- Tu crois que tu vas te plaire ici ? 

Louis se tourne vers Chrissie, souriant tristement. Il adore Brisbane, et l'idée de vivre près de chez Lucy et Chrissie l'enchante comme un enfant collant sa truffe à la fenêtre un soir de Noël, alors que la neige tombe à gros flocons. Il s'approche d'elle, d'un pas lent, presque misérable, et Chrissie l'attire alors à elle, le serrant dans ses bras.

- Je sais que tu préférerais vivre là-bas, rester dans cette belle maison, avec tes souvenirs. Attendre Harry.

- Attendre Harry... Je ne sais même pas s'il va revenir un jour. Je ne veux pas me morfondre un jour de plus, tout seul, sans nouvelle. 

- Louis... murmure Chrissy, en passant une main rassurante dans ses cheveux.

- Il a choisi Alfred, j'ai choisi Lucy. On a choisi nos familles respectives.

- Mais vous étiez une famille, vous aussi.

- Je le croyais. Mais il faut croire que non... Mais, un jour ou l'autre, j'aurais choisi Lucy moi aussi. C'est évident. 

- Louis, je suis tellement désolée que vous en soyez là. Sincèrement. 

Il se détache doucement d'elle.

- Il m'a promis qu'il m'épouserait, souffle le châtain, mélancolique.

Chrissie ne sait pas quoi dire, elle se sent si touchée de retrouver Louis dans cet état.

- Je te laisse un moment, dit-elle tout bas. Je reviendrai avec Lucy, ce soir. D'accord ?

- Oui... répond Louis, détaché. Dis à Mark de venir aussi. Je vous invite à dîner.

- Tu devrais d'abord t'installer dans cet appartement, et t'imprégner de l'endroit.

- Venez dînez ce soir, dit-il, presque suppliant.

Chrissie ne peut refuser.

- Très bien... A ce soir, alors. Repose toi, Louis.

Elle attrape son sac à main et prend la direction de la sortie, lançant un dernier regard concerné vers Louis, qui s'est laissé tomber dans un fauteuil. Cette nouvelle vie risque de mettre du temps à lui plaire... Une fois seul, Louis pousse un long soupir, ses mains glissant sur les accoudoirs en cuir noir. Son téléphone se met à vibrer.

- Allô ?

- Louis, c'est quoi ce délire ? T'es passé où ?

Il soupire de plus belle.

- Lydie... Le mot était pas assez clair ?

- Le... Le mot ? Putain, Tomlinson, tu sais où je te le mets ton mot ? Bien profond ! Tellement profond que tu pourrais t'étouffer avec !

Louis rit nerveusement.

- Comment ça tu as quitté Annandale ? Pour Brisbane, en plus. Du jour au lendemain, je me retrouve avec les clés d'une des plus belles maisons du quartier riche de la ville ! J'en veux pas de cette baraque !

- J'ai besoin que tu en prennes soin... S'il te plaît, occupe toi de cette maison... Tu peux même aller t'y installer.

- En prendre soin ? Mais tu m'as pris pour qui, ta femme de ménage ? Je ne vais pas me... Attends, quoi ? M'y installer ? T'as fumé ou quoi ?

- Non, tu peux aller y vivre. Après tout, c'est toi qui as les clés.

- Mais je... et comment je fais pour payer ?

- T'en fais pas, c'est toujours Harry et moi qui... qui payons. C'est directement pris sur nos comptes bancaires.

- Je vis aux frais de la princesse ?

- Complètement...

- Oh mon dieu ! gémit Lydie.

Louis grimace.

- Ne refais pas ce bruit d'orgasme dans mon oreille, c'est dégueulasse.

- Oh, je t'ai pas dit ? Je suis en train de baiser. Il m'envoie au septième ciel ce con. 

- Tu es répugnante, s'esclaffe le châtain.

- C'est de toi que je parle. Louis, pourquoi tu me files ta maison ? Pourquoi tu t'es cassé à Brisbane ? Où est Harry ? Et les deux autres ?

- Je... j'ai rejoint ma petite soeur.

- ...

- Lydie ?

- Tu as une soeur ?

- Oui.

- Tu... Tu as une soeur. Putain, j'en apprends aujourd'hui. On va s'arrêter là. Encore une révélation et je vais m'écrouler.

- C'est toi qui as demandé.

- Je m'attendais pas à cette réponse !

- Lydie.

- Bon, je vais te laisser. Je pense qu'il faut que tu redescendes sur Terre, Blondie. Je te rappellerai plus tard. Bye.

- Lyd...

Elle a raccroché. Louis grogne en jetant son téléphone de l'autre côté de la pièce. Cette femme est un phénomène.

