Chapitre 35 : Dispute

Durant l'heure entière, son groupe d'amies ne lui adressa pas la parole. Emilie ne comprenait pas. Elle voulait savoir ce qui se passait, ainsi elle fit plusieurs tentatives pour leur parler, mais à chaque fois, elle se faisait reprendre par son professeur. Elle tenterait de leur parler à la récréation, ce sera plus facile pensa-t-elle.

La sonnerie de la fin de cours la fit sortir de ses rêves et rapidement elle alla rejoindre ses amies qui étaient déjà sorties. Elle les aperçues sous le préau en train de parler.

- Bah les filles vous m'avez complètement oublié ou quoi ? dit Emilie en s'approchant de ses amies.

- Bon Emilie, il faut que tu saches que tu nous énerves.

Emilie haussa les sourcils.

- Non mais on reste avec toi parce qu'il y a Thaïs... mais sinon quand elle est pas là, dégage.

Toutes les copines rigolèrent. Emilie, sans ciller, se retourna la tête haute. Elle partit s'asseoir sur un banc dans la cour.

Les pleurs se déversaient intérieurement, bien qu'ils souhaitassent sortir se déverser sur le goudron de la cour. Non, Emilie retenait ses larmes, car aucune tristesse ne devait se voir sur son visage, elle ne voulait pas leur montrer qu'elle était blessée... terriblement blessée. Son corps, tout comme son cœur venaient de se briser sous ces mots.

Elle les voyait au loin se moquer d'elle qui était assise seule.

A la sonnerie, elle vit ses soi-disant amies quitter le préau et retourner dans le bâtiment. Quand tous les élèves furent rentrés dans leur salle, Emilie se leva. Le regard déterminé, elle traversa la cour désormais déserte, d'un pas lent. Elle se dirigea vers un portail qui lui barrait le passage. Devant le portail, elle lança son sac à l'extérieur de l'enceinte du collège, puis grimpa aux barreaux. Elle chevaucha la grille et sauta atterrissant près de son sac, qu'elle remit sur son dos, puis marcha loin de ce portail, la tête baissée.

Elle rentrait chez elle, là où son amie l'attendait, là où elle se sentirait bien. A cet instant, elle ne voulait plus jamais retourner en cours. Le collège était fini pour elle. Le regard de ces filles lui faisait mal.

Emilie arriva enfin dans sa forêt. Les arbres, au moins, ne se moquaient pas d'elle.

Elle poussa la porte de la cabane et entra la tête toujours penchée vers le sol. La jeune fille fit tomber son sac sur le sol et ne prit pas même le temps d'enlever ses baskets, qu'elle s'assit sur le lit de son amie pour pleurer, les mains cachant son visage. Ce n'est que quelques minutes après qu'Emilie se rendit compte qu'elle était seule. Thaïs était sortie. Emilie ne pouvait pas pleurer sur l'épaule de son amie. Allonger dans le lit, elle continuait à déverser de chaudes larmes.

- Emilie ?

La jeune fille aux cheveux bouclés ouvrit les yeux. Thaïs la regardait d'un air interrogateur. Emilie se releva, s'asseyant en tailleur sur les draps avec ses chaussures. Thaïs s'assit à ses côtés.

- Qu'est-ce que tu as ?

Emilie commença le récit de sa journée. Au fur et à mesure de l'histoire, les yeux verts de Thaïs rougissaient de colère. A la fin du récit, cette dernière dit d'un ton ferme :

- Je viens demain.

Emilie voulait répondre non, mais le regard de Thaïs n'en laissait aucune possibilité. Thaïs, les yeux en colère, était sûre d'elle.

Après une bonne nuit, les deux amies retournèrent à l'école, bien décidées. Sur le chemin, elles ne se parlèrent pas, Thaïs marchait la tête froide et son regard se noircissait d'un pas à l'autre.

La première heure de cours se déroula sans un mot, Thaïs ne salua pas leurs soi-disant amies et ne leur prêta aucune attention.

A la sonnerie, Thaïs et Emilie attendaient dans la cour de récréation le groupe de copines.

- Thaïs, qu'est-ce qu'il y a ? demanda Mathilde en voyant le regard noir qu'elle lui lançait.

- Vous pensez qu'on se parle pas avec Emilie ou quoi ?! dit la jeune blonde d'un ton féroce. Vous pensez que je vais rien faire ?! Vous vous êtes moquées d'Emilie et je devrais me taire ?!

- Du calme...

- Non ! coupa Thaïs d'un ton sans réplique.

Cette dernière s'approcha de Mathilde, n'étant plus qu'à quelques centimètres de sa tête.

- C'est mon amie, vous la touchez pas, vous rigolez pas d'elle ou vous finissez par terre.

