Chapitre 4. Le Capitole
Si Haymitch a prévu de passer la nuit à réfléchir sur son entretien avec Darren, son plan tombe à l'eau la minute où il s'étend sous les couvertures douces et parfumées qui ne tardent pas à avoir raison de lui.
Il se réveille alors que le jour a déjà pointé le bout de son nez et est surpris de constater qu'il a passé une merveilleuse nuit. Assez surprenant quand on se sait pourtant condamner dans quelques jours. En plus de cela et malgré le repas gargantuesque de la veille, son estomac bourdonne pour quémander le petit-déjeuner. Haymitch se glisse hors des draps et se débarbouille rapidement le visage. Il enfile de nouveaux vêtements, relativement sobres, puis sort de sa chambre. Il ne sait pas s'il a le droit de se balader ainsi dans les compartiments sans invitation mais son estomac prend la décision à sa place. Il retrouve sans aucun mal le wagon dans lequel les autres tributs et lui ont partagé le repas hier soir. Maysilee est assise dans un coin et boit un chocolat chaud fumant tout en piochant dans un bol de fruits colorés. Mise à part elle, personne ne semble debout... et cette constatation arrange Haymitch qui n'a aucune envie de participer à une conversation de politesse avec qui que ce soit. Il s'installe à l'autre bout de la table et regarde avec perplexité la myriade de plats qui se tient devant lui. Comme la veille, tout lui donne envie et il ne sait pas par quoi commencer.
« -Tu devrais goûter leurs œufs brouillés, une vraie merveille. »
Haymitch croise le regard de Maysilee qui le soutient sans broncher. Il hésite un moment, puis se sert suivant les conseils de la jeune fille. Un long silence s'ensuit, durant lequel le garçon a tout le temps de constater à quel point il a bien fait d'écouter Maysilee : ces œufs sont délicieux, si bien qu'il finit par se resservir, ignorant le regard insistant de sa partenaire qu'il s'imagine un brin moqueur.
« -Darren est passé te voir hier ? »
A contrecœur, il se détourne de son assiette pour affronter de nouveau Maysilee. Il hoche la tête sans piper mot, espérant que son manque de coopération à créer une discussion finisse par décourager la jeune fille. Malheureusement, cette dernière ne semble pas en avoir terminé avec lui.
« -Il m'a dit que créer une alliance est gage de réussite, qu'est-ce que tu en penses ?
-Tu me demandes d'être ton allié ? l'interroge Haymitch, suspicieux.
-Je te demande ton avis. »
Haymitch lit une détermination déstabilisante dans le regard de sa concurrente et, pour la première fois depuis le début des Jeux, il se rend compte de la difficulté à laquelle il va être confronté. Des candidats prêts à tout pour gagner. Prêts à verser du sang. Prêts à monter des stratégies et se battre jusqu'à la mort. Il n'est pas dupe, il sait qu'une alliance serait bénéfique. Cependant, il répond, laconiquement :
« -Je ne fais pas d'alliance. Si je dois mourir, ce sera seul et non entourés d'hypocrites auprès de qui j'ai prêté un serment sans honneur. »
Maysilee ne répond rien mais continue de dévisager un moment le jeune homme, comme si elle tente d'analyser le fond de sa pensée. Haymitch est mal à l'aise mais n'en laisse rien paraître, mâchonnant nonchalamment ses œufs brouillés. La candidate repose sa tasse désormais vide, se lève et quitte la table, après avoir jeté un dernier regard à Haymitch. Ce dernier soupire. Quel a été un des conseils de Darren déjà ? « Montre-toi accueillant et amical, toute aide sera la bienvenue. » Et dire que le pire reste encore à venir.