_____

S'asseyant au bar, Harry commande la même chose que d'habitude. Pourtant il ne garde pas la tête penchée, pensif et observant ses mains. Ce soir son visage se tourne vers le barman, parce qu'il ne l'a pas vu réagir. Il le regarde et avant de répéter ce qu'il a demandé comme alcool, il observe le jeune homme qui range les verres. Il est grand, mignon. Son air triste intrigue Harry.

- Excusez-moi, je pourrais avoir un Malibu Coco, s'il vous plaît ? répète-t-il, plus doucement.

Le barman relève la tête vers lui, ses joues légèrement teintées de rose. Il doit avoir chaud, à travailler toute la journée et toute la nuit derrière ce bar. 

- Oui, bien sûr, murmure-t-il.

Harry remarque que ses gestes ne sont pas les plus assurés qu'il ait vu jusqu'à présent, et il sourit en le trouvant ridiculement adorable. Ses yeux verts se posent sur sa montre et Harry a une idée.

- Il est minuit et quelques... Et il n'y a plus de clients. Je peux vous offrir un verre ? Ce que vous voulez.

Jimmy le regarde avec des yeux ronds, ne s'attendant pas du tout à ça. Il vient vraiment de... Mon dieu.

- Euh... Je... Ce n'est pas très... professionnel, je ne devrais... pas.

Harry lui offre un sourire éclatant qui l'hypnotise une seconde, le temps qu'il faut pour qu'il verse de la liqueur de noix de coco à côté du verre qu'il devait au contraire remplir. Le bouclé rit de plus belle.

- Les règles sont faites pour être brisées, minaude-t-il. Et je vous promets de ne rien dire à votre patron.

Il lit son nom sur l'étiquette qui orne sa chemise blanche.

- Jimmy.

Ce dernier manque d'air un instant, adorant la voix du bouclé, puis respire profondément, se concentrant du mieux qu'il le peut. Il ne va pas s'évanouir devant lui, si ? Ses jambes sont soudainement trop légères. Oh non, on ne craque pas ! Tu es un homme fort, Jimmy. Fais le gros dur. Le mec qui sait faire. Arrête d'être ridicule. Se calmant, des yeux verts étincelants lui transperçant l'âme, il tend la main pour s'appuyer sur le bar, mais se rate lamentablement, et perd l'équilibre. Il fait un pas en arrière pour mieux tenir debout, mais il se prend le pied dans la porte d'un petit placard, grande ouverte, et tombe en arrière, le cul par terre.

Harry perd son sourire et se précipite derrière le bar, pour le rejoindre et constater les dégâts. Jimmy s'assoit, une mine désespérée trônant sur son visage, et il soupire de honte, ses joues un peu plus rouges. Le bouclé sourit devant son air dépité et sa moue adorable et lui tend la main pour l'aider à se relever.

- Je suis gêné, là, marmonne Jimmy en glissant doucement ses doigts dans les siens, et se remettant debout.

Harry a toujours été doué pour aider les gens à tenir debout.

- Ne le sois pas, sourit-il gentiment. On va mettre ça sur le dos de la fatigue.

Amusé, Jimmy rit légèrement, retirant avec regret sa main de celle du beau brun. 

- Je m'appelle Harry.

- Je sai... Euh... Je suis Jimmy, se reprend-il.

Maintenant, il est rouge jusqu'aux oreilles. Et terriblement embarrassé.

- Oui, c'est écrit sur ta chemise, champion, rit Harry en lui faisant une pichenette sur le nez avant de retourner de l'autre côté du bar.

- Aïe, marmonne Jimmy en se frottant le bout du nez, presque heureux de ce petit geste. Je suppose que vous... tu ne veux plus boire un verre avec un barman qui ne tient pas debout.

- Bien sûr que si, déclare le brun. A la seule condition que tu réussisses à me faire mon Malibu, ok ?

- O-Ok... bégaie Jimmy, avant de se mordre la lèvre.

- Je te regarde, le tombeur, souffle le bouclé en l'observant avec un petit sourire.

- C'est bien ce qui me perturbe... murmure Jimmy pour lui-même, se concentrant sur son cocktail, et croyant ne pas être entendu.

Mais Harry perd son sourire en comprenant ses mots, et il hésite alors. Il lui plaît, c'est ça ? Ou peut-être pas, ça n'a rien à voir... En fait, peu importe. Harry veut juste boire un verre avec un inconnu. Qu'il soit mignon, ce n'est qu'un bonus. Ce n'est qu'un verre... C'est juste un verre.

Plus on se convainc d'une chose, moins cette chose est vraie.

_____

*La fin se rapproche (environ 10 chapitres) et la fin reste encore floue pour énormément d'entre vous... Eh eh... Alors, dîtes moi un peu vos idées : comment ça peut finir selon vous ? Je suis certaine qu'il n'y en a pas un seul qui va me proposer la fin qui va arriver.