Q U A R A N T E

Les mains dans la poche du sweat d'Harry, Louis marche calmement le long du trottoir. L'air est un peu frais ce matin, mais c'est idéal : le corps du blond semble enflammé, et ses neurones sont en surchauffe à force de penser à... son garagiste ? Harry ? Son petit-ami ? Louis s'arrête brusquement, le souffle coupé par ce qu'il réalise. Ils sortent ensemble, non ? C'est ça ? Et maintenant, ils vont vivre ensemble. Officiellement. Des papiers, des signatures... Comme un mariage ? L'ex-tatoueur ferme les yeux, inspirant et expirant profondément. 

Reviens-moi vite.

Le souffle du bouclé fait frissonner sa peau, et il sent encore la douceur de ses lèvres sur les siennes. Un rire nerveux s'échappe de la gorge de Louis, il se sent si dépendant de cet idiot aux boucles folles.

Trésor. Reviens-moi vite, trésor.

- Putain, marmonne Louis en s'appuyant contre un lampadaire.

Son front brûlant contre le métal froid, il y fait glisser ses doigts. Harry lui embrouille le cerveau, même quand il n'est pas là. Sa mère lui dirait qu'il est amoureux, ouais. Mais c'est idiot, Louis n'est pas amoureux, il adore Harry... et tout ce qu'il fait, tout ce qu'il est. Il adore sa voix, et ses mots. La façon dont ils glissent sur ses lèvres, et la sincérité qui les marque. Il adore aussi son silence, le fait qu'il puisse ne pas parler pendant toute une journée. Le monde du silence. Ce sont ces jours-là où leurs caresses, et leurs étreintes, sont les plus délicieuses. 

Sans aucun mot. Juste eux. Il adore le regard du brun posé sur lui, comme s'il était la chose la plus importante. Ses yeux verts, qui détaillent sa peau, et ses cicatrices. La façon dont il les aime... toujours en silence. Depuis le premier jour, Louis veut qu'il les couvre de baisers... comme chaque parcelle de sa peau. Il veut appartenir à Harry, lui confier son corps, quand lui confier son coeur a été la plus grande réussite de sa vie. Et puis... Harry pourrait bien le détruire, Louis ne regretterait jamais de... 

Le blond, ferme les yeux.

Louis ne regretterait jamais de l'aimer.

Il sourit doucement, une larme roulant sur sa joue.

Le front toujours contre le lampadaire, il rit légèrement, ses yeux pleurant de fines larmes.

Il a été si stupide, depuis toujours. Il en a ignoré l'essentiel, il a repoussé l'irrémédiable. Et puis, c'est toujours comme ça...

Relevant les yeux, observant le ciel, il sourit comme s'il venait de découvrir enfin ce qui était sous ses yeux. 

- Lucy, murmure-t-il faiblement. Je suis en train de tomber amoureux.

Alors qu'il prononce ces mots, il tombe. Il s'effondre sur ses genoux, quelque chose en lui semble renaître. Le poids de ce que signifie l'amour pour lui l'oppresse au point de le plaquer au sol. Et il a besoin d'Harry pour... tenir debout.

- Hey mec ! T'as besoin de... 

Le coeur de Louis s'arrête, il se fige. 

Oh merde, les gars, regardez qui est là. 

Il est foutu.

- Louis ? s'exclame la voix de Scott. Louis Fucking Tomlinson... Ah ouais. Il réapparaît, comme ça...

Sa voix est plein de venin, et il vient se mettre devant Louis. Derrière lui se tient Jim, un p'tit con toujours drogué, qui sourit méchamment. Il y a aussi Liam. Lui, il est plutôt choqué de voir Louis dans cet état.

- Regarde-moi, p'tite merde, crache Scott.

Le blond, toujours à genoux, ne peut que relever la tête et constater à quel point le regard de Scott est mauvais. 

- Mais c'est qu'il pleure, le blondinet, se moque-t-il en cherchant le rire de Jim. Et tu sais quoi ? Bah on s'en bat les couilles. Parce que, je crois, corrige-moi si je me trompe, que tu te bats les couilles de nous depuis quelques mois. 

Louis baisse la tête. Il sent que ça ne fait que commencer.

- On t'a vu, avec ce type. Comment c'est déjà ? Le garagiste, ouais. Styles. Un des ces gosses de riches du quartier... Oh, et attends ! C'était trop mignon, je crois qu'il t'a ramené chez lui, ouais. Tu traînais des sacs, t'emportais tes affaires dans sa voiture, genre Louis putain ! Tu joues la pute de riche, maintenant ?

Louis encaisse sans broncher.

- Le truc, c'est que... il est reparti, le soir, nan ?

Louis se rappelle de ce jour-là. Harry l'a aidé a embarquer toutes ses affaires, et nettoyer son appart. Ils sont rentrés, Harry l'a fait cuisiner... Il l'a appelé Lou pour la première fois, aussi. Et il a vomi. Et il a rejeté Harry. Il n'était plus là.

- Je crois que... il est venu mettre sa tête entre mes jambes, déclare Scott. Mmh... Ouais, je me rappelle encore de sa bouche, putain. Et ses cheveux... facile à agripper. Tu trouves pas ?

Il ment, finissant d'achever Louis. Mais le blond est trop fragile en cet instant pour réfléchir correctement, et se dire qu'Harry ne ferait pas ça. Après tout, il l'a baisé à l'arrière d'une voiture.

- Scott, arrête, souffle Liam. Tu vois bien qu'il est mal en point.

- Je m'en fous, gronde Scott. J'aime pas qu'on me manque de respect. Qu'on critique les pompeux pour ensuite aller s'envoyer en l'air avec.

- Ils sont peut-être juste potes ! le défend Liam.

- Attends, t'as vu sa gueule ? Ça pue la pute. Je te rappelle que tu te l'es tapé, toi aussi. Tout le monde se tapait Louis ; à moins que ce soit l'inverse, mais ça te rendrait supérieur, blondinet. Le beau gosse qui se fout du monde. Et si le monde se foutait de toi pour se marrer un peu ?

Louis reste figé. Il n'a même pas la force de se relever. Tout le rend faible, même Harry. Son silence et son immobilité énervent Scott ; il lui fout un violent coup de genou dans la mâchoire. Jim se met à rire et Louis se retrouve sonné, incapable de bouger. Scott ne vit sous aucune loi, c'est un tricheur.

Et les règles ne s'appliquent pas aux tricheurs. 

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