C I N Q U A N T E - C I N Q

La semaine qui a suivi a été terriblement pesante, dirigée par une rage silencieuse que mène Louis contre le monde entier, mais aussi par la tension entre lui et son... petit-ami ? Oui, son égoïste de petit-ami. Il n'arrive décidément pas à le détester, et le comprend presque, mais il lui en veut vraiment. Et il lui faut du temps pour l'accepter. Mais Harry s'est glissé sous sa peau et il ne peut pas s'en défaire. Il ne le veut pas vraiment non plus à vrai dire.

Harry continue de lui faire de superbes petit-déjeuners, et des plats délicieux l'attendent toujours dans la cuisine. Il lui rappelle gentiment le matin de vérifier ses cicatrices et ses bleus, d'y mettre la pommade qu'il faut. Louis a d'abord envie de lui dire de se taire puis il sourit, se rappelant en effet pourquoi il est ici.

Harry est le seul qui ait jamais fait attention à lui et sa santé. Il a manigancé dans son dos, certes, mais... Non, il n'y a pas de mais. C'est un con sur ce coup-là, et Louis en a vraiment souffert. 

Harry ne supporte d'ailleurs plus le manque de communication entre eux, alors il retourne au garage, tous les jours. Retrouver Jake et les voitures à réparer est étonnamment agréable. Il se défoule sur les vieilles caisses, se concentre sur le changement de pièces sur les véhicules, rit avec Jake et la nouvelle stagiaire, Lenny. Les deux ont commencé a bien s'entendre et flirtent ouvertement, ce qui fait sourire Harry.

- Jake, c'est une stagiaire, lui rappelle-t-il. Je veux pas de parties de jambes en l'air à l'arrière du garage, ni de plaintes pour harcèlement sexuel.

- Tu t'es bien tapé un client à l'arrière !

- C'est mon petit-ami, marmonne-t-il.

- Il ne l'était pas encore, rit Jake en s'éloignant.

- Et je ne sais pas s'il l'est encore.

Aussi, quand il rentre le soir, assez tard, Louis l'attend. Le blond ne sait pas vraiment pourquoi, mais il l'attend. Et part se coucher dés qu'il le voit arriver, comme rassuré. Ils dorment toujours ensemble d'ailleurs, mais Louis tourne le dos à Harry. Et quand le bouclé effleure discrètement sa peau, croyant qu'il dort, Louis ne dit rien. Et son coeur se réchauffe un peu même s'il refuse de l'admettre. Mais ce soir, Harry est rentré, et il n'est toujours pas venu se coucher. Louis ne fait que regarder l'heure. Et il a besoin qu'Harry vienne se coucher pour pouvoir s'endormir.

Alors il se lève. Il enfile un pull et descend en silence. Tout est noir, il n'y a que la lumière de la Lune qui éclaire la terrasse et une partie du salon. Un frisson parcourt son corps lorsqu'un courant d'air caresse sa peau. La baie vitrée est ouverte. Il fronce les sourcils en s'approchant puis voit Harry, allongé sur le dos, dans l'herbe, observant les étoiles. Qu'est-ce qu'il fout là ?

Ses pieds nus avancent vers lui, appréciant la fraîcheur de l'herbe tendre. De quelque façon qu'il soit, Louis est continuellement attiré vers Harry. Même à travers la rage et la trahison, c'est l'amour qui l'emporte. Toujours.

- Harry ? murmure-t-il, son coeur s'arrêtant un instant, tant ça lui semble une éternité qu'il n'a pas prononcé son nom. Tu ne viens pas te coucher ?

Le grand bouclé réagit à peine, et Louis fronce les sourcils.

- Tu t'es déjà demandé où pourraient se trouver tes parents s'ils étaient encore vivants ? 

La question frappe Louis en plein dans le coeur.

- Q-Quoi ?

- S'ils étaient toujours de ce monde, mes parents seraient sur une plage des Caraïbes. Je les vois... Ma mère joue avec du sable, et elle en met dans les cheveux de mon père, allongé, les yeux rivés sur un bouquin d'espionnage... 

