Chapitre 31 : Joie et colère

Emilie s'approcha inquiète, alors que Thaïs releva la tête toute souriante :

- C'est froid.

Elles rigolèrent, Emilie réjouie tendit sa main pour l'aider à se relever. En se mettant à quatre pattes pour se relever, Thaïs entendit un craquement sous elle. Une fente dans la glace était apparue.

- Il vaut mieux se barrer de là avant que ça casse.

Thaïs approuva et serra la main de son amie pour se remettre debout. Elles patinèrent vers leur jouet pour les attraper avant que la glace brisée ne les emmène au fond de l'eau. Les jouets dans les bras, elles sortirent à toute allure de la glace même si aucun autre craquement ne fit écho.

- On a eu chaud ! rigola Emilie rassurée maintenant qu'elles étaient sur la terre ferme.

Thaïs approuva et rigola également. Elles retournèrent ensuite dans leur petite cabane pour manger.

Leur repas fut rapide. Une tranche de jambon et des tomates cerises, puis elles retournèrent à câliner leur adorable compagnon. Thaïs coiffait la belle chevelure de sa poupée, tandis qu'Emilie écoutait son chat miauler et le caressait gentiment. Thaïs pris Sarah dans ses mains et admira la queue de cheval qu'elle venait de lui faire, bien que celle-ci fut de travers.

La soirée du 24 Décembre se déroula parfaitement. Elles avaient prévu un petit apéritif de soda et de chips, suivi d'un repas de pâtes – elles ne se brûlaient plus dorénavant lorsqu'elles allumaient le gaz – accompagné de petites cuisses de poulet. Pour le dessert, chacune avait eu l'habitude de la bûche de Noël pour le réveillon, ainsi elles en avaient acheté deux portions individuelles le veille à la boulangerie.

Le repas festif terminé, elles se couchèrent les étoiles dans les yeux. Cela faisait quelques temps que des larmes n'avaient pas couler au coucher.

Dans la nuit, Emilie s'éveilla. Elle repoussa silencieusement ses draps et descendit du lit superposé. Elle déposa au pied du sapin un petit paquet cadeau.

Deux heures plus tard, ce fut le tour de Thaïs qui ne s'aperçut pas même du paquet qui y était déjà déposé.

Le lendemain, une tasse de lait dans la main, elles admiraient leur bel arbre et les deux cadeaux qui logeaient à son pied.

- Vas-y, Thaïs.

- Non, toi d'abord.

Elles avaient toutes les deux hâtent de voir la réaction de l'autre. Elles ne réussirent pas à se mettre d'accord pour savoir qui des deux allaient ouvrir son cadeau en premier, alors Thaïs mit un terme à cette discussion :

- Ok, ensemble alors.

Elles se ruèrent enfin sur leur paquet après avoir posé la tasse de lait sur la table.

Thaïs découvrit un petit bonnet bleu foncé qu'elle essaya aussitôt. Avec sa chevelure blonde, la couleur du bonnet se mariait parfaitement. Emilie, de son côté ouvrit un petit paquet dans lequel elle découvrit un joli collier avec un pendentif cœur couleur doré.

- C'est trop beau, merci Thaïs !

- Merci à toi aussi, il me va bien, non ?

Emilie approuva d'un hochement de tête et d'un large sourire, puis essaya à son tour son cadeau. Le petit collier lui allait également à la perfection. Les deux fillettes semblaient heureuses. Aujourd'hui, elles ne voyaient plus la tristesse dans les yeux mouillés de joie de l'autre.

Noël permet de se retrouver en famille et bien que la famille ne fût pas au complet ce matin-là, les jeunes filles n'en avaient que très peu de pensées.

Pendant ces merveilleuses vacances, elles n'arrêtèrent pas une seconde de jouer et de sourire, elles avaient même oublié de s'entraîner à leurs déplacements de boxe dès leur réveil. Elles retombaient dans leur innocence enfantine, même le slogan de leur entraîneur s'était effacé de leur esprit, tout comme les mafieux et cet inconnu.

Le Nouvel An arriva ensuite et s'ensuivit deux jours plus tard, la rentrée des classes. Elles n'avaient pas fêté ce changement de calendrier car cela leur importait peu, l'une comme l'autre elles n'avaient pas eu l'habitude de fêter ce premier jour de l'an. Elles étaient simplement restées allongé dans l'herbe au clair de lune à admirer les étoiles scintillées. Elles avaient échangé sur leur vie respective avant qu'elles ne se rencontrent. Elles avaient tellement de choses à se dire encore.

