Chapitre 43 : A la dérive

Elle ne prenait plus de pincette avec ses professeurs et répondait à tout va quand ça n'allait pas. Un devoir oublié ou non fait devenait une épreuve pour les professeurs. L'envoyer dans le couloir l'énervait. A chaque fois que ce fut le cas, Thaïs se levait de sa chaise, hurlait dans la classe « Cette école c'est de la meeerde ! », « Voyez-vous, ils nous obligent à travailler et osent prétendre que c'est pour notre bien, mais quels GROS CONS ! ». Résultat, elle prit un mois de retenue pour avoir prononcé une telle injure. Malheureusement, cela ne changeait rien.

A la boxe, les entraînements devinrent plus compliqués également. Le coach s'énervait de plus en plus souvent.

- Thaïs remue-toi ! Tu es molle depuis le début de l'entraînement, réveille-toi bon sang ! C'est pas comme ça que tu peux gagner un championnat !

C'est à force d'entendre ces mots que Thaïs, un jour du mois d'Avril, craqua devant son entraîneur. La main gauche sur la hanche comme si elle soutenait son propre corps, les larmes qui commençaient à monter aux yeux, elle se mangeait la lèvre supérieure.

- Ne pleure pas, j'te préviens ! Pas de larmes, sinon dehors. Je n'entraîne pas des pleurnichards mais des gagnants, ne me fais pas regretter de t'avoir inscrite aux compétitions.

Le coach se tenait devant elle, le regard fixé sur les yeux verts de la jeune fille, un bras et un doigt tendus vers la sortie de la salle. Pour rien au monde, Thaïs ne voulait partir. Elle ravala ses larmes puis enleva sa main de sa hanche.

- Alors ? On dit quoi mademoiselle ?!

- Oui coach.

Cette dernière reprit son air de vainqueur, essuya son visage, se tapota vigoureusement les joues et repartie devant son punching-ball sur lequel elle déversa tout son stress.

Elle revint chez elle apaisée et alla directement se coucher sans dîner. Sans doute la meilleure nuit qu'elle eut passé.

Le lendemain, sur le pas de la porte une lettre attendait, le nom de Thaïs était inscrit. Emilie la prit et la déposa sur la table. Thaïs vit son nom sur l'enveloppe et l'ouvrit immédiatement.

« Le collège m'a appelé hier soir. Qu'est-ce que tu fais ? Arrête tes conneries, c'est pas possible ! Si tu continues je vais devoir me déplacer jusqu'au bureau de la Principale et je ne pense pas que tu veuilles me connaître. »

- Pourquoi il dit ça ? dit Emilie qui avait lu par-dessus l'épaule de son amie.

Thaïs ne répondit pas. Elle fixait les derniers mots de la lettre en cherchant qui pouvait bien être ce merveilleux bienfaiteur. Qui pouvait-il être ?

Cette lettre replongea l'enfant dans son stress évacué la veille sur le punching-ball. Ses conneries, qu'elle arrête ses conneries, qu'elle arrête de répondre aux professeurs... Trop difficile. Elle en avait besoin pour évacuer son stress.

- Thaïs... il faudrait peut-être que tu arrêtes la boxe... tu deviens folle...

Les yeux verts de la jeune fille se relevèrent de la lettre.

- Quoi ? Bien sûr que non. Et au fait, quand commences-tu la danse ?

- A la rentrée de Septembre, je ne voulais pas commencer en milieu d'année.

L'après-midi, Thaïs partit à son refuge pour tenter de se calmer. Mais, cela ne la calmait plus depuis qu'Emilie et elle y étaient entrées. A présent, quand elle regardait cette maison, elle ne voyait plus son père et sa mère joyeux, et elle-même en train de jouer avec eux. Non, elle voyait son père un couteau à la main et sa mère qui tentait de s'échapper de cette maison des horreurs. Ainsi, c'est deux fois plus stressée qu'elle rentra chez elle.

De retour dans la cabane, Thaïs essayait de vider son esprit, de ne plus penser à rien, mais c'était mal connaître Emilie qui, dès que son amie passa la porte, lui rappela de faire ses devoirs ou elle serait encore collée.

- Laisse-moi tranquille.

- Thaïs, je veux simplement t'aider, et notre oncle aussi. Regarde-toi, tu te fais bouffer par la boxe, tu ferais mieux d'arrêter. Et surtout, tu devrais bosser, le brevet approche et t'es dans une merde incroyable pour passer en Seconde ! Alors, mets-toi au travail et arrête tes conneries !

- Des conneries, j'ai le droit d'en faire ! J'ai plus de parents et c'est pas toi ou ce fichu inconnu qui va les remplacer ! Il se croit puissant mais ne l'est pas, on ne l'a jamais rencontré ! Il débarque comme ça et se prend pour le Messie, alors qu'il n'est sûrement qu'une grosse merde ! Tu vois cette cabane ? Elle nous garde enfermée !

- Et moi ? J'ai vécu des horreurs comme les tiennes ! Est-ce que d'avoir vu la mort de nos parents nous donnent le droit d'être impoli avec le monde entier ?! Non !

Thaïs ne réagit pas, comme si elle n'avait rien entendu, ainsi elle se laissa tomber sur son lit.

Emilie ne rouvrit pas la bouche de la soirée. Elle se contenta de cuisiner le repas et de s'accorder une petite promenade digestive dans les bois, l'air frais lui permettait de se vider de toutes les mauvaises pensées qu'elle avait emmagasinées dans la journée.

Pendant ce temps, Thaïs observait la forêt à travers la petite fenêtre de la maison en bois.

Le ciel était nuageux. Peu d'étoiles illuminaient la nuit. La lune ne formait qu'un croissant. Le ciel ne brillait pas de mille feux, alors que la jeune fille cherchait de la lumière dans celui-ci.

Inspirée par cette nuit, une mélodie et des paroles sortirent de la bouche de Thaïs :

- Cet inconnu nous pose de l'argent sur le pas de la porte, comme en prison le plateau de nourriture. Est-ce qu'on est vraiment libre, a-t-on réellement trouvé notre équilibre ? Se poser des questions, ce que je fais tous les jours, à chaque heure du jour, tout le temps de la réflexion. Pas de clame plat, pas dans cette vie-là.

Une larme coula sur sa joue, elle resta un instant a contemplé les étoiles, puis la jeune fille se dirigea vers son lit, maintenant assez calmée pour dormir sur son doux oreiller.

Emilie, sur le pas de la porte, avait entendu la chanson, qu'elle trouva douce, mélodieuse, enchanteresse. Inspirante. Ainsi, Emilie ne rejoignit pas son lit, elle s'assit sur une chaise, alluma la lampe de bureau, prit un stylo et une feuille blanche, puis laissa l'inspiration guidée le crayon. 

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