Chapitre 45 : A pâlir
Entendant un tel désordre, une professeure de français sortit de sa salle pour reprendre en main les élèves.
- Que se passe-t-il ici ? demanda-t-elle d'une voix douce et à la fois forte.
- Excusez-nous madame, une camarade à eut un malaise... notre professeur est à l'infirmerie avec elle, expliqua Léo.
- Regagnez votre place, jeune homme, dit la professeure d'une voix toujours aussi douce. Que faisiez-vous avant que cela n'arrive ?
- On parlait de la Seconde Guerre mondiale, madame, répondit un élève qui s'était enfin calmé.
- Bien, alors ouvrez vos livres à la page... la professeure feuilleta le sommaire du livre d'Histoire. Lisez les pages 85 à 88.
Les élèves ne répliquèrent pas et ouvrirent leur livre calmement. Ils se mirent immédiatement à la lecture, ainsi la professeure sortit de la salle sans fermer la porte et regagna sa classe.
Thaïs lisait, lorsqu'elle sentit Emilie se réveiller doucement. Elle put alors se détendre, car elle savait que son amie allait bien à présent. Elle lui rendit visite à la récréation. Cette dernière se reposait dans le lit de l'infirmerie.
- Coucou, dit Thaïs en souriant légèrement. J'ai senti que tu allais mieux.
Emilie lui rendit son sourire.
- Tu as raison.
Emilie lui raconta ce qui s'était passé dans sa tête avant son évanouissement.
- Hier soir, je t'ai dit que tout irait bien maintenant, stoppe un peu ton imagination.
- C'est plus fort que moi...
Thaïs entoura de ses bras son amie. Elle l'embrassa sur la joue et lui chuchota à l'oreille :
- Ne t'inquiète pas, je suis là.
- Mais Thaïs, et si ça annonçait notre futur ? Et si on était en danger, encore ... ?
Thaïs lui répondit par un simple « Je serai là », ce qui ne rassura malheureusement pas la demoiselle.
Tout le reste de la journée, Emilie resta allongée à l'infirmerie. A la deuxième récréation, Thaïs vint lui raconter les cours. Pour une fois, elle avait été obligée de suivre la classe pour le rapporter à son amie.
Lorsque Thaïs retourna dans la cour de récréation, deux minutes avant que la sonnerie ne retentisse, un élève de sa classe l'aborda.
- Hey, Thaïs, c'était quoi ce bordel alors, tu vas finir par nous le dire ?
- Non, Lucas.
- Allez... et moi je te dis comment tu finiras à ta compétition de boxe.
Thaïs leva les yeux au ciel.
- Blessée et amputée de la jambe gauche !
Lucas se mit à rire méchamment avant de lui faire une balayette que la jeune fille évita facilement.
- Dégage.
Le garçon riait encore aux éclats, tandis que Thaïs retournait en cours.
Pour une fois, la jeune fille avait su faire preuve de contrôle, mais pour combien de temps... La journée se termina enfin. Emilie put repartir avec Thaïs, son cerveau bien reposé à présent, il ne voyait plus le sang... pour l'instant.
Au portail du collège, le jeune Lucas rigolait avec ses copains.
- Hey, regarde ! Je suis Thaïs et j'ai perdu dès le premier combat !
Il imitait Thaïs boitant, la main placée sur le bas du dos comme si son dos pouvait se casser si on enlevait la main.
- Ne regarde pas, dit Emilie à son amie.
Thaïs sourit, gardant la tête haute.
- Thaïs ! tu vas perdre, t'es nulle !!!
Tous les copains de Lucas s'y mirent.
- Oh regardez, je m'évanouiiiis...
Lucas imitait maintenant Emilie, la tête sur le front à la façon d'un comédien raté.
Pour Thaïs ce fut le mot de trop. Ces yeux se rougissaient.
Elle se retourna vers le jeune homme ridiculement heureux, puis s'avança énergiquement vers lui.
