Chapitre 39 : Un passé secret
Noël passa comme à son habitude, les deux amies ouvrirent leurs cadeaux tout sourire et découvrirent de merveilleuses choses. Leur repas fût plus élaboré que les années précédentes, Emilie devenant de jour en jour plus douée en cuisine. Potage fait maison et brochettes de crevettes croustillantes, suivi de fagots de haricots avec pommes de terre sautées accompagné de deux beaux steaks. Puis, en dessert, selon leur tradition, une belle bûche d'une pâtisserie.
Pour le Nouvel An, les jeunes filles s'étaient contentées d'admirer comme chaque année le feu d'artifice du centre-ville assises dans l'herbe près de leur cabane. Ce jour-là, elles s'occupèrent également de mettre un point final à leur plan qui se déroulerait quelques jours plus tard.
Ce jour-ci arriva enfin. Thaïs et Emilie furent prêtes de bonne heure. Elles se dirigèrent tôt vers la fameuse maison. Trop tôt même. La maison n'était pas vide, la voiture traînait encore dans l'allée du garage. Elles attendirent une bonne heure, cachées derrière un buisson avant de pouvoir agir. Fidèles au plan, elles passèrent par le jardin, voulant pénétrer par la porte de derrière, afin d'être le moins visible possible. La porte fenêtre était fermée, comme elles l'avaient imaginé. Elles jetèrent un œil sous le paillasson et comme par miracle elles y découvrirent une clé. La clé dans la serrure, elles purent entrer. La décoration du salon était simple mais extrêmement chic. Bien que la pièce n'était pas d'une immensité renversante, les deux fillettes furent éblouies par la grandeur de la maison. Il est vrai que ce salon, à côté de leur cabane avait de quoi les surprendre. La décoration admirée, il était temps pour elles de chercher des indices sur le mystérieux propriétaire. Elles cherchèrent en premier lieu des albums photos de famille qui pouvait montrer une photo de Thaïs enfant ou même une apparition de ses parents prouvant que le propriétaire était son oncle. Emilie s'occupa de l'étage, tandis que Thaïs cherchait des indices au rez-de-chaussée.
Emilie fouilla la bibliothèque dans la mezzanine. Cinq albums photos s'y trouvaient.
- Thaïs j'ai besoin de toi, j'ai trouvé des albums photos.
Thaïs monta les escaliers aussi vite qu'elle le put. Toutes deux prirent soin de ne rater aucun détail sur chaque photo des différents albums. Malheureusement, elles n'y virent aucune tête familière à la jeune Thaïs. Ainsi, Emilie reposa les albums et les amies repartirent à la chasse aux indices. Elles entrèrent dans une chambre reconvertit en bureau. Une télévision se cachait dans un placard, un fauteuil lui faisait face, sans oublier le bureau sur lequel reposaient un écran d'ordinateur et une ribambelle de papiers.
Les jeunes filles s'emparèrent d'un papier sur lequel était griffonnée une liste d'achats. Elles pensaient reconnaître l'écriture de leur supposé oncle, mais ici, l'écriture n'était pas la même. Apparemment, le propriétaire de cette maison n'était pas leur homme. Néanmoins, Thaïs ne perdait pas espoir, elle était sûre qu'il était son véritable oncle, ainsi elle chercha des indices dans une autre pièce de la maison. Emilie ne gardait plus grand espoir mais laissa son amie continuer les recherches, et partit à la découverte d'une autre pièce. La pièce à côté du bureau était remplie de journaux. Dans chaque recoin se trouvaient des piles de journaux. Emilie en feuilleta quelques-uns. Tous dataient de plusieurs années. Apparemment, le propriétaire était atteint de syllogomanie qui exprime la manie de tout garder.
- J'ai rien trouvé... dit Thaïs en sortant d'une chambre.
Cette dernière s'arrêta net lorsqu'elle vit où se trouvait son amie.
- Incroyable tous ces journaux !
- Oui, regarde si tu trouves quelque chose d'intéressant là-dedans.
Emilie lui montrait du doigt les piles de journaux du côté droit.
- Ok, répondit Thaïs en se mettant au travail.
Les minutes s'écoulaient, les piles désemplissaient, mais les filles ne trouvaient toujours rien, jusqu'à ce que Thaïs s'arrête net, les yeux fixant un journal. Emilie, ne l'entendant plus fouiller, se retourna :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ma mère est dans le journal, répondit Thaïs les yeux écarquillés toujours fixés sur le papier. Regarde cette photo dans l'article, c'est elle.
