Ma voisine #1

Le bus me dépose à mon arrêt et le conducteur me lance un petit sourire. Bon courage à lui.

Je marche quelques minutes afin de rejoindre ma maison et bien sûr, Thomas. Je rentre, laisse tomber mon sac contre le radiateur et j'enlève ma veste.

—Coucou mon vieux. Comment ça va ?

Pour toute réponse, j'ai le droit à un aboiement joyeux de la part de notre chien. Je lui caresse rapidement la tête, et me prend un bout de pain.

Mes parents relèvent la tête pour vérifier que je vais bien, ils me questionnent sur des banalités. Je réponds sans vraiment avoir de l'intérêt.

Après ça, je monte dans mon univers, mes affaires dans les bras. À savoir, l'univers d'un adolescent c'est souvent sa chambre. Je pose mon sac sur mon lit, et je m'allonge.

J'observe mon plafon, et je ne fais rien d'autre. Pour une fois je n'ai pas trop de devoir, Mais je dois aussi m'avancer sur les devoirs prévus les semaines d'après.

—Une partie de football ?

—2.0 ? Je questionne en relevant la tête.

Le sourire innocent de mon petit frère révèle des fossettes. Comme si j'avais déjà accepter sa proposition, le ballon est déjà dans ses mains.

Je soupire. Ce petit diable me connaît bien trop.

—Une seule partie. J'ai des devoirs, Thomas !

—Promis. Du moment que tu joues avec moi ! Allez Viens !

Il court à toute vitesse, et sort en premier dehors. Il me désigne les nouveaux buts et sourit. Pendant qu'on joue il me parle généralement de sa journée, et de choses qui l'intéresse.

—Tu savais qu'on allait avoir de nouveaux voisins ? Enfin, c'est pas nos voisins à proprement parler, Mais ils emménagent au bout de la rue ! C'est pas génial ?

—Ça dépend pour qui ! Concentrés -toi, je vais marquer le meilleur but au monde !

—Dans tes rêves, grand dadet je suis plus fort que toi !

Je ricane doucement mais on est vite rattrapés par le temps.

—Désolé, mon grand. On va devoir remettre ça.

Il paraît déçu et fait une moue. Je déteste devoir lui dire ça, Mais c'est pour son bien. Si notre mère nous surprend trempés, je crois qu'on est cuits.

Nous rentrons rapidement et je remonte à l'étage. Mes exercices m'attendent. Je m'assieds près de la fenêtre, cahiers en mains.

Je ne sais pas combien de temps je passe là, à faire mes devoirs. Mais je finis par m'endormir.

Je me réveille à cinq heures du matin, la faim me tue le ventre. Je descend et me prépare une collation et la mange.

Ensuite je me prépare parce qu'il est pratiquement six heures. Je choisis mes vêtements au hasard et mets un bon vieux sweet-shirt noir. Mon sac de cours est prêt, je n'ai plus qu'à prendre le bus.

Nous en sommes que trois personnes d'habitude le matin. Une vieille dame qui le prend toujours à cet heure là, un lycéen que je ne connais pas et moi. Ce matin là, une belle rousse arrive, les cheveux ondulés, maquillée, et magnifique. Elle a sortie le grand lot, je suppose.

Peut-être que c'est ma nouvelle voisine ?

* * *
La belle rouquine aux yeux verts, est dans quelques uns de mes cours. Sûrement des options que l'on a en commun.

En tout cas, elle a vite été appréciée des gens et des garçons en général.

Maintenant que la journée est terminée, je vais prendre le bus. La rouquine de ce matin est encore là. Elle est déjà assise aux côtés de Kaylee.

J'enfonce mes écouteurs un peu plus dans mes oreilles et me concentre sur le paysage. C'est une chance que le bus soit rapide, et que bientôt j'arrive chez moi.

Je sors du bus et la rouquine aussi. J'ai entendu qu'elle s'appelait Alexis.

Je rentre chez moi, et le même rituel recommence.

Seulement, une heure après j'entends des personnes discuter dans l'entrée. Thomas vient me voir, les yeux grand ouvert.

