D O U Z E
- Quand je vais être sobre, tu vas t'en prendre pleiiiin la gueule, chantonne jovialement Louis en se laissant mollement tomber sur le lit d'Harry.
Une part de lui admettant qu'il est enchanté de retrouver le blond, le bouclé sourit sans pouvoir s'en empêcher. Il le trouve vraiment... enfantin. Un vrai gamin égayé par l'alcool pur. Et c'est ce qu'il aurait continué de penser, s'il n'avait pas été étrangement embarrassé quand il s'est assis près de Louis et que ce dernier s'est dressé sur ses genoux derrière lui, venant innocemment croiser ses bras autour du cou du bouclé. Être aussi près l'un de l'autre noue un lien éphémère entre eux, mais si visible, si opaque qu'Harry en est intimement perturbé. Louis ne paraît pas gêné le moins du monde, il a l'air d'adorer ça. Le bouclé frissonne à cette idée. A-t-il lui aussi le droit d'adorer ça, alors que l'autre beau garçon est ivre de chagrin et de Tequila mexicaine ? Doucement, il sent Louis passer son nez dans le creux de son cou, puis dans ses longues boucles. Harry ferme alors les yeux, envoûté par la douceur espiègle de ses gestes qui caressent son corps.
- J'ai rêvé de toi, murmure Louis contre son oreille, en serrant le brun contre lui. On prenait un bain et, c'était trop bon...
Sa voix languissante éveille brusquement Harry, qui ouvre grand les yeux, complètement paumé au milieu de ce qu'il ressent. La voix du tatoueur est comme un serpent du vice, un sortilège entre des lèvres d'or. Il doit se détacher du blond, il se convainc qu'il le veut, mais son corps pense autrement et il en est incapable. Sans logique, il adore sentir la matérialité Louis près de lui, la preuve qu'il n'est pas un fantôme ni un rêve, et il adore le savoir aussi enfantin et audacieux. Et sans logique, Harry s'imagine glissant dans un bain chaud, tout contre Louis, à lui promettre mille et un sourires, à le faire gémir de plaisir tandis qu'il s'accroche à lui.
- Oh, putain, maugrée-t-il dans un grondement sourd en s'arrachant prestement à l'étreinte du blond.
- Quoi ? souffle Louis, apparemment attristé, puis affichant un joli sourire enjôleur qui fait redouter la suite à Harry. Je te fais bander ?
Le corps d'Harry, brûlant de fièvre, est figé sur place alors que Louis avance doucement vers lui, à quatre pattes, sur le lit. Son regard clair se veut innocent et s'ancre dans celui du bouclé ; il glisse un doigt malicieux derrière la ceinture de son pantalon pour attirer Harry près de lui. A genoux, et à peu près à sa hauteur, il vient passer ses lèvres maintenant roses sur la clavicule du tatoué qui frémit de plaisir, puis dépose un baiser, le plus tendre du monde, juste dans son cou. Tous les muscles d'Harry se tendent avant de fondre comme de simples caramels sous le soleil.
- Baise-moi, susurre Louis en remontant sa bouche dans le creux de son oreille, alors qu'il passe sa main sur l'entre-jambe du bouclé.
Son corps en émoi, Harry admet cependant que se jeter sur le blond serait loin d'être la meilleure idée du siècle. Ce n'est pas non plus l'envie qui lui manque, mais Louis est ivre, il plane à moitié, et il n'a définitivement pas besoin de ça. Dans un soupir saccadé, appréciant grièvement la main de Louis par dessus son pantalon, il le repousse doucement. Louis explose de rire en s'allongeant, détaché de la réalité, pas même perturbé par ce qu'il vient de dire et de faire.
- Foutu p'tit con, marmonne le bouclé en attrapant une couverture au pied du lit, un léger sourire aux lèvres.
Ce type est un phénomène. Quand il se relève, Harry retrouve un Louis profondément endormi sur ses draps, émettant de légers ronflements adorables. C'est alors qu'il remarque enfin que le pull sur les épaules de Louis est celui qu'il lui a prêté la veille.
