Chapitre 52 : Insomnie

— Insomnie ?

Thaïs était figée. Une ombre lui barrait le chemin. Pourquoi avait-elle eu besoin de venir jusqu'ici ?

— Oui.

La voix de la demoiselle se fit froide. Elle n'avait aucune envie de parler à un mafieux, mais ce n'était pas le cas de son interlocuteur qui continua la conversation.

— Je me suis toujours demandé pourquoi Jack n'a pas voulu qu'on vous tue. Au lieu de ça, on vous a aidé, ce n'est pas ce que je veux.

— T'as qu'à partir.

— Facile à dire ma chérie, mais on ne part pas comme ça d'une entreprise mafieuse, le chef me retrouvera et me torturera à mort.

— Alors, tais-toi, je m'en fiche de savoir ce que tu veux si tu n'as pas l'audace ou le courage de le faire.

— Je te pris de me parler sur un autre ton, souviens-toi que je t'ai sauvé la vie ce soir.

— Je pouvais très bien me débrouiller... répliqua Thaïs sans réelle conviction.

L'homme ne dit rien et ne montra pas même un sourire. Il restait simplement neutre.

— Par contre, ce que je ne comprends pas c'est où se trouve l'ex-chef, celui qui portait un costume bleu et qui a tué les parents de mon amie ? questionna Thaïs.

Là, l'interlocuteur esquissa un sourire.

— L'ex-chef n'est plus là. Le jour où vous vous êtes enfuies, son bras droit – l'actuel chef, Jack – a organisé une réunion avec tous les mafieux. Il a fini par le destituer du premier rôle. C'est pour ça que vous avez pu vous enfuir. Voyons, deux fillettes qui réussissent à s'échapper d'une organisation mafieuse n'existent pas. Vous avez été aidé depuis le premier jour de votre enlèvement. Jack a pris petit à petit le rôle du patron, disant à tout le monde que l'autre était devenu trop vieux pour les affaires. Vous étiez la raison, pour Jack, de nous soulever contre un parrain incapable. Il a profité de votre présence.

Thaïs ne disait rien, elle écoutait simplement ce que l'homme face à elle lui racontait. Il est vrai que finalement s'échapper de cet endroit aurait été beaucoup plus compliqué, même impossible, sans aide. Mais, ce qu'elle ne comprenait toujours pas c'était comment cet homme avait eu connaissance de ces manigances pour prendre le pouvoir. Elle n'eut pas le courage de le lui demander. Thaïs sentait la fatigue venir, elle adressa un bref au revoir à l'homme puis s'en alla tranquillement. Son esprit se libérait un peu, car certaines questions avaient trouvé un début de réponse, quoi que d'autres restaient encore en suspens.

Rentrée à la cabane, elle se coucha à cinq heures du matin et s'endormit aussitôt.

Le matin arriva très vite pour la jeune Thaïs. Le lundi sonnait le retour au collège. Elle s'éveilla plus fatiguée que la veille. Emilie aussi se leva épuisée. Elles déjeunèrent en silence, trop fatiguées pour parler.

La journée de cours fut ainsi très compliquée. Elles s'endormaient à chaque heure, la tête se reposant sur le cahier. Elles eurent le droit à un mot dans le carnet de la part du professeur d'Histoire qui disait que c'était insupportable de les voir dormir en cours et demandait à leur parent de les endormir plus tôt le soir suivant. La professeure de Mathématiques leur donna une heure de retenue pour le mercredi qui suivait, tandis que leur professeure Principale fit une blague qui, en faisant rire toute la classe, les réveillèrent en sursaut.

Le lendemain, le sommeil à peu près récupéré, elles essayaient tant bien que mal de suivre les cours, car le brevet des collèges arrivait bien vite.

C'est lors du cours de sport que Thaïs remarqua qu'elle avait oublié de raconter à Emilie sa rencontre nocturne. Au moment où la course d'orientation démarra, Thaïs chuchota à son amie :

— Emilie, j'ai un truc à te dire !

Elle regarda Thaïs sans dire un mot.

— Avant-hier, dans la nuit, j'ai parlé avec un mafieux. 

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