—Les nouveaux voisins ! Ils organisent une fête de voisinage samedi ! Ils ont un petit frère, je suis trop heureux.

Je souris discrètement.

—Ils ont une fille de ton âge. Tu pourrais sortir comme ça. Dit-il doucement.

Si petit et déjà Si malin.

—Non, je ne pourrais pas bonhomme. C'est bien essayé.

—J'y arriverai, tu verras.

Nous avons vite dîner, ma mère m'a parlé de cette fameuse visite. La famille whilston organise un barbecue samedi à partir de 13 heures.

—Je n'irai pas. J'ai...

—Je peux te dire que tu vas venir avec nous, fiston. Déclare mon père.

—Et pourquoi ça ? J'ai des-

—Ouais, t'as des devoirs. Stop, cette disquette. Même si je sais que vrai, tu vas sortir et voir ce qui se passe dans la vrai vie.

Je l'ai regardé en haussant les épaules. Après tout, s'il veut que je sorte, je dois respecter son choix. Ce n'est pas comme s'il m'obligeait à sourire, ou à être sociable avec les autres personnes qui seront présente. Je vais me trouver un coin, photographier les cours et réviser dans ce petit bout !

Le Samedi de la semaine est vite arrivée. Pas une seule fois la rouquine ne m'a adressé la parole en descendant du bus ou au lycée.

Je me dis qu'elle ne doit même pas savoir que j'existe. Je m'en fiche un peu à vrai dire, il y aura pas mal de monde à sa fêté de voisinage.

En bref, je m'observe dans le miroir.

—Tu ne comptes pas y aller comme ça ? S'étonne mon père, dans le cadre de la porte.

—Pourquoi pas ?

—Tu ne veux pas m'enlever ce sweet et mettre une bonne vieille veste en cuir. Un tee-shirt tout blanc et ce sera parfait.

Je hausse les sourcils, je ne vois pas en quoi mon sweet noir dérange. Je fais cet effort même si ça ne me plait pas tant que ça au départ. Je m'y habitue et ça va après.

—On y va, mauvais garçon.

—Youhoo. Dis-je avec un regard indifférent.

Ma mère ricane avec Thomas, lui on ne lui dit rien sur ses vêtements. C'est de l'injustice totale, là !

Nous traversons rapidement la rue. Je vois que la petite fête bat déjà son pleins, des voisins continuent d'arriver et la musique se fait entendre. Je pense qu'il y en a pour tous les goûts.

—Bonjour ! Bienvenue, il y a un barbecue, de la musique et de la bonne compagnie.

Ce doit être la femme qui est venue nous prévenir pour la petite fête. Elle s'appelle Catherine Wilston. C'est d'elle que la rouquine tient ses beaux cheveux.

—Profites en pour te mêler aux autres, Edwin.

—Hum. Je réponds distrait à ma mère.

Je les quitte rapidement, et je me balade dans leur grand jardin.

Un homme me propose une saucisse et des chips, je prends volontiers l'assiette qu'il me tend.

—Dites, vous avez un coin un peu plus tranquille ?

Il m'observe deux secondes et sourit.

—Oui, tu vois l'arbre là bas ? Je suis sûr que personne ne viendra te déranger si tu t'assieds à côté.

—Merci monsieur Wilston.

—De rien mon grand.

Je fais ce qu'il me dit et vais m'assoir. Je sors des écouteurs et mange ce qu'il y a dans l'assiette. Ensuite je me mets à réviser.

Cette technique a fonctionné quelques minutes, pour Bon plus grand bonheur. Seulement la rouquine est venue. Enfin elle me porte un quelconque intérêt.

—Tu peux partir si tu veux.

Je relève la tête vers elle. Elle hausse un sourcil.

—Je ne peux pas faire ça, ma mère me tuerait.

—Elle n'est pas obligée d'être au courant, tu sais.

C'est à mon tour d'hausser un sourcil. Je baisse de nouveau la tête et me concentre de nouveau sur la révision de mes cours.

Elle s'installe à mes côtés, sans permission. C'est chez elle, mais elle pourrait demander quand même.

—Tu t'amuses jamais ? Elle questionne soudainement.

