Chapitre 47 : Reprenez votre souffle
Elles s'arrêtèrent plus loin, au coin d'une rue. Reprenant leur souffle, chacune se retourna pour voir si l'homme les suivait.
- Tu crois qu'on l'a semé ?
- Crois-tu au moins qu'il nous a suivi ? répliqua Emilie.
Leur souffle enfin reprit, Emilie dit :
- Rentrons.
- Mais, s'il sait où on habite...
Thaïs n'eut guère besoin de terminer sa phrase, Emilie savait où son amie voulait en venir.
Il était en effet très probable qu'il sache où les jeunes filles habitaient et les retrouve une fois rentrées chez elles... alors que faire, à présent ? Continuer leur fuite et se réfugier dans une autre ville ?
Et puis, s'il savait où les jeunes filles habitaient depuis le début, comment se faisait-il qu'il ne les ait pas tuées sur le champ ? Il aurait été simple pour lui de venir en pleine nuit et de les abattre d'un coup de revolver dans leur sommeil. Cet homme était étrange. Thaïs cherchait une explication à tout cela :
- Ça doit pas être lui...
Emilie ouvrit grand ses yeux sans comprendre où son amie voulait en venir.
- C'est peut-être pas lui, on a dû se tromper. Cette histoire ne tient pas debout. Ecoute, un mafieux qui se fait passer pour notre tuteur est impensable. Ça ne tient pas debout.
- Oui c'est ce que je pense, c'est pour ça que ça doit être un coup monté. Cet homme n'est pas notre bienfaiteur.
- Oui, mais non. Je pense qu'il est possible que cette personne soit celle qui nous aide, mais il a dû se faire passer pour un mafieux. Ce n'est pas lui le mafieux qui nous a kidnappées...
- Mais pourquoi se ferait-il passer pour une personne qu'on déteste ? interrompit Emilie. Ça n'a aucun sens. Il sait qu'on ne le suivra pas si c'est un mafieux...
- Peut-être pense-t-il le contraire justement, coupa Thaïs. Il connait notre passé, il sait qu'on a peur des mafieux, il devait donc imaginer qu'on le suivrait plus facilement car on aurait eu la trouille de s'enfuir.
Emilie était en complet désaccord avec son amie, car ces propos lui semblaient illogiques.
- On réfléchira plus tard à cette histoire, dit enfin Emilie. Comme pour le moment nous ignorons tout, nous ne pouvons pas risquer de retourner à notre cabane, alors trouvons une cachette où dormir ce soir.
Elles erraient dans les rues en pleine nuit. Elles n'avaient aucun ami chez qui se réfugier. Elles passèrent de longues heures à marcher en traînant des pieds. La douleur au poignet de Thaïs commençait à se faire ressentir. Le vent frais d'Avril lui frôlant les joues et les bras, elle commençait à ne plus supporter cette promenade nocturne.
- J'ai froid, dit-elle.
Emilie ne releva pas ses mots. Elle se contentait d'avancer. Thaïs répéta à plusieurs reprises qu'elle avait froid sans recevoir de réponse chaleureuse. Finalement, Emilie lui répondit :
- Et moi alors ?
Thaïs passa devant sans y prendre attention, elle ne voulait pas se disputer, seulement se reposer.
- Et puis, arrête de te plaindre, c'est à cause de toi qu'on se retrouve dans la merde ! explosa Emilie qui venait de s'arrêter.
Thaïs pivota sur elle-même pour se retrouver face à son amie.
- Quoi ?! dit Thaïs sur un ton énergique.
Emilie mit les mains sur les hanches.
- Tout à fait, si mademoiselle ne s'était pas battue devant le collège, jamais cet homme n'aurait été convoqué dans le bureau de la Principale, et jamais nous ne l'aurions vu ! Nous serions restées tranquilles dans notre vie d'avant !
- Notre vie d'avant ?! On se voilait la face, rien n'était beau durant ces quatre années, cet homme était toujours là, il nous surveillait sans qu'on le sache, je préfère savoir qui il est plutôt que de vivre toute ma vie dans le noir complet !
Emilie reprit de plus belle ses reproches :
- Tu fais toujours tout de travers ! Sans toi, j'en serais pas là !
Thaïs, déboussolée n'osa pas répondre. Emilie se mit dos à Thaïs. Ses cheveux bouclés lui recouvrant le visage lui permettait de pleurer tout en étant cachée.
- Et maintenant ? On fait quoi alors ? questionna Thaïs.
Finalement, elles se séparèrent. Thaïs partit en courant, tandis qu'Emilie osait à peine marcher. Cette dernière semblait sur le point de s'écrouler sur le trottoir.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top