Q U A R A N T E - H U I T

- Te revoilà à la maison, Louis, murmure Harry en lui ouvrant sa portière.

Le faux blond sourit en sortant lentement du véhicule, grimaçant sous la douleur de ses côtes mais s'appuyant sur Harry pour tenir debout. Comme toujours. Sa main s'agrippe à son épaule, et soudainement si près du bouclé, Louis oublie le mal dont souffre son corps. Leurs visages se rencontrent presque tandis qu'Harry enroule son bras autour des hanches du blond, qui ferme les yeux en respirant profondément, son front se posant contre celui du brun. 

Un sourire sur ses lèvres, Harry referme doucement la portière. Attirant Louis un peu plus contre lui, il vient déposer de lents baisers sur son visage encore meurtri. Depuis la fenêtre de la cuisine, sa tasse de thé à la main, Alfred sourit en les regardant.

- S'ils s'embrassent à chaque fois que Louis fait un pas, ils vont rater le dîner.

Liam, un peu plus en retrait, ne peut s'empêcher d'éclater de rire. 

- Vous les lâchez jamais, hein ? rit-il en s'approchant.

- C'est eux qui ne se lâchent pas, marmonne-t-il en portant sa tasse à ses lèvres.

- Jaloux, peut-être ?

- J'ai eu ma romance, murmure Alfred en observant Louis marcher jusqu'au porche de la maison. C'est leur tour, maintenant. Je suis ravi qu'ils ne se laissent pas tomber à la première épreuve, mais un jour, ça arrivera. Et eux-seuls devront trouver la solution. Autrefois, j'ai moi-même choisi d'abandonner. J'espère simplement que ce jour-là, ils n'auront pas d'autres choix que de s'accrocher l'un à l'autre. Ou alors qu'abandonner, ce soit pour la meilleure des causes, comme ça l'a été pour moi. Et que jamais, absolument jamais, ils ne regrettent d'avoir abandonné, même s'ils s'aiment encore.

Liam fronce les sourcils, soudainement curieux de savoir ce qu'a bien pu vivre cet homme aux cheveux aussi blancs que la neige. Curieux de savoir d'où vient cette unique larme qui roule sur sa joue, libérée par des yeux clairs qui en ont déjà tellement vu. Qui était l'amour qu'ils ont tant aimé regarder, et tant pleuré de voir s'éloigner ? 

- Si Harry ne trouve pas sa paix, souffle Alfred, s'il ne vit pas une existence stable et heureuse, alors j'aurai échoué. Tout ça n'aura servi à rien... J'ai élevé un garçon au tempérament brûlant, capable de vouloir que la mort s'abatte sur lui. J'ai élevé un garçon orphelin brisé par sa solitude, un adolescent désorienté qui se douchait pour nettoyer le sang de ses poings, un jeune homme attiré par la décadence, la violence et le désir. Je n'ai jamais eu autant d'espoir que le jour où je l'ai vu au chevet de Louis. Être responsable de quelqu'un, être heureux avec quelqu'un, être amoureux de quelqu'un. Ce sont des choses que personne de peut inculquer à qui que ce soit. Et le voir apprendre ces choses de lui-même, auprès de Louis, ça a été ma délivrance. Je suis si heureux qu'il devienne un homme apaisé. Et je suis si terrifié à l'idée que tout puisse s'effondrer.

A l'instant même où il prononce ces derniers mots, la porte s'ouvre brusquement, et Louis tombe à genoux à l'entrée. La tasse d'Alfred glisse de ses mains pour tomber sur le sol. Liam sursaute en reculant, faisant s'effondrer un vase sur le carrelage. Le bonheur, c'est ça. Il arrive soudainement, il nous échappe sans mot dire, et il s'effondre en une seconde d'inattention. Aussi fragile qu'un homme blessé, aussi fragile que de la porcelaine. Comment être certain que rien ne puisse s'effondrer ? Alfred n'en a aucune idée...

- Louis ! panique Harry en s'agenouillant près de lui.

Le blond se met à rire, d'un rire franc et contagieux, interpellant la perplexité des trois autres hommes.

- Faites pas ces têtes ! rit-il. Je vais bien ! J'ai marché sur ce putain de lacet.

Liam sourit et Harry se détend instantanément.

- T'aurais vu ta tronche, s'esclaffe le blond en se moquant du bouclé.  

- P'tit con, c'est pas drôle, sourit le brun.

- Si, un peu !

- Ta gueule, putain.

Harry prend alors Louis dans ses bras ; il a l'impression de tenir un gamin. Ce dernier rit toujours alors que le bouclé le porte jusqu'à leur chambre.

Depuis le rez-de-chaussée, Alfred les entend se chamailler et rire ensemble.

- Louis, tu fais chier ! crie Harry, excédé. OUVRE CETTE PORTE !

- Mot de passe ? demande innocemment Louis.

- TU M'AS BAVE DESSUS !

- NON, J'AI ÉTERNUÉ, C'EST PAS LA MÊME CHOSE !

- LOUIS !

Alfred se met à rire en remuant la tête, commençant à ramasser les morceaux de sa tasse. Comment cela pourrait-il bien s'effondrer un jour ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top