—Tu parles tout le temps ?

—Je t'ai posé la question en premier.

—Quel importance, l'ordre ? Ce qui compte c'est la pertinence de la question.

—Oui, c'est ce que je dis.

—Question de point de vue.

—On répond à la question de l'autre en même temps ? Propose t-elle.

—C'est stupide, on ne va pas comprendre.

—J'ai ma réponse, pas besoin de répondre.

Un tout petit rictus vient me demander les lèvres.

—J'ai ma réponse aussi, maintenant tu peux toujours retourner avec tes amis populaires.

—Ils sont partis. Ils se faisaient chier, n'importe quoi.

Je hausse les sourcils.

—Donc je suis ton plan de secours.

Elle fait une grimace. J'ai raison. Au moins, disons que je suis le plan de secours.

—Pas exactement. Si tu veux le prendre comme tel, dis toi que tu es le plan de secours le plus intéressant ?

—Je suis quand même vexé.

—Première nouvelle, tu as des émotions. Ricane t-elle.

Son rire est mignon, un peu bizarre mais assez communicatif.

—Thomas pourrait te le dire. Je ne suis pas un robot.

—Encore heureux. Parfois on se demande quand même.

Je ricane doucement.

—Oh mon dieu ! Tu as ri ? Je n'ai pas rêvé ? Elle rigole à son tour.

Je hausse un sourcil, puis je reste silencieux.

—Pourquoi tu n'es pas venue me voir au lycée ? C'est parce que je suis dans le club insociable ?

—En partie. Non en vrai je n'y ai pas pensé. Les gars m'ont tout de suite pris dans leur groupe.

—Bientôt tu vas sortir avec l'un d'eux. Ça ne m'étonnerait pas vraiment.

—Non. Ce n'est pas vraiment mon style.

Je ne répond rien et baisse la tête vers mes cours.

—Sinon, tu pourras m'aider pour certains cours ?

—Tu me payes ?

—Ça dépend. Combien tu veux ? Je ne suis pas si nulle que ça en cours, j'ai juste besoin de soutien en maths !

—Hum. Et les gars populaires ils peuvent pas t'aider eux ?

—Tu rigoles. Je vais pas leur demander de l'aide.

—Pourquoi pas ? Ce sont tes amis, eux.

—Ils ne sont pas sérieux. Qu'est-ce qu'ils pourraient bien m'apprendre ?

Je ne répond toujours pas. Je sais qu'elle n'a pas tout à fait tort, je sais que certains d'entre eux veulent une bourse pour des écoles de sport de haut niveau et qu'ils font le minimum en cours pour avoir la bourse.

—Il y a des garçons plus intelligents que moi au lycée.

—Oh allez. En temps que voisins ? Et je t'aiderai pour quoique ce soit !

Je n'ai besoin de rien.

—Je sais, j'ai trouvé ! Son sourire en coin ne m'annonce rien de Bon.

—Dis toujours. Je soupire.

—Je vais te décoincer. Tu as grandement besoin de sortir t'ahérer la tête.

—D'accord. Marché conclu. Seulement, à chaque endroit on révisera un peu les maths.

—Marché conclu voisin ! Hiii ! Elle pousse un petit cri de victoire.

Je ricane légèrement et elle sourit, fière de son coup.

Les cours se sont déroulés tranquillement et sans encombres jusqu'au mercredi après-midi. Alexis est venue très vite me voir. Je mangeais un sandwich préparé rapidement.

—Qu'est-ce que t'es lent. Dépêche toi je t'emmène !

—Et où ça ? Je questionne ennuyé.

—Je ne vais pas te le dire. C'est une surprise.

—Tu vas sortir ? S'exclame Thomas en haussant un sourcil.

—Tu n'es pas malade ? S'enquièrent ma mère.

—On peut y aller. Je déclare à la rouquine.

Nous faisons le voyage au son de ses goûts musicaux assez originaux, et nous arrivons à la plage.

—T'es sérieuse Alexis ?

—Oui. Très.

—Je connais la plage. On peut repartir. Dis-je en me retournant.

Elle me retient par le bras et m'emmène avec elle. Elle enlève ses tennis et je fais de même avec mes basquets.