*
En parlant de pire, le nettoyage imposé à chaque candidat à l'arrivée au Capitole rejoint rapidement le podium des expériences les plus désagréables dans la vie d'Haymitch. À peine le train entre-t-il en gare qu'on le conduit jusqu'à un immense bâtiment qu'on lui explique être le Centre de Transformation – de Torture, aurait-il plutôt concédé à le nommer. Là, il est accueilli par une petite troupe de personnes plus excentriques les unes que les autres et le jeune garçon a bien du mal à rester imperturbable devant leurs colorations, leurs cheveux, les implants et tout le bazar qui fait d'eux, aux yeux du tribut, d'étranges personnages. Ils le déshabillent sans ménagement puis l'observe sous toutes les coutures, ce qui a le don de mettre Haymitch plutôt mal à l'aise. Il est tenté de fuir à toute jambe mais se sachant nu comme un ver, il renonce immédiatement à cette idée. Les personnes chargées de le « transformer » donc – il n'a pas pris la peine de retenir leurs prénoms tout aussi ridicules que leurs cils tantôt courbés, tantôt teintés de bleu – continuent de piailler pendant quelques minutes sur son apparence et sur comment faire de lui « une beauté à en faire pâlir toutes les dames du Capitole ». Cette idée répugne Haymitch mais il se garde bien de le dire. Il sait que, à cet instant, il n'a pas son mot à dire et protester ne lui offrirait que des ennuis. Il patiente donc, tentant d'ignorer sa nudité et ces regards insistants puis pour son plus grand plaisir, on le somme de s'allonger pour commencer le nettoyage.
Le processus est long et le garçon trépigne d'agacement. On le lave de la tête aux pieds, on l'enduit de milliers de substances parfumées, on frotte sa peau durcie par la vie frugale offerte par le District 12, on arrache tous ses poils – il faillit s'en indigner avant de se rappeler qu'il n'est pas en position de le faire – puis on s'occupe de ses cheveux, on les brosse, on y retire la poussière, la crasse accumulée d'années à prendre des bains rares et souvent expédiés. Quand enfin les « transformateurs » s'écartent de lui, Haymitch a l'impression que la moindre parcelle de sa peau est à vif. On le place devant un miroir et l'une des femmes dont la peau est entièrement peinte en or jacasse :
« -Alooooors, mon chou ? Qu'en dis-tu ? »
Ses compères se mettent à pouffer, complimentant leur propre travail. Le garçon manque de ne pas se reconnaître tant il est métamorphosé : sa peau est luisante et lisse, ses cheveux soyeux, son visage dégagé et sans tous ses poils, il fait très enfantin. Il n'aime pas le résultat à la seconde où ses yeux se posent sur son reflet. Il a l'air ridicule. Mais comme on attend de sa part un minimum de reconnaissance pour le travail fourni, il concède, du bout des lèvres :
« -Je crois que même ma mère ne me reconnaîtrait pas. »
Les adultes partent d'un grand éclat de rire, comme s'il venait de sortir la plus grande blague de l'année. Il est désespéré par leur comportement mais se contente d'afficher un sourire crispé sur son visage.
Les agaçants personnages qui lui ont tenu compagnie pendant maintenant bien deux heures finissent par s'éclipser. On lui dit d'attendre que son styliste arrive pour lui présenter son costume. Maussade, le garçon obtempère – prenant avant soin de se couvrir d'un peignoir, n'ayant aucune envie de rencontrer celui ou celle qui est chargé de l'habiller pour la Parade, qui aura lieu le soir-même. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, les costumes du 12 ont toujours été particulièrement hideux : morceaux de charbons informes, mineurs crasseux, les stylistes se surpassent toujours pour ridiculiser le District. Il suppose que Maysilee, Flavie, Nash et lui n'échapperont pas à la règle, il se prépare donc au pire.
On entre enfin dans la pièce et Haymitch s'attend à voir entrer un excentrique aux yeux violets ou une extravagante aux cheveux verts mais à la place apparaît Nash, entouré du même peignoir que lui et paraissant un peu déboussolé. Haymitch le comprend mais ne montre aucun signe de compassion. Il le dévisage un bref moment avant de reporter son attention ailleurs.
