XI- Nouvelle rencontre ou crise de démence
Le souffle court, Meilin et moi restâmes un instant debout dans la pénombre, immobiles et guettant le moindre bruit. L'air sentait le renfermé et la poussière. L'obscurité laissait apercevoir un escalier devant nous, ainsi que des flèches surmontées d'écritures illisible collées sur le mur. Il y avait des bouts de plâtre à terre, mais aucun corps en travers des marches. Ça ne m'étonnais même pas. En 2082, personne n'utilisait les escaliers. Les ascenseurs étaient préférés de tous, plus pratiques et moins fatigants. Enfin ça s'était quand il y avait l'électricité...
J'aperçus la silhouette de Meilin s'avancer vers le panneau indicateur.
- Tu y vois quelque chose ? lui demandais-je.
Mes paroles résonnèrent étrangement entre les murs de pierre.
- Les studios d'enregistrement sont aux sixième étage, répondit-elle après quelques secondes de silence.
Je hochais la tête pour lui montrer que j'avais compris avant de me rappeler qu'à moins d'avoir des yeux bioniques, elle ne pouvait pas vraiment voir mes mouvements. Je me contentais alors de la suivre dans l'ascension des marches poussiéreuses. Plus nous montions, plus j'inhalais la poussière qui s'élevait des gravats et ma gorge me grattait horriblement. Je maudis pendant un instant Meilin d'avoir finit ma bouteille d'eau. L'air chaud m'oppressait et les sons de nos pas crissant sur les morceaux de plâtre résonnaient étrangement dans la cage d'escalier, leur donnant un aspect irréaliste.
Après avoir grimpé plus ou moins difficilement les six étages, nous nous arrêtâmes devant la porte une porte en acier marquée d'un grand 6 noir. Meilin arma son pistolet tandis je pesais de tout mon poids contre le battant. Celui-ci s'ouvrit en raclant le sol tout en émettant un bruit de gonds rouillés. Une lumière grisâtre se déversa dans la cage d'escalier et je plissais les yeux, le temps de m'y habituer. Nous étions arrivés dans un studio d'enregistrement vide de personnes vivantes. La seule fenêtre présente sur le mur de droite était brisée, ses débris de verre éparpillés sur le sol. Les murs étaient peints en bleu sale, ce qui donnait à la lumière cet aspect grisâtre. Un long bureau était appuyé contre le mur du fond. Des ordinateurs et autres objets informatiques non-identifiés étaient posés sur la grande table. Une des deux chaises de bureau était renversée et une traînée de sang séché s'entendait de cette dernière jusqu'à un énième cadavre étendu face contre terre au milieu de la pièce. Les traces de luttes et les empreintes sanglantes menant jusqu'à la fenêtre supposaient que l'autre personne s'était probablement jeté par la fenêtre après avoir tabassé son collègue à mort.
Joyeux.
Meilin traversa la pièce en contournant le corps et s'agenouilla sous le bureau, commençant à trifouiller les fils électriques. Quand à moi, je bloquais tant bien que mal la lourde porte à l'aide d'un gros gravas avant de remarquer que la main du cadavre était crispée autour d'un semi-automatique semblable à celui de Meilin. Faisant abstraction de l'odeur, je dégageai l'arme de ses doigts froids et vérifiais le chargeur. Avec un sourire satisfait, je vis qu'il était plein. Je le glissais dans la poche de mon jean (il n'allait plus en avoir besoin de toute manière) et entreprit de fouiller les poches du blouson du mort en tentant de penser à autre chose pour ne pas me sentir dégoutté. Je récupérais seulement un briquet, qui pris place dans l'autre poche de mon jean. Un bourdonnement se fit soudainement entendre du côté de Meilin et celle-ci sortit de dessous le bureau, se cognant la tête au passage. Je me mordit l'intérieur de la joue pour ne pas rire mais elle n'y prit pas garde, un petit sourire scotché sur le visage.
- J'ai réussi à relancer le générateur de secours ! m'annonça-t-elle d'un ton triomphant.
Elle s'accroupit devant une grosse boîte en métal couverte de voyants lumineux qui clignotaient et de fils électriques. Je m'apprêtais à proposer mon aide (que je savais totalement inutile) lorsqu'un bruit de verre brisé suivis d'un hurlement aigu déchira le silence.
Mon sang se glaça et je me figeais. Meilin se releva lentement, me jetant un regard trahissant son appréhension. Je tournait la tête vers la cage d'escalier et un autre cris retentit.
Je m'avançais vers les marches en enlevant le cran de sécurité de mon arme et commençait à descendre les escaliers, tendu comme un arc. À l'affût du moindre bruit et complètement silencieux, je dépassais le cinquième étage. Je commençait à descendre les escaliers jusqu'au quatrième et me figeait à la moitié des marches. Le troisième étage menait à la cafétéria.