Emilie avait vécu dans une grande maison avec ses deux parents, elle était heureuse et ne songeait à rien d'autre qu'au présent. Elle se contentait de jouer, elle vivait une vie simple et joyeuse. Ses parents l'aimaient et elle n'avait qu'à leur demander si elle voulait quelque chose. Toutefois, contrairement aux petites filles riches et gâtées, elle n'abusait jamais de leur amour. Elle n'avait fait qu'une seule crise devant ses parents, et ce fût lorsqu'elle avait 5 ans. Elle souhaitait avoir des bonbons et du chocolat à flot. Le problème qui se posa, fût que son père, aux courses avec sa fille, n'avait nullement l'intention de lui offrir ce pour quoi elle battait des pieds dans les rayons. Elle n'a jamais réussi à avoir ses bonbons ce jour-là, ainsi elle comprit que demander ne signifiait pas crier et pleurer.

Thaïs lui raconta qu'elle habitait un petit appartement avant de se faire kidnapper. Elle vivait seule avec son papa qui ne croulait pas sous des tas de pièces d'or, mais cela lui suffisait, ce qui comptait le plus à ses yeux était l'amour que lui portait son cher père.

Elle dit aussi à son amie, que parfois elle essayait de se souvenir de sa maman... malheureusement elle n'avait que 3 ans à l'époque de sa disparition et ne s'en souvenait pas. De plus, elle évitait toujours d'en parler à son père, car cette dernière était assez grande pour comprendre que cela ne pouvait que le faire pleurer. Elle savait qu'il avait aimé sa maman et qu'il l'aimait encore. Un soir, alors que la fillette voulu dire bonne nuit à son père, elle l'avait trouvé dans sa chambre, sur le lit conjugal, un cadre photo à la main. Elle l'avait vu pleurer. Thaïs avait pris soin de ne pas le déranger, elle s'était contentée de rester cacher derrière le mur, la tête dans l'encadrement de la porte pour regarder son parent. Elle y resta une bonne dizaine de minutes. Le voir triste à ce point la fit lâcher de nombreuses larmes à son tour. Ainsi, elle décida de ne jamais lui demander quoi que ce soit sur sa mère, ou bien sur sa mort.

Emilie tourna la tête vers son amie d'un œil interrogateur. En effet, la jeune Thaïs ne savait pour quelle raison sa mère avait dû être enterrée, du moins si elle l'avait su, elle ne s'en rappelait plus.

La tête brune se retourna vers le ciel bleu nuit.

- C'est triste...

Thaïs n'était pas d'accord avec elle, pour elle cela lui convenait de ne rien savoir. Elle ne voulait pas apprendre que sa mère fût emportée par la maladie ou même assassinée... Ce mot lui souleva le cœur et elle ne pouvait s'empêcher de penser à la propre mort de son père... elle se reprit finalement pour achever sa phrase. Ne pas savoir exactement ce qui avait tué sa maman lui permettait de l'imaginer encore en vie, prenant soin d'elle, la surveillant tous les jours.

Elles se turent après ça, fixant le ciel illuminé, puis s'endormirent bercées par la claire lumière de la lune.

Le jour de la rentrée vint enfin. Les deux amies devenaient plus proches encore. Elles apprenaient à se connaître mieux.

Le premier cours de la journée ne débutait qu'à 9h30, ainsi elles purent dormir posément dans leur lit jusqu'à 8h.

La première heure fut consacrée à l'histoire. Leurs cours ne parlaient plus de l'Egypte, à présent elles étaient passées sur l'Empire romain et Jules César. La sonnerie sonna la fin du cours, les fillettes se hâtèrent de ranger leurs cahiers et sortirent toutes guillerettes de la salle. Toutefois, cette joie fut de courte durée, car venait vers elle le fameux garçon de 4ème.

- Vot' goûter.

Thaïs le fixait tout en reculant, Emilie en fit de même et répondit :

- On en pas, comme d'habitude. Pourquoi tu vas pas voir ailleurs pour changer ?

Le garçon s'avança de quelques pas pour être le plus proche possible. Il répéta une seconde fois qu'il fallait lui donner quelque chose à manger.

- Ta mère te fais pas à manger, c'est pour ça tu viens nous embêter ?

Thaïs lui tenait tête, ses yeux devenant de plus en plus noir. Le jeune garçon ne se laissa pas répondre sur ce ton, levant sa main droite, il frappa au visage la fillette qui défiait son regard. Thaïs avait mal mais refusa de porter une main à sa joue, elle voulait demeurer forte face à son ennemi. Ses yeux fixaient le sol, ses poings tremblants se serraient. Elle releva la tête et lui flanqua son poing gauche dans le ventre. Bien qu'il veuille le cacher devant une 6ème, son regard montrait qu'il souffrait. Il poussa alors Emilie par vengeance. Puis, le garçon tourna aussitôt les talons vers d'autres victimes qui n'auraient aucun courage pour le défier.

Thaïs n'aida même pas son amie à se relever, elle était tellement énervée qu'elle sentait en cet instant qu'elle pouvait lui courir après pour le battre telle une grande boxeuse, même si elle n'avait pas encore appris les bases de combats. 

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