—Le sable. Le soleil. Tout est apaisant. Le bruit des vagues encore plus.

—Je ne dis pas le contraire Mais...

—Chut. Je t'ai dit que tu devais t'adorer la tête. Profites de ce moment pour être avec toi même.

Elle pose sa veste sur le sable et s'assoit. Je fais la même chose sans grande conviction.

—Parfois j'ai l'impression d'être une machine. Et d'être étrangère à ma famille.

—Comment ça ?

—Je ne sais pas. J'ai l'impression de servir à ne ramener que des bonnes notes. Et je travaille dur pour y arriver. Parfois c'est peut-être un peu trop.

—Je comprends. Thomas me le reproche.

—Il est adorable ! Cameron l'aime vraiment bien.

—C'est réciproque ne t'inquiète même pas.

Elle sourit juste, je me surprends à penser qu'elle est vraiment belle quand elle sourit.

—Je ne sais pas pourquoi je t'en parle, Mais David m'a demandé de sortir avec lui un de ces quatre.

—C'est un peu bizarre. Qu'est-ce que tu lui as dit ?

—Non. Il ne m'intéresse pas. Tu ne t'en souviens déjà plus ?

—Ah Oui. Pas ton style ?

—Exactement.

Je regarde les vagues et leur bruit m'apaise. Je me détend et mes épaules s'affaissent.

—Tu comptes tous les repousser.

—A priori oui. Je n'ai pas besoin d'un copain dans ma vie. Et toi alors ?

Je ne réponds rien et détourne mon regard sur le sable.

—Parlons des maths, tu veux ?

Elle opine de la tête. Ses yeux s'ouvrent ensuite en grand, elle réalise quelque chose.

—Tu n'as jamais eu de copines ?

—Comme pour toi, ce n'est pas la première préoccupation que j'ai.

Elle rit, son rire est communicatif mais je souris simplement. J'aime quand elle rit.

—On parlera des maths une prochaine fois. J'ai une idée, surtout tu m'attends compris ?

J'opine de la tête sans vraiment comprendre ses intentions. J'attends et je compte les grains de sable en attendant désespérément qu'elle revienne et qu'elle n'ait pas fait de bêtise.

—Pourquoi tu as une guitare. Tu m'expliques ?

—A ton avis, petit être de lumière.

—Il en est hors de question.

—Reste ici que j'enlève le balais qui semble coincer dans ton derrière. Ça va pas faire mal, promis.

Je roule des yeux ce qui la fait sourire.

—Oh allez, tu n'as pas une voix Si terrible que ça j'en suis certaine ! Tu sais jouer?

—Je me débrouille, disons.

—Allez, c'est à toi de jouer Monsieur je ne parle jamais.

Je commence à gratter la guitare doucement.

—People. Who matter don't mind. They don't need all of my time.

Ma voix est rauque, peu échauffée et plutôt grave. Elle sourit puis commence à chanter à son tour.

—Sombody told me to light up every room. Make them remember you. But nobody here knows what I'm going through. No, They never do.

—I miss my old friend. Cause' They know I need them the most. I miss my old friends
'Cause they know when I need them the most
I made some new friends and they're cool friends
But they don't know
What I do, what I got, who I am and who I'm not
I miss my old friends
I miss my old friends

—Tu vois que c'était pas si compliqué. Dit-elle toute souriante.

—Si on veut. Tu comptes faite Quoi la prochaine fois.

—C'est une surprise, ça !

—C'est injuste.

—Dans la vie, tout n'est pas juste, Ed.

—Ça t'es venu comme ça le surnom ?

—Bah Oui. Ed c'est mignon je trouve. Ah moins que tu ne préfères Edwinou ?

—Je préfère l'autre Oui.

—Dommage j'ai une préférence pour Edwinou.

Elle se lève et me tire avec elle. Ensuite on va se balader sur la plage. Elle a totalement raison sur un point. Cet endroit est apaisant.

Ça fait un bien fou d'être apaisé. C'est sûrement crétin mais de ne pas penser aux charges que me procure le lycée fait du bien.