- Harry... Tu devrais aller te coucher.

- Dans un lit froid, où je me noie dans mon amour pour toi ? Je dois m'accrocher aux draps pour m'empêcher de te prendre dans mes bras. Je dois sortir de ce lit pour pouvoir respirer de nouveau, et quand je respire, c'est pour pleurer de rage dans la salle de bain. Alors, je vais rester encore un peu ici, sous les étoiles.

Louis est sidéré, incapable de bouger, incapable de parler.

- J'ai les veines imbibées de Bourbon, et je parle trop lentement. On dirait Alfred, non ? Il parle tellement lentement...

- Tu... Tu es bourré ? réalise Louis, ouvrant grand les yeux.

- Un peu... J'ai fait un jeu. J'ai pensé à chaque chose, chaque petite chose dont je suis amoureux chez toi, et je buvais à chaque fois. J'ai beaucoup bu... rit-il adorablement.

Louis se pince les lèvres, retenant un léger rire. Puis Harry pose les yeux sur lui, toujours allongé dans l'herbe.

- J'ai triché, Louis. J'ai voulu te connaître plus vite qu'il ne le fallait. 

- Tu... Tu parles vraiment bien quand t'es ivre, avoue le blond, vraiment surpris.

- Comme ma mère. Elle buvait une coupe de champagne et avait déjà les joues roses. Elle disait tout, si simplement, si calmement, c'était très étrange...

- C'est étrange, oui... Hum, tu... tu ne veux pas rentrer ?

- Dis-moi quelque chose, Louis. Je ne me rappellerai de rien... Les étoiles volent dans tous les sens, je respire trop lentement, et j'ai le mot peluche qui se répète dans ma tête au point que j'ai l'impression que c'est le seul mot que je connais. 

- Tu... 

Louis déglutit difficilement, vraiment perturbé par la lenteur des phrases d'Harry.

- Tu as bu combien de verres, exactement ?

- La bouteille. Et une bière, sourit-il. Jake va m'en vouloir.

- La bouteille entière ? Putain...

- J'aurais bu tout l'alcool du monde, si j'avais du trouver tout ce pourquoi je t'aime, souffle-t-il en levant les yeux de nouveau vers les étoiles. J'ai... J'ai essayé de me souvenir de chacune de tes cicatrices. Mais il me manque celles sur ton épaule droite... Je ne m'en rappelle pas... Mais tu en as une en forme de sourire en bas de ta colonne... 

- Harry... murmure Louis, la voix brisée d'un sanglot.

- Il y a trois ronds, sur tes côtes... Trois planètes. J'en ferais bien mon univers... Il y en a une que je n'ai jamais vue... Celle sous ton pied. Elle a quelle forme ? 

Après quelques secondes à essayer de reprendre une respiration normale, Louis abandonne et laisse libre court à ses pleurs, tombant à genoux à côté d'Harry.

- Elle est arrondie... Une vague... sanglote-t-il. Une boucle.

- Une boucle...

- Oui... sourit-il à travers ses larmes. Comme une mèche de tes cheveux...

- Oh.

Harry a les yeux dans le vague, les étoiles dansent toujours, et le monde tangue autour de lui. Il est rêveur et n'a pas conscience qu'il est la raison pour laquelle Louis est effondré en pleurs à ses côtés. Il ne s'en rend même pas compte.

- Tu me promets que tu ne te rappelleras de rien demain ? renifle le blond.

- Je te le promets...

- Tu me manques quand tu pars au garage... Toute une journée sans te voir, c'est désagréablement insupportable. Je t'en veux en t'aimant, et ça marche pas vraiment... 

Harry sourit tendrement.

- Viens dormir, Harry... J'arrive pas à dormir sans toi...

Toujours aussi calme, le grand brun hoche la tête, et quelques instants plus tard, Louis l'aide à grimper les escaliers du salon pour atteindre leur chambre. Il est vraiment bourré.

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