La porte était grande ouvert et laissait apercevoir la pièce dévastée. Un néon accroché au plafond diffusait une lumière blafarde et sinistre. Les tables et les chaises étaient renversées partout, de la nourriture était éparpillée sur le sol crasseux. Une fenêtre sur le mur de droite était brisée et un jeune homme était allongé en dessous, dans les morceaux de verres. Il avait l'air sonné. Sa peau était couverte de coupures sanglantes et le côté de sa tête était rendu poisseux par le sang qui tachait ses cheveux et coulait dans son cou. Au centre de la pièce, une jeune fille était assise. Ses genoux repliés contre sa poitrine, et tremblait de tous ses membres. Son visage était caché par des mèches de ses cheveux blonds sales qui pendouillaient tristement. A quelques mètres de la jeune fille, un garçon tentait de s'approcher, les mains en l'air comme pour prouver ses bonnes intentions. Son T-Shirt était déchiré et il avait un œil au beurre noir. Il fit deux pas en avant et j'écarquillai les yeux en le reconnaissant.
- Clara ? murmura Alexandre d'une voix rauque.
Au son de sa voix, la jeune fille attrapa sa tête dans ses mains et parut se recroqueviller encore plus.
- Clara..., tenta une nouvelle fois Alexandre en avançant.
Celle-ci lâcha un gémissement aigu et il se stoppa, n'osant plus faire un geste. Il resta figé, attendant que la respiration hachée de Clara se calme et abaissa lentement ses mains sans la quitter des yeux.
- Va-t-en, lâcha la jeune fille dans un filet de voix. Il faut que tu t'en aille...
Hypnotisé par cette scène irréaliste, je regardai Alexandre ignorer ses paroles et faire un autre pas prudent dans sa direction. Clara se balançait doucement en avant et en arrière. Elle releva la tête vers lui et je pu enfin voir son visage. Il était pâle, émacié. Ses yeux marrons étaient cernés et injectés de sang. Une lueur instable brillait dans ses prunelles. Les traces de mascara noir qui s'étalaient sur ses joues se mélangeaient avec la saleté. Elle passa sa langue sur ses lèvres gercées et se résolu à ouvrir la bouche.
- Où est le reste de la famille ? lui demanda-t-elle d'une voix cassée.
Alexandre ne répondit pas. Le jeune homme auparavant allongé sous la fenêtre, que je reconnu comme étant Hadrian, s'était assis laborieusement contre le mur. Clara pris appui sur ses mains et se releva lentement. Le jeune homme recula lorsqu'elle planta son regard dans le sien.
- Où est-ce qu'ils sont ? répéta-t-elle d'un ton qu'elle voulait maîtrisé.
- Je suis désolé...
- Tu les as tués, l'interrompit-elle. Ses poings étaient serrés et elle tremblait de tous ses membres. Elle fixait Alexandre d'un regard purement haineux, dénué de toute autre émotion.
Le jeune homme devint blanc.
- Je voulais...je voulais faire quelque chose...
Sans prévenir, Clara se jeta sur lui avec un cri enragé et ils roulèrent à terre dans un enchevêtrement de bras et de jambes.
Un crissement de verre se fit entendre lorsque Hadrian se releva complètement, une grimace de douleur déformant son visage. Il parcouru les quelques mètres qui le séparait des deux adolescents et attrapa Clara par les épaules. Il la releva pour qu'elle arrête de frapper Alexandre. Ce dernier se redressa difficilement, essuyant son nez en sang avec sa manche. La jeune fille se débattit et donna un coup à Hadrian. Sous le choc, il la lâcha et elle en profita pour attaquer Alexandre en grognant de rage. Seulement cette fois-ci, le jeune homme l'évita. Elle voulut lui donner un coup de poing, mais il lui attrapa le poignet et la poussa sur le coté. Avec un bruit sourd, sa tête percuta le mur. Puis elle s'écroula au sol, immobile.
---------
Hey hey hey !
Tout d'abord, Merci d'avoir lu. Merci pour les 653 vues, ça paraît peut être peu mais pour moi c'est vraiment super !
Ensuite je suis désolée du retard, mais il y a pas longtemps j'ai eu une poussée d'inspiration pour une histoire toute nouvelle et donc je me suis concentrée dessus en priorité...
D'ailleurs le prochain chapitre devrai prendre lui aussi un peu de temps à sortir parce qu'il faut que je me finisse tous mes plans et tout, et puis que j'écrive sur ma nouvelle histoire pour vous la poster le plus vite possible...
Enfin bref. Merci pour tout !!!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top