Q U A T R E - V I N G T - S E P T
3 mois plus tard.
- Tu as compris, maintenant ? demande gentiment Alfred, sincèrement touché de la tournure des choses.
Jimmy sourit tristement.
- Ouais... J'ai aucune chance. Je fais tout pour le draguer depuis des semaines, mais c'est limite s'il est déjà marié. Vous auriez pu me le dire, au lieu de m'aider à flirter avec lui au début.
- Tu avais besoin de retrouver un peu goût à la vie. Je t'ai offert un aperçu de la merveille qu'est Harry. Tu as même réussi à t'emparer de lui... Il t'aime beaucoup, tu sais ?
- Mais pas assez.
- Tu en demandes trop, Jimmy.
- Je l'ai embrassé.
Alfred reste sidéré.
- Tu... Tu as fait quoi ?
Le barman passe sa main dans son cou, un peu gêné.
- J'ai failli l'embrassé... Il était ivre, et moi aussi, mais moins, se justifie Jimmy. Et je pouvais plus, j'ai... Il a enlevé sa chemise et s'est mis à danser et la musique, c'était Highway To Hell, alors vous comprenez, j'ai pas pu résister. Et j'ai voulu l'embrasser. Il ne m'a pas repoussé, il a juste tourné légèrement son visage.
- Et il ne t'a pas frappé ?
- Non. Il aurait mieux valu ? s'inquiète le barman.
- Qu'est-ce qu'il a fait ? demande Alfred, absolument intéressé.
- Il... Il a posé ses mains sur mes hanches, et la musique est passée à Another Love... et on a juste dansé... un slow... Il a pleuré et il est allé se coucher.
- Oh.
- Il aurait vraiment mieux valu qu'il me frappe, c'est ça ?
- Je crois bien, oui... Là, ça va devenir compliqué.
Jimmy reste silencieux de longues minutes. Son amitié avec Harry a énormément évolué depuis le soir où il ont échangé leur premier verre. Presque les meilleurs amis du monde... Et puis dès que le soleil commence à se coucher, leur complicité évolue toujours autour de l'alcool, et Jimmy flirte un peu maladroitement, tandis qu'Harry ne sait pas s'il doit y répondre, ou s'il doit l'ignorer. Au lieu de ça, il se laisse juste guider, et Jimmy, avec ce regard si passionné, lui réanime son coeur, par moment. Le barman y arrive vraiment. Mais il ne doit pas approcher Jimmy... Pas comme ça. Il va lui faire tellement mal sinon. Comme à Louis.
Harry ère dans les couloirs de l'hôtel de luxe, un peu perdu. Il repense à hier soir, et sa danse avec Jimmy, à ses lèvres à l'odeur de liqueur de framboise. Il ne ressent rien, pourtant son coeur se pince quand il pense au barman. L'ivresse n'a pas arrangé la chose... et il y pense encore plus qu'il ne devrait.
- Harry ?
Le bouclé se retourne. La panique. Jimmy.
- Harry, je... je voudrais m'excuser pour hier soir, le... enfin voilà. Je n'aurais pas du.
Ils se rapprochent sans vraiment s'en rendre compte. Et si Jimmy tremble un peu, toujours aussi timide, son corps s'embrase. Harry le fait reculer contre la porte vitrée qui mène au balcon de l'étage. Elle n'est pas verrouillée alors Jimmy perd l'équilibre, s'apprêtant à tomber en arrière. Il s'attend à se ridiculiser une nouvelle fois, quand Harry le retient en passant un bras autour de ses hanches pour l'attirer contre lui. Le barman arrête de respirer, ses mains s'accrochant au cou du bouclé. Ses yeux tombent innocemment sur les lèvres roses de son sauveur, et son coeur accélère. Il se laisse guider par le brun, qui le pousse doucement contre le mur.
- Tu es adorable, Jimmy, murmure Harry, son souffle s'échouant sur les lèvres charnues du châtain. Je t'adore vraiment...
- Je suis ridicule, s'attriste l'autre en baissant les yeux. J'ai vraiment cru que tu pourrais t'intéresser à moi. C'est drôle, hein ? Un homme comme toi... attiré par un minable serveur qui ne tient pas debout. La blague de l'année.
Tendrement, Harry glisse son index sous le menton de Jimmy, et l'incite à le regarder de nouveau dans les yeux. Le barman, réalisant leur proximité, rougit furieusement, et se mord la lèvre. Son corps ne brûle que pour le bouclé. Harry s'en rend compte, et son bassin se colle davantage au sien. Le regard de nouveau fuyant, du à la gêne, Jimmy respire difficilement, toujours timide et n'osant rien. Un sursaut l'assaille lorsqu'il sent les lèvres du brun dans son cou, remontant lentement à sa mâchoire... Son coeur s'arrête. Sa bouche se retrouve sur celle du bouclé, dans un baiser langoureux.
Tout s'enflamme, et tout s'éteint lorsqu'ils se détachent l'un de l'autre.
- C'était un baiser de pitié... souffle Jimmy, les joues roses.
Harry baisse les yeux, et se recule, se sentant coupable de n'avoir rien ressenti alors qu'il l'embrassait.
- Il a bien de la chance... murmure le barman. Celui qui a ton coeur. Celui qui a tes lèvres...
Alors il s'échappe, laissant Harry de nouveau seul dans le couloir. Une partie de lui espère profondément que le bouclé le retienne, et le prenne dans ses bras, l'embrasse encore, mais il sait bien que ce n'est qu'un rêve. Harry ne fait rien, et Jimmy a le coeur qui bat à toute vitesse alors qu'il va reprendre sa place derrière le bar de l'hôtel.
- Il aurait du me frapper, souffle-t-il en essayant de reprendre ses esprits.
A l'étage, le grand brun est victime d'une lutte infernale qui s'installe en lui, chaque seconde passée loin de Louis. Il l'a dans la peau, littéralement. Et il lui manque affreusement. Et à part ce vide de lui, Harry ne ressent rien... Il veut ressentir quelque chose. N'importe quoi. Il serait prêt à supplier tous les dieux possibles pour avoir une once de sentiment, ou d'émotion. Il se retrouve en face du miroir dans sa salle de bain, les mains appuyées sur le bord du lavabo. Les yeux dans les yeux, il regarde pour la première fois depuis longtemps. Il est amaigri, et les cernes entourent son regard. Brusquement, il prend des ciseaux, rangés dans un tiroir, et coupe ses longs cheveux, pour qu'ils ne lui arrivent plus qu'aux épaules, à peine.
Le souffle court, il regarde la pointe de l'outil métallique, brillante sous l'éclat du jour. Doucement, il effleure les lames du bout des doigts... Relevant les yeux vers le miroir, il observe ses bras, son cou. Il retire alors son tee-shirt, et pose les yeux sur son torse. Il ne sent pas son coeur battre, il est aussi silencieux qu'une pierre. Harry passe doucement une lame des ciseaux sur sa peau, sans appuyer. Mais il a très envie d'essayer. Appuyer. Couper sa peau.
"Je t'aime, Harry."
La voix de Louis résonne dans son être et il sursaute, lâchant les ciseaux avant de fuir de la salle de bain, et d'en fermer la porte. Essoufflé, il attrape une chemise qui traîne sur son lit, et coure presque pour partir au rez-de-chaussée rejoindre Alfred.
On dit que la douleur des autres nous atteint toujours. La nôtre aussi alors, les atteint eux. Il faut les en protéger.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top