S O I X A N T E - D O U Z E

Liam, ainsi que Louis et Harry, sont rentrés assez tard dans l'après-midi, trouvant un super repas dans la cuisine, accompagné d'un mot laissé par Alfred : "Mangez un peu et ne vomissez pas sur mes canapés. Je suis parti faire un tour".

- Je suis trop bourré pour m'inquiéter, marmonne Harry en s'asseyant à la table, à côté de Louis qui a la tête entre ses mains.

- Mon cerveau va exploser... s'attriste le châtain en regardant droit devant lui.

Harry sourit avant de l'embrasser sur le front et de commencer à manger un peu. Liam, lui, reste planté dans le salon quelques secondes, puis prend la direction de sa chambre.

- Tu manges rien, Liam ? demande Harry en le voyant s'éloigner.

- Non.

Le brun claque la porte de sa chambre et retire son tee-shirt avant de le jeter brusquement de l'autre côté de la pièce. Sa mâchoire est contractée et ses yeux sont rouges, prêts à pleurer. Il passe ses mains dans ses cheveux, regardant furieusement par la baie vitrée qui ouvre sur la terrasse. Ses idées sont embrouillées par l'alcool et ses sentiments. Il s'empare alors d'un oreiller et se met à crier dedans, le son étouffé. Il s'arrache ses vêtements en laissant couler des larmes de rage imbibées d'alcool sur ses joues, et va dans sa salle de bain, déclenchant l'eau chaude pour qu'elle brûle sa peau.

Ses mains s'appuient sur le carrelage blanc et il souffle difficilement tandis que l'eau brûlante fait rougir sa peau. Il préfère souffrir physiquement que de supporter encore plus longtemps son coeur battre dans le vide. C'est ça. Alfred l'a accueilli dans cette maison, il est devenu son ami, et Liam l'a tout de suite considéré comme une personne qu'il avait toujours connue, une personne de son âge. Mais c'est faux, et Liam n'a pas su s'en rendre compte avant d'avoir des sentiments pour lui. Par conséquent, il ne peut plus revenir en arrière, et il n'a fait que continuer à aimer cet homme. Depuis plus d'un an déjà.

Sa peau le faisant désormais souffrir, Liam baisse la température et se laisse glisser sur le sol, sa tête dans ses mains. Il ne peut pas arrêter... Il ne peut pas arrêter de l'aimer.

_____

Le lendemain, Alfred n'a pas adressé une seule fois la parole à Liam, qui l'a dévoré des yeux toute la journée, attendant un geste, un regard. Mais rien. Alfred refuse de lui accorder de l'importance, et Liam le comprend tristement. Assis sur le canapé, incapable dessiner quoi que ce soit sur le carnet qu'il tient, Liam continue de suivre Alfred du regard. Il parle avec Louis, qui vient de recevoir un SMS.

- Chrissie et Mark se sont décidés, déclare le châtain à l'attention d'Harry et de Liam. Ils ont trouvé la date, ils se marient dans deux semaines.

- C'est génial, et pas trop tôt, rit Harry.

- Je suis vraiment heureux, sourit Louis, avec des étoiles dans les yeux.

Liam esquisse un sourire, lui aussi plutôt heureux.

- Elle nous invite à passer les jours précédant le mariage chez eux, ajoute Louis.

- Et on va y aller, sourit Harry.

- Je ne veux pas venir au mariage, affirme Alfred en se détournant des garçons. Je suis désolé. Je vais me coucher.

Louis fronce les sourcils alors que l'homme aux cheveux blancs monte à l'étage, et lance un regard perplexe à Harry.

- Il... Il n'aime pas les mariages, avoue le bouclé. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais il ne supporte pas ça. 

- Je vois, souffle Louis.

- N'en doute pas, il est très heureux pour Chrissie et Mark, assure Harry avec un sourire. Il va juste... éviter le mariage.