Mathilde esquissa un sourire. Thaïs ne la frapperait jamais, du moins pas ici, pas au collège, de peur de représailles. Mais ce sourire énerva plus encore la jeune fille, qui d'un coup sec, tel qu'elle l'avait appris au cours de ses séances de boxe, lança un direct dans l'estomac de Mathilde bien plus fort que ce poing qu'elle avait lancé en 6ème contre le garçon. Sous le choc, Mathilde tomba sur le sol.

- T'es malade ! cria une des filles répondant au nom de Marie.

- T'approche pas ou je te bute !

Marie renonça à courir aider Mathilde en voyant la tête rouge de Thaïs. Emilie surprise ne bougeaient plus.

- Dégagez toutes ! cria Thaïs aussi fort qu'elle le pouvait.

Malheureusement pour elle, son cri fut si puissant qu'il fit venir un des surveillants.

- Que se passe-t-il ? dit la nouvelle venue.

Cette dernière jeta d'abord un œil à la jeune fille par terre se tenant le ventre, puis à Thaïs le regard toujours aussi sombre, et enfin à Emilie qui était totalement perdue.

- Suis-moi, dit la surveillante à l'attention de Thaïs.

Le regard de celle-ci ne quittait pas sa cible, mais suivit l'homme sans opposer de résistance.

Les cours reprirent sans Thaïs, laissant Emilie seule pour la journée, une fois encore. Le soir vint enfin, Emilie rentra du collège sans son amie, elle se demandait ce qu'il lui était arrivé. Renvoyée peut-être ? Cette idée ne la réjouissait pas, elle en avait peur, elle espérait que ce n'était pas le cas.

Lorsqu'Emilie arriva dans la cabane, son amie y était, réfléchissant sur son lit dans un silence complet.

Emilie se tut toute la soirée, bien qu'elle veuille savoir ce qui s'était passé. Elle n'osait pas dire quoi que ce soit.

- Je suis restée tout l'après-midi ici, ils m'ont renvoyée jusqu'à demain soir.

Emilie ne s'était pas attendue à ce que Thaïs lui explique, elle fut heureuse qu'elle eut parlé avant elle.

- Merci.

Thaïs tourna la tête vers son amie qui venait de la remercier.

- Tu m'as défendue, merci d'avoir été là pour moi. Tu es une véritable amie, Thaïs.

La chevelure blonde se retourna et fixa son amie les bras croisés. Elle répondit un timide « de rien ».

Elles ne parlèrent plus de la soirée et se couchèrent dans la nuit paisible.

Emilie alla au collège le lendemain. Personne n'osait lui dire quoi que ce soit, tout le monde avait peur de la réplique frappante de Thaïs, ce fut alors une journée plutôt calme pour Emilie.

Le soir, Thaïs reçut un mot de leur bienfaiteur. Celui-ci avait l'air furieux. La lettre disait que la boxe n'était pas pour régler des comptes, seulement pour se défendre. Il la menaçait de la suspendre de boxe si elle recommençait.

- Pour qui il se prend lui, il me connait pas ! répliqua Thaïs en déchirant la lettre avant de la jeter dans la poubelle.

Quand Thaïs revint en cours le jour suivant, les élèves n'osaient pas la regarder dans les yeux.

Cette histoire remonta même jusqu'au club de boxe. Et au contraire de tous les autres, l'entraîneur était heureux car le direct, tel qu'on le lui avait rapporté, avait été parfait.

Dorénavant, si une personne cherchait Thaïs ou son amie, la jeune fille à la chevelure blonde et aux yeux rougis répondait par un direct, un uppercut, voire un fouetté, qui faisait toujours tomber son adversaire sur le goudron de la cour de récréation. La légende de Thaïs s'était ainsi formée.

Les professeurs ne supportaient plus la fillette qui se rebellait tous les jours de plus en plus. Thaïs était sans arrêt rendue chez la Principale et les heures de colles devenaient sa routine.

L'entraîneur de boxe admirait à présent les améliorations de son élève, plus précise, plus forte qu'avant. Maintenant, Thaïs jouaient sur le ring, gagnant contre des garçons de son âge et se battant avec courage contre des plus grands, laissant Emilie seule.

Toute l'attention tournée vers Thaïs, le coach avait complètement oublié Emilie. Ce qui détériora la relation des deux amies sans que Thaïs ne s'en aperçoive.

Le jour où cette dernière le comprit fut celui où Emilie cria sans prévenir :

- Je fais toujours à manger ! Tu vas jamais faire les courses ! Je fais aussi tout le temps le ménage ! Toi, tu fous rien !!!!

- Oh calme-toi !! Je m'entraîne moi, tu t'entraînes même plus avec moi ! Pourquoi ?!

- Je viens de te le dire, je fais toutes les corvées dans la maison ! J'ai pas le temps de m'entraîner, et puis j'en ai marre ! Je me casse, fais-toi à bouffer toute seule !

La dispute se termina sur les mots d'Emilie qui, en sortant, prit le soin de claquer la porte. Thaïs resta seule dans la maison, le regard plein d'incompréhensions. 

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