S I X

- Oh merde ! s'écrie brusquement le grand brun en parcourant précipitamment le court espace qui les sépare, se saisissant d'un chiffon propre au passage.

Se laissant tomber durement à genoux à côté de lui et constatant que le corps mince de Louis ne semble vraiment pas décider à s'arrêter, le bouclé passe gentiment un bras sur le torse du blond et une main rassurante dans son dos tressautant. Louis s'agrippe fébrilement à ce bras qui le tient avec force, crachant de la bile.

- Respire, respire, souffle doucement le brun en apercevant les larmes sur ses joues. Shh, calme-toi...

Il le serre tendrement contre lui, l'encourageant de tout son corps à se détendre. Et finalement, Louis commence à s'apaiser, sa main vide de sang serrant des maigres forces qui lui restent l'avant-bras du beau brun. Ruiné, délabré comme une maison abandonnée, il se laisse tomber lâchement contre son garagiste, qui le berce étrangement et avec une sympathie infinie. Ce dernier passe furtivement le chiffon sur les lèvres claires de Louis, qui semble épuisé et dépourvu d'énergie contre lui. Ses doigts repoussent ses mèches blanches de son front dans un geste au bord du timide.

- Allez, viens par là, Superman.

Il attrape doucement Louis, même si celui-ci grogne, assommé par une fatigue épaisse et un mal-être volcanique. Il se lève alors, le portant correctement dans ses bras.

- Jake, je te laisse le garage ! déclare-t-il en se dirigeant vers sa Cadillac bleue. Et toi, t'es capable de me dire où tu vis ? souffle-t-il en baissant les yeux sur Louis.

Mais le blond a chuté dans les vapes et sombre déjà dans un sommeil pesant. Le bouclé sourit légèrement puis installe délicatement Louis sur le siège passager.

- Bon, déclare-t-il en grimpant rapidement au volant. Je t'emmène chez moi, champion. 

Roulant jusque chez lui, il ne peut se retenir d'observer le blond de temps en temps, admettant qu'il ferait probablement mieux de regarder plus souvent la route elle-même. Mais ce garçon lui plaît bien. Son visage anguleux finement taillé, aux traits séduisants comme l'orage au loin, et ses cils ; ses cils longs et courbés sont tout ce qu'il y a de plus féminin. Paradoxe absolu. Ce faux blond est une vraie teigne, enfermé dans son corps mais vraiment teigneux. Dans le même quartier chic où vit Alia, le bouclé s'arrête lentement devant une immense maison garnie de baies vitrées. Après être rapidement sorti de la voiture, il se rend de l'autre côté afin de prendre une nouvelle fois Louis dans ses bras. La porte de la maison blanche s'ouvre dès qu'il pose un pied sur les marches de l'entrée. Son majordome aux yeux gris l'accueille avec un air soucieux.

- Vous vous êtes encore battu, Monsieur ? le questionne-t-il en s'écartant du passage, refermant la porte derrière lui.

Le bouclé lui offre un sourire réconfortant.

- Alfred, sache que je gagne à chaque fois, et que je ne traîne pas des cons chez moi pour prendre soin d'eux, déclare-t-il en se dirigeant vers les escaliers qui montent à l'étage. C'est un client, et il s'est vidé devant le garage. Prépare-lui quelque chose à manger, et des médicaments pour, eh bien, ce genre de trucs. Je le porte dans ma chambre.

- Comme vous voudrez, Monsieur.

Le grand homme à la barbe soigneusement coupée rejoint la cuisine tandis que le bouclé conduit le blond dans sa chambre. Il le dépose sans geste brusque sur ses draps doux et noirs et après avoir baissé les volets automatiques pour ne garder qu'une lumière tamisée, il lui enlève ses chaussures et glisse un plaid sur son corps allongé.

- Me viole pas, marmonne le blond à moitié endormi.

- Je vais essayer de me retenir, rit doucement le brun en s'asseyant à côté de lui.

Son visage somnolant est adorable, plus enfantin.

- ...t'appelles comm...?

- Quoi ? murmure-t-il en repoussant ses pensées.

- Ton nom, grogne Louis en enfouissant son nez dans le plaid tout doux.

- Harry, souffle le bouclé en souriant. Je m'appelle Harry. Mais tu peux m'appeler Monsieur ou Daddy.

- Louis... soupire le blond en replongeant alors dans son sommeil.

Sans un mot, Harry le regarde s'endormir de nouveau près de lui. L'envie magnétique de passer ses doigts dans les cheveux fins de Louis effleure son esprit avec malice, mais il balaie bien vite cette idée en grimaçant. Pourquoi ferait-il ça ? Et pourquoi pas ?

- Enchanté, Louis, murmure-t-il pensif en se relevant pour éteindre les lumières et redescendre auprès d'Alfred.

Cette tête blonde est vraiment bizarre, et le fait qu'il l'ait ramené chez lui l'est aussi. Quelque chose de protecteur s'est animé en lui, quelque chose, tout simplement, et Harry ne peut s'en défaire.

Ne pas lui demander son prénom : Échoué. ❌

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top