Aucune d'elle n'en revenait. La photo montrait une jeune femme souriante, pleine de vie, les cheveux bruns lissés. Elle était habillée d'une jupe fourreau noire, d'un haut beige et d'un gilet noir. Deux puces d'oreilles brillantes, un collier fin, et sa main droite au menton comme si elle cachait son sourire laissait découvrir sur son annulaire une jolie alliance en argent. Le titre de l'article disait : « La mystérieuse mort de Danielle Lay enfin éclaircie ? ». Intriguées, elles commencèrent la lecture de l'article. Ce dernier parlait du jour de la mort de la mère de Thaïs daté un mois avant la parution de cet article. Danielle Lay était caractérisée comme une femme aimante, bonne voisine et mère protectrice, ainsi, rien ne présageait sa mort. L'article faisait part des premières suppositions sur son décès : un suicide qui fut vite écarté, pour cause l'impact de la balle qui la tua. D'après la police scientifique, la balle venait obligatoirement de trois mètres de la victime, donc impossible qu'elle se soit tirée elle-même la balle dans la tête. La seconde supposition, la plus crédible aux yeux des enquêteurs était le mari. Ce qui signifiait que le père de Thaïs avait, d'après l'article, tué sa mère !
Thaïs s'arrêta de lire à cette révélation qu'elle trouvait insultante et sûrement fausse. Après ce court arrêt dans ses pensées, Thaïs continua la lecture suivie par Emilie.
Le père de Thaïs n'avait jamais voulu répondre aux questions des enquêteurs et ne s'était jamais présenté au poste. Cela le plaçait alors en véritable suspect. Et puis, il disparut trois jours après la mort de sa femme avec sa fille de 3 ans.
L'article racontait également que les enquêteurs avaient trouvé un nouvel indice sur cette affaire. Une note de Danielle Lay retrouvée sur son lieu de travail. Elle racontait qu'elle avait peur depuis quelques jours et que son mari semblait étrange. Son comportement ne la rassurait pas. Elle entendait, chaque soir, son mari au téléphone. Ce dernier avait l'air désemparé, il suintait chaque fois qu'il téléphonait à ce mystérieux interlocuteur. Elle confia alors sur cette note qu'elle voulait poser des questions à son mari, pour savoir ce qui se passait, mais en même temps, elle avait peur de le lui demander, car il buvait de plus en plus et cela le rendait violent. L'article se questionnait alors « que s'est-il passé pour la petite fille de 3 ans jamais retrouvée ? Son père l'a-t-il aussi tué après une beuverie ? ».
- Il serait tant qu'on y aille, il n'y a rien d'autre à découvrir à mon avis, dit Emilie qui venait de finir l'article.
Thaïs acquiesça, le regard vide, elle aussi venait de finir l'article. Elle prit le journal, se releva et toutes deux quittèrent à la hâte cette maison.
De retour dans la cabane, Thaïs s'allongea sur son lit, sortit les papiers et fixa l'article. Thaïs ne lâchait pas le journal ni des mains ni des yeux. Alors, Emilie n'y tenant plus, lui dit :
- Ils n'étaient sûrs de rien, tu sais...
Thaïs ne releva pas la tête, elle restait fixée dans sa position, mais réussit tout de même à ouvrir la bouche :
- Ma mère a été assassinée.
Emilie demeura muette.
- Mon père l'a tuée.
- Ce ne sont que des suppositions, c'est certainement une erreur...
- L'article raconte que ma mère a été tuée et que mon père n'a pas voulu répondre aux questions des enquêteurs, il ne s'est jamais présenté dans un commissariat de police. Trois jours après la mort de ma mère, mon père faisait ses bagages. Et cette note de ma mère dont parle l'article est limpide ! Mon père était un alcoolique violent ! Et moi qui ai pleuré sa mort... il l'avait bien mérité finalement.
- Arrête, ne dis pas ça, il doit y avoir une autre explication... tu l'as déjà vu boire ?
- Oh stop ! On n'est ni dans un livre ni dans un film. L'article dit que ma mère a été assassinée, mon père n'ayant jamais répondu aux questions de la police il était suspect principal. Et puis il s'est enfuit comme un lâche. Ils parlent de moi aussi dans le journal, ils ne savent pas ce qui m'est arrivée, les journalistes se sont même demandés si j'avais été tuée comme ma mère !
Thaïs stoppa là la conversation ne voulant plus rien entendre sur cette affaire. Elle se recroquevilla dans son lit, regardant le mur en bois. Finalement, cette maison qui l'avait tant faite rêver, venait de remuer un sombre passé dont ignorait cette petite fille, qui aujourd'hui regrettait d'avoir fouillé dans le temps.
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