—C'est cool que les vacances approchent.

—Pourquoi ça ?

—Oh allez. Ne me dis pas que tu es un accroc du lycée. Les devoirs sont trop nombreux, le bac approche et c'est horrible. J'ai besoin de me détendre.

—C'est pas ce que tu fais là ?

—Si, Mais j'ai besoin de me détendre encore plus. Je sais pas tout une journée. Avec un feu et des chamallows grillés.

—On se croirait dans un film américain.

—C'est justement ce dont j'ai besoin.

Je ricane et elle m'éclabousse.

—Eh !

Elle sourit fière d'elle, et je l'éclabousse en retour. On termine à moitié trempés et le sourire aux lèvres. Ça faisait un bon bout de temps que je n'avais pas ri comme ça. Alexis est douée pour ce domaine.

—Il faut qu'on rentre.

Elle soupire mais nous y allons. Elle ne dit plus rien de tout le trajet, à croire que j'ai tout gâché. Cela ne m'étonnerait pas.

Je rentre chez moi et monte dans ma chambre. Je m'allonge et ferme les yeux un instant. Si je préfère être solitaire, c'est parce que j'ai bien trop de mal à comprendre les choses.

Souvent, on doit contrôler tout ce que l'on dit par peur des représailles. Par peur de blesser l'autre et je suis franc. Oui, je suis terriblement chiant, Oui je ne sors pas beaucoup et Oui j'ai besoin de rentrer tôt.

D'un autre côté, quelque chose me dit qu'Alexis ne va pas abandonner. On verra bien ou cela nous mènera.

* * *

C'est le noir. Le vide complet. C'est apaisant, reposant. J'aime la tranquillité du sommeil.

Mon rideau est tiré d'un grand coup. Ce qui me fait fermer les yeux un peu plus, je lâche un grognement.

—Nous sommes Samedi. Je grogne à travers mon oreiller.

—Justement ! Dépêche toi de te préparer, je t'emmène pour la journée !

—Même pas en rêve. Va-t'en !

—Pas sans Toi, chéri. Debout !

La rouquine tire sur ma couette. J'ai littéralement envie de la tuer.

—Pourquoi tu me fais ça à moi ?

—Petit 1) parce que tu as besoin de moi, petit 2) ça te dirai un petit fast food et petit 3) tu as besoin de te détendre, et de changer de style clairement. On va aussi s'occuper de ça.

Je me redresse, les yeux grand ouvert.

—Comment ça, ça ? On s'occupe de rien du tout, on laisse mes affaires tranquilles.

—Mon petit chou à la crème, tu vas me suivre et détendre le balai qui est coincé dans ton derrière, ensuite tu vas prendre une douche froide et me suivre, c'est compris ?

Je hausse un sourcil. Pourquoi j'ai accepté déjà ?

—Et pourquoi je ferais ça déjà ?

La rouquine sourit de toute ses dents.

—Parce que tu m'aimes bien. Oh allez, on va s'amuser promis !

—Hum. Je suis pas sûr.

Je me lève, résigné et m'enferme dans la salle de bain. Quelque chose me dit que l'on va encore faire des folies, j'en ai bien peur.

Je sors de la douche, j'enroule une serviette autour de mon bassin et observe la pièce.

—Alexis je vais te tuer bordel ! Mes affaires !

—Bah Quoi ? J'ai rien fait de mal, promis ! Allez Viens là, je vais te montrer ce que tu vas mettre.

Je vais dans ma chambre, le regard noir. Elle me sourit de toutes ses dents, fière d'elle.

Elle désigne d'un mouvement de tête les habits soigneusement pliés sur mon lit et sort de la chambre.

Elle a juste pris un jean noir et un tee-shirt blanc, ce n'est vraiment pas original.

Je descend et elle me tend une veste en cuire, je hausse un sourcil.

—C'est nécessaire ?

—Ouais, vraiment. Dépêche toi ! S'exclame t-elle en sautillant.

—Au revoir maman. Au revoir papa, Bon aprèm.

—Ne rentre pas trop tard chéri.