Louis lance un regard à Liam, toujours assis sur le canapé. L'air triste qu'il a eu toute la journée est très probablement lié au fait qu'Alfred ne lui a pas adressé la parole. Le brun baisse les yeux, tapotant son crayon contre son carnet à un rythme frénétique, stressé. Louis s'apprête à lui demander s'il veut quelque chose et puis, le brun se lève précipitamment, l'air déterminé, montant à l'étage. Harry est concentré à faire les comptes du garage et Louis l'observe, ne sachant pas très bien s'il doit le trouver beau, ou s'il doit s'inquiéter que Liam ait rejoint Alfred sur un coup de tête évident. Le bouclé relève les yeux une seconde puis voit le canapé vide.

- Où est passé Liam ? demande-t-il. 

- Euh... Il... Il est parti se coucher, dans sa... chambre.

Harry le regarde amusé puis se met à rire.

- T'es adorable quand t'arrives pas à parler, s'amuse le bouclé avant de se concentrer de nouveau sur les factures de ses clients.

- Ah o-ouais ? sourit Louis un peu gêné, jetant un oeil aux escaliers.

A l'étage, Liam ouvre brusquement la porte de la chambre d'Alfred avant de la refermer. La lumière est éteinte, il y fait sombre, et seul le lampadaire sur le trottoir d'en face apporte un peu de clarté. L'homme aux yeux bleus qui défaisait les premiers boutons de sa chemise se retourne, sidéré de le voir dans sa chambre.

- Tu ne veux pas aller au mariage parce que tu t'imagineras jeune abandonnant ta fiancée, ou heureux et te mariant avec Elisio, lâche Liam avant de s'arrêter pour reprendre calmement. Ou avec quelqu'un d'autre.

Alfred le regarde, alors que le brun se rapproche encore, déterminé.

- Liam, qu'est-ce que tu...

Le brun pose ses lèvres sur celles d'Alfred, le faisant taire et l'attirant contre lui, ses doigts accrochés au col de sa chemise. Il ne semble pas vouloir s'arrêter et ses lèvres continuent de se mouvoir sur celles de l'homme aux cheveux blancs qui répond à son baiser, lui arrachant un léger sourire. Liam le pousse doucement en arrière, jusqu'au mur, et Alfred pose ses mains sur ses hanches, à peine, effrayé de le toucher.

Liam détache leurs lèvres, souriant légèrement, plongeant ses yeux dans ceux d'Alfred. 

- Qu'est-ce que je ? répète-t-il avec malice.

- Qu'est-ce que tu viens de faire ? souffle Alfred, perdu et laissant ses yeux se poser sur chaque détail du visage de Liam à travers la pénombre.

- Tu m'ignores depuis hier... Je devais te le faire payer.

- Je le paie déjà à chaque seconde. C'est insupportable de ne pas te parler, de ne pas te regarder.

- Je t'ai jamais demandé de le faire, sourit Liam en nichant son visage dans son cou.

Alfred enroule ses bras autour de lui, une main passant dans ses cheveux. Il est incapable de le repousser.

- J'étais bourré, souffle le brun, mais j'étais sincère.

- J'aurais espéré que non, avoue Alfred, les yeux dans le vague. Mais je le savais.

Liam dépose une ligne de rapides baisers dans son cou, et sur sa mâchoire, sur sa joue. Alfred sourit en lui disant d'arrêter, encore et toujours, mais Liam pose un autre baiser fugace sur ses lèvres cette fois, lui arrachant son sourire. Le brun le regarde dans les yeux, présomptueux, audacieux. Alfred lit dans ses yeux qu'il ne l'embrassera plus, pas avant que lui ne le fasse. 

- Qu'est-ce que tu m'as fait ? soupire Alfred, penchant doucement son visage vers le sien, ses lèvres rencontrant tendrement celles de Liam.

- Demain, on oublie ? murmure le brun en se détachant de lui.

- Demain, on oublie... 

Liam sourit tristement.

- Je peux dormir avec toi ? demande-t-il tout bas.

- Si tu veux... Mais on est à l'étage, et tu...

- Tu es là, je n'ai pas peur d'une chambre à l'étage, pas de la tienne, sourit Liam.

- D'accord.

Et ils ont passé la nuit allongés l'un à coté de l'autre, se regardant dans l'ombre. Et au matin, Liam est parti. C'était comme s'il ne s'était jamais rien passé.


On ne peut jamais taire nos désirs éternellement, on ne peut qu'y succomber.

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