21.
Juillet 2017
Sais-tu Denis, que le rythme de mon cœur ne sera plus jamais le même ? Sais-tu qu'à présent qu'il bat en toi, il ne suivra plus jamais la musique comme avant ? Il ne pourra plus la ressentir comme avant...
Sais-tu qu'il ne s'emballera plus, n'explosera plus dans ta poitrine au son des basses qui te fendent ? Plus jamais il ne jaillira hors de toi, ce sang qui te remplissait le crâne et te mettait en transe, ce battement qui perçait ta peau et crevait ton thorax, écartelant tes côtes pour que Kouamé vive enfin. Revive enfin.
Kouamé.
Sais-tu que tu ne le relèveras pas du sol ? Qu'il demeurera couché sur le bitume du terrain de basket, éparpillé là quand ton cœur pour la première fois t'a abandonné ? Le mien ne le lancera pas à ta rencontre pour que vous ne formiez qu'un à nouveau, qu'il brûle à nouveau sous ta peau.
Kouamé.
Sais-tu que je bats trop vite quand je suis calme, trop lentement quand tu t'agites ? Que je ne te suis pas, que je ne suis pas toi ?
Denis.
Sais-tu comment on compte les temps quand le cœur ne compte plus ? Que ta musique sera finie avant même que la mienne ne commence ? Trop tard... il est toujours trop tard...
Denis.
Sais-tu que moi aussi je voulais danser encore ? Sais-tu que j'aimais ça ? Que ce sont tes jambes qu'on m'a greffées autour, tes bras, ton corps, ta peau, noire, si noire ? Sais-tu ma couleur à moi ? Ton noir sur mon rouge.
Monsieur Dosso.
Sais-tu que jamais je ne me soumettrai ?
Monsieur Dosso ?
Jamais je ne me soumettrai.
Ouvrez les yeux !
Il te faudra danser avec moi à présent. Toi qui ne sais que danser seul,
Monsieur Dosso ?
seul au milieu des autres
Denis ?
seul contre tous
Ouvrez les yeux !
seul contre tout.
Alors, ouvrez les yeux Denis, c'est le meilleur moyen de ne pas se soumettre.
Ouvrir les yeux pour voir qu'on n'est pas seul...
— Bonjour, monsieur Dosso.
Denis ne voit que des yeux sombres, un regard qui sourit pour rassurer. Le reste disparait sous un masque, un bonnet de tissus, même le corps se cache sous une grande blouse fermée dans le dos, et des gants pour couvrir la peau. Seuls les yeux subsistent, des yeux qui volent dans les airs et accrochent Denis dans l'étreinte de leurs paupières, qui lui montrent qu'il est là et pas ailleurs, qui effacent les rêves pour retenir la réalité dans le noir de leur pupille.
— L'opération s'est bien passée, vous êtes en réanimation. Bienvenue parmi nous, monsieur Dosso.
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