Q U A R A N T E - S I X

Après avoir débarqué dans la chambre de Louis, et échangé quelques mots avec lui, Alfred a convaincu les deux amoureux d'accueillir Liam à la maison Styles. Ou la maison Styles-Valentine. Ou la maison Styles-Valentine-Tomlinson, puisque Louis va être un colocataire digne de ce nom dans les jours à venir. Une maison qui va voir une nouvelle personne y emménager. Donc, la maison Styles-Valentine-Tomlinson-Payne

Ça commence à faire du monde, murmure Alfred en ramenant Harry et Liam à la maison. Soit il va falloir agrandir cette maison qui est déjà immense, soit nous allons devoir laisser chaque jeune homme désespéré que nous croisons, eh bien... à la porte.

- Ou ils pourront camper dans le jardin, ajoute Harry en souriant. Tu leur apporteras quelques bouteilles d'eau le lundi matin, et tu laveras leur linge le samedi.

- Je ne suis plus le majordome de cette maison, Harry. Tu m'as viré.

- Tu veux être ré-embauché ?

- ... Non.

- Je veux bien être embauché, propose Liam en levant timidement la main. Je cherche du boulot.

- Je t'offre un toit, je ne vais pas t'offrir un job en plus ! s'écrie Harry.

- Alfred y avait droit, apparemment.

- Mais c'est Alfred, et toi, tu es... toi. 

- Qu'est-ce que ça change ?

- Je... Euh... Bah j'en sais rien à vrai dire, se désole Harry. Mais il est hors de question que je t'engage comme femme de ménage.

- Tu me considérais comme une femme de ménage ? se frustre Alfred. 

- Alfred.

- Et les petits déjeuners au lit tous les weekend ? Les soirées cinéma ? Les séances de rap ? Je soignais tes blessures quand tu avais imprégné ta langue de tous les alcools possibles et que tu t'étais battu.

- Alfred, tu n'as jamais été ma femme de ménage.

- Et j'étais quoi ? Le gentil vieux qui te sauvait de tout ? Le vieillard trop bon trop con, peut-être ?

- Alfred, l'arrête Harry. Tu étais mon héros. Celui qui me protégeait et veillait sur moi à chaque instant. Celui qui s'occupait de moi. Celui m'élevait. Tu étais mon putain de héros, tu étais la définition de mon monde. Tu étais ma famille, tu étais mon ami, mon père, mon frère, mon grand-père. Tu es mon grand-père.

Alfred le regarde avec des yeux immenses et brillants de bonheur.

- C'est qui tu es, et qui tu seras toujours. Pour moi.

- Tu sais, Harry, je plaisantais. Je ne voulais pas te vexer.

- T'es qu'un crétin, Alfred.

- Toi aussi.

- Je sais, c'est toi qui m'as élevé.

Ils partent tous les deux dans un rire, et Liam sourit à l'arrière de la voiture. Dans quelle maison de fous il a atterri ?

Il s'est installé le jour même : Harry l'a conduit à son appartement et Alfred lui a préparé une chambre. La chambre d'ami, qui été destinée à Louis, sera désormais la sienne. La cohabitation s'annonce mouvementée mais intéressante. Alfred est ravi de voir une nouvelle tête à la maison, et Liam distrait Harry le temps que Louis revienne. Les jeunes hommes sont partis pour être de bons amis, ce qui réjouit encore plus le majordome. En fait, l'ancien majordome se ravit de beaucoup de choses depuis qu'Harry lui a déclaré haut et fort qu'il le considérait comme son grand-père.

Harry, lui, commence a avoir froid toutes les nuits et ne trouve pas le sommeil. Il n'attend que de se rendormir en tenant Louis dans ses bras, en caressant sa peau, ou en sentant ses baisers dans son cou. Il cherche les lèvres du blond, toute la journée durant. Il ne veut qu'elles. Et alors qu'il passe ses journées à l'hôpital, il devient de plus en plus difficile de revenir chez lui. Il a besoin de Louis, et le laisser chaque soir est un déchirement. Mais il sait que Louis a besoin de se rétablir avant de revenir. Et il l'accepte.

Alors ce soir, aux alentours de minuit, Harry décide d'aller dans le salon, lire un bouquin, ou dessiner. Mais une fois arrivé en bas, il voit Alfred sur le canapé. Et il l'observe. Il observe ce vieil homme sans lequel il ne serait pas là aujourd'hui, ce vieil homme sans lequel il serait dans une autre ville, une autre famille, un autre monde. Il observe ses grands yeux clairs, presque semblables à ceux de Louis, suivre les mots de son roman ; ses cheveux devenus complètement blancs, tout comme sa barbe et sa moustache bien peignées ; son léger sourire inscrit sur ses lèvres depuis toujours ; les rides aux coins de ses yeux qui lui donneraient presque un air triste. Alfred est un homme très distingué, très élégant : il porte une chevalière à son annulaire depuis toujours, et il adore les vêtements pourpre, saphir ou émeraude. Ce soir, il porte cette veste de velours bordeaux, celle qu'Harry lui a offert à Noël dernier.

Le bouclé sourit et s'avance rejoindre le vieil homme éclairé sous la lumière d'une vieille lampe. Il s'assoit à côté de lui, sans un mot de sa part ni de celle d'Alfred. Ce dernier a son bras posé sur le haut du canapé, et Harry saisit l'occasion d'être contre lui et de venir poser sa tête sur son épaule. Alfred sourit, ne détachant pas ses yeux de son roman, et Harry ramène ses genoux contre lui. Il est comme un enfant, blotti contre son grand-père, et c'est en fait ce qu'il est, en cet instant, pour toujours. Alfred rapproche son bras et l'enroule doucement autour des épaules du bouclé, qui finit par sourire avant de fermer les yeux. Le plus âgé sourit aussi, reprenant la lecture de son roman, Harry s'endormant près de lui.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top