C'est Alexis qui conduit, moi je choisi la musique. On chante sans vraiment s'en rendre compte pour ensuite se lancer des regards et ricaner.

Nous arrivons devant le drive, madame ne veut pas manger à l'intérieur.

—Commande tout ce que tu veux, c'est moi qui offre. Sourit-elle.

Un sourire se place sur mes lèvres, pour qu'au final je prenne le menu le moins cher possible.

Quand elle a terminé de payer et que l'on a reçu nos commandes, elle roule jusqu'à une sorte de lac, avec des canards.

—Qu'est-ce que c'est que c'est endroit ?

—Je venais souvent ici quand j'étais petite. Et j'ai toujours voulu faire un pique-nique ici.

Je ricane doucement. Elle me fusille du regard.

—Ce qui me fait rire, c'est que tu as une drôle de définition du pique-nique.

—Ne me juges pas, je n'ai pas eu le temps.

—Hum je pense surtout que tes sandwich seraient mauvais.

—Tu ne peux pas le savoir.

—Ce que je sais, c'est que mes sandwich à moi sont les meilleurs du monde !

—À voir, je ne les ai pas goûtés.

Elle sourit malicieusement et j'entame mon hamburger.

—Je trouve cet endroit apaisant.

—C'est vrai. C'est pour cette raison que j'y allais avec ma mère. Je n'ai jamais emmené personne.

—Je suis touché.

Elle me donne une tape sur l'épaule qui me fait doucement sourire, je pense que derrière la fille pleine d'assurance se cache une fille vraiment géniale, pleine d'émotions et de bienveillance.

—Dès qu'on a finit, on va faire du shopping Edwinou.

—Ah la bonne blague.

Une trentaine de minutes plus tard, Alexis me tire avec elle dans tout un tas de magasins. Et je la tire à mon tour dans des magasins que je préfère.

Quand je rentre chez moi, il n'est pas trop tard. Ma mère propose à Alexis de rester manger, ce qu'elle accepte avec un grand sourire.

—On mange des pizzas. Ça vous va ?

—Évidemment. Souris-je.

La rouquine me regarde avec des étoiles dans les yeux, émerveillée. Elle détourne le regard pour observer les murs froid de ma chambre.

—Tu n'as rien.

—Hum, disons plutôt que j'ai juste le nécessaire.

—Et des photos de tes amis ? C'est super important. Ça te rappel que tu peux compter sur des gens, c'est très important.

—Hum, je verrais ça plus tard.

—Ah non ! On va voir ça tout de suite. Viens là.

—Qu'est-ce que t'as en tête...je soupire.

On se met à la lumière, et elle prend une photo de nous deux. En fait Non, elle prend plein de clichés de nous deux, elle fait plusieurs poses. Quand le mini-shooting est terminé, Alexis sautille de joie.

Elle me montre les photos, sur l'une d'elles elle m'embrasse la joue. Sur une autre on ricane tous les deux, encore une haut ou j'utilise ses cheveux comme moustache. Encore une autre, je passe mes bras autour d'elle, comme un protecteur disons. Sur la dernière elle me tire la joue. Il n'y a que la première qui est sans originalité, comme deux inconnus en fait.

—Je vais toutes te les imprimer. Et on va les accrocher.

—Pourquoi tu tiens tant à faire ça, Alex ?

—Parce que tu es mon Edwinou, et que tu as grandement besoin de pouvoir compter sur quelqu'un.

—Alors fait pareil dans ta chambre. Dis-je.

Elle me sourit, je pense que c'était déjà son intention.

—J'amerai qu'à chaque fois que l'on prenne une photo, tu l'accroches pour ne jamais oublier le moment qu'on a passé.

—D'accord Alex, promis.

Elle se remet au sautiller de joie. Je ne comprends pas comment autant de joie peut contenir un si petit corps.

—Allez à table les jeunes, dit mon père en passant la tête dans l'encadrement de ma porte.

—C'est l'heure des pizzas ! S'écrie-t-elle.

Nous descendons pour déguster les pizzas maisons que mon père sait si bien faire.

Nous avons mangé sous les compliments d'Alexis pour les pizzas de mon père, sous les blagues de Thomas et sous la musique en fond.