« -On m'a dit d'attendre avec toi, l'informe le garçon. Apparemment, ils n'ont pas daigné doubler le nombre de stylistes, contrairement à celui de tributs.
-Bien.
-Je suppose que ça ne fera pas grande différence de toute manière. Je ne pense pas que notre District aura un jour un styliste digne de ce nom. »
Haymitch acquiesce, parfaitement conscient de ne faire aucun effort pour alimenter la conversation. Pourtant, son camarade n'a pas l'air méchant bien au contraire, il a l'air paumé comme une bonne partie des tributs qui passent par là. C'est ça qui met le plus Haymitch en rogne parce qu'il est témoin de la destruction progressive et soigneuse de tous ces gamins par les mains vicieuses du Capitole – lui ne faisant pas exception à la règle. Ils vivent tous tellement de changements en si peu de temps qu'ils ne savent plus où donner de la tête : la nourriture débordante et exquise, les caméras enjouées, les interviews... jusqu'à ce qu'ils soient lâcher dans l'arène et qu'une bonne partie d'entre eux finissent en chair à canon avant le premier lever du jour.
« -Haymitch ? »
Il s'extirpe de ses pensées et lève le regard sur Nash qui attend visiblement une réponse de sa part.
« -Je te demandais quel costume tu penses qu'ils vont nous choisir cette année ? répète le tribut avec patience. »
Haymitch hausse les épaules.
« -Tant qu'ils ne nous laissent pas nus et enduits de charbon, je crois que je suis prêt à accepter n'importe quoi. »
Nash rigole et c'est à ce moment que surgit leur styliste en piaillant :
« -Bonjour mes beautés ! Vous êtes prêts à arborer fièrement les couleurs de votre District ? »
Haymitch n'est pas déçu : l'homme qui se tient devant eux est un cliché à lui tout seul de l'ensemble de la population du Capitole. De ce que le garçon peut en juger, il n'y a pas un seul centimètre de son corps qui n'a pas subi une intervention chirurgicale : il a des yeux allongés, presque félins, une bouche bien trop pulpeuse pour être naturelle, la peau tachetée de spots colorés et son crâne chauve est parsemé d'implants qui rendent son cuir chevelu bosselé.
Nash et Haymitch se lancent un regard entendu et, pour la première fois, Haymitch sent une sorte d'affinité passer entre eux : au moins, ils sont d'accord pour qualifier le personnage d'absurde. Il voit Nash se mordre les lèvres pour ne pas exploser de rire et lui-même a du mal à conserver son éternel visage blasé.
Le styliste se présente sous le nom de Marilius et se dit EN-CHAN-TÉ d'avoir l'opportunité d'habiller non pas un mais deux tributs cette année. Haymitch aimerait lui rétorquer à quel point il est, pour sa part, enchanté par la décision du Capitole de doubler le nombre de morts mais il garde la bouche fermée.
Marilius prend leur dimension, leur faisant de nouveau retirer leur peignoir pour admirer le travail des préparateurs avant lui. Haymitch ne se tourne pas vers Nash mais ressent son malaise.
Ils doivent écouter Marilius bavarder encore vingt bonnes minutes avant qu'il ne leur présente leur costume. À nouveau, les garçons partagent un regard entendu et cette fois-ci, Haymitch laisse échapper un sourire malgré lui. Leur tenue est grotesque et encore, le mot paraît bien maigre pour décrire l'assemblage d'étoffes que leur présente le styliste. Il s'agit d'une pâle copie peu réaliste des vêtements que portent les mineurs. La combinaison est large, d'une couleur censée rappeler la suie que respirent toute la journée les hommes se tuant à la tâche mais qui rend fausse. Le tout est accessoirisé par un sac qui se place sur le dos et dans lequel le styliste a « ingénieusement » disposé des paillettes noires censées symboliser le charbon extrait par les mineurs, et le pire reste sans doute la coiffe, une sorte de casque à lampe frontale disproportionnée sur lequel brille un « 12 » marqué savamment d'une étoffe sombre. Bref, la Parade promet encore une fois réellement d'être en la faveur du District 12.
