
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