Arrivée devant lui, Thaïs le fixa férocement dans les yeux. Les deux jeunes gens faisaient la même taille. Toujours en se moquant, Lucas soutenait le regard. Thaïs, sans prévenir, lui lança un direct dans le visage. Ce coup de poing effaça son sourire béat, tout comme celui sur le visage de ses copains. La demoiselle se retourna, ses cheveux blonds virevoltants. Vexé, Lucas lui rendit un coup de poing dans le dos. Sans attendre, Thaïs se mit en garde face à lui. Une avalanche de direct dans l'estomac, une esquive d'un crochet adverse. Les coups de pieds et coups de poings s'enchainaient à une vitesse absurde. Les coups étaient d'une violence certaine. Le premier à terre fut Lucas, mais ce dernier se releva presque immédiatement. Du sang coulait du front de Thaïs et de ses poings, tandis que Lucas saignait sur les genoux, les poings et le nez. Une balayette fit tomber la jeune fille pour la première fois depuis le début de leur combat. Elle tomba sur son bras droit si violemment qu'elle sentit son poignet craquer. Toutefois, ce n'était pas suffisant pour qu'elle s'arrête là, elle se releva aussitôt afin de gagner ce combat.
Mais avant que tout cela ne tourne au drame, trois surveillants accoururent. L'un s'immisça entre les combattants, un autre attrapa le poignet gauche de Thaïs, et le dernier encercla les bras et le torse de Lucas. Un quatrième surveillant arriva quelques minutes après aux côtés de la Principale, Mme Villena. La grande femme avait l'air énervé. Elle marchait vite et son regard ne présageait rien de bon. Lorsqu'elle fut devant les deux élèves, elle dit d'une voix puissante :
- Vous deux, suivez-moi tout de suite.
Cette dernière tourna les talons, et suivit des deux jeunes gens tête baissée, rentra au collège.
- Que s'est-il passé ? questionna Mme Villena lorsque la porte de son bureau fut fermée et que Lucas et Thaïs furent assis.
Le jeune garçon ne répondit rien, il regardait le sol, tout comme Thaïs qui se tenait le poignet.
- Il m'a provoquée... et puis on n'était pas dans l'enceinte du collège, on en avait tout à fait le droit, répondit la jeune fille qui releva sa tête.
- Mademoiselle, il est interdit de se battre dans le collège et dans les rues, nous ne sommes pas sur un ring de boxe, répliqua la Principale d'un ton sec.
Le silence revint jusqu'à ce que la secrétaire frappe à la porte et ouvre :
- Mr Bertrand, le père du garçon est arrivé.
- Bien, répondit Mme Villena. Faites-le entrer. Thaïs, va attendre dans le couloir s'il-te-plaît.
Thaïs se leva de son fauteuil, sortit du bureau pour s'asseoir dans le couloir et attendre sa sentence. Elle vit passer Mr Bertrand. Lui aussi était furieux. Thaïs l'entendit crier lorsqu'il rentra dans le bureau, mais la Principale calma le jeu.
Mais... si le père de Lucas était venu... cela voulait sûrement dire que leur bienfaiteur viendrait également. Alors, Thaïs allait peut-être découvrir aujourd'hui qui c'était ! Cet homme qui les aidait depuis maintenant quatre années consécutives sans jamais révéler son identité, allait se montrer... Enfin !
Thaïs se demandait si elle avait eu raison, si c'était bien son oncle ou pas. Elle devait attendre pour éclaircir ce mystère. Une vingtaine de minutes plus tard, le père et son fils sortirent du bureau, ils allaient en direction de la sortie. Lucas marchait les yeux baissés.
La Principale sortie à son tour puis prononça ces mots :
- Vous devez être Mr Adler, je présume ?
- Tout à fait.
Thaïs tourna la tête vers cette voix masculine. Elle connaissait cette voix, elle ne l'avait entendue que de rares fois. Elle remarqua tout de suite ses habits. Costume noir chic. Un nœud papillon soulignait le col de sa belle chemise blanche. Puis, les yeux verts de la demoiselle se portèrent sur les cheveux bruns de l'homme. Elle reconnaissait également ce visage. Beau. Jeune. Thaïs se leva d'un bond, la peur commençait à l'envahir, mais elle le cacha et suivit cet homme dans le bureau de Mme Villena.
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