Les garçons enfilent sans protester leur combinaison, aidé par Marilius qui reprise ça et là l'ensemble pour qu'il leur sied parfaitement. Le tissu à l'avantage d'être léger et soyeux et c'est sans doute le seul point positif que trouve Haymitch à son costume.
Au bout d'une heure encore, on les libère de leur styliste et les deux garçons sont escortés jusqu'au dernier étage du Centre, où a été construite une immense écurie dans laquelle sont soignés les chevaux qui tireront les chars de chaque District. Cette année particulièrement, il a fallu mettre les bouchées doubles et sélectionner quarante-huit magnifiques purs-sangs qui remonteront l'allée des tributs jusqu'au Grand Cirque, ainsi que construire non pas douze mais vingt-quatre chariots dans lesquels paraderont les tributs. C'est ainsi qu'Haymitch et Nash se retrouvent dans un hangar où se bouscule une foule compacte de personnes, tributs, stylistes réglant les derniers détails de maquillage, palefreniers brossant les robes scintillantes des chevaux et mentors glissant quelques conseils à leurs protégés. Ils retrouvent sans grand mal Salvina, Darren, Maysilee et Flavie et Haymitch est satisfait de constater que les deux demoiselles portent un costume équivalent au leur, personne ne sera désavantagé. Si Darren n'approuve pas le costume – comme Haymitch doit s'en douter – il ne laisse rien paraître et somme les quatre candidats de se regrouper près de leurs chars.
« -La Parade va commencer d'ici une dizaine de minutes. Vous passerez en derniers alors faites en sorte de laisser une bonne impression au public. Des écrans géants jalonnent votre parcours et les présentateurs se délecteront de toutes vos réactions, souriez même si vous n'en avez pas le cœur. Les sponsors se gagnent à partir de maintenant, faites bonnes figures. »
Haymitch a parfaitement conscience que Darren lui-même ne croit pas en ce qu'il dit – comment peuvent-ils espérer gagner ne serait-ce qu'un seul sponsor, habillés comme ils le sont ? – mais son discours est plein de bonnes volontés. Salvina ajoute son grain de sel en disant qu'elle a hâte de les voir sans écran géant et que la Parade allait être deux fois plus merveilleuse que l'année passée. Haymitch se détourne de la conversation et laisse traîner son regard autour de lui.
C'est la première fois qu'il voit ses concurrents, autre que ceux de son District. Il y a trop de monde pour qu'il distingue les quarante-quatre personnes concernées mais il parvient tout de même à mettre un visage sur certains d'entre eux – ou plutôt un costume. Certains sont si maquillés qu'il n'est pas sûr de les reconnaître le lendemain, sans toutes les paillettes et les froufrous. Les quatre tributs du District 1 se détachent des autres par la richesse de leurs vêtements. Jamais Haymitch n'a vu autant de bijoux et diamants réunis au même endroit, c'en devient presque exubérant mais l'extravagance est si à la mode ici que ça ne l'étonne pas. Nul doute qu'encore une fois, les sponsors vont s'arracher les paris sur les quatre carrières. Il repère la petite bande du District 3 un peu plus loin, portant un curieux costume fait d'engrenages assemblés laborieusement les uns aux autres. Il aperçoit une fille chétive provenant sans doute du 7, habillée dans une tenue moulante dont la texture est censée rappeler l'écorce d'un arbre et la coiffure hérissée de branches à l'équilibre précaire. Il y a aussi le 8 dont les tributs portent de longues tenues bouffantes constituées d'une multitude incroyable de tissus et couleurs différents à en donner mal à la tête.