—Dites madame, est-ce que l'on peut regarder la pluie d'étoile filante prévue pour ce soir ?

—Euh... ma mère observe mon père d'un air réticent.

—D'accord si vous voulez, on va vous donner des couvertures et des chocolats chaud. Ne rentrez pas trop tard non plus.

—Promis. Dis-je à mon père.

Je vois déjà Alexis sautiller de joie sur sa chaise, son regard pétille. Quelque chose me dit qu'elle aime bien le ciel.

Après avoir fait la vaisselle, pris les couvertures et fait les chocolats chauds, la rouquine et moi nous retrouvons dehors. Chacun une couverture sur le dos, on s'installe, la tasse de chocolat entre les mains.

La brise est encore légère, Mais le plaid aide à me réchauffer. Le ciel est déjà sombre quand à lui, et je crois que la pluie d'étoile va bientôt commencer.

Dès que j'en vois une, je sens les bras de la rouquine resserrer leurs emprises sur mon bras gauche.

—Tu n'as plus qu'à faire un vœu maintenant. Souris-je en chuchotant.

Ses yeux pétillent, elle les ferme un instant sûrement pour formuler son voeu et ouvre de nouveau mes yeux. Elle est magnifique, et si frêle à la fois.

Mais même si Alexis est une magnifique jeune femme, jamais je ne sortirai avec elle. D'une part parce que je n'ai pas de sentiments pour elle et d'autre part parce que j'ai le besoin de la protéger comme on protège une soeur, j'ai besoin de la taquiner et d'être présent pour elle comme un meilleur ami, mais pas autre chose. Juste ça.

Elle pose sa tête sur mon épaule et continue de regarder les étoiles. Il n'y a plus aucun bruit, sauf peut-être celui de nos respirations. C'est apaisant. Calme.

Jusqu'à ce que son téléphone sonne. Et quand elle répond, je vois sa tête se décomposer petit à petit. Quand elle raccroche, des larmes aux yeux lui viennent.

—Qu'est-ce qu'il se passe Alexis ?

Elle tremble, semble comme paralysée tandis que des larmes dévalent ses joues.

—Je... je dois retourner... je dois...

Je l'aide à se relever et l'aide à traverser la rue. Ses parents se sont habillés vaguement, ils nous voient arriver et leur visage grave me dit qu'il y a eu un drame.

Alexis est en larme, elle n'arrive plus à faire un mouvement quelconque, et moi je ne comprends rien à la situation.

—Je suis désolé mon garçon, Mais on doit vraiment y aller.

—Aller où ? Pourquoi ? Dis-je d'une petite voix.

—A l'hôpital, désolé.

Et la voiture démarre, je la regarde s'éloigner, complètement désemparé.

Je retourne a pas lent chez moi. Je ne sais absolument pas ce que je dois faire. Aller à l'hôpital pour soutenir Alexis, Ou rester chez moi à attendre un quelconque signal de sa part.

Je n'ai pas besoin de réfléchir. Je dois y aller, quelqu'un doit être là pour elle. Ça a l'air grave.

Je rentre rapidement les couvertures, les deux tasses vides. Mes parents sont sur le canapé, quand ils voient mon visage complètement paniqué ils se doutent de quelque chose.

—Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demande mon père.

—Je dois aller à l'hôpital. Je peux avoir les clés, c'est urgent Maman. S'il te plaît.

—Tu n'es pas en état de conduire chéri, c'est moi qui t'emmène. Prends ton téléphone et tes clés. Tu nous en dira plus. On veut être au courant.

Je hoche la tête. Je prends un sweet noir et mes clés, je mets mon cellulaire dans ma poche et nous partons pour l'hôpital.

—C'est Alexis ?

—Ouais. Elle s'est décomposée. Elle a besoin de quelqu'un, et je dois l'aider.

—T'es quelqu'un de bien, mon chéri.

—Merci..

La circulation se fait rare la nuit, donc nous arrivons rapidement à destination. Je sors de la voiture en courant, j'atteins rapidement la salle d'attente. Je vois seulement Alexis et sa mère. Je cours vers elles.

À suivre...

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