- Un foutu phénomène, souffle-t-il en étalant le plaid sur son corps.
Il sourit encore, bêtement, d'un sourire dont il ne se rend même pas compte, et sort discrètement de sa chambre, refermant la porte. Sa conscience perdue sur un baiser-souvenir au creux de son cou, il rejoint Alfred au rez-de-chaussée tout en enfilant un tee-shirt.
- Puis-je savoir ce qui vous anime pour garder ce jeune homme ici, alors que, je m'excuse du vocabulaire, vous ne vous êtes toujours pas envoyé en l'air avec lui ? demande l'homme aux soyeux cheveux blancs avec un immense sourire en coin.
Harry s'assoit sur une haute chaise au bar du salon, amusé. Il adore Alfred, il est comme... un grand-père. Il l'a pratiquement élevé. Non, il l'a élevé, point.
- Il s'avère que j'ai apparemment un coeur, affirme Harry en caressant la plaque de verre froid qui couvre l'intégralité du comptoir, et il bat d'une drôle de façon quand je le vois. Et puis, on a déjà baisé, il y a quelques jours, alors ne te fais pas trop d'espoir pour mon âme.
- Oh, dit simplement Alfred en posant une bouteille de Bourbon devant le jeune homme, évidemment.
- Ne prends pas cet air sarcastique, rit le bouclé en attrapant deux verres. Je sais que tu n'approuves pas mon mode de vie volatil comme tu dis, mais glander toute la journée dans un fauteuil à siroter du champagne jusqu'à la fin de mes jours, ce n'est pas plus joyeux.
- Je n'ai jamais dit ça, affirme Alfred en fronçant les sourcils.
- Non, mais tu l'as pensé, sourit le plus jeune. Tu le penses. Je t'entends le penser.
- Monsieur, mon principal souci est de vous regarder détruire votre vie. Chose que vous avez failli réussir, je vous le rappelle. Alors que vous couchiez avec n'importe qui, si cela me permet de vous voir aussi arrogant et plein de vitalité, je l'accepte de tout mon coeur.
Il remplit leurs verres tandis qu'Harry le dévisage avec tendresse.
- Harry. Appelle-moi Harry. Combien de fois je devrai te le répéter ? souffle le bouclé en se saisissant d'un verre. Et arrête de me vouvoyer. Je me sens...
- Parce que cela ne flatte pas votre égo, oserez-vous me dire ? plaisante Alfred en haussant un sourcil.
- Ce n'est pas ça, sourit Harry, amusé. Mais tu me connais depuis ma naissance, et je trouve ça grave bizarre.
- Eh bien moi, je trouve ça grave classe. A la vôtre, Monsieur Styles.
Il trinque alors avec Harry, lui arrachant un rire heureux. Le bouclé aime cet homme de tout son coeur.
- Alfred, déclare Harry, jouant timidement avec son verre, tu es ma seule famille.
- Vous êtes ma seule famille aussi, promet Alfred, gentiment, tout en ébouriffant les boucles de son jeune patron. Et je ne l'échangerais pour rien au monde. La question, c'est : est-ce que ce jeune faux blond anorexique va bientôt en faire partie ?
Le rire du bouclé résonne entre les verres et les bouteilles, tandis qu'il boit une gorgée.
- Il est notre invité, et il n'a personne au monde. Je veux l'aider.
- Vous voulez l'aimer ? le coupe Alfred d'un air sérieux.
- Q-Quoi ?
- L'aimer. Vous en êtes capable ? Car c'est ce dont il a besoin. Pas d'argent, pas de partie de jambes en l'air. Mais de l'affection, de l'attention, et du soutien. Alors en êtes-vous capable ?
Harry se sent responsable du blond, et il refuse que quelqu'un d'autre vienne s'occuper de Louis. S'il n'a personne, il veut l'aider.
- Je veux en être capable, sa voix résonne comme un serment inviolable.
Ne pas retourner chez lui : Échoué. ❌
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