Haymitch est absorbé dans la contemplation des différents Districts jusqu'à ce que l'hymne annonce le début de la Parade. Il rejoint son chariot, qu'il partagera avec Flavie, alors que les deux chars du District 1 partent à l'assaut du public. Les autres suivent rapidement le mouvement et, bien vite, Haymitch et Flavie quittent à leur tour le hangar pour s'engager dans la longue allée qui les mènera jusqu'au Grand Cirque où se trouvera le Président Snow.
La lumière artificielle des projecteurs éblouit le garçon qui reste quelques secondes déstabilisé. La foule est en ébullition, la musique est assourdissante, si bien qu'un bref instant, Haymitch est totalement déboussolé. Lorsqu'il reprend possession de ses sens, le spectacle qui s'offre à lui le laisse bouche bée. L'allée est encore plus large et impressionnante que ce que laissent suggérer les écrans poussiéreux du 12 et le public, installé de chaque côté, est au comble du bonheur. Au-dessus d'eux, des écrans aux dimensions rocambolesques diffusent en direct la Parade, zoomant tour à tour sur chaque couple de candidats. Haymitch se ressaisit, n'ayant pas envie d'être pris pour un gamin de la Veine béat devant la richesse du Capitole – bien qu'au fond ce soit ce qu'il est. Il enfile un masque d'indifférence et jusqu'au Grand Cirque, ignore le public. Tant pis pour les recommandations de Darren, il n'allait certainement pas se pavaner devant tous ces gens alors même que sa famille est probablement en train de le chercher parmi tous les tributs. Il a suffisamment l'air ridicule comme ceci, affublé d'une fausse tenue de mineur, pour en rajouter encore une couche. Il sent Flavie s'agiter à ses côtés, sûrement en train d'accorder quelques saluts timides au public, et il a presque pitié pour elle.
Ils arrivent enfin au Grand Cirque et Haymitch lève rapidement les jeux sur l'esplanade où il aperçoit le Président, surplombant tout le monde de son regard de serpent. L'hymne retentit et fait taire le public en délire. Snow prend alors la parole, sa voix est amplifiée afin que personne ne perde un seul mot de ce qu'il dit :
« -Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens, habitants du Capitole, citadins de tout District, j'ai le plaisir de vous présenter les quarante-huit tributs de cette édition très spéciale des Jeux de la Faim ! »
Le public hurle son plaisir et Haymitch en a froid dans le dos.
« -Cette année, poursuit le Président, je vous promets des Jeux mémorables, une arène hors du commun et des affrontements comme vous n'en avez encore jamais vu ! »
Nouvelle acclamation. Il se tourne enfin vers les tributs, un sourire glacial scotché sur son visage.
« -Je souhaite bonne chance à chacun d'entre vous, que le sort vous soit favorable et surtout, que le meilleur gagne ! »
Quand il prononce cette dernière phrase, ses yeux se tournent sans grande surprise en direction des tributs des Districts 1, 2 et 4 qui comptent, à ce jour, le plus grand nombre de gagnants.
Haymitch se surprend à espérer de tout son cœur que, cette année, la roue tourne, juste pour effacer un cours instant le sourire diabolique sur les lèvres de Coriolanus Snow.
*
Saluuut, voici un nouveau chapitre qui, comme prévu, retrace l'arrivée des tributs au Capitole. J'espère que ça vous a plu et que j'ai su décrire l'ambiance rocambolesque qui règne dans la capitale de Panem. En tout cas, je me suis bien amusé à décrire la frontière qui sépare Haymitch de toutes ces frivolités ! Et ce n'est pas encore fini, les Jeux ne font que commencer...
Alors, qu'est-ce qui attend Haymitch dans le prochain chapitre ? Pour le savoir, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine, sans faute !
Passez une excellente semaine et prenez soin de vous ♡
PetitKoala
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