Q U A T R E

- Si tu as raté ma moto, on peut pas en dire autant de ta voiture, déclare le beau brun accroupi devant sa Mercedes antique en analysant l'avant. 

Ses doigts longs et fins effleurent le métal dans une caresse experte et suivent lascivement les rayures argentées sur la carrosserie d'un noir sale. Se demandant s'il n'a rien fumé de furieux avant de venir ici, Louis frissonne violemment après avoir imaginé le toucher érotique de cet archange sombre s'il venait à se poser sur sa propre peau. Mais merde, le garagiste quoi. Qu'a-t-il fait de si mal pour endurer cette rencontre diaboliquement singulière ?

- T'as éclaté un phare, s'esclaffe ahuri le brun en libérant ses cheveux. T'es vraiment un crack, toi.

Conscient que son corps réagit comme s'il était bourré d'extasie, Louis observe fixement le grand bouclé et ses longues mèches folles et animales qui tombent en cascade sur ses épaules nues et musclées. Il est magnifique. Plus éblouissant de majesté, Louis n'a jamais vu. Et son Jean noir et déchiré qui descend avec une négligence sournoise sur ses hanches. C'est...

- Tu repasses la chercher dans trois jours ? l'informe-t-il alors en se redressant devant lui.

- Trois jours ? se désole le blond en réintégrant la réalité avec regret.

- Ben ouais. C'est pas une partie de jambes en l'air, t'sais ? Tout ne dure pas à peine dix minutes.

Désespérément perdu au milieu de ses rêveries crépusculaires, droguées et luxurieuses, Louis n'écoute plus rien dès l'expression partie de jambes en l'air. Il en a très envie. De ce type. Maintenant. Il se rapproche sans gêne de lui, hypnotisé comme un fou, et le bouclé sourit chaudement.

- Joue pas avec le feu, mèche blonde.

- C'est toi, le feu ? souffle candidement Louis en plongeant du mieux qu'il peut dans ses iris d'émeraude. Ou ça ?

Sa main - a-t-elle cessé de trembler ? - se glisse avec indécence sur l'entre-jambe du tatoué qui reste immobile, le sang suffoquant d'émotion dans ses veines qui irradient. Il est habité par la soudaine envie, immorale et languissante, irrésistible et viscérale, de prendre ce gars aux yeux clairs à l'arrière d'une voiture abandonnée. La main curieuse de Louis tire lentement sur l'élastique de son boxer et le regard du bouclé s'assombrit.

- Je suis une mèche blonde, oui, sourit l'audacieux avec malice. Tu m'allumes ?

- Jake ? appelle brusquement le brun sans détacher ses yeux du faux blond. Je te laisse le garage ! Je reviens dans dix minutes.

Louis sourit avec une joie qui lui chatouille les côtes, comme une sensation qui ne savait plus s'éveiller en lui, et il se laisse aveuglément entraîner à l'arrière du bâtiment, pensant naïvement toujours avoir le contrôle sur la situation - mais comment le pourrait-il puisque son corps ne lui obéit plus depuis déjà si longtemps ? Il a simplement perdu la partie, encore une fois. Trois vieilles Jeep aux vitres absentes sont alignées, dont une noire avec seulement deux roues. Le bouclé ouvre la portière avec une galanterie muette que Louis ne relève pas et fait allonger le blond sur les sièges en cuir usé. Il s'assoit au fond, les yeux brillants, et le bouclé grimpe savamment jusqu'à lui, déchirant dans un élan d'appétit le t-shirt extra-fin de son client. Ses lèvres roses se posent, sans l'embrasser cependant, sur le torse brûlant de Louis descendant jusqu'à la ligne fuyante dans son pantalon, hésitant entre délicatesse et délire.

Louis soupire lourdement de plaisir en sentant ses doigts défaire le bouton-pression de son pantalon et se cambre avec emportement lorsque des lèvres pulpeuses se ferment autour de son sexe.

- Putain, gémit-il à maintes reprises, le corps ardemment réactif et éveillé tandis que son âme s'endort davantage dans un monde parallèle.

Et ça a été la partie de baise la plus soudaine, la plus rapide et la plus jouissive qu'il ait eue jusqu'à présent. Il s'est clairement fait défoncer, sans s'y opposer, pour la première fois depuis une éternité. Mais c'est bien ce qu'il voulait, pas vrai ? Alors pourquoi se sent-il frustré, peut-être même plus que la veille ? Pour un instant, il s'est rebranché au hasard, et il ne saurait dire si c'était une bonne idée.

Sur le petit parking devançant son salon et son appart, il claque rageusement la portière de la voiture rouillée que le garagiste lui a prêtée, et Louis est véritablement énervé, en plus d'avoir mal au cul. Depuis quand se fait-il baiser à l'arrière d'une caisse miteuse, comme une chaudasse incapable de contrôler ses pulsions ? Il n'y a rien qui va depuis si longtemps, mais là, tout s'est emmêlé et tout s'est abruptement détraqué. Depuis ce matin. Depuis hier, quand il est rentré dans cette moto. Depuis le tatoué aux boucles d'ange. Et contre toute attente, Louis ne peut s'empêcher de sourire bêtement, son âme frémissant peut-être quelque part dans ses entrailles, en repensant au corps lourd, peint et nu du garagiste auquel il s'accrochait il y a à peine quelques minutes.

Garde le contrôle pour toi, ne lui cède pas : Échoué. ❌

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